Pays réel ou pays virtuel ?  

« Vous avez béni, Seigneur votre pays,

Vous avez ramené les captifs de Jacob. » (Ps. 84)

 

Une forteresse assiégée ?

Pays réel : Étonnante formule ! À quelle autre s’oppose-t-elle ? Le pays bientôt virtuel ? Le pays partout communautarisé ? Le pays vendu par bribes à des intérêts étrangers ? Le pays médiatique, ses quelques experts de plateaux et ses gourous universitaires ?… Ou à tout cela, tout cela à la fois… Le pays réel serait ainsi le dernier pays capable de résister simultanément aux assauts :

  • du modernisme dans la religion,
  • du wokisme et de l’écologisme dans l’éducation,
  • du transhumanisme, du métissage et du communautarisme dans la société,
  • de la déconstruction dans l’art, la morale et la philosophie,
  • de la corruption idéologique dans la politique,
  • de Davos et consorts dans la géopolitique internationale.

 

Ce serait le territoire des irréductibles complotistes, toujours annoncés en voie d’extinction, et protestant sans cesse et sans relâche. Ce pays dont on dit qu’il est perdu, alors qu’il est partout majoritaire. Il est sûr, beau et nourricier comme une église, ce pays, scintillant de la réalité intérieure qui habite ses membres lorsqu’ils prient, lorsqu’ils rient, lorsqu’ils communient, lorsqu’ils se rencontrent, lorsqu’ils combattent ou se reposent. On croit la cité en feu, l’économie en ruine, la société en décadence : mais voici qu’à l’écart des écrans, ce pays demeure là, malgré tout, et se dresse, et rayonne. Et se rit des programmes et des agendas, des directives et des quotas de ceux qui, dans la méconnaissance du Dieu trinitaire vivant, ne parient plus que sur la victoire finale de leur pays fantasmé. Contre ce dernier, le pays réel ne pourra en réalité qu’avoir le dernier mot.

 

Pays réel et pays surnaturel :

« Comment, écrivit Barrès, ne pas aimer les personnages qui entreprennent de rétablir une magistrature suprême et de raviver le surnaturel sur les cimes de leur pays ? »1 Il serait fastidieux d’entreprendre le compte des hosties déposées, depuis le radieux commencement de la France, sur les langues de tous ses enfants agenouillés. Le catholicisme n’a pas seulement nourri les générations de ce pays, il en a fondé la réalité légitime, immuable et surnaturelle. Or, dit l’Ecriture, si quelqu’un ne demeure pas en Jésus-Christ, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche : « Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent »2. C’est inévitablement ce qui arrivera aux adeptes du pays virtuel, du pays communautarisé, du pays vendu à des intérêts étrangers, dont il est question plus haut. Les habitants de ce « no man’s land fou », écartelés par leurs contradictions, parvenus au bout de leur violence et au terme de leur ignorance, paieront inévitablement un jour le prix de leur indifférence à Dieu ou de leur détestation de la Tradition.

Un troublant privilège nous revient, en attendant, à nous, membres de ce pays réel, c’est-à-dire de la Cité catholique. C’est celui de jouer pleinement le rôle que le Seigneur veut nous y voir jouer. Placés en une situation de survivalisme au milieu de l’instabilité des temps, il nous faut trouver les paroles justes ; provoquer les situations adéquates ; susciter les questions opportunes, afin de faire comprendre à tous ceux que l’évolution des temps inquiète, que rien, de la Tradition, n’est évidemment perdu ; à nous d’occuper avec persévérance l’espace/temps culturel et politique, tout en étant gentils dans la fermeté, efficaces dans la gratuité, inébranlables dans la charité. À nous d’aider à la conversion du plus grand  nombre d’âmes. >>> 

 

>>> Hommage à l’abbé Louis Coache :

Car ce pays réel est depuis toujours greffé à la vraie vigne, celle du Père. Je suis tombé par hasard l’autre jour sur l’enregistrement d’une Radioscopie de Jacques Chancel datée de mai 1975, dont l’invité était l’abbé Louis Coache. Évoquant au terme de l’entretien le drame des temps modernes, ce dernier posait ce diagnostic : « Dieu donne à l’homme la vie surnaturelle qui lui permet de s’approcher de lui, et le drame de cette époque, c’est qu’on n’y parle plus du surnaturel ».

