Enthousiasme et magnanimité

A Annecy, en juin 2023, un terroriste blesse 6 personnes dont 4 jeunes enfants avec un couteau. Henri, 24 ans, n’hésite pas : il pourchasse l’assaillant, un sac de randonnée sur le dos et un autre sac devant lui en guise de protection. C’est lui qui a permis d’éloigner le suspect, avant qu’il ne soit neutralisé par les forces de l’ordre. Il n’a pas hésité à mettre sa vie en jeu pour sauver des vies.

Si une telle situation se reproduisait devant nos fils du même âge dans quelques années, seraient-ils capables du même engagement, ou seraient-ils des spectateurs paralysés ?

Comment notre éducation aidera-t-elle nos enfants à bien réagir lorsque des occasions moins dramatiques, ou des opportunités de faire du bien, se produiront de manière imprévue devant eux ? Sauront-ils prendre des initiatives ou auront-ils peur de l’échec ou de la difficulté ?

 

Henri, « le héros au sac à dos », a expliqué que son éducation a été déterminante ce jour-là. Il cite les trois axes qui l’ont façonné :

1/ l’Amour du Beau (nature, art…) qui conduit au Vrai et au Bien ;

2/ la Magnanimité, la grandeur d’âme inséparable de la vraie humilité ;

3/ la Tradition reçue : tradition catholique et idéal du Ciel, tradition familiale et de la patrie.

Parlons donc aujourd’hui de la magnanimité, l’enthousiasme pour les grandes actions. Selon Aristote, c’est la grandeur d’âme de celui qui se croit capable de réaliser de grandes choses, qui a confiance en lui et s’apprécie pour ce qu’il vaut, objectivement et sans orgueil. Cette vertu s’oppose à la pusillanimité (étymologiquement, la petitesse d’âme) et à la vanité impertinente. Le magnanime recherche en tout l’idéal du bien et non son propre avantage. Pour cela, il allie son cœur enthousiaste et aimant, son intelligence pour analyser les situations, choisir les bons objectifs et prendre les bons moyens, et sa volonté pour agir et persévérer.

 

La magnanimité est une vertu nécessaire !

Elle est dans la nature de la jeunesse, et de tous ceux qui gardent un cœur d’enfant. C’est une vertu nécessaire pour que nous fassions fructifier nos talents. Dieu a fait nos cœurs pour qu’ils se dilatent comme les fleurs s’épanouissent au soleil, pour que nous sortions du cercle étroit de notre petitesse afin de contribuer au règne de Dieu dans nos cœurs, nos familles, nos cités.

C’est un moteur de progrès, une puissance sur l’orientation de notre vie. Constatons-le en observant, avec nos enfants, les héros, les saints et même certains membres de notre histoire familiale ou de notre entourage !

« Quand on a l’âme jeune, chevaleresque, vaillante, il faut rêver à un idéal grand, sublime. Il faut se dégager, comme à grands coups d’ailes, des fanges d’ici-bas, pour s’élever bien haut dans l’azur du ciel. (…) Sans doute, il ne faut pas vous laisser prendre au mirage trompeur d’une ambition trop au-dessus de vos forces et de vos aptitudes ; mais avant de douter de vous-mêmes, faites au moins l’essai loyal de ce que vous pouvez accomplir. (…) Si ceux qui sont devenus de grands savants et de grands saints, et ont rendu tant de services à l’humanité et à la société chrétienne, s’étaient faits le même raisonnement que vous, où en serions-nous ?1 » Sans enthousiasme, nous risquons de devenir passifs, glacés comme le marbre froid du tombeau, indifférents aux grands intérêts de l’Église et de la patrie.

L’ambition ardente pour le Bien est également un moyen d’éviter les passions désordonnées, l’impureté, la faiblesse, le péché, « parce qu’il y a dans le cœur un autre attrait, un autre amour, plus fort, qui entraîne toute l’activité intellectuelle et physique vers un but supérieur ». Associée à la prière, c’est un dérivatif très efficace contre les tentations.

Le monde change, ces derniers mois le montrent. Les mouvements conservateurs, les réseaux, les initiatives, les œuvres de tradition ne cessent de se développer. Notre époque est propice pour les entrepreneurs, les écoles, les associations culturelles ou d’entraide, les apôtres auprès de nos contemporains qui ont soif d’idéal et de racines, que la société laïcisée et matérialiste ne leur donne plus. Préparons donc nos enfants à être de ceux qui reconstruiront la chrétienté !

