Historia di Abraham et Isaac

(Histoire d’Abraham et d’Isaac)

Oratorio pour cinq voix et continuo, publié en 1785

 

Notre citation pour septembre et octobre :

… « Pendant la nuit et la journée,
Je chante sous la cheminée ;
Dans mon langage de grillon,
J’ai, des rebuts de son aînée,
Souvent consolé Cendrillon. »

Théophile Gautier  – Le chant du grillon

Giacomo Carissimi est un des plus brillants compositeurs baroques du XVIIe siècle. A 24 ans, il s’installe à Rome où il devient maître de chapelle à l’église Saint-Apollinaire de 1629 à sa mort. Il a de nombreux élèves dont Marc-Antoine Charpentier et Alessandro Scarlatti entre autres.

En correspondance avec le thème du quatrième commandement, cet extrait offre à la méditation la figure de l’obéissance d’Abraham à Dieu le Père, d’Isaac à Abraham, et celle de Notre-Seigneur à son Père.

Isaac :
Pater mi, ecce ignis, ecce ligna, ecce gladius et
apparatus ; ubi est holocausti victima ?

Historicus :
Tunc obruit dolor patris viscera, fremuit sanguis, horruit natura, et ingemiscens pater ait :

Abraham :
Fili mi, heu, fili mi !

Isaac :
Pater mi, pater mi, quid suspiras ?
Isaac :
Pater mi, ubi est holocausti victima ?
Abraham :
Providebit Dominus holocausti victimam.

Historicus :
Cumque Abraham aedificasset altare, ligna
composuit, et alligavit filium Isaac unigenitum, arripuit gladium, extendit manum ad immolandum illum.

Tunc ecce Angelus Domini de coelo
clamans, qui dixit Abraham…

 

 

Isaac :

Mon Père, ce bois, ces branches, ce glaive, ces préparatifs, où est la victime de l’holocauste ?

Récitatif :

Alors, la douleur du père accabla tout son être, son sang frémit, sa nature trembla d’effroi, et gémissant, le père dit :

Abraham :

Hélas, mon fils, hélas mon fils !

Isaac :

Mon père, mon père, pourquoi soupirez-vous ?

Isaac :

Mon père, où est la victime de l’holocauste ?

Abraham :

Le Seigneur procurera la victime de l’holocauste.

Récitatif :

Alors Abraham édifia l’autel, il prépara le bois pour le feu et lia son fils unique, Isaac, il saisit le glaive et tendit la main pour l’immoler.

Voici alors qu’un Ange du Seigneur éleva la voix du Ciel, et dit à Abraham…

Carissimi: Historia di Abraham et Isaac: « Pater mi, ecce ignis » (Isaac, Historicus, Abraham) • Giacomo Carissimi, Michel Corboz, Fernando Serafim, John Elwes, Karine Rosat, Orquestra Gulbenkian

 

L’amitié

Dans chacune des formes de gouvernement, l’amitié règne en même proportion que la justice. Elle règne dans le cœur du monarque, suivant qu’il est disposé à la bonté et à la bienfaisance : car, s’il est vertueux, il veille au bien de ses sujets, et s’occupe sans cesse de les rendre heureux ; il est comme un pasteur attentif au soin de son troupeau ; et c’est pour cela qu’Homère appelle Agamemnon le pasteur des peuples. Telle est encore la tendresse paternelle ; mais elle l’emporte par la grandeur des bienfaits : car le père est l’auteur de l’existence, c’est-à-dire du plus grand des biens pour ses enfants ; il pourvoit à leur nourriture et à leur éducation. On rend même un hommage semblable aux ancêtres ; car il y a une sorte d’autorité naturelle du père sur ses enfants, des ancêtres sur leurs descendants, du roi sur ses sujets. De ces relations naissent des sentiments de respect et de dévouement, portés au plus haut degré d’exaltation ; ils sont la source des honneurs que nous rendons à nos ancêtres. Il y a donc aussi de la justice dans ces sentiments, non pas la même sans doute, mais une justice proportionnée au mérite ; car c’est là un des caractères de l’amitié.

Aristote – La Morale – Livre VIII- XI

 

Les potins…

Ayez horreur de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas ; ne cherchez pas à savoir pourquoi ceci ou cela. N’accordez aucun intérêt à ce que vous en apprenez. Ne consentez pas à prêter l’oreille, ni même l’attention, aux « potins ». Voulez-vous garder limpide le miroir de votre âme ? Ne permettez pas à l’inutile pensée du prochain de venir le troubler. Si vous n’êtes pas chargé de la conduite des autres, ne vous informez pas de leur comportement ; ne faites pas de réflexions intérieures à leur sujet, surtout en ce qui concerne leurs défauts ou leurs fautes. Priez seulement pour que Dieu soit aimé et servi par tous. Toute pensée accordée à la créature vous ramène à vous, car c’est finalement par rapport à vous que vous l’appréciez d’ordinaire, non par rapport à Dieu. Quand tous les autres ne seraient pas ce qu’ils doivent être, gardez la paix. Vous, soyez-le. Votre fidélité, silencieuse et paisible, fera beaucoup plus pour l’avancement d’autrui que votre agitation et vos blâmes souvent inefficaces. L’exemple de votre sérénité, votre transparence aux rayons de Dieu qui vous habite, porteront plus au bien que tous vos discours et vos algarades. Votre âme ne doit refléter que Dieu.

