L’homme et la femme, une énigme l’un pour l’autre

 

Que deux êtres aussi différents que l’homme et la femme arrivent à s’ajuster en une entité vivante, le couple : voilà bien un des miracles du mariage. Ce n’est qu’à la longue qu’on se rend compte de la profondeur de leur différence. Homme et femme n’ont pas seulement des idées différentes, mais ils pensent et ressentent tous les éléments de leur vie selon un mode différent.

Cette opposition psychologique est fondée en partie sur leurs fonctions biologiques. La femme qui conçoit et forme en elle un enfant, qui l’allaite, l’éduque et le construit pas à pas pendant des années, est douée d’une compréhension naturelle pour ce qui est vivant, animé, personnel.

L’homme, en revanche, confie son germe à la femme et ne s’occupe plus de son développement. En revanche, il est appelé à construire une habitation pour sa famille, à lui procurer la nourriture, à la défendre. Son orientation est donc avant tout technique, son objet étant les choses inanimées qu’on peut partager et ajuster à volonté. Son œuvre, il peut la faire et défaire une douzaine de fois afin de la perfectionner toujours plus. L’homme « classique » sera l’artisan, l’inventeur, l’explorateur, le chevalier sans peur et sans reproche. Son désir de perfection le rendra souvent révolutionnaire, tandis que la femme a un trait conservateur. Elle conserve la vie !

En raison de leurs fonctions propres, l’homme et la femme ne verront donc pas la vie sous le même aspect. La femme a une tendance à regarder les objets inanimés comme des êtres vivants tandis que l’homme, lui, cherche à démonter le « mécanisme intérieur » des êtres vivants. […] L’homme a une logique uniforme pour toute chose […]. Pour lui, deux fois deux font quatre, en tout temps et sous toutes les latitudes. La femme, elle, voit dans chaque personne un être unique, qui doit être compris comme tel et qu’on ne peut assimiler à aucun autre. Elle a l’esprit de finesse et trouve que la logique reste toujours à la surface. Aussi pour elle, deux fois deux ne font jamais exactement quatre. Ce n’est pas un manque de logique comme le croient volontiers les hommes, mais une mathématique appliquée à la vie, qui est l’élément de la femme. Tous les biologistes savent en effet que dans le règne du vivant, deux fois deux ne font jamais exactement quatre.

Or ces deux modes de pensée de l’homme et de la femme s’appliquent aussi à la manière dont ils éprouvent leur propre vie. La femme est une unité indissoluble de corps, d’âme et d’esprit. Un souci, une émotion, se traduiront très vite chez elle par un trouble physique, tandis qu’une fatigue ou indisposition physique aura tout de suite une répercussion psychologique. L’homme fait des cloisons étanches entre le corps, l’âme et l’esprit c’est pourquoi il ne se connaît jamais aussi bien que la femme, il se frappe davantage quand son corps est malade, il ne comprend pas ses rêves et a peur du mystère de la Vie. La femme, qui est douée de cette compréhension naturelle de la vie et des personnes, est plus sûre d’elle que l’homme. Inversement l’homme ressent, plus ou moins consciemment, un certain sentiment d’infériorité à son égard. C’est pourquoi l’épouse avisée tâchera toujours d’atténuer ce sentiment d’infériorité chez son mari, en lui faisant confiance, en l’admirant, en l’inspirant de son intuition et de son sentiment vital. Inspirer veut dire insuffler à quelqu’un ce qu’il n’a pas.

Voilà quelques traits de caractère des deux êtres qui s’affrontent dans le mariage. Cela signifie qu’ils vont avoir quelque peine à s’entendre, qu’ils vont se reprocher leur « manque de compréhension » ou leur « manque de logique ». Peut-être même qu’ils n’arriveront jamais à se comprendre « parfaitement ». Mais est-ce nécessaire, au fond ? […] Point n’est besoin de se comprendre jusqu’au fond pour s’aimer, pour se compléter, pour former un couple. Aussi bien ces quelques explications n’ont pas pour but d’augmenter nos connaissances psychologiques afin de permettre une pleine compréhension entre mari et femme : à cela des volumes ne suffiraient pas. Elles voudraient simplement montrer au mari que si sa femme pense tout autrement que lui, ce n’est pas par « bêtise », mais parce qu’elle est d’essence différente. Et elles voudraient consoler la femme sur « l’incompréhension » de son mari en lui montrant que la fonction de celui-ci n’est pas de la comprendre parfaitement mais de l’aimer en chevalier.

