Ecoute-moi quand je parle…

Parler et écouter…cela semble tellement simple ! Et pourtant la communication est responsable de bien des incompréhensions, discordes, mésententes dans un ménage. Rien n’est plus essentiel que la parole et l’écoute, cet échange est un moyen qui unit les époux tout au long de leur vie ensemble, membres d’une même « équipe ». Bien des ménages auraient pu être sauvés s’ils avaient compris la façon de bien communiquer entre eux. Quand on interroge des personnes divorcées sur les causes de l’échec de leur mariage, 87% répondent qu’il s’agit d’un « manque de communication ».

La raison peut être la différence de personnalité : monsieur va toujours bien, il n’éprouve aucun besoin de discuter et emmagasine les pensées, les sentiments tout au long de la journée sans trouver utile d’en bavarder. Pour lui, il est parfaitement naturel de ne pas parler. Madame, elle, éprouve le besoin de raconter tout ce qu’elle a vu ou entendu ; elle ne peut rien garder pour elle. Il est fréquent que ces deux genres de tempérament se marient car ils s’attirent l’un l’autre. Pour mieux communiquer, l’un apprendra à parler davantage, tandis que l’autre apprendra à « ralentir le débit ».

D’autres ne se parlent que pour se faire des reproches et voir le mauvais côté des choses…  « Comment voulez-vous que j’écoute mon mari alors qu’il ne m’adresse que des critiques et des paroles désagréables ?! ». La réponse réside dans la compréhension de ce qui se trouve derrière ces remarques acerbes. Bien souvent le conjoint qui émet des critiques a le cœur rempli de douleur et de colère en raison d’une épreuve dans l’enfance, d’une dureté d’éducation ou d’un climat conflictuel entre ses parents. Il s’agit donc d’une attitude défensive. Pour remédier à cela, le conjoint apprendra l’art de l’écoute pour encourager son époux (se) à se forger une bonne opinion de lui-même. Quand le respect qu’il se porte sera restauré, il sera moins sur la défensive.

La qualité de votre écoute est capitale ! Elle doit être compréhensive, attentive, silencieuse, sans critique…Il faut aborder chaque conversation en essayant de comprendre l’autre, de se mettre à sa place. Ne vous imaginez pas, Mesdames, que votre époux voit les choses de la même façon que vous ! Par nature nous sommes tous assez tournés sur nous-mêmes : ma manière de penser, ce que je ressens comptent plus que tout…Nous faisons preuve d’efforts louables lorsque nous décidons d’adopter une attitude compréhensive en cherchant honnêtement à comprendre les pensées et les sentiments de l’autre. Pour cela laissez-le terminer ce qu’il a à dire, écoutez paisiblement.

Une bonne écoute consiste également à ne pas juger tant que l’autre n’a pas fini de s’exprimer, ce qui ne nous est pas naturel. Après tout, n’avons-nous pas une opinion sur à peu près tous les sujets, et ne sommes-nous pas convaincus que notre point de vue est juste ? Le problème est que notre conjoint tient le même raisonnement de son côté ! C’est cette propension au jugement qui fait tourner au vinaigre les conversations de milliers de couples ! Lorsqu’une épouse dit : « Je crois qu’il faut sortir Pierre de cette école ! » et que son mari lui répond : « Tu ne peux pas faire ça ! C’est toi qui as fait le choix de cet établissement », ils sont tous les deux prêts pour une bonne dispute…à moins qu’ils ne décident de se replier sur eux-mêmes et de souffrir en silence, tout en se reprochant l’un à l’autre le froid hivernal qui s’installe dans leur mariage. Quelle différence si le mari s’abstient de porter un jugement et répond à sa femme : « Dis donc, Chérie, on dirait que tu as eu une journée difficile ; que s’est-il passé à l’école ? » Il se donne alors la possibilité de comprendre son épouse. Et si elle se sent comprise, ils pourront prendre ensemble une sage décision.

Enfin, une bonne écoute consiste à ne pas interrompre, à donner son avis seulement lorsque le conjoint se sent compris. Nous sommes naturellement prompts à faire connaître nos idées, c’est de l’écoute purement égocentrique que de couper la parole. La conversation a peu de chances d’être fructueuse. Si au contraire vous avez su écouter, vous stimulerez des sentiments favorables à votre interlocuteur qui sera alors plus disposé à écouter votre point de vue. C’est une grande erreur d’exprimer prématurément ses idées.