Quand le pays virtuel se bornera à n’être plus, comme les mondialistes y travaillent, qu’un métavers ridiculement clos sur les chimères de ses concepteurs, le pays réel apparaîtra aux yeux de tous pour ce qu’il est : celui de la réalité réellement augmentée, parce que surnaturellement vivante, face à la mort et à la désolation que les transhumanistes auront partout semées. Déjà perce chez beaucoup de nos compatriotes la nostalgie de ce surnaturel chrétien qu’ils croient perdu et recherchent dans de mauvais endroits. C’est lui qui a toujours vivifié les âmes, guidé les espoirs, ordonné aux fins dernières les actes individuels et collectifs voulus par le Seigneur. À nous, plus que jamais, d’en témoigner, avec courage, ferveur et fierté.

 

G. Guindon

1 Barrès, La Colline inspirée, I,4

2 Saint-Jean (15, 6)

 

 

Priez pour nous, pauvres pécheurs  

           « Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit », et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra ainsi lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

 

C’est un pauvre pécheur qui s’adresse à vous, ô toute puissante Mère de Dieu ! Je viens vous supplier avec toute l’humilité dont je suis capable, chère Maman du Ciel ! Je reconnais que je suis faible et lâche, et que chaque jour j’additionne les péchés et les manquements à la charité, et sans votre aide, je n’aurais aucune bonne pensée ni aucune bonne action à offrir au Bon Dieu. C’est pour cela que je vous implore, ô Mère de Jésus. Priez, priez-le pour nous pauvres pécheurs, et je crois avec confiance qu’il vous exaucera : que peut refuser l’enfant Dieu à sa Mère qu’Il a tant choyée et tant comblée de grâces ? Le soir des noces de Cana, d’une simple prière discrète « ils n’ont plus de vin », votre Fils a avancé sa vie publique et fait son premier miracle. Si cette petite phrase a eu autant de force sur son cœur, nous espérons que vous entendrez cette prière insistante intercédant pour nous, pauvres pécheurs que nous sommes ! Nous ne demandons pas du vin, nous demandons d’être les enfants agréables à votre cœur et à celui de votre Fils ! Comment pourrait-Il refuser une telle prière faite par votre si puissante intercession ?

Bien que pauvre pécheur, je suis aussi votre enfant, et vous avez la lourde tâche de veiller sur moi. Ce devoir, vous l’avez accepté pleinement au pied de la croix, alors je peux en toute confiance vous réclamer ce dont j’ai besoin, certain d’être écouté, et exaucé. Votre Fils bien-aimé est mort pour nous, vous ne permettrez pas que son sang versé reste stérile ! « Car Dieu a tant aimé les hommes qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’il ait la vie éternelle. »1

Vous aussi, vous aimez les pécheurs, que vous voulez sortir de leur misère pour les mener vers le bonheur éternel.

Alors priez pour nous ! Pour moi, et pour tous mes frères, pécheurs que nous sommes ! Je ne veux pas laisser mon prochain hors de votre lumière, mais plutôt que, par votre intercession, une pluie de grâces nous inonde, et nous permette de grandir dans votre amour, et de mériter ainsi notre plus grand titre de gloire : enfant de Dieu.

Car pour le moment, nous ne sommes que de pauvres pécheurs. Pauvres, mendiants de votre miséricorde, nous tendons la main en gémissant. Oui, nous sommes bien à plaindre dans la misère du péché qui nous éloigne de votre divin Fils, et nous vous demandons l’aumône de votre prière.  « Ma grâce te suffit », a dit un jour Notre-Seigneur à saint Paul2. Seigneur, je veux être pauvre de tout, excepté de votre grâce, et je vous la demande instamment par l’intercession de votre très sainte mère.

Je me tourne vers vous, ô mon saint Ange, car je sais que vous m’êtes un ami fidèle ! Portez ma prière à votre Reine, et dites-lui que je ne suis bon à rien sans son aide et sa protection. Je l’implore à travers vous : sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs !

Germaine Thionville

1 Saint Jean (3,16)

2 2ème épître aux Corinthiens (12,9)

 

L’abandon à la Providence divine  

Chers grands-parents

L’abandon à la Providence divine ! Quoi de plus catholique ! Et pourtant ! Nous sommes inquiets, de plus en plus inquiets !

Tant que nous ne sommes pas au Ciel, il est normal que nous le soyons, normal que nous nous demandions si nous répondons comme il faut à l’appel de Dieu. Le saint curé d’Ars, aux portes de la mort, craignait de ne pas être sauvé. La petite sainte Thérèse tout en sachant n’avoir jamais rien refusé à Dieu, a subi longtemps la nuit de la Foi, se croyant certainement damnée ! Tant que nous ne serons pas arrivés au port, l’inquiétude – qui n’exclut pas l’abandon – fait partie de notre épreuve terrestre ! Ne soyons donc pas inquiets d’être inquiets ! Cela peut être une crainte salutaire !

A cela s’ajoutent d’autres formes d’inquiétudes grandissantes liées à notre monde.

Ce monde est générateur d’appréhensions excessives pour deux raisons principales :

  • La tendance à tout vouloir maîtriser, à exclure la moindre incertitude, à nous choquer des aléas inhérents à notre situation d’hommes, finit par nous faire tout craindre ! Les messages catastrophistes qui ont émaillé les dernières années illustrent fort bien cet état de fait.
  • L’abandon de tout principe et de toute religion qui nous fait retourner à une barbarie dont nous avait sorti notre civilisation chrétienne ! Nous nous demandons parfois si nous ne voyons pas sous nos yeux les événements précédant l’apocalypse !

Et tout est fait pour que nos jeunes ne puissent plus vivre dans la sérénité !

Alors que faire ?

Pour nous grands-parents, je vois deux voies utiles pour conseiller nos jeunes.

Premièrement, comprendre qu’une saine inquiétude est inhérente à notre situation d’homme. Il est normal de s’inquiéter de son salut éternel et de réfléchir à la manière d’agir dans ce monde opposé au Christ. Souvenons-nous que, comme le dit saint Matthieu à Timothé « tous ceux qui veulent vivre dans le Christ avec piété seront persécutés », et que tous les grands saints ont connu l’intense souffrance de la nuit de la foi en continuant à faire leur devoir quotidien.

Deuxièmement, contre-attaquons, faisons confiance à Dieu, comprenons ce qu’Il attend de nous. Et pour cela l’exemple des saints est riche !

Madame Elisabeth, dans sa prison du Temple où elle ignorait non seulement ce qui allait  lui arriver mais aussi ce que deviendraient les siens, s’exclamait : « Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est qu’il n’arrivera rien que vous n’ayez prévu de toute éternité. Cela me suffit mon Dieu pour être tranquille, j’adore vos desseins éternels… ».

 

Le père Calmel souvent cité, nous propose une règle : « Ce que Jésus veut de nous dans cette tornade, c’est la paix, la prière confiante, la détente dans le sacrifice quotidien, la sagesse pour garder notre vie équilibrée… ».

Et si les paroles du Christ lui-même, sur la Croix, retentissent encore dans nos cœurs : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ?1», n’oublions pas qu’Il citait alors le psaume 21, psaume de la confiance par excellence et relisons-le pour y puiser la force quand le découragement nous guette.

Que, dans cette tornade, nos maisons soient des lieux de paix dans lesquels on parle de la vie quotidienne, de la vie future, des mesures à prendre pour remplir au mieux son devoir sans nous préoccuper en permanence de ce que devraient faire les autres. Evitons de nous laisser emprisonner par les grands sujets du moment, de santé, d’argent ou autre. Agissons là où nous le pouvons, décidons de ce que nous devons faire avec sérénité et abandonnons-nous à la Providence.

Aujourd’hui comme hier, notre salut et celui des nôtres sont subordonnés à l’accomplissement de notre devoir d’état ! Partout où nous sommes, agissons autant que nous le pouvons pour établir le bien puis recherchons « d’abord le royaume de Dieu et le reste nous sera donné par surcroît ».