Dans le couple, dans l’ « être conjugal », le mari est le « chef », c’est-à-dire la tête, la femme est le « cœur »1. Leurs fonctions respectives se distinguent et se complètent en parfaite analogie avec ces deux organes. Le mari regarde et écoute au loin, il parle au nom du couple, il dirige la marche commune ; la femme nourrit et réchauffe toute la famille, sa présence bienveillante est partout ; là où elle manque, on ressent un vide mortel. Mieux chaque époux acceptera sa propre fonction, plus il jouira de la fonction de son conjoint.

La différence entre homme et femme se traduit même dans notre attitude envers Dieu. En effet, Dieu n’a pas créé d’être asexué, mais il a créé l’homme et la femme et il leur parle à chacun différemment. En lisant la Bible, on est frappé de voir combien souvent Dieu « envoie » un homme. Il envoie Moïse, il envoie Gédéon, il envoie Nathan et tous les prophètes ; enfin il envoie Jésus, son Fils, et celui-ci envoie ses disciples « comme des brebis parmi les loups ». Or il n’est jamais dit que Dieu envoie une femme, bien qu’il y ait eu des prophétesses et même, si nous pensons à Déborah, des femmes qui s’entendaient mieux à la guerre que les hommes.

Cet être sans cesse porté au dehors de lui-même, qui cherche toujours à se dépasser, à créer du nouveau, qui poursuit une image intérieure et cherche à la réaliser coûte que coûte, cet être qui est toujours prêt à renier ce qu’il a fait pour inventer du meilleur, cet être fier et inquiet, destructeur et constructeur de villes – l’homme -, Dieu s’en sert pour ses plans. L’homme est comme une flèche dans la main de Dieu. Sa liberté consiste à accomplir Sa volonté. Car tant qu’une flèche repose à terre, elle n’est pas libre, ce n’est que quand elle est envoyée, quand elle vole en l’air qu’elle est vraiment libre. Ainsi en est-il de l’homme.

La femme, au contraire, assiste à la création de Dieu dans son propre sein, dans son enfant. « Elle conserve sa Parole et la repasse dans son cœur.» Sa grande œuvre est simplement de dire oui à Son appel. « Me voici : je suis la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole ! … »

Toutes les énigmes ont des solutions. L’énigme de la femme pour son mari, celle du mari pour sa femme, trouvent leur solution à l’instant où nous nous rendons compte qu’elles ne sont qu’une petite facette d’un grand mystère. Et qu’en vivant le mystère de notre mariage, en le vivant dans tous ses détails quotidiens et charnels, nous participons au grand Mystère dont il est l’image et qui est tout notre salut.

 

Théodore BOVET

 

1 Cf « La tête et le cœur » FA n° 8

 

Deuxième station : Jésus est chargé de sa croix.

           « Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit, » et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra ainsi lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

 

  Après la contemplation du Notre Père et de la Salutation angélique, nous vous proposons celle du Chemin de Croix. Sa méditation, même hors du temps du Carême, est source de nombreuses grâces. Une illustration facilitera le recueillement des plus jeunes.

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Je me recueille quelques instants, et je me mets en votre présence, ô très Sainte Trinité. Je veux rentrer en mon âme comme en un sanctuaire, pour y adorer Votre Divine Majesté, et méditer avec fruit ce moment de la douloureuse Passion de mon Sauveur.

Deuxième station : Jésus est chargé de sa croix.

Composition de lieu

Au milieu des cris de haine de la foule et des invectives des soldats romains, je vois mon doux Sauveur recevoir sur ses épaules ensanglantées par la flagellation, le patibulum, cette lourde poutre de bois sur laquelle seront clouées ses adorables mains.