Il y a évidemment quelques règles de base à respecter comme ne pas se faire de remontrances en public (cela ne regarde pas non plus nos enfants !), éviter de lancer un sujet de conversation trop sérieux si l’autre est fatigué, occupé, contrarié ou même affamé ! Sans oublier aussi les petites phrases assassines comme : « je te l’avais bien dit ! » qui équivaut à agiter un chiffon rouge devant un taureau ! Il vaut mieux également ne pas attiser la colère de l’autre en lui parlant sur le même ton…s’il est énervé, apaisez-le plutôt en parlant et rassurant doucement, ou bien laissez passer la tempête, vous parlerez quand il sera en mesure de vous écouter à son tour…

Ne perdons jamais de vue que nous avons à nous sanctifier l’un l’autre. Demandons-nous toujours : « quel est le moyen par lequel j’aiderai à rendre mon époux (ou ma femme) plus vertueux dans cette conversation ? ». Il faut certes de la patience, mais aussi beaucoup d’abnégation, nous ne discutons pas pour « remporter une bataille » mais pour résoudre ensemble une difficulté ou s’entraider en échangeant des points de vue. Alors, sachons utiliser cet extraordinaire pouvoir qu’est une bonne et saine communication et pensons, au besoin, à faire appel au secours de nos anges gardiens pour obtenir un consensus saint et juste.

 

Sophie de Lédinghen

Il fait froid…

Les temps sont difficiles et les mamans sont inquiètes… Rien ne va plus ! Comment faire pour traverser les crises qui nous secouent et préserver nos enfants des dangers qui les menacent ?

Partir sur une île déserte ? Creuser un bunker en Bretagne ?

« Elle ne craindra pas pour sa maison la rigueur des temps de neige, parce que tous ceux dont cette maison se compose sont pourvus de doubles vêtements[1]. »

Nous avons reçu les grâces d’état le jour de notre mariage pour conduire, ensemble, toute notre famille vers le ciel. Il nous faut donc aujourd’hui implorer ces grâces afin d’accomplir cette tâche. Répandre autour de nous la sérénité et la joie des enfants de Dieu sans nous soucier de rien ; cela ne serait-il pas la politique de l’autruche ? Pas du tout !

Mais que faut-il donc entendre par ces « doubles – vêtements » ?

Je suis sûre que toutes les mamans sont très curieuses de cette « recette » donnée par Salomon !

Monseigneur Gay dans ses conférences aux mères chrétiennes nous éclaire.

« Ce double vêtement dont vous devez munir vos fils, c’est une double science, une double force et un double amour ».

UNE DOUBLE SCIENCE.

Science de la vie présente et de la vie future.

Lors de notre conception, nous avons reçu la vie de la nature. Le jour de notre baptême, c’est à la vie surnaturelle que notre âme s’éveille ; c’est elle qui nous unit à Dieu qui nous rend capables d’agir, de connaître, de vouloir, d’aimer et de nous consommer en Lui pour atteindre la vie éternelle.

La science de la vie n’est donc que la science de la vraie direction. Il s’agit de savoir où aller et comment nous conduire ; et c’est cela qu’en tant que mères chrétiennes nous devons apprendre à nos enfants : où Dieu veut-il que nous allions ? Par quel chemin nous emmène-t-il ?

La liberté humaine n’est pas de faire ce que nous voulons mais ce que Dieu veut…

Le but premier et essentiel doit orienter toute notre vie. Ce n’est pas pour autant qu’il faille mépriser les buts secondaires et temporels. Nos enfants doivent entretenir leur mémoire, connaître l’histoire de leur famille, de leur pays, aiguiser leur esprit, former leur jugement, choisir un métier, tenir la place qui est la leur, vivre en société… mais tout ceci sans perdre de vue le but pour lequel ils ont été créés.

Pour ne pas être pris au dépourvu, il ne faut pas négliger la formation de l’esprit : catéchisme, doctrine chrétienne, encycliques des grands papes ; ne croyons pas que seul notre bon sens nous donnera des arguments, pour être fermes dans la foi, il faut se former.

La formation intellectuelle doit aboutir à la formation morale et cette dernière achèvera la construction de l’homme chrétien : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît[2]».

UNE DOUBLE FORCE

Une conscience bien formée

Formons la conscience de nos enfants. Il y a souvent négligence dans cette éducation… En ces temps d’inversion des valeurs et de confusion il n’est pas rare de trouver des consciences fausses, incertaines et même des consciences mal faites… c’est pourquoi il est essentiel de donner toute son importance à cette formation ! Sous les noms menteurs de liberté, d’indépendance et de « charité », on nous parle des « droits de l’homme », au lieu de nous rappeler ses devoirs et on enseigne davantage le culte de l’homme que le culte de Dieu !

Détachons-nous des slogans à la mode qui veulent mettre la main sur notre jugement : la bonté ne flirte pas avec la « tolérance » ; la vérité n’a rien à voir avec la demi-mesure soit disant « charitable » ; l’amour conjugal ne se confond pas avec la sensualité et les mœurs libérés ; l’indépendance ne nous libère pas de Dieu : notre seule liberté étant celle de choisir Dieu ; l’écologie n’a pas été pratiquée uniquement à partir du XXe siècle car la véritable écologie respecte les dons offerts par Dieu… et nous pourrions facilement démonter une par une toutes les maximes à la mode !

