La garde du cœur  

« Elle court, elle court la maladie d’amour… »

Comme ne le dit pas la chanson, aimer n’est pas une maladie, mais bien la plus merveilleuse capacité que Dieu ait déposée dans le cœur de l’Homme. Dieu n’est-il pas l’Amour incarné ? De l’amour du Père pour son Fils et du Fils pour son Père ne résulte-t-il pas le Saint-Esprit ? Telle est la capacité de l’Amour infini. Donc non, aimer ce n’est pas être malade. Mais alors qu’est-ce qu’aimer ?

– Est-ce ressentir quelque chose d’indéfinissable et de merveilleux au fond du cœur ?

– Est-ce flotter sur un petit nuage en pensant nuit et jour à la personne « aimée » ?

– Est-ce ce trouble qui nous envahit quand cette personne nous sourit ou nous regarde ?

Et si c’est tout cela en même temps, alors je l’aime, je l’aime ! Et si je l’aime, il faut qu’elle devienne ma femme ! Serions-nous des marionnettistes ? Car heureusement, ce n’est pas seulement cela aimer !

 

Être amoureux, car c’est bien de cela qu’il s’agit, est un état presque instinctif, qui peut permettre au véritable amour de naître. Distinguons-le de l’amour, le vrai, celui qui mènera au mariage et qui suppose l’assentiment et l’énergie de la volonté qui seule peut permettre à l’amour de durer dans le temps.

Être ému par une jeune fille, chacun de nous l’a été, peut-être plusieurs fois, parfois même de personnes différentes. Cependant, cela ne préjuge absolument pas de la pérennité de ce sentiment, ni même de la possibilité d’une suite, et aucunement de sa prédestination. Tout bon Roméo qui est ému par une jeune fille pour la première fois, y voit la main de Dieu et tend à considérer cet amour naissant comme écrit de toute éternité dans le ciel et voué à un merveilleux avenir. La littérature, les musiques et l’atmosphère ambiante propagent en chantant cette légende dorée qui contribue en partie au drame de l’instabilité des familles aujourd’hui.

Jeune homme que tu es, ne sois pas gêné outre mesure de ce trouble qui t’envahit pour la première fois quand ton regard croise le sourire d’une bonne amie. Ce sentiment n’est pas honteux, mais juste instinctif. Sache-le simplement, cela permettra peut-être à ta volonté d’envisager la situation plus sereinement.

Avant d’envisager d’aller plus loin et de savoir si tu veux donner suite, voici une première question toute simple qui peut t’aider à discerner car, dans cette situation, le jugement est souvent obscurci par la passion naissante :

 

– Es-tu en mesure d’assurer la subsistance d’une famille ?

Si la réponse est négative, alors garde cela pour toi et surtout ne révèle pas ce sentiment à la principale intéressée, ni en parole, ni par tes attitudes car cela risquerait de prendre des proportions plus importantes et d’échapper au contrôle de ta volonté. Pense à autre chose et ne t’entretiens pas dans des rêveries irréalisables.

Si, après quelques années, ce sentiment est toujours présent et que la jeune fille est toujours libre, alors, à toi d’examiner les autres questions qui se posent pour le choix d’une épouse et d’envisager quelque chose de sérieux (cf. FA 34 : Les fiançailles). Mais tant que tu n’es pas autonome, ce n’est objectivement pas la volonté de >>>  >>> Dieu. Or, dans nos vies, cela seul doit compter : faire la volonté de Dieu.

Si Dieu a prévu que ce sentiment naissant conduise au mariage, alors sa Providence organisera les choses en temps voulu pour que cela se fasse !

De plus, la jeune fille à laquelle tu penses est aussi certainement trop jeune pour poser un choix libre et éclairé. Ne serait-ce pas alors lui manquer de respect ou au moins de délicatesse en demandant un choix qu’elle n’est pas encore en mesure de poser.

Méfie-toi aussi de l’orgueil qui joue son rôle… En effet, quoi de plus flatteur que de se savoir aimé par une jolie jeune fille ? N’est-ce pas la meilleure preuve de ta valeur auprès de tes amis ?

 

– Eh non, je suis encore étudiant ! Alors quoi, serais-je le seul à ne pas avoir le droit d’aimer quand tous mes camarades et même mes amis sortent, et ont leur « copine » ? C’est trop dur, c’est impossible et surtout à quoi bon ? Faut-il que je fasse comme ces jeunes un peu « timides » qui n’osent pas parler aux filles de peur de ressentir ce trouble ?