 

Prions sainte Anne pour qu’elle donne, dans ce monde inquiet, la sérénité et l’équilibre nécessaires à l’accomplissement de notre vocation !

 

Des grands-parents

1 Saint Matthieu (27, 46)

 

La confiance dans l’éducation, l’éducation à la confiance  

Thibaud est dans les derniers de sa classe de CM, il est brouillon et se fait remarquer par sa turbulence… Ses parents s’inquiètent devant lui : « que va-t-on faire de toi ? ». C’est pourtant un gentil garçon, obéissant,  et serviable. Mais sa maman, quelque peu perfectionniste, ne peut s’empêcher de passer derrière lui chaque matin pour tirer la couette un peu plus haut sur son lit, et mieux aligner les fourchettes et couteaux lorsqu’il a mis le couvert… Lorsqu’il bricole avec son père, les clous sont un peu de travers, ce n’est jamais assez bien fait : laisse-moi finir dit alors son père !

Thibaud voit que rien ne va jamais malgré ses efforts… C’est un cercle vicieux : un enfant qui a du mal, des parents qui s’inquiètent et ne supportent pas les imperfections, l’enfant qui se décourage et n’est sur le devant de la scène que lorsqu’il chahute… Comment va se passer l’adolescence ? Et après ? Il est urgent de briser ce cercle et de construire un chemin de progrès pas à pas en travaillant la confiance en complément du sens de l’effort.

La confiance en soi est nécessaire

La confiance en soi est une vision réaliste de nos capacités qui nous permet de mieux contrôler nos émotions, prendre des décisions, oser entreprendre et atteindre nos objectifs.

A contrario, on reconnaît le manque de confiance en soi dans la timidité excessive, la difficulté à faire des choix ou prendre des initiatives, la tendance à se comparer en permanence, la crainte d’être moins bon que les autres, la tendance à se sentir nul, l’évitement des situations de conflit, la difficulté à affirmer une opinion différente de celle du plus grand nombre et même la difficulté à accepter un compliment ou une critique. Si notre enfant, ou nous-mêmes présentons ces symptômes, travaillons à en corriger les racines ou à les dominer ! Comment, en effet, réussir sa vie et même rester catholique sans avoir confiance en soi ? Confiance en nous parce que le travail sur notre nature est réel et est accompagné par le soutien de la grâce de Dieu : « aide-toi, le Ciel t’aidera ! »

La difficulté est de concilier (et c’est possible !) le mépris de soi-même, la vraie humilité avec la nécessaire confiance en soi même, parce que nous reconnaissons les qualités que Dieu nous a données, les talents que nous devons faire fructifier par la grâce de Dieu et sa providence. Si vous vous rebellez et vous énervez pour abattre les obstacles ou si vous vous découragez face aux échecs, c’est peut-être un signe d’amour-propre et d’orgueil blessé… Si vous prenez du recul, cherchez conseil, ajustez votre manière de faire et repartez avec courage en comptant sur la grâce de Dieu et sur votre entourage, c’est au contraire bon signe !

La confiance dans les autres et dans les institutions

Chez l’enfant, la confiance en soi se développera grâce à une atmosphère de confiance réciproque avec ses parents, avec ses vrais amis, avec ses éducateurs, avec de bons prêtres, et par des expériences réussies qui l’encourageront.

Le père, en tant qu’autorité, a un rôle essentiel pour le développement de la confiance propre de l’enfant. Il devra développer et montrer sa confiance envers ses enfants, la pratiquer avec son épouse et les éducateurs, et travailler sa confiance en lui-même. Les grâces du mariage et les grâces d’état de la paternité lui sont données ainsi que ses qualités naturelles pour qu’il ait cette confiance.

La confiance commence entre époux, basée sur l’amour, le soutien mutuel, des règles de vie partagées, une communication ouverte et fréquente, la recherche de la finalité commune : conduire toute la famille au ciel.

Donner sa confiance appelle la confiance réciproque et le respect mutuel. En son absence, la méfiance, la peur et les rapports de force s’installeront et nuiront à l’ambiance de la communauté.