Non ce n’est pas un péché que de jeter une pile aux ordures ; non, la vie d’un dauphin ou d’un panda géant en voie de disparition ne vaut pas plus que celle d’un seul de tous ces enfants que l’on fait disparaître en silence ; non, la femme n’a pas été « libérée » par la révolution ; non, nous ne pouvons pas disposer de notre corps et de celui des autres selon notre volonté ; non, ce qui était mal et mauvais hier n’est pas devenu bien aujourd’hui : Dieu ne change pas ! Et les exemples ne manquent pas…

Utilisez les enseignements de l’Evangile, servez-vous des paraboles, vous y trouverez la règle des mœurs et de la conscience. Il est indispensable que notre jeunesse acquière une conscience lumineuse, droite ferme et invincible afin qu’aucun souffle de l’erreur ne puisse l’ébranler.

La conscience chrétienne doit être une citadelle du haut de laquelle nos enfants pourront défier le monde, le démon et l’enfer et prendre les bonnes décisions. En sachant distinguer le mal du bien, ils découvriront le vrai bonheur !

Un caractère bien trempé

Pour résister aux pressions, donnons à nos enfants un caractère digne, ferme et bon.

Notre parenté avec le Christ et le prix dont il a payé notre salut nous montrent ce que nous valons aux yeux de Dieu ; pas question donc de nous avilir avec l’impureté et l’indignité qui envahissent notre monde. Ayons honte de tout ce qui est bas, grossier, vulgaire et mesquin. Combattons sans merci l’égoïsme, l’amour de soi et la sensualité. : rien n’est plus contraire à la dignité de la vie que la facilité à céder aux exigences et aux suggestions des sens. Soyons fiers ! Mais non pas de cette fierté qui repose sur la vanité mais fiers d’être frère de Notre Seigneur Jésus-Christ et digne d’être sauvés par son sang.

Que nos enfants soient forts ! Nous mourrons de faiblesse ; notre génération est sans colonne vertébrale et nous tombons au moindre souffle de vent, à la moindre épreuve ; un bon sentiment mêlé à quelques paroles adroites, et nous voilà entraînés à tout abandonner : effort, résolution, morale et parfois même pratique religieuse… On se laisse séduire, insensiblement ; et de petites concessions en grandes trahisons bientôt devenues des chaînes indéboulonnables nous mènent jusqu’aux peines du feu éternel… Que nos fils soient virils et que nos filles soient des femmes fortes, capables de résister aux tempêtes de la mondanité, de la sensualité sous toute ses formes (musique, ambiance, habillement,…)

Exercez vos enfants, habituez-les à des actes de volonté, à plier devant le devoir – même et surtout quand cela coûte-, à renoncer à un plaisir, à l’intérêt personnel. Et surtout qu’il ne cède pas à la divinité actuelle, contemporaine et des plus honorées : le bien être ! Il entraîne au culte du corps et de tout ce qui va avec : sport à outrance, lascivité, plaisirs des sens. Ce culte offre les âmes des baptisés comme une proie tellement facile à la chair et au démon.

Enfin, travaillez à leur faire un bon caractère ! Parfois il est reçu à la naissance et c’est une belle avance ; mais certains sont nés chagrins et difficiles et c’est un grand exercice de vertu que de l’acquérir ! Le bon cœur ne suffit pas, il faut y ajouter le bon caractère. C’est notre vitrine ; c’est lui qui paraît aux yeux des hommes et témoigne que l’on est enfant de Dieu. Que de personnes sont bonnes et pourtant sont insupportables ! Former à la douceur, à la retenue, à l’égalité, à la patience et à la bonté sont de rudes tâches quand toutes ces qualités ne sont pas naturelles mais si, comme Saint François de Sales, on parvient à les acquérir, quelle force alors ! Si l’on ne sait pas se vaincre, que l’on n’est pas fort contre soi alors quelle bataille serons-nous capables de remporter ? Mais sachons bien que seuls, nous n’arriverons à rien ; c’est dans notre union à Dieu que nous sera communiqué sa force et sa sérénité.

UN DOUBLE AMOUR

Amour de Dieu

Dès le plus jeune âge, ce sont aux mamans (sans jamais exclure les papas bien évidemment) d’orienter le cœur des touts petits : dirigez, réglez, ordonnez leurs amours. Vous connaissez la célèbre définition donnée par Saint Augustin : « la vertu c’est l’ordre de l’amour ». Que vos enfants aiment Dieu par-dessus toutes choses, et les hommes, tous les hommes, pour l’amour de Dieu.

Apprenez-leur à aimer Dieu et prenez soin de leur inspirer cette crainte religieuse de Dieu qui tient l’homme éloigné du péché. Cette « crainte » – qui a mauvaise presse aujourd’hui-, est « le commencement de la Sagesse » dit le Psaume[3]. Dites-leur que Dieu est le maître ; qu’ils ne redoutent rien tant au monde que de l’offenser. Sur ce fondement, posez alors l’amour de reconnaissance en leur montrant tous les bienfaits qu’ils ont reçu de Dieu ; montrez-leur tout ce que Dieu a fait pour eux, jusqu’à sa mort sur la croix pour nous racheter.

Enseignez-leur que même si notre amour est doux, il doit aussi être un amour volontaire, libre, agissant, effectif, un amour qui fait que l’on travaille, que l’on lutte, que l’on se dépense, que l’on souffre avec patience et que l’on persévère sans se lasser jusqu’au bout !