L’éducation de la magnanimité

Il s’agit de former le cœur, l’intelligence et la volonté. Dès le plus jeune âge, l’histoire des héros et des saints ouvrira les cœurs et rendra désirable l’engagement pour des idéaux qui en valent la peine.

L’idéal servira d’étoile polaire et gonflera les voiles de son énergie. Il sera complété par le travail de l’intelligence qui doit montrer à la volonté ce qu’elle doit accomplir : « Plus la lumière projetée par l’intelligence sera intense, plus l’objet apparaîtra avec toutes ses qualités et ses défauts et plus la volonté se portera vers lui ou s’en éloignera.» C’est l’apprentissage de la connaissance du Bien et du Mal, de la Foi, des valeurs désirables à l’opposé du consumérisme, de la vanité, du confort ou de la faiblesse.

 

N’oublions pas qu’un idéal qui ne serait que velléité, rêverie, excitation ou émotion se dégonflerait aussi vite qu’il est apparu, mourant au seuil de la vie pratique, comme la vague meurt sur le sable de la plage. « Pour qu’une chose se réalise, il ne suffit pas d’en caresser le projet, de la désirer, il faut se mettre résolument à l’œuvre. De la décision il faut passer à l’action.» Il faudra savoir ignorer les moqueries, menaces, flatteries, séductions, paresses ou autres passions, en un mot être persévérant.

C’est au quotidien, jour après jour, année après année, que cette vertu se développera, nous fortifiera et nous réjouira par les résultats obtenus.

L’amiral McRaven, 37 ans dans les forces spéciales américaines (Navy Seals) a séduit les 8000 étudiants de l’université du Texas par son discours de remise des diplômes en 2014 : « Si vous voulez changer le monde, commencez par faire votre lit tous les matins ! » Il a raison !

Bien faire son lit et sa prière chaque matin, c’est avoir fait quelque chose d’utile et de satisfaisant chaque jour même si le reste de la journée est raté !

 

Enfin l’esprit d’initiative et de générosité sera essentiel. Malgré nous, nous sommes influencés par la centralisation croissante depuis Napoléon, renforcée par l’étatisme, l’esprit socialiste qui se méfie des initiatives privées, et l’individualisme ambiant cultivant les droits de chacun et oubliant le Bien Commun. Ne confondons-nous pas, même chez nous, le « principe de précaution » qui fait renoncer aux initiatives, et la prudence qui au contraire encourage à agir en prenant les bons moyens ?

Ne sommes-nous pas tentés d’établir des règlements pointilleux à la maison (par exemple pour les tours de service de table), plutôt que de faire appel à la générosité ? Lorsque maman est à la cuisine, ou papa au jardin, c’est normal de venir proposer son aide ! (Évidemment, on peut s’assurer que chacun fasse un minimum).

C’est en effet par les petites choses, faites avec persévérance, initiative et générosité que l’on se prépare aux grandes, si Dieu le veut.

 

Éduquons donc nos enfants à la magnanimité et à l’enthousiasme, et donnons leur l’exemple !

 

Hervé Lepère

1 Toutes les citations proviennent de « Soyez des hommes », F-A. Vuillermet, OP

 

MON DIEU et mon petit Dieu

 

 Mon Dieu

Je crois en Dieu. Pas en n’importe lequel. Je crois au Dieu Trinité et je crois que la deuxième Personne de cette Trinité s’est incarnée et a offert sa vie pour l’expiation de nos péchés. Cette foi fut longtemps assez forte en moi pour m’amener à prendre des moments réguliers et assez importants, consacrés à la prière. Je ne pouvais, me disais-je, trouver meilleur confident que Lui. J’en recevais fidèlement force, abnégation et enthousiasme.

Mon petit dieu

Mais voilà qu’un jour a fait irruption dans ma vie un petit dieu. Je ne le reçus d’abord qu’avec méfiance car j’avais été prévenu contre lui et contre ses capacités à séduire. Avec le temps, ce n’est pas que je perdis ma méfiance mais je fus bien obligé de constater que mon petit dieu prenait de plus en plus de place dans ma vie. Les qualités ne lui manquaient pas : il avait à peu près réponse à tout et ouvrait le champ d’une façon illimitée à tous les savoirs. Il était toujours disponible pour satisfaire ma moindre demande, jamais de mauvaise humeur et, mystérieusement, prévenait même souvent mes désirs. Il simplifiait de mille manières ma vie quotidienne et m’assurait l’instantanéité des relations avec qui je voulais.