Faire confiance nécessite un effort  !

Faire confiance suppose que la finalité soit partagée, que les règles soient claires et explicites, que la personne ait la connaissance et les moyens suffisants pour y répondre. Il faut savoir dire : « je te fais confiance pour… » : mettre le couvert du mieux possible, rentrer à l’heure de chez tes amis…

La confiance n’exclut pas le contrôle, mais nécessite une grande justice dans les récompenses et les sanctions. Il est essentiel de féliciter l’enfant qui fait une bonne action ou un effort et a mérité notre confiance, au moins autant que l’on reprendra une bêtise ou une désobéissance en tenant compte des personnalités et des circonstances.

Un père perfectionniste voire trop « maternel », fera l’effort d’oser déléguer, s’organiser, lâcher prise et accepter les imperfections en encourageant plutôt la bonne volonté de l’enfant. Il devra valoriser la bouteille à moitié pleine, et non pas la bouteille à moitié vide !

Pour un père naturellement (trop) détendu, distant ou flegmatique, il s’agira de créer des occasions de mettre les enfants en situation de responsabilité, de s’impliquer pour apprendre à ses enfants à affronter des situations nouvelles, des techniques nouvelles et à s’en sortir avec la joie d’avoir réussi !

Développer la confiance de l’enfant en lui-même

Selon ses compétences, chacun trouvera les occasions d’apprentissage par étapes correspondant aux qualités de l’enfant : dans le bricolage, l’enfant commencera par visser vis et boulons, avant d’apprendre à manier la perceuse… Le père commencera par montrer le perçage du 1er trou. Il saura accompagner du geste ou de la voix les trous suivants percés par l’enfant – dans le garage pour ne pas craindre un raté trop visible dans une chambre. Il valorisera ce qui s’est bien passé, indiquera des manières de faire mieux. Puis, il s’occupera d’autre chose en restant proche en cas de besoin. Au bout de quelques séances, l’enfant sera autonome, il en sera fier, il n’aura plus peur de mal faire et saura prendre des initiatives avec confiance.

Le schéma peut être similaire au jardin : passer la tondeuse, tailler les haies puis les rosiers, couper du bois : à la main, à la scie, à la tronçonneuse…La méthode vaut aussi pour les jeux et les services à la maison, la cuisine, la décoration, la mécanique auto, le sport, la musique, le soin des animaux éventuels… L’enfant apprend en même temps une technique et la confiance en lui : ne séparons pas ces deux apprentissages ! Ne confondons pas l’important – sa réussite, sa performance – avec l’essentiel – son développement personnel qui le prépare à l’avenir ! L’enfant apprendra par ses échecs, s’ils ne sont pas permanents et s’il est aidé pour en tirer les leçons, autant que par ses réussites.

Les mouvements scouts et les bonnes écoles, utilisent cette pédagogie du développement de l’autonomie, sous le tutorat des plus expérimentés et apportent un complément utile à la famille pour que les enfants prennent confiance en eux et se préparent ainsi à l’autonomie de l’âge adulte.

Regardons-nous un tailleur de pierre selon son apparence de vulgaire casseur de cailloux ? Il est meilleur d’y voir le constructeur de cathédrales pour l’éternité.

 

Comment regardons-nous nos enfants ? Comme des bébés attardés, comme des ados (un peu) en crise, ou comme l’élite catholique de demain ?

Certes, il faut un peu d’imagination pour voir au-delà du présent ! Et il faudra beaucoup de patience et d’effort. Mais la vision du but ultime va nous guider dans l’éducation. Nous trouverons ainsi la voie qui conduira chaque enfant à tenir sa place dans la société et dans l’Eglise, puis au ciel, celle qui lui apprendra la fidélité, la fierté, la confiance en lui parce qu’il sait qu’il s’appuie sur une bonne formation, une famille, de bons amis, de bons prêtres, et la grâce de Dieu.

    Hervé Lepère

 

Il n’arrive pas à prononcer le mot « pardon » !  