Non si tu es amoureux, tu es un homme comme les autres.

Mais si tu es capable de garder ce sentiment pour toi tant que le moment n’est pas venu, alors là seulement tu dois savoir que tu es un homme pas comme les autres !

Tu es capable de te maîtriser, de dompter tes sentiments, tu es un homme digne d’amour et d’estime, et ta femme plus tard en sera d’autant plus fière ! Elle aura épousé un homme de caractère, différent de ces mous qui pullulent et étalent leur vague à l’âme sur la place publique sans être capable de se maîtriser. Elle aura épousé un homme capable de conduire une famille car capable de se conduire lui-même. Elle aura surtout épousé un homme qui aura gardé son cœur pour elle plutôt que d’en éparpiller des morceaux à chaque regard charmeur !

 

Alors je suis amoureux, je n’ai que 18 ans, c’est grave docteur ? Non, c’est que tu es un vrai gars, mais garde-le pour toi et là, tu seras vraiment un homme !

Et plutôt que d’occuper ton esprit à des considérations qui ne sont pas encore d’actualité pour toi, prends le temps de te construire, d’établir ta personnalité en travaillant à développer ta volonté et toutes tes qualités qui feront de toi un homme. Entretiens de solides amitiés surtout avec des bons garçons. Partage aussi des activités avec des filles, cela te permettra de découvrir leur caractère parfois si mystérieux et de te familiariser avec elles.

Et enfin, abandonne ce sentiment qui dort en toi à la Sainte Vierge, confie-lui la garde de ton cœur, elle en fera bon usage et telle une mère attentionnée à qui tu peux tout dire, elle te guidera parmi les embûches et mirages de la vie étudiante jusqu’à te faire rencontrer celle qui sera ta femme, en temps voulu. Et si tu as la grâce d’avoir été choisi par Dieu pour le servir alors cette garde du cœur te permettra d’être assez fort pour le suivre.

Antoine

 

Des économies d’eau et de savon…

 

1) Le lavage des mains : mouillez-vous les mains, arrêtez l’eau. Savonnez-vous les mains. Rincez. Vous économisez l’eau, vous ne mouillez que très peu le savon qui durera plus longtemps en restant plus au sec, et qui donnera davantage de mousse.

2) Le savon « au repos » : le savon doit être posé sur un emplacement sec et aéré afin d’éviter qu’il ne ramollisse. Laisser sécher le savon augmente sa durée de vie ! 

3) Le stockage du savon : faîtes un achat de plusieurs savons et laissez-les sécher hors de leur emballage pendant un an à un an et demi dans un endroit frais et sec à l’abri de la chaleur et de l’humidité (par exemple, votre armoire à linge. Le linge sentira ainsi une bonne odeur « de propre »). L’eau contenue dans le savon s’évaporera, ce qui diminuera un peu le volume du savon mais le « séchera » davantage et le fera durer plus longtemps.

4) Le savon « sec » : le savon « sec » se râpe facilement et peut être utilisé en copeaux pour laver le linge.

5) Les bouts de savons : là, je vous renvoie au n° de Foyers Ardents n° 16 (juillet-août 2019).
N’hésitez surtout pas à partager vos astuces en écrivant au journal !

 

Accueillir l’infirmité  

« Au milieu d’une époque caractérisée par la confusion, l’égarement et l’erreur, ces enfants nous permettent d’étalonner nos perceptions et nos jugements en nous aidant à voir vrai et à hiérarchiser nos priorités. Ils sont un remède extrêmement puissant contre le monde artificiel que s’est fabriqué l’homme oublieux de son créateur. »1

 

Quand on ne connaît pas le handicap et notamment la déficience mentale, on a vite fait de se faire de fausses idées sur ce que sont les personnes handicapées2. De nos conversations avec Dominique Thisse1, nous avons tiré quelques idées simples, de nature à nous aider dans l’approche des handicapés et qui nous ont montré l’importance du choix de la structure d’accueil. Il est évident que ces généralités sont à prendre avec discernement dans la mesure où chacun de nos frères et sœurs, porteur de handicap est différent, bénéficie d’une capacité à comprendre le monde différent et par là d’une liberté différente.

 

Nous ne pouvons que recommander à toutes les familles qui ont reçu ce « don de Dieu » la lecture du livre récemment paru : « Une expérience familiale. Quinze ans après ».