Il m’est devenu si précieux que je le garde dans le creux de la main, même quand je le mets dans ma poche. Il a droit à mon premier regard quand je me réveille et à mon dernier quand je m’endors. D’ailleurs, c’est lui qui veille à mon chevet pendant la nuit.

La supplantation

Je sais bien qu’il n’est que mon petit dieu. Mais quand j’y pense, je dois reconnaître qu’il a à peu près la place qu’occupait naguère mon Dieu. Je suis en effet bien obligé de constater que :

– quand j’ai quelque chose à demander, mon réflexe est de consulter mon petit dieu et non plus mon Dieu ;

– le temps que je passe avec mon petit dieu a tellement augmenté que je n’ai plus guère le temps de prier mon Dieu ;

– c’est lui qui est devenu ma Providence et qui, sans cesse, me guide, me conseille, et dirige ma vie ;

– il me dit des choses fort utiles que mon Dieu ne m’aurait jamais dites ;

– aussi, je me dis parfois que mon petit dieu est plus efficace que mon Dieu ;

– il m’arrive d’oublier mon chapelet dans ma chambre, jamais mon petit dieu ;

– Je ne pense plus guère à faire des oraisons jaculatoires à mon Dieu mais je consulte plusieurs dizaines de fois mon petit dieu par jour, et serais même tenté de le consulter plus souvent encore ;

– j’aime à être avec lui et qu’il soit avec moi.

Mes gémissements impuissants

Je reconnais que mon petit dieu a supplanté mon Dieu. Il a pris tant de place dans ma vie que, vraiment, je ne crois plus que je pourrais me passer de lui. Pourtant, je vois des différences qui m’inquiètent entre mon petit dieu et mon Dieu. Mon Dieu ne m’a jamais fait que du bien. Je ne dis pas que mon petit dieu ne me fait aucun bien, mais tout se passe comme s’il utilisait le bien qu’il peut me faire pour se rendre toujours plus nécessaire à ma vie, et pour me faire du mal, pour m’entraîner là où je ne voudrais pas aller, pour me garder tant de temps avec lui que j’en ai la tête hébétée et que je ne sais plus penser à rien. Comment encore prier ?

Mon Dieu, comme mon petit dieu, cherche à m’attirer mais le premier me dilate et me fait sortir de moi-même tandis que le second me rétracte et m’engloutit en lui-même.

Plus je me donnais à mon Dieu, plus j’avais l’impression de gagner en liberté et en maîtrise de moi-même ; plus je me livre à mon petit dieu, plus je deviens faible et sans volonté.  

Je le reconnais : ma vie spirituelle s’est évaporée et ma vie détériorée à mesure que j’ai davantage fréquenté mon petit dieu.

Mon esclavage

Quand je lisais l’Ancien Testament, je ne comprenais pas comment les Hébreux pouvaient abandonner le vrai Dieu pour des faux dieux, pour des idoles. Mais maintenant, j’en ai fait l’expérience. Ce n’est pas vraiment que je crois que mon petit dieu soit Dieu. Et peut-être en était-il de même pour les Hébreux. Mais au résultat, j’avoue que mon petit dieu a sur moi toute l’influence d’un dieu : il fait écran à mon Dieu, me subjugue et m’entraîne là où je ne veux pas aller.

L’instant de ma délivrance

L’autre jour, j’ai fait tomber mon petit dieu qui s’est cassé en mille morceaux. J’ai cru que je ne survivrais pas à cette privation. C’était l’instant de mon Dieu. Il m’a doucement rappelé à Lui et je Lui ai demandé pardon. Il m’a pardonné mais il m’a demandé de m’affranchir de cet esclavage où m’avait réduit mon petit dieu. Avec sa grâce, j’y suis arrivé et mon âme a retrouvé la vie, la joie et l’enthousiasme.

 

R.P. Joseph

 

Une chemise de nuit pour vos fillettes !

Chères couturières,

Réaliser une chemise de nuit est un ouvrage agréable et peu intimidant ! L’on ne regardera ni la rectitude de la couture, ni l’alignement des boutons, ni le respect du droit fil… C’est le moment de vous lancer ! 