Amour des hommes pour Dieu

Enfin inspirez à vos enfants qu’ils doivent aimer les hommes. Il faut que le cœur humain s’élève mais aussi qu’il s’étende. Que l’enfant aime ses parents, ses frères et sœurs, d’un amour non seulement sensible mais efficace et dévoué comme on doit aimer Dieu, y joignant en plus un amour indulgent, qui supporte les défauts et pardonne les fautes. Donnez-leur l’amour de ceux qui souffrent, il y a tant de personnes autour de nous qui portent de si gros fardeaux ! Enseignez-leur la bienveillance, la reconnaissance, la compassion, le dévouement. Apprenez-leur à distinguer les actes mauvais – que leur conscience ne leur permettrait pas – de l’homme qui les a commis et qui est souvent faible et a besoin de nos prières. Aidez-les à former leur discernement : il y a ceux qui nous entourent et ont peut-être besoin de notre aide et ceux qui sont de vrais amis, solides et fidèles parmi lesquels on pourra un jour, si Dieu le veut, choisir notre conjoint. Enfin donnez-leur l’amour de l’Eglise de toujours et l’amour de leur patrie. En un mot, « revêtez-les de Jésus-Christ ![4] », avec le soutien de Notre-Dame jusqu’au pied de la Croix.

Ainsi vous n’aurez plus rien à redouter pour vos enfants, quoi qu’il arrive, grâce à ces doubles- vêtements, les ténèbres ne seront ni en eux ni pour eux car celui qui suit le Christ marche toujours dans la lumière. Et ne l’oublions jamais et prenez courage : le Christ a vaincu le monde[5] !

Marguerite-Marie

 

[1] Livre des Proverbes XXX-12

[2] Matth. VI – 33

[3] Psaume CX, 10

[4] Saint Paul aux Romains, XIII, 14

[5] Jean, XVI,33

La famille et les scandales

Qui ne connaît pas dans son entourage proche d’excellents parents douloureusement atteints par l’éloignement de la foi ou l’inconduite morale d’un ou de plusieurs de leurs enfants ? Le contexte de la crise de l’Église et de l’apostasie de la société civile et la révolte contre toute loi morale constituent des facteurs redoutables de corrosion qui parviennent à faire chanceler de jeunes gens qui avaient pourtant reçu une solide formation religieuse. Les familles touchées par de tels drames se trouvent alors confrontées à des questions bien délicates. Quelle attitude adopter à l’égard de ces fils ou de ces filles à la vie devenue si répréhensible ? Le devoir de protéger le reste de la fratrie du mauvais exemple ne demande-t-il pas de rompre avec eux ? Mais si cette rupture est décidée, comment espérer encore le retour des enfants prodigues ? On comprendra qu’il est absolument impossible de traiter des situations innombrables qui peuvent se présenter. Notre désir est de donner ici un éclairage qui est indispensable pour répondre aux problèmes qui se posent et auxquels les parents se trouvent confrontés. Cet éclairage nous sera donné par l’exposé de certaines notions de théologie morale à la lumière desquelles nous proposerons certaines lignes de conduite. Nous terminerons sur quelques cas concrets.

I- Quelques notions de théologie morale

Le pécheur public

Par « pécheur public », l’Église désigne une personne qui a été baptisée dans la religion catholique mais qui s’est rendue coupable d’un ou de plusieurs délits énumérés dans le Code de Droit Canonique lorsque les fautes qu’elle a commises, ou sont déjà divulguées ou risquent facilement de l’être. Parmi ces délits retenus par le Code, citons la défection de la Foi Catholique par l’apostasie et l’hérésie, l’appartenance à la franc-maçonnerie ou des sectes analogues, l’avortement, la bigamie, l’adultère, le concubinage, etc … Notons qu’une faute isolée ne suffit pas toujours pour qu’une personne puisse être considérée comme pécheur public, même si cette faute a été divulguée. Il faut qu’elle se trouve habituellement dans cette situation de péché. Un homme qui commet une fois le péché d’adultère n’est, par exemple, pas pécheur public pour autant mais il le devient s’il vit avec une autre femme que la sienne et que sa situation est connue ou risque aisément de l’être. Aujourd’hui, le cas de péché public le plus fréquent est celui du concubinage qui est presque devenu la norme. Ajoutons que certains péchés, même s’ils ne sont pas des délits, c’est-à-dire des transgressions de la loi ecclésiastique, peuvent cependant être gravement nuisibles au bien commun.

Le bien commun

Il est à noter que tous les péchés graves ne sont pas pour autant des délits. Le Droit Canon ne reconnaît comme délictueux que ceux d’entre eux qui sont spécialement nuisibles au bien commun de l’Église. Elle se doit de protéger sévèrement ce Bien dont l’affaiblissement provoqué par des lésions graves et répétées entraîne un préjudice pour tous les fidèles.

