Visiter les personnes âgées

 

Chère Bertille,

L’autre jour je discutais avec mes voisins qui ont plus de quatre-vingt-dix ans. Monsieur me racontait qu’il avait toujours vécu dans ce village et qu’il était né dans la maison qu’il habite actuellement. C’est très intéressant de discuter avec lui car il a toujours des petites histoires du passé à raconter. Il me disait par exemple que les jours de la Fête Dieu les reposoirs étaient disposés dans les parcs des châteaux avoisinants, la procession partait donc du village et progressait à travers la campagne jusqu’au pied du château où l’on avait orné un autel.

                Alors que j’étais avec mes voisins, j’ai repensé à ce que tu me disais la semaine dernière au sujet des personnes âgées qui sont seules en maison de retraite et à tes grands-parents qui ont perdu la Foi. Eh bien oui, ma chère Bertille, il est possible de leur faire du bien, notamment en allant leur rendre visite. Tu ne sais pas le plaisir qu’ils ont à raconter ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont vécu ! Il suffit d’une photo dans un cadre et nous voilà voyageant dans le passé, soixante-dix ans en arrière, monsieur nous parle de son métier, il était menuisier et s’appliquait à faire de beaux meubles, madame était bonne couturière, elle avait fait son trousseau pour son mariage, ils s’étaient mariés à l’église du village, et maintenant il n’y a plus de prêtre, alors ils ne vont plus à la messe, ils savent quand même que le Bon Dieu existe mais ils ne prient plus beaucoup. C’est alors l’occasion de leur parler davantage de la religion. J’ai remarqué que les personnes âgées aiment bien la Sainte Vierge, elles se souviennent souvent de leur « Je vous salue Marie », et sont très contentes quand on leur offre une médaille miraculeuse. A notre départ elles sont heureuses d’avoir pu parler avec quelqu’un qui s’est intéressé à ce qu’elles sont, à ce qu’elles ont vécu, ainsi qu’aux questions ou à leurs inquiétudes du moment.

               Tu sais ma chère Bertille, en rendant visite aux personnes âgées et plus spécialement à nos Grands-Parents, nous recevons beaucoup plus que nous ne donnons, car ils nous apprennent beaucoup par leur expérience. Ils ont une grande sagesse de la vie. Nous ne nous construisons pas seuls, ce que nous sommes, nous le sommes grâce à nos parents et à nos grands-parents qui nous ont transmis la religion, les coutumes, des savoirs-faires, une culture qui nous a aidés à former notre jugement. Nous leur devons beaucoup, et finalement c’est un acte de piété filiale que de leur rendre service et de prendre soin d’eux.

                Ma chère Bertille, je te souhaite un bon courage pour les derniers examens. Passe de très bonnes vacances en compagnie de tes grands-parents cet été.

                                                                              Anne

O Sole Mio

O Sole Mio

Giovanni Capurro -Eduardo Di Capua

Chanson napolitaine publiée en 1898

Un succès incroyable récompensa cette chanson qui fut vite connue dans le monde entier. Elle est devenue un classique pour les ténors et je vous la propose dans la version de Lucianno Pavarotti qui sait improviser de manière éblouissante en prolongeant très longuement certaines notes finales.

Ne craignez pas de proposer comme défi à vos enfants d’apprendre à chanter en langue étrangère, leur capacité de mémorisation est étonnante, et c’est un excellent exercice. L’italien n’est pas compliqué à prononcer et ce texte (pour le refrain au moins), très facile. Ma fille de 8 ans l’a fredonné instinctivement sitôt que je lui ai fait entendre. La mélodie est simple, et peut donner lieu à des improvisations à l’imitation de Pavarotti, source de bons fous-rires en famille !

1.

Che bella cosa e’ na jurnata ‘e sole                     

Quelle belle chose qu’une journée de soleil,

n’aria serena doppo na tempesta !               

Un air serein après une tempête !

Pe’ ll’aria fresca pare già na festa                         

Pour l’air frais on se croirait en fête

Che bella cosa e’ na jurnata ‘e sole                        

quelle belle chose qu’une journée de soleil      

Refrain :

Ma n’atu sole                                                                 

Mais il n’y a pas un autre soleil

cchiù bello, oje ne’                                                       

aussi beau

O sole mio                                                                        

mon soleil à moi

sta ‘nfronte a te !                                                          

est sur ton front.

‘O sole, ‘o sole mio                                                       

mon soleil, mon soleil à moi                      

sta ‘nfronte a te !                                                          

mon soleil, mon soleil à moi

sta ‘nfronte a te !                                                          

est sur ton front.

 

2.

Lùcene ‘e llastre d »a fenesta toia ;                       

Les vitres de ta fenêtre scintillent,

‘na lavannara canta e se ne vanta                       

la blanchisseuse chante et se vante….

e pe’ tramente torce, spanne e canta                  

pendant qu’elle essore, étend et chante.

lùcene ‘e llastre d’a fenesta toia.                            

Les vitres de ta fenêtre scintillent.