Dom Guillerand (1877 – 1945) – Les portes du silence

La contestation

Croyez-moi : ne contestez jamais avec personne ; cela ne sert de rien. Chacun et chacune est sûr de son bon droit et cherche moins à être éclairé qu’à vaincre dans une joute de mots. On se quitte mécontents, ancrés sur ses positions, et la dispute continue au dedans. C’en est fait du silence et de la paix. Si vous n’en avez pas la charge, n’essayez pas de convaincre. Mais si vous voulez demeurer en repos, tournez plutôt la page habilement dès que s’amorce la controverse. Acceptez d’être terrassé au premier choc, et priez doucement Dieu de faire triompher Sa vérité en vous-même et dans les autres ; puis passez. Votre âme n’est pas un forum, mais un sanctuaire. Il s’agit pour vous non d’avoir raison, mais d’embaumer par le parfum de votre amour. La vérité de votre vie témoignera de celle de votre doctrine. Voyez Jésus dans son procès : Il s’est tu, acceptant d’avoir tort ; Il est maintenant la Lumière pour tout homme venant en ce monde.

 

Dom Guillerand (1877 – 1945) – Les portes du silence

 

Avec ta belle-mère

Mon Enfant, aujourd’hui, c’est d’un sujet délicat et bien mal compris dont je voudrais te livrer le secret, comme belle-fille et comme belle-mère.

Une certaine image caricaturale a édifié les rapports belle-mère, belle-fille en oppositions conflictuelles, le plus souvent au détriment des belles-mères. Ce n’est pas l’esprit chrétien.

Lorsque la mère de ton époux l’a mis au monde, elle lui a donné tout son amour, son dévouement, la tranquillité de ses nuits. Veilles, peines, renoncements quotidiens à sa volonté, à ses projets, à une activité aimée peut-être, ou à des passions légitimes. Elle en a fait ce que tu aimes en lui, l’éducation que tu admires, les qualités qu’elles a développées et les défauts qu’elle a combattus.

Ne l’oublie pas.

Le jour de votre mariage, elle a accepté, dans une peine cachée et des pleurs silencieux, qu’une autre femme soit désormais la référence, la source de joies de son fils, qu’elle t’a offert généreusement. A l’image de Notre-Dame qui a donné son Fils aux hommes, sachant comme elle que son enfant ne lui appartenait pas.

Qu’il lui était simplement confié, pour partir…

Ne l’oublie pas.

Pour ces dons et parce que Dieu nous commande d’honorer notre père et notre mère, de même ceux de ton époux, tu dois veiller à ne pas la contrarier, ni la peiner. Si elle te semble difficile à vivre, prends pour exemple sainte Jeanne de Chantal, veuve, qui a supporté un beau-père despotique et immoral et lui a valu ainsi une fin chrétienne. 

Que connais-tu de ses douleurs, de ses chagrins ? Reste un instrument de paix, ne provoquant pas de disputes ou de ressentiments, évitant de donner ton avis pour ne pas diviser ses enfants ni les liguer contre elle.

Ne l’oublie pas.

Son amour pour son fils reste profond. Veille avec délicatesse à lui laisser assez de temps lors des vacances ou des visites, à savoir leur ménager des moments à eux pour se retrouver comme avant. Elle t’en sera reconnaissante.

Il existe un équilibre à trouver entre vos deux familles, plus complexe en cas d’éloignement ou de fratrie plus importante l’une que l’autre, respectant les vertus de justice, de charité, pour une paix durable et pour vos enfants qui appartiennent à deux lignées.

Si ta belle-mère a été attentive à cela avec sa propre belle-mère, fais comme elle. Si elle a été trop égocentrique, se manifestant peu ou ne voyant que ses projets avec son noyau amical ou familial, fais mieux qu’elle. Dieu te le commande.

Ne l’oublie pas.

Ta belle-famille existe avant que tu ne t’y présentes. Depuis des générations elle a intégré d’autres « valeurs ajoutées », comme ta famille, donc en y entrant, ne sois pas excessivement sur tes gardes, créant ainsi un malaise.

Comme ta famille également, elle a ses défauts certes mais aussi ses richesses, son histoire, ses coutumes. A toi de les intégrer, de t’y intéresser. Tu dois lui faire honneur (tu honoreras…) et pouvoir transmettre à vos enfants l’histoire paternelle dont tu prends le nom.

Ne l’oublie pas.        

Elle peut te montrer la route par laquelle elle est passée et qui l’a mûrie, lui donnant cette expérience de la vie, le recul sur les évènements et les émotions. Ne doute pas des services qu’elle peut te rendre selon ses capacités, lors des vacances, des naissances, des difficultés de la vie. Parfois, d’un mot bienveillant, vif, ou plus doux, selon son tempérament, elle peut deviner une difficulté et te permettre d’y voir clair ou de la résoudre alors même que tu ne voyais rien. Sache alors recevoir ce qui est pour ton bien, avec reconnaissance.

Ne l’oublie pas.

Si elle n’a pas de fille, sois-en une pour elle, afin de tempérer la rudesse des garçons ou leur manque de discernement des petites choses blessantes ou au contraire prévenantes.

Dans sa vieillesse, si la solitude survient avec la nécessité d’être assistée, voire accueillie, ouvre ta porte et ton cœur généreusement. Que de beaux exemples de tendresse de belles-filles, répondant à leur vocation féminine de répandre paix et joie autour d’elles.

Tu seras un bel exemple préparant ainsi une place au Ciel à tous, dans la charité.

Alors va.

Jeanne de Thuringe