Une chemise de nuit, c’est aussi un travail qui permet de prendre le temps de la fantaisie : brodez des notes de musique sur les bords du col, des petites fleurs sur l’avant, un prénom ou tout simplement l’année ?  Le sens du beau et du détail nous aide à éveiller l’enthousiasme derrière la nécessité du travail… Couture pratique, mais couture joyeuse ?

Le patron est fourni pour plusieurs âges, à vous d’adapter sa longueur à vos fillettes !

Bonne couture !

Atelier couture

https://foyers-ardents.org/category/patrons-de-couture/

Cliquer pour accéder à 2025_04_30_Chemise-de-nuit_fiche-site.pdf

Osons l’enthousiasme

Chers amis,

Pour des « Foyers ardents », oser l’enthousiasme est une évidence.

En effet, tel que nous l’entendons, l’enthousiasme n’est pas un feu de paille qui s’enflamme à la moindre étincelle pour s’éteindre ensuite rapidement. Nous parlons bien ici de celui qui doit habiter les cœurs ardents, emplis de la Foi en un Christ ressuscité, vainqueur de la mort !

Nous croyons, – nous venons de le proclamer en ces jours saints – que Notre-Seigneur a remporté définitivement la bataille et cette victoire devrait nous rendre assez forts pour qu’à notre tour nous soyons fiers de participer au triomphe de Jésus-Christ durant ce court temps qui nous est réservé sur la terre. 

C’est donc avec toute notre flamme que nous accomplirons notre mission car un devoir d’état accompli sans y mettre de la grandeur d’âme n’aura pas le même rayonnement que celui accompli avec ardeur ! La maman se passionnera pour sa tâche éducative auprès de ses petits, le papa sera fier de son rôle de chef de famille : ils y trouveront leur raison d’être. Nos jeunes se donneront avec générosité et entrain, les occasions de se dévouer ne manquent pas ! Nos moins jeunes se hâteront de transmettre les valeurs familiales et chrétiennes qui se noient dans le brouillard de la bien-pensance… La France est redevenue une terre de mission ; il y a tant à faire, à commencer par un devoir d’état à accomplir chaque jour avec amour. Tout est là !

Notre monde a besoin de sourires lumineux, de générosité paisible, de disponibilité et des prières de chacun pour toutes ces âmes croisées au détour d’un chemin, pour tous ceux dont le regard est si triste, et qui errent sans but, hagards après des heures d’écran.

Oui, osons l’enthousiasme, transmetteur de notre foi dans les petites choses du quotidien qui jalonnent notre vie, et alors nous serons capables de grandes choses quand le Seigneur nous le demandera.

Relevons-nous et ne nous laissons pas emporter par l’ambiance actuelle, tellement envahissante que nous pourrions être tentés d’adopter le même comportement que ceux qui n’ont pas la foi ou qui, vaincus par les difficultés rencontrées, par la lassitude, ou tentés par les mondanités, abandonnent le combat, préférant se contenter d’un modus vivendi constitué de petites lâchetés qui petit à petit ont raison de leur bonne volonté. On le sait tous d’expérience : à partir du moment où on fait des concessions et dès que l’on arrête de monter, on descend ; les exemples ne manquent pas autour de nous.

Dans les jours noirs, dans les moments de découragement que nous rencontrons, reprenons ces articles, un à un. Que cette revue ne soit pas classée comme les autres au fond d’un placard, mais qu’elle reste de longues années sur la table du salon, comme un rappel permanent ! Vous y trouverez les raisons de conserver l’enthousiasme mais aussi les outils pour ne pas vous laisser abattre par les échecs.

Certains me diront que c’est affaire de tempérament… En effet, un caractère triste et inquiet pourrait avoir davantage de difficultés, souvenons-nous alors que ce mot vient du grec enthousiasmos, « possession divine, transport divin », qui remonte à l’adjectif entheos, « inspiré par un Dieu ou par les dieux ». Il convient donc à toutes les âmes de bonne volonté d’accepter de se mettre sous le regard du vrai Dieu par la prière et la méditation, faisant croître ainsi leur confiance et leur abandon en notre Père du Ciel.

En ce mois de Marie, confions à Notre-Dame tous nos Foyers Ardents afin qu’ils conservent ou retrouvent l’enthousiasme et la fierté d’être le sel de la terre et la lumière du monde !

Marie du Tertre