Afin de défendre ce bien commun et tous les fidèles, l’Église sanctionne ceux qui se rendent coupables de ces infractions d’ordre canonique. Des peines de gravité variable sont définies par le Code et amènent des conséquences graves telles que le refus des sacrements et de la sépulture ecclésiastique tant qu’ils n’ont pas donné des signes clairs de leur repentir et de leur amendement et qu’ils n’ont pas fait une réparation publique.

L’Église explique pourquoi elle agit toujours ainsi et dans quel esprit elle le fait. Elle le fait, non point pour offenser le pécheur dont elle souhaite ardemment la conversion mais afin de combattre pour l’honneur de la religion et de préserver ses enfants du scandale.

Le scandale

Le grand souci de l’Église est d’empêcher que les fidèles ne soient scandalisés par une indignité ou une inconduite qui n’aurait pas été reprise comme il l’aurait fallu. La notion de scandale doit être ici reprécisée car son acception courante (choquer) s’est éloignée de sa véritable signification.

 « Est scandaleux tout fait, omission, parole, action quelconque ayant au moins un aspect moins bon et pouvant produire une faute morale chez autrui[1] ».

Bien qu’il ne soit pas toujours en lui-même un péché, l’acte qui cause le scandale l’est très souvent. Aujourd’hui, la multiplication des péchés publics et leur légalisation provoquent une banalisation universelle ou à peu près des comportements les plus répréhensibles. Même chez ceux qui continuent à distinguer le bien du mal, l’accoutumance à côtoyer la perversion est extrêmement dommageable en elle-même et débouche sur des tentations qui résultent de ce contexte de débauche.

La coopération au mal

Il est aisé de comprendre que l’on ne doit pas coopérer positivement au péché en l’approuvant, en le conseillant, en le louant, en le légalisant, en en prenant la défense. Mais les circonstances peuvent nous demander de faire davantage et de nous y opposer activement en le désapprouvant et en y mettant obstacle. Nous pouvons être coupables et même gravement coupables de ne pas utiliser les moyens qui sont à notre disposition pour empêcher le péché. Enfin, que le péché ait déjà été commis, ou qu’il risque de l’être, nous pouvons être tenus à la correction fraternelle.

La correction fraternelle

Elle consiste soit à reprendre son prochain de ses péchés ou de ses défauts, soit à l’avertir d’un péril de pécher où il se trouve. Ce devoir de charité nous oblige gravement si

« le prochain se trouve dans une grave nécessité spirituelle » ; si l’on peut prévoir que « notre intervention sera très probablement, sinon très certainement efficace » ; « qu’il n’y ait pas d’inconvénient grave constituant une excuse valable[2]».

Il importe de souligner ici que la vraie charité consiste à avoir le courage de reprendre le pécheur tandis que la fausse charité est de ne jamais rien dire et de laisser faire.

Le libéralisme moral et l’inversion du scandale

Dans le domaine moral, le libéralisme consiste à donner les mêmes droits à toutes les personnes, qu’elles soient ferventes catholiques ou pécheurs publics. Il donne les mêmes droits à tous ; il use des mêmes égards envers les uns comme envers les autres sans faire aucune distinction entre le bien et le mal. Qu’il s’agisse d’une attitude que l’on adopte par principe ou par facilité et lâcheté, le libéralisme moral crée une atmosphère détestable qui place le vice et la vertu sur un pied d’égalité et est gravement scandaleux en elle-même.

La conséquence logique du libéralisme moral est de conduire à l’inversion du scandale. Par cette expression, nous voulons désigner l’attitude de ceux qui en viennent à se choquer et à s’indigner contre les personnes courageuses qui refusent l’indulgence coupable à l’égard des pécheurs. C’est là une inversion vraiment diabolique.

La tolérance

Comprenons cette notion dévoyée par la modernité qui, en son nom, ne fait plus de différence entre le vrai et le faux, le bien et le mal, le beau et le laid. Tout se trouve noyé dans le relativisme. Non, la tolérance est toujours la permission d’un mal qu’on préfère laisser subsister de crainte qu’en cherchant à l’éradiquer, on en provoque un plus grand. Il est à souhaiter cependant que la tolérance soit provisoire et que le moment surviendra, la situation s’étant améliorée, où l’on pourra s’attaquer au mal. L’acte de tolérance est toujours un acte de la vertu de prudence, non de celle de justice, et elle relève du chef.

II – Lignes de conduite

1) Le bien commun l’emporte sur le bien particulier. A la lumière de ce principe, les parents d’un enfant qui mène une vie scandaleuse doivent toujours se rappeler que leur amour de cet enfant et le désir de le ramener ne doivent pas passer au-dessus de la préservation de l’ensemble de la famille. S’ils ne doivent pas abandonner leurs efforts pour qu’il se dégage de sa vie de péché, ce ne doit pas être au risque de banaliser ses comportements coupables devant ses frères et sœurs.

2) En tenant compte de l’âge des enfants, de leur connaissance précise ou approximative de  la situation de celui de leurs frères ou sœurs qui vit mal, il importe que la réprobation de son indignité et de son inconduite soit clairement exprimée par les parents. On expliquera que ce blâme nécessaire et les distances qu’il impose n’empêchent ni l’affection qu’on lui porte ni l’espérance qu’on a de le ramener de ses mauvais comportements.