« C’est plus fort que lui, mon mari est tout à fait incapable de me dire « pardon », ce mot ne peut franchir ses lèvres, il est trop orgueilleux et je veux arriver à le lui faire dire… C’est trop facile de toujours s’en sortir sans s’excuser ! »

Chère amie, ce n’est pas en vous énervant ainsi que vous obtiendrez ce que vous attendez si impatiemment. Vous savez comme il faut de la patience et de la douceur pour obtenir le progrès d’une âme ! Ce genre de défaut est plus particulièrement masculin, mais combien de femmes ont également à s’en corriger !

Il vous faut d’abord comprendre quelle éducation a reçu votre époux, car il est bien certain que si on lui avait appris enfant à demander pardon, la chose aurait été plus facile et naturelle par la suite. Si l’on n’a pas été exigeant sur ce point avec lui, vous avez raison de penser que cela est un tort. Vis-à-vis de vous bien sûr, et de tout prochain quel qu’il soit, mais cela peut surtout être grave dans sa vie spirituelle, dans la contrition qu’il doit avoir vis-à-vis de Dieu dans le sacrement de Pénitence.

La contrition est le regret d’avoir offensé Dieu. Il faut avoir ce grand regret pour obtenir le pardon de Dieu, devant le prêtre au confessionnal, si l’on veut que Dieu nous pardonne ces offenses que nous Lui avons faites. C’est par cette contrition que Dieu, de la main du prêtre, lavera notre âme des péchés avoués avec regret. Il est donc très important de donner l’habitude de demander « pardon » aux jeunes enfants. C’est peut-être la première chose à expliquer à l’époux qui peine à faire ce pas. Ensuite, il est normal d’avoir cette charité entre époux.

Si, par exemple, votre mari vous offre un joli bouquet de fleurs pour se faire pardonner, on peut considérer alors qu’il y a une vraie contrition, et même une volonté de réparation. Vous ne pouvez pas être indifférente à ce moyen « en acte » de demander pardon. Cela vaut peut-être même beaucoup plus que le « pardon » instantané et assez automatique prononcé par un mari qui se débarrasse d’une formalité sans aucun regret d’avoir peiné son épouse !

Comment aider à dire « pardon » ?

Vous avez compris que le plus important est la contrition. Si vous voyez votre mari tout malheureux de vous avoir fait de la peine, ou contrariée, c’est déjà beaucoup ! Vous avez un rôle à jouer pour l’aider à exprimer ce regret, et cela ne se fera sûrement pas par la force ou l’humiliation. Donnez-lui déjà l’exemple de vos « pardons » sincères et aimables si cela vous est plus facile qu’à lui. D’ailleurs, dans la plupart des peines ou querelles en ménage, les torts sont partagés. Demandez-lui donc pardon la première pour l’aider à suivre votre démarche. Il vous enviera, vous admirera d’y arriver si facilement, et cela le motivera davantage à y parvenir. Ensuite essayez donc un peu d’humour affectueux, une petite taquinerie qui le fera céder, un petit geste tendre qui l’encouragera… Ou bien encore attendez d’être le soir sur l’oreiller, dans la pénombre si cela lui est plus facile d’arriver ainsi à vous le prononcer.

Et votre mari attend-il, lui aussi, quelque chose de vous que vous n’avez pas encore fait ? Un petit effort de caractère, de comportement, un service matériel ? Voilà encore un bon moyen de l’encourager : « J’ai fait ce que tu attendais de moi, veux-tu bien aussi me faire plaisir en me demandant pardon ? »

Le plus important est d’abord le regret, viendra ensuite le mot « pardon » (et non pas l’expression « je m’excuse » qui ne veut rien dire. Comment pourrait-on s’excuser soi-même ?!).

Dans le mariage, comme dans la foi chrétienne, aimer et se pardonner ne vont pas l’un sans l’autre. Le pardon est un baume curatif pour l’âme de votre époux comme pour la vôtre, petite épouse triomphante alors d’avoir fait céder une fière pudeur masculine qui vous rendait malheureux autant l’un que l’autre !

Vous verrez ensuite comme, les années passant, mieux vous vous aimerez et plus il vous sera facile de vous dire du fond du cœur « pardonne-moi ! » 

Sophie de Lédinghen