 

Les auteurs constatent combien leurs trois filles sont porteuses de richesses familiales et spirituelles. Sans angélisme, ils partagent leurs expériences, leurs constats et leurs conclusions. Les pages ajoutées à cette nouvelle édition ont l’intérêt de rassurer les parents sur le devenir de leur enfant et de démontrer l’importance de trouver une solution adaptée pour son avenir. Quant au lecteur concerné moins directement, il découvrira alors comment porter un autre regard sur ces enfants, comprendra mieux le sermon des béatitudes, et aimera se mettre à l’école de ceux qui ont tant à nous apprendre !

 

Une école d’abandon

L’épreuve du handicap, qui constitue évidemment une très lourde souffrance pour une famille peut devenir aussi – si elle est saintement acceptée – source de grande grâce et route pour la sainteté !

« Au sein de nos familles atteintes par l’infirmité dans leur enfant, nos épreuves nous configurent, à notre humble mesure, aux souffrances du calvaire. De cette infirmité nous ne sommes pas responsables. Elle n’est pas une punition mais une grâce. Toutefois, nous sommes conscients des péchés des hommes, dont les nôtres, qui sont la seule cause du mal dont le monde est affligé. »

Elle exige en particulier de ses familles une confiance en Dieu quotidienne.

« O Jésus, aidez-nous, ainsi que notre enfant, à nous renoncer, à porter sans plainte ni vanité notre croix en vue de notre salut et du salut du monde, à garder notre espérance et à vous rester fidèles sans faillir.»

On sait ou on imagine sans mal, le risque que l’on prend à mettre ces enfants dans une atmosphère au mieux, froide et sans foi, au pire, viciée et nuisible pour son âme comme pour son corps ! Les parents et les familles concernés ont tous le désir d’offrir à ces enfants un cadre de vie qui sera non seulement adapté à leur déficience mais qui leur permettra l’existence équilibrée et heureuse qu’ils méritent : « Le résultat visé est commun à toutes les familles concernées : garantir à l’intéressé une vie aussi sereine que possible dans des conditions sans faille de sécurité physique et morale et dans une atmosphère catholique conforme à ce que la famille a toujours cherché pour ses membres. »

Cependant, la société actuelle n’offre qu’exceptionnellement des solutions durables. L’anxiété des parents qui n’ont pas de solution vivable au quotidien, qui vieillissent et se voient dans l’impossibilité de garder à la maison celui qui a besoin d’eux, est parfois un véritable défi quotidien. Mais Dieu n’abandonne pas ceux qu’Il aime et la Fondation Sainte Jeanne de Valois, manifestement bénie par la Providence, leur sera d’un grand soutien.

 

De quelques qualités spécifiques de ces enfants :

 

La simplicité

On pourrait facilement croire que les handicapés sont naturellement bons, honnêtes, pieux, généreux etc. Oui, dans une certaine mesure… Ils ont aussi gardé les traces du péché originel et sont sujets aux mêmes travers que nous. Il en est de généreux et de paresseux, il en est des pieux et d’autres indifférents et, en fonction de la profondeur de leur handicap, ils peuvent plus ou moins se corriger et peuvent être aidés à le faire… En revanche, il existe une qualité qu’ils partagent avec les jeunes enfants et qu’il est essentiel de leur préserver, c’est la simplicité. Comme des enfants, nos frères et sœurs porteurs de handicaps sont simples ou maladroitement calculateurs, comme des enfants, leurs ficelles sont grosses et maladroites et peuvent généralement être aisément corrigées par une pédagogie adaptée. Il est essentiel de préserver cette simplicité en veillant à toujours les mettre à la place à laquelle ils doivent être. Ils ont besoin d’être aimés, de se sentir pris en compte mais surtout pas d’être exposés, vantés, présentés comme des bêtes curieuses. Leur simplicité pourrait ne pas y résister.

 

La pureté

Et face à la tentation, comment sont-ils ? Globalement, on constate que nos frères différents sont à la fois peu tentés naturellement mais vulnérables quand on les expose à la tentation. Notre Dieu ne les a pas faits pour être exposés aux tentations du monde et il importe gravement de les en protéger. Mettre à leur disposition une connexion internet sans surveillance est un risque que ne doivent pas prendre ceux qui ont en charge des personnes porteuses de handicap. Ils risqueraient de les voir se pervertir « innocemment » et de tomber dans des déséquilibres catastrophiques. Nous avons connu nous-même un jeune trisomique abandonné dans un univers trop lourd pour lui, gravement blessé par une tentative de suicide. Là aussi, comme des enfants, nos frères doivent être protégés, n’ayant pas le discernement nécessaire pour refuser ce qui doit l’être. C’est d’ailleurs en soi une raison suffisante pour être extrêmement vigilant quant aux maisons où placer ces enfants…

Une nouvelle maison près de Dinan

La fondation Sainte Jeanne de Valois, citée par  A-C de Bussy dans son article3 a le projet d’ouvrir plusieurs maisons en France afin d’offrir aux familles la possibilité d’y confier leurs enfants à une distance raisonnable de leur maison familiale pour y retrouver facilement et régulièrement les leurs.

