A la découverte de métiers d’art : Une dynastie d’ébénistes : les Jacob

Nous choisissons pour cet article de vous présenter une dynastie d’ébénistes issue de l’Ancien Régime, ayant œuvré de 1765 jusqu’en 1847, soit du règne de Louis XV à la monarchie de Juillet avec talents et innovations : la famille Jacob, qui a donné son nom à un style. C’est donc à travers cette famille que nous vous faisons découvrir une tranche d’histoire de l’ébénisterie, avant d’aborder dans les prochains numéros, le métier d’ébéniste d’une manière plus pratique.

Sous le règne de Louis XV, le menuisier est aussi ébéniste et fabrique donc les meubles. Mais, avec le développement de l’importation des bois d’ébène pour le placage des meubles, les métiers se différencient avec l’apparition d’une corporation de menuisiers en ébène, pratiquant la technique du placage, qui prendront ensuite le nom d’ébénistes lors de la disparation des corporations avec la loi Le Chapelier de 1791.

Cette spécialisation d’ébénisterie arrive tardivement en France alors qu’à l’étranger, elle était plus fréquente, surtout chez les allemands, notamment avec l’ébéniste Riesener qui a fabriqué de somptueux bureaux pour la cour de Louis XV.

Georges Jacob, né en 1739 à Cheny dans l’Yonne actuelle, et mort à Paris en 1814, est reçu maître menuisier en 1765. Il aura deux fils : Georges II Jacob et François Honoré Jacob-Desmalter et un petit-fils : Georges Alphonse Jacob Desmalter, qui continueront sur ses traces.

Son fils « Georges II », reprendra l’atelier en 1796, aidé de son père, mais à la mort de Georges II, Georges Jacob refondera une autre société avec son fils François Honoré : la société Jacob Desmalter et Cie qui continuera avec son petit-fils jusqu’en 1847. C’est une famille qui traversera donc la Révolution en travaillant pendant cette période pour le nouveau régime puis pour l’Empire.

Le fondateur Georges Jacob est le plus innovant et le plus entreprenant de sa génération ayant la clientèle riche et très exigeante des grands seigneurs qui donnait le ton et lançait la mode. Dans son atelier, œuvraient les ornemanistes qui dessinaient les modèles, les architectes qui les fabriquaient et les tapissiers pour la garniture des sièges. Il pouvait y avoir jusqu’à 300 employés, chiffre très important pour l’époque. Il a très peu travaillé pour la Couronne (le Garde Meuble) mais plutôt pour les membres de la famille royale, la reine Marie-Antoinette, les frères de Louis XVI à travers leurs garde-meubles privés, et aussi pour des clients étrangers, produisant plusieurs milliers de meubles, mais nous n’avons pas de connaissance précise de son atelier, sachant qu’il sous-traitait parfois la fabrication de ses meubles à d’autres menuisiers.

 

Georges Jacob a créé des meubles très simples ou au contraire très sophistiqués et compliqués, ayant innové avec des  pieds fuselés, sculptés de cannelures rudentées, qui se raccordent à la ceinture par un dé orné d’une rosace. Si cela deviendra courant dans la majorité des sièges Louis XVI, il est avec Louis Delanois, autre menuisier, le premier à l’utiliser.

     

 

 

Il est l’inventeur du dossier lyre et à gerbe avec forme violonnée à la fin du règne de Louis XVI et du dossier grille pendant la Révolution.

En 1796, il fait faillite, conséquence du fait de la disparition de la Monarchie et donc de commandes non réglées mais reprend sous le Directoire où il travaille l’acajou en créant de très beaux meubles dans un style anglo-chinois ou à l’étrusque, qu’il réussit à exporter à la Cour d’Angleterre.                                             

 

 

Parmi ses innovations, se trouve le pied à console où le bois est choisi sans nœud pour assurer un parfait prolongement, déjà sous Louis XVI, mais continué au XIXème siècle par ses fils et petits-fils.