Corps de la méditation

Le prince des ténèbres se frotte les mains en ricanant : ce Jésus n’est finalement pas si puissant qu’il paraissait : il a suffi d’une nuit de supplices pour le transformer en loque humaine, et à présent, le voilà qui marche, lourdement chargé, vers le supplice réservé aux criminels et aux esclaves. Dans quelques instants, il perdra la vie, après avoir perdu tout honneur, sur son gibet. Quel aveuglement pour celui qui fut l’ange de la lumière, le plus beau et le plus intelligent de ses compagnons ! Il ne voit pas la victoire qui se dessine dans la souffrance, il n’imagine pas un seul instant son Dieu descendre aussi bas pour nous racheter. Il ne comprend pas, en un mot, ce qui pousse Notre-Seigneur à accomplir tout cela : l’Amour !                                                                 

O bon Jésus, vous prenez votre croix, vous l’embrassez, vous l’aimez, malgré les souffrances indicibles qu’elle vous procure ! Cette croix, c’est le sacrifice sublime de votre honneur et de votre vie, pour réparer nos péchés. C’est la preuve de votre amour, pour votre Père et pour nous. Pour votre Père, dont la perfection demandait justice pour nos fautes, et pour nous dont vous avez pris l’humanité pour racheter notre faiblesse. Seul un Dieu pouvait réparer l’offense faite à Dieu !

La croix, c’est l’arme invincible de notre salut, qui  depuis ce jour du Vendredi Saint, a largement fait ses preuves : « Par ce signe, tu vaincras », a lu Constantin dans le ciel un jour de grande bataille. Par ce signe les démons sont chassés, les péchés pardonnés. Nous commençons et nous terminons notre journée par le signe de la Croix, acte de Foi, d’Espérance et de Charité tout en un.

Colloque

O Bon et très doux Jésus, cette croix est mon seul espoir, car c’est le moyen que vous-même avez choisi pour que les portes du Paradis me soient à nouveau ouvertes ! Donnez-moi de comprendre un peu plus l’Amour qui vous a porté à ce sacrifice suprême, et de vous rendre avec reconnaissance tout l’amour que peut contenir mon pauvre cœur. Ma chère Maman du Ciel, et vous mon saint Ange, je me tourne vers vous afin que vous présentiez à mon divin Sauveur ma vie et mon honneur, que je lui offre tout entier et sans retour, par amour.

Germaine Thionville

 

A la découverte de métiers d’art :

Le chantier archéologique de Notre-Dame de Paris

Le 15 avril 2019, chacun vivait avec émotion le terrible incendie qui ravageait Notre-Dame, assistant impuissant à la chute de sa flèche s’écroulant au fond du brasier ardent. Les réactions des autorités politiques et religieuses ne se firent pas attendre et, comme souvent, il y eut polémique, précisément à propos de sa reconstruction. Pourtant, avant de reconstruire, il faut évaluer l’ampleur des dégâts et nettoyer les lieux. Et c’est là qu’interviennent l’INRAP (Institut National d’Archéologie Préventive), le LRMH (Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques), épaulés par de nombreux spécialistes archéologues, historiens ou historiens de l’art de l’Université ou du CNRS. Les ruines fumantes de Notre-Dame devinrent alors un chantier archéologique à ciel ouvert dont l’étude des gravats, devenus vestiges archéologiques, nous dévoile aujourd’hui une part des secrets de cette cathédrale de plus de 800 ans.

 

Une hauteur sous voûte record à l’époque :

Paradoxalement, Notre-Dame, qui attire foule de visiteurs et de fidèles chaque année, a rarement été étudiée, au point que des zones d’ombres demeurent, notamment autour de la prouesse architecturale qu’elle représente. La hauteur des voûtes atteignant les 33,50 m dans la nef, et réputée la plus haute de son temps, demeurait, jusqu’à l’incendie, une énigme. Les portions de voûtes tombées au sol ou partiellement effondrées livrèrent quelques explications en la matière. Véritable manteau de pierre, ces voûtes d’ogive sexpartites de 12 à 15 cm d’épaisseur sont étonnamment fines. Par comparaison, celles de la cathédrale Saint-Étienne de Sens, première cathédrale où la voûte d’ogive sexpartite est utilisée, avoisinent les 30 cm d’épaisseur, soit le double. Plus lourde, la voûte ne peut donc s’élever aussi haut et se contente d’atteindre les 30 m de hauteur. L’architecte anonyme de Notre-Dame de Paris a donc réussi la prouesse d’amincir les voûtes pour dépasser de peu le record de hauteur de l’époque, record qui sera battu ensuite par les cathédrales de Bourges, Amiens et Beauvais.