En ce début d’année 2023, c’est la Bretagne qui aura la grâce de l’ouverture d’une nouvelle maison près de Dinan – Saint Malo. Cette maison destinée à accueillir 11 personnes porteuses de handicaps ouvrira ses portes d’ici trois mois dans de beaux bâtiments adaptés, avec un encadrement compétent et une aumônerie.

 

Le but est d’accueillir des personnes porteuses de handicap dans un cadre familial et paroissial. La vie quotidienne commencera et se finira par la prière, des activités seront organisées pour occuper et faire progresser les résidents. Ils auront la possibilité d’aller à la messe au moins une fois par semaine en plus du dimanche. Un aumônier les accompagnera autant que nécessaire pour qu’ils puissent mener une sainte vie catholique.

 

Bien entendu, pour ouvrir, cette maison a besoin de nos prières. Pourquoi ne pas ajouter une invocation à sainte Jeanne de Valois à notre prière quotidienne ?

N’hésitez pas à être l’instrument de la Providence en présentant cette œuvre à ceux qu’elle pourrait aider ! Toute offre ou bonnes volontés sont bienvenues ; si vous voulez nous aider, vous pouvez aussi nous contacter :

 

Maison Saint Colomban – Le val Hervelin 22690 Pleudihen sur Rance

06 24 55 19 38

contact@maisonsaintcolomban.fr

www.maisonsaintcolomban.fr

Clovis Lefranc

 

 

1 Extraits du livre paru une première fois aux éditions Clovis en 2008, sous le titre Une expérience familiale, Louis Sabine Collet. Cette version a été complétée et enrichie en 2022 sous le titre Une expérience familiale. Quinze ans après par Dominique et Geneviève Thisse et est édité chez Chiré. Ils sont les fondateurs de la Fondation Sainte Jeanne de Valois.

2 Nous encourageons aussi le visionnage du DVD « Au plus petit d’entre les miens » sur la vie du professeur Lejeune et diffusé par la fondation Jérôme Lejeune sur son site.

 

Le phénomène Woke  

L’apparition en France du terme woke date d’il y a un peu plus de deux ans mais le mot et son contenu nous sont devenus – hélas – familiers. Plusieurs articles et ouvrages lui sont consacrés et beaucoup de modes de pensée et d’action peuvent s’y apparenter, qu’il s’agisse de mouvements étudiants, de propos de Sandrine Rousseau contre le virilisme et les barbecues, les études décoloniales, les discours antispécistes, le comité justice pour Adama (Traoré), les groupes écologistes radicaux, la lutte LGBTQ+ etc. Être woke peut revêtir une pluralité de sensibilités. Bien que le wokisme soit dépourvu de toute forme d’organisation unique et centralisée, il se développe dans les amphis des universités et des grandes écoles, sur les réseaux sociaux, dans les entreprises et les administrations publiques. Il ne s’agit pas d’une mode passagère mais d’un phénomène durable.

 

Le wokisme vient des Etats-Unis où il est apparu dans les années 1960, porté par le slogan stay woke. Ce terme signifie à la fois être éveillé, conscient, vigilant et lucide. Le regard porté par les woke leur permet d’apercevoir des injustices inaperçues dont la révélation provoque une conversion mentale qui donne à « l’éveillé » la capacité de dénoncer et de s’opposer à toutes formes de discrimination sexuelle ou raciale, ethnique ou culturelle, réelle ou symbolique.      