 

                          

De même, il va travailler le bois en élégie, pour arrondir l’intérieur de la ceinture du bois du siège, c’est-à-dire en évidant la face interne de la ceinture des sièges, technique destinée à en diminuer le poids. Lors de la livraison, il joint une explication du démontage en vue de réparations ultérieures. C’est un souci du détail et de sérieux peu commun, pensant aux ébénistes qui travailleraient après lui à une restauration du siège ! Travaillant pour le nouveau régime, Georges Jacob va fabriquer l’estrade de la Convention, le mobilier de la première chambre des députés (le conseil). Également sous le Premier Empire, le mobilier des châteaux de la Malmaison, Saint Cloud, Compiègne, Rambouillet, Fontainebleau, le Palais des Tuileries, le salon d’argent à l’Elysée, le berceau du roi de Rome. Mais trop dépendant de ces commandes impériales, lorsque les finances de l’Empire ne pourront plus en assumer le paiement, l’atelier fera faillite en 1813, parvenant quand même à ressusciter et poursuivre son activité sous la Restauration, avec Georges Alphonse qui reprendra le flambeau en 1825 puis clôturera cette dynastie.

 

Jeanne de Thuringe

 

Ma bibliothèque

ENFANTS :

A partir de 7 ans : Oiseaux du jardin – Artemis – 2022

A partir de 8/10 ans : La plus belle Histoire – Abbé G. Courtois – Clovis – 2022

– Dès 10/12 ans : Pour Dieu et le Roi. Avec La Rochejaquelein – B. Lundi – Les petits Chouans – 2022

– Pour 12/13 ans : Les enfants de l’Hacendero – L. Ville – ESR – 2022

– Dès 15 ans, pour garçons et filles : Maria Goretti – Fleur des Marais – G. Hünermann – Salvator – 2022

– Histoire, dès 15 ans : La bataille de Lépante – Paul Chack – ESR – 2022

 

ADULTES (à partir de 16 ans)

– Vie de famille : Une expérience familiale – Quinze ans après – D et G Thisse – Chiré – 2022

– Spiritualité : La femme au foyer – À celles qui rêvent de mettre de l’idéal dans leur vie – G. de Boisgiroult – Traditions franciscaines Morgon – 2022

Formation :  Que votre règne arrive – Le combat pour la Cité chrétienne – R.P. Calmel – NEL – 2021

– Histoire : Anne de France – Gouverner au féminin à la Renaissance – A. David-Chapy – Passés composés – 2022

 

Pour compléter cette liste, vous pouvez vous renseigner sur les Cercles de lecture René Bazin :

cercleReneBazin@gmail.com  (à partir de 16 ans- Culture, Formation)

 

La Revue : « Plaisir de lire » propose un choix de nouveautés pour toute la famille (distraction, histoire, activités manuelles) Envoi d’un numéro gratuit à feuilleter sur écran, à demander à :

PlaisirdeLire75@gmail.com 

 

Confiance en l’autre,   confiance en Dieu  

Parler de la confiance en général est un sujet tellement vaste que l’on se perdrait à l’explorer, si l’on ne se restreignait à l’étude de l’une de ses parties plutôt qu’à son tout. Le monde d’aujourd’hui, tout imbu d’individualisme qu’il est, met en avant la confiance en soi comme clé du bonheur et de la réussite. Les avis, tous plus scientifiques les uns que les autres, de « coachs de développement personnel » ou de psychologues avisés, fleurissent dans la littérature moderne ou sur le web, et les réclames pour des séances privées ou en groupe foisonnent sur le comptoir des commerces ou aux panneaux d’affichage. Il est certes primordial à l’homme moderne de rétablir le déséquilibre mental causé par la perte de repères spirituels et moraux de notre temps, mais il n’est pas lieu d’en discuter ici. Il nous paraît important de se pencher plutôt sur le côté social de la confiance, c’est-à-dire envisagée par rapport au prochain, et plus ultimement à Dieu. Ces deux points seront abordés séparément, après avoir d’abord défini plus précisément ce que l’on entend par confiance.

Qu’est-ce-que la confiance ?