3) Parmi toutes les circonstances qui doivent être considérées, signalons que la sévérité envers le coupable doit être plus stricte dans une famille bien préservée où le scandale d’une inconduite provoquera un mal plus grand. Elle doit être aussi plus grande si l’enfant a reçu toute l’éducation chrétienne qu’il était possible de lui donner.

4) Les prières et les sacrifices pour le coupable sont de tous les jours. Les tentatives et les efforts pour le ramener doivent être tentés avec un grand discernement de toutes les circonstances pour qu’ils soient efficaces pour la brebis perdue sans nuire à la fratrie.

 III – Quelques cas concrets

Nous envisagerons trois cas dont les deux premiers, même en milieu traditionnel, ne sont pas rares. Quant au troisième, il est certes rare mais malheureusement pas inexistant.

  1. a) Cas d’un enfant vivant en concubinage:

La banalisation de cette situation dans la société d’aujourd’hui est extrême. Dès que l’on sort des milieux catholiques traditionnels et conservateurs, la pratique du concubinage avant le mariage est généralisée et elle l’est souvent avec la bénédiction des prêtres. Ce fléau est une menace très sérieuse pour les familles qui restent catholiques tant le mauvais exemple est insidieux.

Cependant ceux qui vivent en concubinage sont des pécheurs publics. Leur indignité et leur inconduite font scandale et les parents d’un enfant qui se trouve dans cette situation ont le devoir de protéger leurs autres enfants contre ce scandale.

Aussi ne doivent-ils en aucun cas accepter de concéder à celui de leurs enfants qui vit en concubinage de venir à la maison familiale avec son concubin comme si de rien n’était. Ce qui implique de ne les recevoir à dormir ni dans la même chambre évidemment ni même dans des chambres différentes. Ce qui implique également de ne pas accepter le concubin du membre de la famille à la table familiale. C’est sa présence même qui doit être bannie de la maison afin de ne pas accoutumer les autres enfants à l’indulgence vis-à-vis du péché.

 Lisons ce que dit Saint Paul : « En vous écrivant dans ma lettre de n’avoir pas de relations avec les impudiques, je n’entendais pas d’une manière absolue les impudiques de ce monde, ou bien les cupides et les rapaces ou les idolâtres ; car il vous faudrait alors sortir de ce monde. Non, je vous ai écrit de n’avoir pas de relations avec celui qui, tout en portant le nom de frère, serait impudique, cupide, idolâtre, insulteur, ivrogne ou rapace, et même avec un tel homme de ne point prendre de repas. (…) Ceux du dehors, c’est Dieu qui les jugera. Extirpez le méchant du milieu de vous[3]». En réalité, la parole de Saint Paul exige de ne pas accepter à un repas le frère lui-même qui est pécheur public. Si l’on peut penser que l’apôtre parle plutôt des repas de la communauté chrétienne, les parents doivent cependant se demander si la présence même de celui de leurs enfants qui vit en concubinage à la table familiale, même sans son concubin, surtout si son attitude est insolente et provocante, ne suffira pas à constituer le scandale.

En revanche, ce qui est possible, surtout si les parents estiment par un entretien avec le concubin de leur enfant, ou le décider au mariage, s’ils estiment souhaitable le mariage ou favoriser la cessation du concubinage, c’est de le recevoir dans la plus grande discrétion, à l’insu de leurs enfants et en dehors du cadre familial.

  1. b) Cas d’un enfant divorcé remarié

Non seulement les divorcés remariés sont des pécheurs publics mais ils sont frappés d’une infamie de droit[4]. Leur situation d’état habituel d’adultère est rendue encore plus odieuse par l’apparence de légalité que donne le mariage civil.

Tout ce que nous avons dit concernant le concubinage vaut a fortiori pour la situation d’un enfant qui vivrait avec un autre conjoint que son conjoint légitime ou qui vivrait avec une personne ayant abandonné son conjoint légitime.

Recevoir cette personne causerait un scandale beaucoup plus grave encore que de recevoir un concubin pour les motifs suivants : ce serait un outrage commis contre le caractère sacré du mariage et l’inviolabilité des engagements qui ont été contractés devant Dieu et ce serait également un outrage envers le conjoint légitime.

Etant donné que la seule issue à cette situation est la séparation de deux adultères, les recevoir ensemble dans le cadre familial ne peut que constituer un grave scandale.

Il reste que les parents pourraient les recevoir en privé pour les conjurer de se séparer.

  1. c) Cas d’un enfant vivant dans une relation contre-nature 

Faut-il rappeler que l’Eglise enseigne que ce péché est puni par la loi divine de la peine de mort et que cette peine fut encore appliquée en France au XVIIIème siècle ? Que le Catéchisme de Saint Pie X enseigne qu’il y a « quatre péchés dont on dit qu’ils crient vengeance devant la face de Dieu dont l’homicide volontaire et  le péché impur contre l’ordre de la nature[5] » ?

