…comme le Christ a aimé l’Eglise… Si Saint Paul utilise
cette comparaison dans l’épître de la messe de mariage, c’est pour qu’elle soit
une source d’inspiration pour chacun.
Retournons cette
comparaison : si nous sommes de bons maris – ou essayons de l’être- aimons
l’Eglise à l’imitation de l’amour que nous avons envers notre épouse !
Prenons quelques exemples :
Connaître et
regarder pour aimer
Qui peut aimer sans
connaître ? Avant de s’aimer et se marier, il faut déjà se connaître et
s’apprécier ! L’étude du catéchisme et de la doctrine de l’Eglise est un
point de départ. Méditons ensuite le mystère de Dieu fait homme et nous
laissant son Eglise pour nous guider. Rappelons-nous que l’Eglise est le Corps
Mystique du Christ dont chacun de nous est un membre. Ce corps unit les membres
« militants » dont nous sommes, avec les membres douloureux et
l’Eglise triomphante de ceux qui sont déjà arrivés au ciel ! Comment ne
pas aimer cette magnifique entraide de la communion des saints ? A chaque
fois que nous faisons une bonne action, un sacrifice, une prière, nous
embellissons le Corps Mystique !
Prier pour elle,
prier avec elle
Ces recommandations
sont une des clés du bonheur familial. C’est aussi une clé de l’amour de
l’Eglise. Même les plus saints prêtres ont besoin de nos prières.
Ecoutons Sainte
Thérèse de l’Enfant-Jésus (Histoire d’une
âme) : « Pendant un mois, j‘ai vécu avec de saints prêtres et j’ai vu que, si leur sublime dignité les élève
au-dessus des anges, ils n’en sont pas moins des hommes faibles et fragiles. Si
de saints prêtres que Jésus appelle dans son Evangile ‘le sel de la terre’
montrent dans leur conduite qu’ils ont un extrême besoin de prières, que
faut-il dire de ceux qui sont tièdes ?! » Et c’est ainsi que le motif
de son entrée au Carmel s’affirme : « je suis venue pour sauver
les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres».
Lorsque l’Eglise ou
certains de ses chefs sont en mauvaise situation, le devoir de la prière est
d’autant plus impératif comme nous l’enseignent les Actes des Apôtres:
« pendant que Pierre était ainsi gardé dans la prison, l’Eglise ne cessait de prier Dieu pour
lui », ce qui a amené sa délivrance miraculeuse.
Prier avec
l’Eglise, c’est prier dans et par la Liturgie. Aimons les belles cérémonies,
processions, adorations, les prières liturgiques et donnons-en le goût à nos
enfants ! A la messe, s’unir aux prières du prêtre, a davantage de valeur
– la valeur de la prière de l’Eglise- que
de rester dans nos prières personnelles.
Attentions et
services
L’amour familial
s’entretient par des attentions de chaque jour : paroles, écoute, services
rendus, petites attentions multiples … Notre amour pour l’Eglise doit se
manifester de la même façon. N’attendons pas que le clergé nous demande notre
aide, mais proposons-la avec humilité et simplicité selon nos compétences et
nos possibilités.
Bienveillance
Que penserions-nous
d’un mari qui raconterait à qui veut l’entendre toutes les maladresses ou
erreurs de son épouse ? (et réciproquement !). L’ambiance familiale
en serait vite abîmée, et les enfants choqués. Ils garderaient une image
négative de l’un ou des deux parents… Alors, stop aux commentaires négatifs sur
la qualité de tel sermon, tel défaut du prêtre ou de la religieuse !
Comme le dit si
bien Mgr Chevrot (Les petites vertus du
foyer) : la bienveillance « est un signe de force morale et une
condition de bonheur… La bienveillance nous fait accorder aux autres le préjugé
favorable. N’avez-vous pas observé cette tendance instinctive qui pousse tant
de gens à croire au mal plus facilement qu’au bien ?…. l’homme
bienveillant, au contraire, commence par refuser de croire à la faute tant
qu’il n’en aura pas de preuves certaines ; puis s’il a la certitude que ce
tiers a réellement commis un acte répréhensible, il s’impose de ne point en
parler, à moins que ce ne soit pour lui trouver une excuse ou des circonstances
atténuantes ; ne condamnez pas
disait Notre-Seigneur, et vous ne serez
pas condamnés. Sans doute, lorsque vous interprétez favorablement la
conduite d’autrui, l’indulgence risque de vous tromper ; mais si vous le
jugez avec sévérité, votre jugement est presque sûrement entaché
d’erreur ».
Soigner la malade
en se protégeant
Pour aimer et
soigner un malade, il faut déjà se fortifier soi-même contre la
contagion ; puis agir avec douceur, chacun selon son état et son
autorité: mari, enfant ou médecin !
Face à la crise de
l’Eglise et aux faiblesses de certains de ses membres, il est essentiel de
séparer les actes –qui peuvent être condamnés- des personnes que nous ne devons
pas juger, mais respecter selon leur état. Notre devoir est d’aimer l’Eglise
même si elle est défigurée ou handicapée ; prier, la servir, dénoncer les
erreurs qui font souffrir l’Eglise, mais uniquement lorsque cela est
nécessaire.
« Il faut
distinguer avec soin entre l’esprit critique et l’esprit de critique. Le
premier est louable : grâce à lui, nous distinguons le vrai du faux, le
juste de l’injuste, le bien du mal ; il nous met à l’abri des impulsions
téméraires, des engouements naïfs et des condamnations prématurées. Tout autre
est l’esprit de critique, la manie de ne voir, de ne chercher que le
mal…. De même que le médisant s’intoxique de toute l’amertume qu’il distille,
de même le bienveillant s’enrichit de toutes les beautés qu’il admire. En
admirant, inconsciemment, on s’élève vers Dieu, principe de toute grandeur et
de toute beauté. N’est-ce pas parce que l’admiration est une forme de la prière
qu’elle nous procure la paix et la force ? » Cherchons donc de bons
prêtres, de bons religieux, de bonnes œuvres pour grandir avec eux et par eux.
Espérance et
confiance inébranlables
Nous sommes membres
du Corps Mystique du Christ qui est l’Eglise : du progrès de notre
sainteté personnelle et en ménage dépend la sainteté de notre famille et le
progrès du Corps Mystique !
Comme les apôtres
dans la barque, prions, et Notre-Seigneur maîtrisera toutes les tempêtes :
celles de notre âme, celles de la société, celles de l’Eglise car les portes de
l’enfer ne prévaudront pas contre elle… comme l’a promis Notre-Dame à
Fatima : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera » et les
grâces puisées au trésor de l’Eglise surabonderont.
Hervé Lepère