Ce mot est issu du latin confidentia, mais est également influencé par l’ancien français fiance, c’est-à-dire Foi. On le retrouve encore aujourd’hui dans fiancé. Confiance peut s’entendre sous plusieurs sens : avoir confiance dans l’autre, avoir confiance en soi, avoir confiance dans une situation donnée1. Il s’agit de l’assurance que l’on a : assurance dans la bonne volonté ou de la bienveillance de quelqu’un envers soi, assurance dans ses propres forces ou assurance dans le succès d’un moment. La confiance est donc un sentiment. Or, comme tout sentiment, elle va dépendre en partie du tempérament de chacun, être soumise à des possibles changements d’humeur, ou bien varier en fonction des expériences vécues. Un inconnu peut instantanément gagner notre confiance, tout comme un ami de longue date peut la perdre du jour au lendemain. Autrement, un tempérament mélancolique sera prompt à accorder sa confiance, mais également à la retirer2.

Comme tout sentiment, la confiance aura besoin d’être soumise à l’œuvre de la raison pour être vraiment bonne, même si elle est particulièrement difficile à diriger. On peut, en effet, avancer qu’on a confiance ou qu’on ne l’a pas, qu’elle ne naît pas sur commande. Cela est vrai, mais il ne tient qu’à nous de la laisser s’exprimer ou de la contraindre. Le danger est celui que la Fontaine expose dans sa fable des poissons qui se laissent piéger par le cormoran3, c’est-à-dire de faire confiance à un séducteur, beau parleur ne cherchant qu’à abuser de l’autre : « l’on ne doit jamais avoir de confiance / En ceux qui sont mangeurs de gens.»4 Le proverbe populaire « La confiance se mérite » avertit du danger que courent les âmes trop crédules ou trop naïves pour se méfier, ou tout au moins envisager que l’autre n’est peut-être pas aussi bon qu’il le paraît5, ce qui nous mène à envisager un peu plus en profondeur la confiance dans les rapports à l’autre.

La confiance en l’autre

La confiance en l’autre est le fondement de toute vie en société. Comment pourrait-on vivre ensemble s’il fallait se méfier à chaque instant de son voisin ou même de sa propre famille ? On peut la définir plus précisément comme l’assurance d’une certaine bienveillance de l’autre envers soi, et qu’il ne nous trompera pas. Elle est à l’origine de l’amitié et de toute relation humaine, et en suit les trois différents degrés, selon qu’elle se base sur l’utilité, le plaisir ou la vertu6. On peut ainsi avoir confiance en son boulanger, en son collègue de travail avec qui on partage des bons moments, ou en son plus proche ami, mais il est évident que l’intensité varie du boulanger à l’ami, ce dernier nous voulant généralement plus de bien que le premier, et étant aimé pour autre chose que les services qu’il nous rend. D’ailleurs, dans le cas où le lien de confiance serait rompu, il s’avère plus aisé de trouver un nouveau boulanger qu’un nouvel ami. Poussons plus loin ces considérations sur la confiance envers l’autre, qui revêt une importance toute particulière dans le cadre de la famille.

Concernant la relation de confiance au sein de la famille, penchons-nous principalement sur la confiance entre les époux. La confiance mutuelle entre époux est une évidence de prime abord, puisqu’ils ont fait le choix de se marier et de fonder une famille. Cependant, la confiance qu’ils se portent peut être altérée malgré l’amour qu’ils se sont promis. La calomnie ou les indiscrétions de proches sont à l’origine de bien des discordes dans le couple, venant insidieusement ou même brutalement briser ce lien que l’on croyait incorruptible entre le mari et sa femme. On préfère faire confiance à un ami ou à une connaissance, plutôt qu’à celui ou celle qui partage notre vie. La confiance entre époux est nécessaire à la stabilité de la famille. Comment cette dernière pourrait rester unie si les deux autorités se méfient l’une de l’autre ? La relation de confiance ne peut évidemment plus durer en cas de chute avérée et sans repentance, mais sinon il est du devoir des époux de la conserver, et de la rétablir le cas échéant. Pour conclure ici sur cette question de la confiance entre époux, bien qu’il y aurait matière à en parler plus longtemps, nous pouvons ajouter qu’une méfiance, ou tout du moins un manque de confiance visible entre époux, ne pourra qu’être remarqué par les enfants, provoquant facilement un affaiblissement de la foi qu’ils ont dans leurs parents.