La diversité des formes d’expression du wokisme masque des sentiments, des tournures d’esprit et des modes d’action convergents. Sous couvert d’un moralisme apparent, le wokisme est animé par quatre idées-forces : la première, une vision binaire de la société qui fait en sorte que rien n’existe qui ne soit dominé ou dominant, victime ou coupable ; la seconde idée-force est que, s’agissant du grand dominateur qu’est l’Occident, la colonisation est le crime suprême car elle rassemble toutes les oppressions, celle du monde blanc sur les peuples colonisés, de l’homme sur la femme (patriarcat), de la technique sur la nature (productivisme aux dépens de l’environnement), celle des riches sur les pauvres (capitalisme), celle des vieux sur les jeunes (conservatisme) ; la troisième idée-force est que la suprême ruse de la domination est, comme le diable de Faust, de faire croire qu’elle n’existe plus alors que le capitalisme survit au développement durable, les riches s’enrichissent de plus en plus malgré l’Etat providence, la fin de la colonisation s’accompagne d’une exploitation accrue des pays du Tiers monde et le mâle blanc est un polyprédateur qui opprime les femmes, les migrants, les racisés, les LGBTQ+, la planète, etc. ; la quatrième idée-force est qu’en face d’un tel scandale, il faut absolument « se réveiller » et combattre une telle oppression, notamment en faisant table-rase du passé qui l’a produite, d’où la cancel culture ou culture de l’effacement. 

 

Être woke, c’est être conscient que le monde est divisé en deux camps, celui des dominants et celui des dominés. Ceux qui font partie du camp du mal, c’est à dire des dominants, qu’ils en soient conscients ou pas, doivent commencer par faire la liste de leurs « privilèges » et les avouer publiquement : il leur faut en effet « se déconstruire » avant de se « reconstruire » sur des bases assainies. L’hétérosexualité qui reste un fait ultra majoritaire dans nos sociétés est dénoncée comme une norme qui opprime la minorité. L’antiracisme, par ailleurs critiquable de SOS Racisme, qui permet à des blancs, des noirs et des arabes de militer ensemble doit être rejeté : les blancs ne peuvent en aucun cas parler au nom des noirs et des arabes car ils appartiennent au camp des dominants qui sont donc forcément responsables du racisme et de la colonisation. Les minorités noires et arabes doivent donc s’organiser entre elles et tenir des réunions « en non-mixité » interdites aux dominants, donc aux blancs, ainsi qu’à toute personne n’appartenant pas à une minorité sexuelle ou raciale. Le wokisme qui se présente comme le nouvel antiracisme, n’est donc rien d’autre qu’un véritable racisme antiblanc.   

Il faut tout déconstruire. Au nom de la culture de l’effacement, il ne suffit pas de modifier les lois mais de s’en prendre aux prétendus responsables de l’oppression dénoncée par le wokisme. Nos ancêtres, au nom de la prétendue supériorité de leur civilisation, sont responsables de l’asservissement des minorités et des cultures indigènes. Il faut en finir avec les racines chrétiennes de l’Occident et l’honneur rendu aux héros de notre histoire. Les statues de ceux-ci sont mutilées ou déboulonnées comme celles de Colbert et de Napoléon. Les titres des livres sont modifiés : les « dix petits nègres » d’Agatha Christie sont devenus « ils étaient dix ». Les éditeurs exercent des pressions sur les auteurs pour que ceux-ci suppriment de leurs ouvrages les passages qui pourraient heurter la sensibilité, peut-être un peu vite exacerbée, de certains lecteurs. Des œuvres plus anciennes sont rééditées après avoir été expurgées. Dans la même ligne de pensée et d’action, il faut changer le nom des rues portant le nom de personnages qui se sont illustrés dans le camp du mal. Les œuvres musicales n’échappent pas à cette révision : l’hymne à la joie de Beethoven est interprété par un rapper. Une réécriture de Blanche-Neige serait en préparation. Le wokisme est une idéologie à sens unique et les minorités sont toujours excusées : l’esclavage est devenu un crime contre l’humanité mais pas la traite arabo-musulmane afin de ne pas en faire porter la responsabilité par les jeunes arabes des banlieues.

Le wokisme a surtout pénétré les universités et grandes écoles mais les entreprises sont aussi atteintes par cette fièvre inclusive. Le New-York Times a décidé d’imprimer le mot « Black » avec un b majuscule alors que le w de « white » s’écrit avec une minuscule. L’Oréal a décidé de retirer le mot « blanc » de ses publicités et de ses emballages. La responsabilité sociétale et environnementale, les critères ESG (environnement, sociétal et gouvernance) sont autant d’occasions d’afficher un comportement inclusif pour les minorités dites visibles. Des quotas, plus ou moins avoués, sont mis en place pour favoriser l’accès des « minorités » aux postes de direction.