Là encore, le scandale a produit ses effets sur toute la société car ce vice se trouve terriblement banalisé.

Tout ce que nous avons dit auparavant vaut en face d’une telle situation. Mais il nous semble, en plus, que l’enfant qui se trouve dans un tel cas doit être rencontré par ses parents uniquement en privé et à l’extérieur du cercle familial pour l’aider à retrouver l’amitié avec Dieu. La seule acceptation de sa présence suffirait dans l’esprit des membres de la famille à relativiser la gravité de son péché qui l’est déjà tellement par tout le contexte extérieur.

L’abaissement vertigineux de toute moralité ne doit pas nous amener à baisser les bras et la barre. Nous devons, avec la grâce de Dieu, courageusement demeurer fidèles aux commandements divins qui sont immuables. Notre intransigeance constitue en réalité l’aide la meilleure que nous pouvons apporter aux pécheurs pour qu’ils prennent conscience de leur péché et qu’ils s’amendent. Mais prions pour tant de familles si douloureusement éprouvées par ces situations dramatiques. Faisons pénitence pour que les coupables viennent à résipiscence.

Père Joseph

NB : nous nous référons uniquement au Code de 1917

 

[1] Vittrant : « Théologie morale » p. 197

[2] idem p. 99

[3] I Cor, 5 ; 9-13

[4] Canon 2356 du Code de 1917

[5] Catéchisme de Saint Pie X – V – Chap. 6

D’hier à aujourd’hui…

« Du passé faisons table rase », chante l’Internationale ; et ces mots sont devenus pour certains une devise ! On a voulu nous faire oublier nos racines, renier notre passé, brasser nos cultures. Aurons-nous le courage de revenir sur nos pas ? Les psychologues s’accordent cependant pour dire que l’homme a besoin de son histoire pour se construire.

L’une des causes de cette rupture entre le passé et l’avenir pourrait bien être que nous ne prions plus pour nos défunts. Dès le jour de l’inhumation, on nous persuade que le « cher disparu » est au Ciel ; alors pourquoi faudrait-il prier pour lui ? Or sommes-nous conscients que si nos anciens ont besoin de nos prières pour quitter le Purgatoire, ceux qui sont restés sur terre jouiront de leur intercession dès qu’ils seront parvenus aux joies éternelles ? Combien d’âmes de nos familles attendent ainsi nos prières ? De ce fait nous sommes privés de leur aide, de leur soutien. La grande chaîne qui reliait le ciel et la terre, entre eux et nous, est comme coupée ! Prions donc, faisons célébrer des Messes pour ceux qui nous ont précédés. « Un bienfait n’est jamais perdu » : leurs âmes sauront être reconnaissantes quand elles seront sauvées.

Ne nous coupons pas de notre passé. « Oublier ses ancêtres, c’est être un ruisseau sans source, un arbre sans racine » dit le Proverbe chinois.  Nos parents, grands-parents, les personnes âgées qui nous entourent, représentent une vraie richesse, trop souvent oubliée. Leur sagesse, leur expérience nous font progresser vers la connaissance. Et si parfois les entourer nous demande patience, renoncement et abnégation, n’oublions pas que c’est en donnant que l’on reçoit…Point n’est question de biens matériels mais bien plutôt des grâces qui entoureront les sacrifices offerts avec générosité. Naturellement il ne s’agit pas de mettre en péril son foyer, sa propre famille ou sa santé ; là comme ailleurs il faut savoir trouver équilibre et mesure en discernant le devoir d’état mais il est bon de donner à nos enfants un esprit de famille toujours reconnaissant du passé tout en restant tourné vers l’avenir.

C’est cet esprit de famille que notre Revue voudrait répandre comme la traînée de lumière de l’étoile filante pour enflammer nos foyers. Et nous voudrions étendre cet esprit de famille à tous nos chroniqueurs et nos abonnés afin que nous nous rassemblions tous sous le manteau de Notre-Dame des Foyers Ardents.

Nous ne pourrons malheureusement pas réaliser la grande journée que nous avions envisagée, aussi nous vous proposons de réciter chez vous, en union avec le Père Joseph et toute notre équipe, notre Consécration en ce 15 août 2019. Unissons nos foyers : parents et enfants, aux pieds du Sacré-Cœur et de Notre-Dame afin que tous, nous nous rassemblions et fassions de notre mission une véritable œuvre apostolique qui rayonne toujours davantage.

Vous trouverez le texte de cette Consécration, écrite par notre aumônier, le Père Joseph, en page 12. Je compte sur vous afin que le ciel tout entier entende nos prières en cette grande fête de l’Assomption !

Que Notre-Dame des Foyers Ardents veille sur nous, aumônier, chroniqueurs et lecteurs, comme elle l’a toujours fait depuis notre premier numéro, et qu’elle nous aide à devenir une véritable œuvre apostolique qui rayonne toujours davantage.