Confiance en Dieu

La question de l’abandon de l’âme en Dieu est un sujet déjà abondamment traité. Soulignons simplement que seul, Il est digne de confiance : nous a-t-Il jamais abandonnés et laissés à nous-mêmes ? Intéressons-nous plutôt à deux dangers qui guettent l’homme dans sa relation à Dieu et à sa Providence, à savoir l’angélisme et l’activisme.

L’angélisme est l’attitude de l’âme qui, invoquant la toute puissance de Dieu et Son amour infini pour nous, se retranche dans une sorte d’apathie et de passivité : « le Salut et la victoire de Dieu sur le démon est certaine, alors pourquoi se démener à combattre le Mal et à corriger l’erreur ? Ne serait-ce pas un manque de confiance dans la Providence ? Prions le Bon Dieu et ne nous soucions pas de tout cela, les méchants seront damnés et les bons seront sauvés ». Il est bien vrai que Dieu peut tout et sauvera les bons, mais Il exige notre participation au combat céleste. Ce combat se mène d’abord contre nous, mais aussi contre les ennemis de Sa gloire et contre l’erreur. N’a-t-on jamais vu un digne serviteur laisser son maître subir les insultes et les outrages de ses adversaires ? Si nous ne sommes pas prêts à nous battre pour ce que nous aimons, quelle sorte d’amour est-ce là ? Cette confiance déréglée a donné naissance à une hérésie appelée le Quiétisme, apparue au XVIIème siècle avec le prêtre Miguel de Molinos, puis portée par Fénelon, et condamnée en 1687. Elle est présente encore aujourd’hui dans diverses sectes protestantes comme les Quakers7.

L’activisme, dans un sens contraire, est une tendance à privilégier l’action avant tout. L’activiste avance que le Paradis « appartient aux violents8 », et que le Bon Dieu nous laisse mener nous-mêmes le combat spirituel pour séparer les forts des faibles, les serviteurs méritants des serviteurs infidèles. Il est de tous les combats pour la défense de l’Eglise, de toutes les manifestations, de toutes les actions, se dépense sans compter dans les associations et les cercles chrétiens, et considère qu’agir est plus important que prier. Le mal est tellement présent qu’il faut bien donner un coup de pouce au Bon Dieu, n’est-ce pas ? Pour lui, l’action apostolique et chrétienne est avant tout une question d’efficacité, il est prêt à sacrifier un peu de la Vérité, tant que cela permet d’attirer un plus grand monde et de « marquer des points ». Derrière cette attitude se cache souvent une certaine angoisse : si je ne fais pas tout cela, serais-je sauvé ? Il oublie que si Dieu exige de nous des actions, Il se réserve seul de les mener au succès ou non. L’activiste fait davantage confiance en ses propres forces qu’en Dieu et en la Providence. Cela a mené à des erreurs comme l’Américanisme, aussi appelé « Hérésie des œuvres », né à la fin du XIXème dans la communauté catholique des Etats-Unis9.

Le remède à ces deux erreurs est un équilibre entre prière et action, suivant les mots de saint Ignace de Loyola : « Prie comme si tout dépendait de Dieu, et agis comme si tout dépendait de toi ». Quoiqu’il arrive, l’homme n’est qu’un instrument de la volonté de Dieu, il suffit de s’abandonner en Lui et de Lui accorder toute notre confiance, Il nous conduira ensuite où Il aura décidé.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce vaste sujet de la confiance : sa place dans la relation entre amis, son application dans la relation entre supérieur et subordonné, son importance dans l’épanouissement personnel. Le plus important a semblé être de lui redonner sa place de vertu sociale, nécessaire à la concorde et à l’harmonie dans la cité et dans la famille, et d’avertir de quelques dangers que peut représenter une confiance déréglée.

