Accueillir l’infirmité  

« Au milieu d’une époque caractérisée par la confusion, l’égarement et l’erreur, ces enfants nous permettent d’étalonner nos perceptions et nos jugements en nous aidant à voir vrai et à hiérarchiser nos priorités. Ils sont un remède extrêmement puissant contre le monde artificiel que s’est fabriqué l’homme oublieux de son créateur. »1

 

Quand on ne connaît pas le handicap et notamment la déficience mentale, on a vite fait de se faire de fausses idées sur ce que sont les personnes handicapées2. De nos conversations avec Dominique Thisse1, nous avons tiré quelques idées simples, de nature à nous aider dans l’approche des handicapés et qui nous ont montré l’importance du choix de la structure d’accueil. Il est évident que ces généralités sont à prendre avec discernement dans la mesure où chacun de nos frères et sœurs, porteur de handicap est différent, bénéficie d’une capacité à comprendre le monde différent et par là d’une liberté différente.

 

Nous ne pouvons que recommander à toutes les familles qui ont reçu ce « don de Dieu » la lecture du livre récemment paru : « Une expérience familiale. Quinze ans après ».

 

Les auteurs constatent combien leurs trois filles sont porteuses de richesses familiales et spirituelles. Sans angélisme, ils partagent leurs expériences, leurs constats et leurs conclusions. Les pages ajoutées à cette nouvelle édition ont l’intérêt de rassurer les parents sur le devenir de leur enfant et de démontrer l’importance de trouver une solution adaptée pour son avenir. Quant au lecteur concerné moins directement, il découvrira alors comment porter un autre regard sur ces enfants, comprendra mieux le sermon des béatitudes, et aimera se mettre à l’école de ceux qui ont tant à nous apprendre !

 

Une école d’abandon

L’épreuve du handicap, qui constitue évidemment une très lourde souffrance pour une famille peut devenir aussi – si elle est saintement acceptée – source de grande grâce et route pour la sainteté !

« Au sein de nos familles atteintes par l’infirmité dans leur enfant, nos épreuves nous configurent, à notre humble mesure, aux souffrances du calvaire. De cette infirmité nous ne sommes pas responsables. Elle n’est pas une punition mais une grâce. Toutefois, nous sommes conscients des péchés des hommes, dont les nôtres, qui sont la seule cause du mal dont le monde est affligé. »

Elle exige en particulier de ses familles une confiance en Dieu quotidienne.

« O Jésus, aidez-nous, ainsi que notre enfant, à nous renoncer, à porter sans plainte ni vanité notre croix en vue de notre salut et du salut du monde, à garder notre espérance et à vous rester fidèles sans faillir.»

On sait ou on imagine sans mal, le risque que l’on prend à mettre ces enfants dans une atmosphère au mieux, froide et sans foi, au pire, viciée et nuisible pour son âme comme pour son corps ! Les parents et les familles concernés ont tous le désir d’offrir à ces enfants un cadre de vie qui sera non seulement adapté à leur déficience mais qui leur permettra l’existence équilibrée et heureuse qu’ils méritent : « Le résultat visé est commun à toutes les familles concernées : garantir à l’intéressé une vie aussi sereine que possible dans des conditions sans faille de sécurité physique et morale et dans une atmosphère catholique conforme à ce que la famille a toujours cherché pour ses membres. »

Cependant, la société actuelle n’offre qu’exceptionnellement des solutions durables. L’anxiété des parents qui n’ont pas de solution vivable au quotidien, qui vieillissent et se voient dans l’impossibilité de garder à la maison celui qui a besoin d’eux, est parfois un véritable défi quotidien. Mais Dieu n’abandonne pas ceux qu’Il aime et la Fondation Sainte Jeanne de Valois, manifestement bénie par la Providence, leur sera d’un grand soutien.