3.

Quanno fa notte e ‘o sole se ne scenne,                             

Quand vient le soir, le soleil se couche

me vene quase ‘na malincunia ;                                              

la mélancolie me saisit…

sotto ‘a fenesta toia restarria                                   

Je resterais sous ta fenêtre

quanno fa notte e ‘o sole se ne scenne.                             

quand vient le soir, le soleil se couche.

Inviolata

Notre citation pour juillet et août :

« Je chanterai, même lorsqu’il me faudra cueillir mes fleurs au milieu des épines et mon chant sera d’autant plus mélodieux que les épines seront longues et piquantes. »

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

Manuscrits autobiographiques, Pensées 1

 Inviolata

Hymne à la Très Sainte Vierge

Pour cette fête de l’Assomption, je vous propose cette fois-ci la simplicité si pure et si grande du grégorien. Cet hymne date du XIème siècle. Si certains d’entre vous en souhaitent d’autres versions, vous pouvez écouter celui de Josquin des Près ou de Marc-Antoine Charpentier. Pour ma part, je n’ai rien trouvé de supérieur à celui que je vous livre.

  1. Inviolata, integra, et casta es Maria,

quæ es effecta fulgida cæli porta. 
Vous êtes sans tache, chaste et virginale, ô Marie.

Vous êtes devenue la porte éclatante du Ciel.

  1. O Mater alma Christi carissima,

suscipe pia laudum præconia.
O Sainte Mère du Christ, qui nous êtes si chère,

recevez la pieuse louange de nos chants.

  1. Te nunc flagitant devota corda et ora,

nostra ut pura pectora sint et corpora. 
Nos cœurs et nos lèvres vous prient avec dévotion 
pour que soient purs nos corps et nos âmes.

  1. Tua per precata dulcisona,

nobis concedas veniam per sæcula. 
Par vos prières si douces,
obtenez-nous le pardon pour l’éternité.

 

  1. O benigna ! O Regina !O Maria,

quæ sola inviolata permansisti. 
O très bonne ! ô Reine ! ô Marie,
qui, seule, êtes demeurée sans tache !

 

 https://www.jubilate-deo.com/2018/05/13/le-chant-a-marie-29-inviolata

 

 

Les vacances

Les vacances chez les grands parents sont l’occasion d’échanges fructueux entre les générations, de transmission de l’histoire familiale, d’enracinement dans l’ombrage des rameaux des générations passées. On ne naît pas de nulle part et il est important de connaître ses ancêtres pour avoir la fierté d’appartenir à une lignée. Cela permet de parfaire sa personnalité de petit homme, relais entre un passé à admirer, et un futur à construire.

Cette communication entre les générations est favorisée par le respect que parents et enfants doivent aux grands-parents. Ceux-ci peuvent avoir leurs petits défauts et manies, mais il faut se garder de les souligner, et même de s’en moquer, car le prestige qu’ils pourraient avoir aux yeux de leurs petits-enfants est nécessaire pour que cette influence gagne leurs cœurs, et qu’en contrepartie, les regards enfantins apportent un peu de baume et de sourire dans le quotidien de nos anciens.  Quelle joie d’avoir des petits-enfants bien-élevés et attentionnés ! Ne passons pas à côté  de ces moments qui peuvent être si profitables pour petits et… très grands.

Soyons des passeurs

Notre-Dame de Paris est en flamme ce 15 Avril… « Pourquoi la France s’est-elle sentie, soudain, touchée au cœur comme par un coup de poignard ? (…) L’émotion qu’a suscitée la catastrophe, à l’heure où le catholicisme est devenu minoritaire (…) relève de ce besoin de l’âme humaine qu’avait identifié Simone Weil (…) : le lien vital qui nous unit à notre passé. Promis à une vie brève, l’homme ne serait qu’un météore, à l’horizon de l’histoire, s’il n’avait la capacité de placer sa destinée individuelle dans la longue mémoire de ses devanciers : ceux qui sont venus avant lui et qui lui ont procuré, en naissant, un capital de connaissances, de souvenirs, d’expériences sans lesquels il ne serait qu’un animal nu, misérable, analphabète et désarmé. Si tous les Français se sont sentis atteints, (…) c’est peut-être surtout parce que cette cathédrale résume notre histoire, (…) qui nous inscrit dans un héritage, une lignée, qui fait de nous des passeurs d’un dépôt que nous sommes conscients de devoir à notre tour transmettre, tant nous sentons à quel point, nous dépassant, il nous oblige ». Cet extrait de l’éditorial de Michel de Jaeghere dans le Figaro Hors-Série d’Avril 2019, rappelle un des rôles essentiels des parents : transmettre ce que nous avons reçu, si possible en améliorant certains aspects de notre héritage.

Savoir où nous allons et d’où nous venons

L’Espérance et l’espoir sont des moteurs de la vie que nous devons apprendre à nos enfants : ils vont vers le Ciel, ils ont l’ambition d’obtenir un métier qui leur plaise, ils vont franchir des étapes dans leurs choix de vie… la motivation des enfants grandit lorsqu’ils savent vers quoi ils vont.