La confiance est un véritable trésor qu’il est urgent de protéger : elle ne doit pas se donner à la légère, et encore moins légèrement se reprendre. Dans ce monde moderne où règnent le culte de la superficialité et le mensonge, la confiance saine et indéfectible se fait rare. Mais quelles que puissent être les déceptions rencontrées dans nos relations humaines, n’oublions pas que Dieu seul est fidèle et parfaitement digne de confiance : tant que l’homme sera homme, il pourra décevoir. Ne nous scandalisons pas si notre prochain défaille, et n’hésitons pas à lui accorder de nouveau notre confiance, comme nous-mêmes, nous aimerions que les autres gardent confiance en nous.

R.J.                                     

1 Comme convenu plus haut, nous concentrerons notre propos uniquement sur la confiance en l’autre.

2 Cf Les Tempéraments de Conrad HOCK, ou Les Passions du R.P. LEJEUNE

3 Livre X, fable 3 : Les poissons et le Cormoran

4 Idem

5 Attention ! Il s’agit ici d’avertir contre les dangers d’une confiance excessive, et non pas de promouvoir la méfiance comme base des rapports sociaux.

6 Pour approfondir ce sujet des degrés de l’amitié, se référer à l’excellent Ethique à Nicomaque de Aristote, au livre huit.

7 Entre autres points, le Quiétisme soutient qu’il est inutile de combattre les tentations, Dieu venant ultimement nous sauver de notre péché.

8 Mat. XI, 12

9 Ce courant est condamné par le Pape Léon XIII en 1899.

 

                                                                                                         

 

Confiance et abandon

Chers amis,

Comment garder la paix et la sérénité dans notre monde si ce n’est par l’exercice quotidien de l’abandon et de la confiance en Dieu ?

Quelques connaissances de notre Histoire de France nous feront remarquer que les différentes périodes traversées n’ont pas toujours été faciles. Des conciles ont été convoqués, des chefs de guerre mais surtout des saints se sont levés afin que l’Eglise, mais aussi notre Patrie sortent victorieuses des périls. Cependant, il nous faut reconnaître que la destruction de l’ordre naturel jusque dans ses fondements est inédite… La force du catholique réside dans ces paroles : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ».1

L’Eglise comme une mère, a prévu ces épreuves et encourage ses fidèles, presque chaque dimanche, par une oraison ou un psaume exhortant à la confiance et à l’abandon. Attachons-nous à les lire et les relire tout au long de la semaine quand l’inquiétude du monde à venir, nous gagne ; rien de tel, en effet, pour chasser le démon du découragement que de s’attacher à l’Ecriture sainte et aux paroles de l’Eglise !

Et enfin, pour être fort, apprenons à connaître nos ennemis ! En premier lieu, ceux qui travaillent au fin fond de nous-même et ensuite ceux qui, en effet, cherchent à détruire notre foi et celle de nos enfants et attaquent notre Patrie. Sachons nous défendre et prendre les meilleures décisions pour les plus faibles d’entre nous et pour protéger nos enfants des dangers qui les menacent.

Vous trouverez ces deux aspects dans votre revue ; ne négligez ni l’un ni l’autre ! Et par-dessus tout, surtout quand le moral général est atteint, retournez vite lire le passage d’espérance entendu lors de la messe dominicale. Vous serez frappé par son actualité mais aussi par la sérénité qu’il apporte.

 

Profitons de ce début d’année calendaire pour prendre de bonnes résolutions pour les temps qui viennent : une retraite, une plus grande fidélité au chapelet quotidien mais aussi à la prière du soir en famille : moyens très efficaces pour nous protéger des attaques du malin et unir tous ses membres sous le manteau de notre Mère !

Que Notre-Dame des Foyers Ardents continue à protéger notre œuvre, ses chroniqueurs et ses lecteurs ; qu’elle nous aide à répandre toujours davantage ce qui nourrit notre âme : le vrai, le beau et le bien pour étendre le règne du Christ-Roi !

Toute l’équipe se joint à nous pour vous souhaiter une bonne et sainte année !