 

De quelques qualités spécifiques de ces enfants :

 

La simplicité

On pourrait facilement croire que les handicapés sont naturellement bons, honnêtes, pieux, généreux etc. Oui, dans une certaine mesure… Ils ont aussi gardé les traces du péché originel et sont sujets aux mêmes travers que nous. Il en est de généreux et de paresseux, il en est des pieux et d’autres indifférents et, en fonction de la profondeur de leur handicap, ils peuvent plus ou moins se corriger et peuvent être aidés à le faire… En revanche, il existe une qualité qu’ils partagent avec les jeunes enfants et qu’il est essentiel de leur préserver, c’est la simplicité. Comme des enfants, nos frères et sœurs porteurs de handicaps sont simples ou maladroitement calculateurs, comme des enfants, leurs ficelles sont grosses et maladroites et peuvent généralement être aisément corrigées par une pédagogie adaptée. Il est essentiel de préserver cette simplicité en veillant à toujours les mettre à la place à laquelle ils doivent être. Ils ont besoin d’être aimés, de se sentir pris en compte mais surtout pas d’être exposés, vantés, présentés comme des bêtes curieuses. Leur simplicité pourrait ne pas y résister.

 

La pureté

Et face à la tentation, comment sont-ils ? Globalement, on constate que nos frères différents sont à la fois peu tentés naturellement mais vulnérables quand on les expose à la tentation. Notre Dieu ne les a pas faits pour être exposés aux tentations du monde et il importe gravement de les en protéger. Mettre à leur disposition une connexion internet sans surveillance est un risque que ne doivent pas prendre ceux qui ont en charge des personnes porteuses de handicap. Ils risqueraient de les voir se pervertir « innocemment » et de tomber dans des déséquilibres catastrophiques. Nous avons connu nous-même un jeune trisomique abandonné dans un univers trop lourd pour lui, gravement blessé par une tentative de suicide. Là aussi, comme des enfants, nos frères doivent être protégés, n’ayant pas le discernement nécessaire pour refuser ce qui doit l’être. C’est d’ailleurs en soi une raison suffisante pour être extrêmement vigilant quant aux maisons où placer ces enfants…

Une nouvelle maison près de Dinan

La fondation Sainte Jeanne de Valois, citée par  A-C de Bussy dans son article3 a le projet d’ouvrir plusieurs maisons en France afin d’offrir aux familles la possibilité d’y confier leurs enfants à une distance raisonnable de leur maison familiale pour y retrouver facilement et régulièrement les leurs.

En ce début d’année 2023, c’est la Bretagne qui aura la grâce de l’ouverture d’une nouvelle maison près de Dinan – Saint Malo. Cette maison destinée à accueillir 11 personnes porteuses de handicaps ouvrira ses portes d’ici trois mois dans de beaux bâtiments adaptés, avec un encadrement compétent et une aumônerie.

 

Le but est d’accueillir des personnes porteuses de handicap dans un cadre familial et paroissial. La vie quotidienne commencera et se finira par la prière, des activités seront organisées pour occuper et faire progresser les résidents. Ils auront la possibilité d’aller à la messe au moins une fois par semaine en plus du dimanche. Un aumônier les accompagnera autant que nécessaire pour qu’ils puissent mener une sainte vie catholique.

 

Bien entendu, pour ouvrir, cette maison a besoin de nos prières. Pourquoi ne pas ajouter une invocation à sainte Jeanne de Valois à notre prière quotidienne ?

N’hésitez pas à être l’instrument de la Providence en présentant cette œuvre à ceux qu’elle pourrait aider ! Toute offre ou bonnes volontés sont bienvenues ; si vous voulez nous aider, vous pouvez aussi nous contacter :

 

Maison Saint Colomban – Le val Hervelin 22690 Pleudihen sur Rance

06 24 55 19 38

contact@maisonsaintcolomban.fr

www.maisonsaintcolomban.fr

Clovis Lefranc

 

 

1 Extraits du livre paru une première fois aux éditions Clovis en 2008, sous le titre Une expérience familiale, Louis Sabine Collet. Cette version a été complétée et enrichie en 2022 sous le titre Une expérience familiale. Quinze ans après par Dominique et Geneviève Thisse et est édité chez Chiré. Ils sont les fondateurs de la Fondation Sainte Jeanne de Valois.

2 Nous encourageons aussi le visionnage du DVD « Au plus petit d’entre les miens » sur la vie du professeur Lejeune et diffusé par la fondation Jérôme Lejeune sur son site.