Ces buts étant clairs, ils doivent prendre conscience de qui ils sont, « être quelqu’un de bien », car, selon l’adage antique, « l’Agir suit l’Etre ». 

Pour cela, apprenons-leur d’où ils viennent ! Nos parents, grands-parents et aïeux, notre région et nos terroirs, leurs métiers et savoir-faire ; leur savoir-être, l’esprit spécifique de nos familles et de nos fréquentations, certains évènements nous ont imprégnés et nous ont fait ce que nous sommes et ce que nous communiquons à nos enfants… En être conscient, en parler, en vivre -lorsque ces influences sont bonnes- sera profitable à toute la famille.

Transmission spécifique par le père de famille

Parlons donc à nos enfants de ce qui nous a formé : nos familles, notre pays, notre vie spirituelle, notre travail. La transmission doit commencer dès le jeune âge et se poursuivre sans relâche en s’adaptant à l’âge. L’effet n’est pas visible immédiatement, mais nous donnons ainsi à nos enfants, un socle, des références qui les structurent et les marquent pour toute leur vie même s’ils ne les adoptent pas en totalité.Avons-nous remarqué comme les jeunes enfants sont contents de connaître l’endroit où papa a habité, les jeux auxquels il jouait ?

Concrètement, lors de vacances, visitons des lieux historiques ou religieux adaptés à leur âge en racontant l’Histoire, en montrant comment quelques personnes, de conditions diverses, ont changé le cours de l’Histoire, ou ont laissé une trace – tels les bâtisseurs de monastères. Pourquoi pas eux ?

Racontons l’histoire des grands-parents et des aïeux. Renseignons-nous sur eux auprès des personnes âgées toujours en vie. Il y a toujours quelque chose à retirer de l’histoire familiale quel que soit le niveau social ou d’aisance de nos aïeux. Nous y verrons certainement de beaux exemples de courage, d’humilité, de piété, d’entraide, d’initiative ou de savoir-faire à raconter. Peut-être des exemples d’influence sur la vie religieuse, sociale et politique locale -ce qui était plus fréquent autrefois qu’aujourd’hui ? Des comportements courageux pendant les crises religieuses (1880-1905 ; post Vatican 2), les crises économiques ou les guerres. 

Nous évoquerons les épreuves de la famille – la Croix fait partie de la vie- en montrant comment elles ont, malgré tout, fait grandir ceux qui ont su se confier à la Providence.  

Si, malheureusement, des chutes morales ou des discordes existent – c’est le cas dans toutes les familles de manière plus ou moins proche, nous en parlerons le moins possible. Nous pourrons expliquer la fragilité de la nature humaine sans la grâce, en faisant prier pour ces intentions. Peut-être aurons-nous la chance de pouvoir montrer le progrès des générations suivantes, qui retrouvent l’amour miséricordieux de Dieu malgré cet héritage négatif.

Pour les plus grands, faisons une liste des 10 meilleurs livres de votre bibliothèque, ceux qui nous ont marqués et dont nous avons envie de transmettre le contenu.

 Enraciner dans une communauté

Au citoyen cosmopolite, individualiste, isolé, noyé dans la masse et manipulé, nous préférons l’homme enraciné dans un héritage, des traditions, une communauté de destin et de valeurs.

Les grands parents et les anciens sont de précieux auxiliaires pour enraciner nos enfants. Ils ont des points communs avec les plus jeunes, ce qui facilite la connivence : la capacité d’étonnement, de confiance, le temps qui s’écoule plus lentement. Pour les plus grands, ils sont la permanence et le rempart sécurisant ; l’endroit où l’on a le temps de parler. Un bon grand-parent saura écouter et affirmer calmement sa pensée pour orienter notre enfant, faire naître en lui les questions qu’il doit se poser ou poser.  Le grand-père racontera l’histoire de la famille, portera témoignage de sa Foi, et construira le lien familial entre hier et demain, entre l’expérience et l’espérance.

Sachons solliciter les anciens en qui nous avons confiance : au-delà du service qu’ils nous rendent, ils trouvent dans ces contacts un nouveau sens à leur vie.

J’ai transmis ce que j’ai reçu

Puissions-nous faire nôtre cette sentence au soir de notre vie. Pour cela suivons les conseils de Platon (IV° siècle av. JC) : « Aux enfants, il faut laisser un bel héritage de conscience plutôt que d’or ». Et un éducateur du XX° siècle : « Enfin, que pouvons-nous faire pour que nos enfants soient en mesure d’affronter la situation qui les attend ? Le monde change tellement vite !

Vous ne pouvez faire qu’une chose réellement efficace : former le caractère de vos enfants de telle sorte qu’ils soient capables de trouver eux-mêmes (les solutions) »

Avec la grâce du Sacrement de Mariage, que nous invoquerons régulièrement, et la consécration de nos foyers au Sacré-Cœur, tout est possible !

Hervé Lepère