Marie du Tertre

 

La confiance

Sans en avoir le plus souvent conscience, nous agissons à l’égard des enfants que nous éduquons un petit peu à la manière dont Dieu s’y prend vis-à-vis de nous. Lorsque nous le réalisons davantage, nous admirons d’autant plus l’art divin en matière d’éducation et nous en recevons alors de nouvelles lumières pour nous-mêmes. Prenons l’exemple de la confiance et posons les deux questions suivantes : devons-nous faire confiance en Dieu ? Dieu nous fait-il confiance ? Nous verrons après comment elles nous aident à faire une lumière plus vive sur ces deux dernières questions : nos enfants doivent-ils nous faire confiance et devons-nous leur faire confiance ?

I- Nos rapports avec Dieu

1) Devons-nous faire confiance en Dieu ?

Des quatre questions que nous avons posées, c’est celle dont la réponse est la plus facile à donner. Oui, notre confiance en Dieu doit être la plus grande possible. En effet, Dieu est Celui qui possède toutes les perfections. Il est la Sagesse infaillible qui ne peut ni se tromper ni nous tromper. Cette sagesse agit par ailleurs comme elle l’entend en raison de la toute puissance divine. Voilà donc quel est celui qui nous a aimés jusqu’à verser son sang pour nous : Il est la Sagesse même et Il est le Tout-Puissant qui met au service de Son Amour infini pour nous les trésors de sa Sagesse et de sa Puissance. C’est pourquoi notre confiance ne doit avoir aucune limite et nous blesserions et nous contristerions son Amour de nos inquiétudes humaines.

2) Dieu nous fait-il confiance ?

Selon saint Thomas, la magnanimité qui « a pour objet une chose difficile que l’on a bon espoir de réaliser »1 a elle-même pour condition la confiance qui « n’est autre qu’un robuste espoir engendré par un fait qui nous incline à juger un bien réalisable »2. Aussi la confiance « ne peut donc pas, à proprement parler, être dite une vertu, mais la condition d’une vertu »3. A la lumière de ces indications, on comprend qu’il est inadéquat, en rigueur du terme, de dire que Dieu peut « faire confiance ». La confiance est un espoir. Mais l’espoir ne naît en nous qu’à la pensée de posséder un bien que nous ne possédons pas. Mais rien ne manque à Dieu.

Si l’on cherche maintenant à répondre à notre question à la lumière de ce que nous dit saint Thomas, il faut dire que Dieu sait ce qu’il y a dans le cœur de chaque homme. Et c’est parce qu’Il a cette science parfaite que ni la Foi, ni l’Espérance, ni la confiance ne lui conviennent. Ces vertus supposent en effet des déficiences de science chez ceux qui les possèdent. Lorsque Dieu confie une mission à un être humain, il sait parfaitement, de toute éternité, s’il l’accomplira parfaitement, ainsi que Notre-Dame, ou s’il se montrera infidèle comme Judas. Aussi, même si nous prenons le cas de Notre-Dame qui répond parfaitement au plan divin, on peut peut-être dire que Dieu lui fait confiance4 si l’on entend par là que Dieu savait qu’Elle accomplirait à chaque instant toute sa volonté sur elle. Mais en réalité, il faudrait mieux dire que Dieu n’a pas besoin d’avoir confiance en Elle puisqu’Il sait qu’Elle lui sera parfaitement fidèle. Il est vrai qu’on trouve, parfois, dans des traductions françaises la parole : « Le Seigneur m’a fait confiance »5 placée sur les lèvres de saint Paul mais c’est sans doute une certaine défectuosité dans le passage au français qui en est la cause.            

II – Les rapports entre les parents et leurs enfants

Nous allons maintenant considérer la réciprocité des rapports entre les parents avec leurs enfants à la lumière de ce que nous venons d’écrire des relations entre Dieu et tous les hommes.

 

1) Les enfants doivent-ils faire confiance à leurs parents ?