Marie du Tertre

PS. Nous vous souhaitons d’excellentes vacances, bien reconstituantes, et nous vous conseillons de vous reporter à nos numéros 4 et 10 pour profiter au mieux de ces bons moments familiaux !

Des objections?

Chère Bertille,

Je suis heureuse de pouvoir apporter quelques lumières à toutes tes objections suite à notre discussion d’hier sur la belle mission de la femme. 

Permets-moi de résumer tes objections :

– tu constates que les femmes sont aussi intelligentes que les hommes, et qu’il n’y a pas de raison que la femme prive la société de son travail. «Il faut bien de bons gynécologues ou de bonnes sages-femmes. »

– tu trouves que « changer des couches toute la journée » ce n’est pas très valorisant. La femme est capable de mieux.

Je suis d’accord avec toi les femmes sont aussi intelligentes que les hommes, et loin de moi cette idée de vouloir rabaisser la femme en dessous de l’homme. Mais la femme a une autre forme d’intelligence c’est pourquoi je ne parlerais pas non plus d’égalité. Il ne faut pas mettre en concurrence l’homme et la femme. Leurs missions sont différentes et Dieu a donné à chacun les qualités pour l’accomplir.

En restant au foyer, la femme travaille pour la  société, la famille en étant la première cellule. Je dirais même plus, elle construit la société de demain en éduquant ses enfants. La femme a un véritable travail, mais comme sa mission est cachée, ce travail ne brille pas aux yeux de la société.

A vouloir mettre la femme à pied d’égalité avec l’homme, -nous le voyons dans les études-, l’homme petit à petit se sent dévalorisé. C’était son métier qui faisait toute sa fierté, mais maintenant l’homme se sent en rivalité et perd cette volonté d’aller plus loin : sa femme est aussi capable que lui, qu’apporte-t-il de plus qu’elle ?

Oui il faut de bons gynécologues et de bonnes sages-femmes, et il y a toujours eu dans l’histoire du monde, des femmes qui ont exercé ces métiers. Mais alors c’est une vocation, un appel particulier bien au-delà du gagne-pain nécessaire pour vivre. Et aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin de sages-femmes et médecins catholiques. Mais tu sais bien qu’il est difficile d’exercer deux vocations en même temps. Le cœur féminin a du mal à se diviser. La femme est le cœur du foyer. Si on l’en retire, il n’y a plus de vie. Le cœur cesse de battre en dehors de son cadre de vie, comme le cœur humain en dehors du corps. Dès le moment où une femme devient épouse et mère le don qu’elle avait pour les autres dans son métier se tourne petit à petit vers sa famille. Elle continue de donner mais au sein de son foyer. Et ce beau métier qu’elle a appris, elle le met au service de sa famille pour le bien de son mari et de ses enfants.

Alors viens ta deuxième objection : « être dans les couches toute la journée ce n’est pas très valorisant. La femme est capable de mieux ».

La première réponse à ton objection, c’est que dans tout métier il y a des tâches nobles et des tâches ingrates. Si tu prends l’exemple de l’infirmière : donner des médicaments, faire les soins, les pansements les piqûres, réconforter, elle aime ça. C’est la partie du métier pour laquelle elle a le plus de plaisir, mais prendre soin du corps en fait partie et elle doit aussi faire la toilette de son patient même si c’est moins agréable. L’infirmière à travers la toilette voit le bien qu’elle peut apporter au patient aussi bien dans son corps que dans son cœur et son âme par ses gestes.

La mère de famille voit en l’enfant qu’elle change un être humain qu’elle construit pour qu’il devienne un jour adulte, autonome et enfant de Dieu. « C’est sur les genoux des mères que se font les hommes » nous dit Joseph de Maistre. Les tâches humbles ne réduisent pas les femmes à moins que rien. A travers ces actions banales, la femme chrétienne voit bien au-delà. La mission que le Bon Dieu lui a confiée est d’éveiller les cœurs à l’amour de Notre-Seigneur, de guider ces âmes d’enfants sur le chemin du salut, et cela passe par toutes les actions d’une journée : le jeu, le repas, la toilette, le chant…. tout doit être tourné vers Notre-Seigneur.

N’oublions pas que sur terre, le devoir d’état c’est notre moyen de sanctification. C’est ce que Dieu a choisi pour nous et ce n’est pas à nous de choisir notre chemin de sanctification. La femme en restant au foyer accomplit son devoir d’état et, par celui-ci, sa sanctification.

Contemplons Notre Dame, la femme forte par excellence, qui éduqua son fils, Notre Seigneur, dans le silence de sa maison à Nazareth, qui aurait pu se vanter d’être « comblée de grâces » et revendiquer une place plus noble. Non, elle préféra rester cachée, accomplir ses tâches ménagères et contribuer ainsi au Salut du genre humain. Alors à notre tour essayons d’unir notre cœur à ce Salut.

Voilà, chère Bertille, la réponse à tes objections. Prenons conscience de notre belle mission. Que Marie, Mère du Bon conseil te guide sur ce chemin.

Je t’embrasse bien affectueusement et te souhaite une bonne fin d’année d’étudiante.

                                                               Maïwenn