Au centre du wokisme, il y a la théorie du genre qui conduit à sensibiliser dès le plus jeune âge l’esprit des élèves à l’inclusion des minorités et surtout à l’idéologie selon laquelle les genres masculin et féminin ne correspondent pas à une réalité biologique mais à une construction sociale qui peut être remise en cause. Cela se traduit par une inversion des modèles donnés aux jeunes élèves pour les métiers et les héros afin de brouiller leurs repères. Ce mouvement est ancien : déjà, en 1949, Simone de Beauvoir, dans « le deuxième sexe » affirmait « on ne naît pas femme, on le devient ».  Au-delà de cette négation de la réalité biologique, le féminisme va évoluer d’un combat pour l’égalité hommes et femmes vers une lutte des femmes contre les hommes en ciblant le mâle blanc hétéro tout en jetant un voile pudique sur la condition féminine dans les pays musulmans.

Comme cela arrive souvent à ceux qui veulent déstabiliser la société, l’attitude des wokistes est dépourvue de toute logique parce que leur idéologie dénie à leurs opposants la liberté d’expression qui leur a permis d’exister. Plus encore, des thématiques comme l’émancipation des femmes, l’abolition de l’esclavage, la critique de la décolonisation, l’antiracisme, la non-discrimination de l’homosexualité, l’accueil des migrants sont devenues des valeurs éminentes promues – à tort, mais ce n’est pas le sujet – par les démocraties occidentales. Le wokisme est bien une atteinte aux fondements de la philosophie et de la science qui se sont construites sur la raison, la vérité, l’objectivité, l’argumentation et la clarté du langage. Les discours militants, voire haineux, s’opposent aujourd’hui à chacun de ces éléments en disqualifiant tout point de vue objectif, toute connaissance qui ne serait pas « située », c’est-à-dire enracinée dans un vécu singulier, et en s’en prenant même à la langue. L’abandon de l’idée même de vérité, la disparition de l’esprit scientifique, la porte close à tout débat et à toute objection font que le wokisme apparaît comme une nouvelle dimension de la Révolution en marche.    

 

Thierry de la Rollandière

 

Jamais seul

C’est dans une méditation sur l’Ancien Testament que Charles de Foucauld explique la source de sa confiance inépuisable en la Bonté divine. Puisse cette lecture vivifiante vous plaire et vous confirmer vous aussi dans cette certitude !

« C’est au moment où Jacob est en route, pauvre, seul, où il couche sur la terre nue dans le désert pour prendre son repos après une longue route à pied, c’est au moment où il est dans cette douloureuse situation du voyageur isolé au milieu d’un long voyage en pays étranger et sauvage, sans gîte, c’est au moment où il se trouve dans cette triste condition que Dieu le comble de faveurs incomparables ; Il lui apparaît dans une vision magnifique où, après lui avoir montré les anges occupés sans cesse à la garde des hommes, allant sans cesse de la terre au ciel et du ciel à la terre pour leur donner tout ce qu’il faut, Il lui promet de le protéger pendant son voyage, de le combler de grâces pendant sa vie et après sa mort, de bénir en un de ses descendants tous les peuples de la terre, de faire naître parmi ses petits enfants le Divin Sauveur… Il l’enveloppe tellement de clarté et de bonheur que Jacob, ce pauvre voyageur si brisé et si triste en se couchant, se relève en s’écriant : « Ce lieu n’est autre que la maison de Dieu et la porte du Ciel. » Qui aura peur désormais de faire, surtout si c’est pour Vous suivre, mon Dieu, pour Vous aimer et Vous mieux servir, qui aura peur de faire de longues routes à pied, au travers de peuples inconnus, seul et pauvre ? Qui aura peur, lorsque Vous inondez de tels délices ceux qui semblent destinés à tant de douleurs ? O mon Dieu, qu’il Vous est facile de changer la douleur en joie, d’aplanir les montagnes, de rendre facile ce qui semble presque impossible… « Cherchez le royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroît » … Faisons le plus parfait, entreprenons-le et Dieu le fera réussir… Et ne craignons pas les longues routes seul à pied en mendiant notre pain, avec saint Pierre, saint Paul, tant d’autres saints, dès que nous voyons qu’il est plus parfait de les entreprendre ; nous ne sommes jamais seuls : notre ange gardien nous couvre de ses ailes, Jésus est dans notre cœur, Dieu nous enveloppe, la Sainte Vierge a enfin les yeux sur nous, et c’est en des routes qui nous paraissent si tristes que Dieu nous force  à crier : « Ce lieu est la maison de Dieu et la porte du ciel. »