Les enfants doivent obéissance à leurs parents en tout ce qui ne leur serait pas ordonné contre la foi et les bonnes mœurs. Ils doivent cette obéissance à ceux qui représentent Dieu auprès d’eux. Ils possèdent naturellement, dans leurs plus jeunes années, des dispositions de confiance illimitées en leurs parents qui favorisent leur obéissance jusqu’à traverser les yeux fermés les Champs-Elysées, du moment que leur main est dans celle de papa ou de maman. Cependant, le moment viendra où ils découvriront les limites humaines de leurs parents. Ce constat de l’imperfection de la condition humaine n’affectera pas – par lui-même – leur confiance mais l’ajustera pour qu’elle soit ce qu’elle doit être à l’égard de « ceux qui ne sont pas Dieu ». Ils prendront aussi conscience, à un moment donné, de quelque défaillance morale de leurs parents. Je dirais, là encore, que cette prise de conscience ne suffit pas à ébranler réellement la confiance car le dogme du péché originel leur rappellera que tous les hommes sont pécheurs.

 

La perte de confiance n’est réellement provoquée que s’ils sont témoins de scandaleuses injustices, tromperies, impiété etc… Cette perte de confiance progressive n’est cependant pas encore irrémédiable si les enfants voient ensuite le parent coupable vraiment s’amender et réparer. Elle peut se rétablir, au moins partiellement. Mais, c’est alors aux parents de redevenir dignes de cette confiance et de ne pas la réclamer comme un dû s’ils ont gravement failli. Ils doivent la reconquérir.

Il est important de noter ici que la confiance doit être soigneusement distinguée de l’obéissance de telle sorte que si, pour des motifs justes, les parents ont perdu la confiance de leurs enfants, ces derniers ne se croient pas pour autant dispensés et de les respecter et de leur obéir (toujours dans la mesure des limites de l’obéissance déjà rappelées). Il faut cependant reconnaître qu’il faut une vertu particulière pour continuer d’obéir à ceux en qui l’on n’a plus confiance.

Il en résulte clairement que la vertu des parents aide singulièrement à l’obéissance des enfants.

 

2) Les parents doivent-ils faire confiance à leurs enfants ?

Les enfants sont des êtres humains, dont les capacités physiques et mentales ne sont encore qu’imparfaitement développées. De plus, les vertus sont à former en eux par la répétition des actes et ce perfectionnement ne se fera qu’avec le temps. Les parents doivent avoir conscience de toutes ces limites, ne pas s’en étonner et ne pas idéaliser leurs enfants au point de s’écrier comme une mère de famille : « Mon enfant ne ment jamais ! »

 

Les parents doivent imiter la manière dont Dieu use à l’égard de tous les hommes. De même que Dieu sait, en confiant des missions aux hommes, qu’ils failliront souvent, partiellement ou totalement, mais les confie quand même, les parents doivent aussi, prudemment bien sûr, agir de la sorte à l’égard de leurs enfants avec une intelligente progressivité. Il y aura forcément « de la casse » mais c’est inévitable. Que maman ne refuse pas qu’Emilie, âgée de trois ans, l’aide à mettre le couvert, même si elle ne lui met pas trop vite dans les mains les assiettes en porcelaine de Chine.                  

Au fur et à mesure que les enfants s’acquittent bien des petites missions, on leur en confiera, ainsi que dans la parabole des talents, des plus grandes. On développera tout spécialement en eux la vertu de franchise. Les grosses bêtises, bien avouées, doivent être vite pardonnées, et les enfants doivent sentir que les mensonges sont bien plus graves que les grosses bêtises. Les mensonges, bien plus que les bêtises, doivent entraîner une diminution de la confiance qui doit être ressentie par les enfants afin qu’ils se corrigent.

C’est ainsi que, par le jeu de la confiance, on fait beaucoup dans l’éducation des enfants.

Prenons conscience de l’importance de la confiance dans les relations entre nous et le bonheur de vivre dans des sociétés où il existe une grande confiance des uns vis-à-vis des autres. Mais c’est par une conquête qu’on parvient à ce résultat, la conquête progressive des vertus. C’est dans toute la mesure, en effet, où l’homme s’approche davantage de Dieu, infiniment saint, qu’il inspire et mérite notre confiance.

R.P. Joseph