 

Le puzzle du grand arc doubleau :

Les blocs de pierre tombés au sol, notamment les claveaux composant les arcs doubleaux de la nef, révèlent également les gestes des tailleurs de pierre, les outils utilisés ainsi que l’organisation générale du chantier de construction. Ainsi, afin de limiter les erreurs d’assemblage, chaque face des claveaux était gravée d’une croix ou d’un autre signe qui permettait de reconnaître facilement la face de pose de la face d’attente, visible jusqu’à la pose de la pierre suivante. Les tailleurs de pierre produisaient les blocs en série, mais prenaient soin de préciser leur ordre d’installation aux ouvriers. De même, la taille des pierres impliquait la réalisation d’encoches, utiles pour maintenir avec des perches en bois les arcs une fois montés durant le temps de séchage. Grâce à ces indices minimes, les archéologues sollicités pour le chantier de reconstruction réalisèrent un puzzle géant du grand arc doubleau écroulé de la nef et surent, après maints rebondissements et aidés des nouvelles technologies, redonner sa place à chaque claveau en vue d’une réutilisation pour la reconstruction de l’édifice.

 

Une charpente du XIIIe siècle, témoin de la sylviculture médiévale :

Principale victime de l’incendie, la charpente médiévale, rare survivante du XIIIe siècle, a maintenant volé en fumée. En chêne, elle tenait sa résistance et sa structure aux connaissances médiévales en matière de sylviculture. Contrairement à une idée répandue, les bâtisseurs médiévaux n’ont pas déforesté l’Europe entière pour les besoins de leurs constructions. Bien au contraire, les forêts étaient cultivées en fonction des besoins. Il s’agissait alors de produire des chênes jeunes et fins, adaptés aux besoins des charpentes médiévales. Ceux-ci étaient cultivés en taillis comme la forêt de Gabor (Tarn) en présente encore. Un gros chêne initial était d’abord coupé au ras du sol, puis de cette souche renaissaient 3 à 5 rejets, qui poussaient ainsi ensemble, en compétition et sans lumière latérale. Ils poussaient donc très vite très haut pour avoir de la lumière et ne pouvaient développer de branches latérales en raison de la densité du peuplement de la forêt. En 50-60 ans, il était ainsi possible d’obtenir des arbres jeunes et droits, à partir desquels pouvaient être débitées des poutres solides, longues et de 10 m sans nœuds. Une forêt de 3 à 4 hectares suffisait donc pour approvisionner un chantier.

Puis les arbres, une fois abattus, étaient taillés a minima à la hache en suivant le fil du bois, c’est-à-dire que le cœur du chêne était préservé et que ses sinuosités étaient respectées de manière à conserver la solidité de l’ensemble. Les poutres obtenues étaient ainsi parfois courbes, mais demeuraient robustes et surtout, en raison de la jeunesse de l’arbre abattu, étaient flexibles et résistantes au vent, qualité nécessaire pour une charpente particulièrement pentue comme celle de Notre-Dame. Une véritable osmose existait donc entre les techniques de production, l’ouvrage final et la nature elle-même.

 

Et sous le sol ? 

Le nettoyage entrepris après l’incendie fut évidemment l’occasion d’observer de plus près les vitraux, notamment la superbe rose occidentale qui après nettoyage a retrouvé un éclat oublié. Mais après s’être intéressé au plafond et à tous ses ornements, le chantier archéologique fut l’occasion de fouiller le sol sous le dallage de la croisée du transept, et d’y découvrir non seulement le sarcophage en plomb d’un chanoine du XVIIIe siècle, mais aussi les vestiges de l’ancien jubé médiéval. Celui-ci, probablement érigé vers 1230, représentait la Passion du Christ. Finement sculpté et peint, il clôturait le chœur. Détruit au XVIIIe siècle, ses différentes composantes furent alors précieusement déposées, comme ensevelies au pied du chœur par respect pour leur caractère sacré. Les 500 blocs retrouvés permettront sans doute dans l’avenir de reconstituer au moins en partie ce jubé médiéval qui, jusque-là, ne nous était connu que grâce à des témoignages postérieurs.

La catastrophe de l’incendie hante encore les esprits, et, en attendant la phase finale de sa reconstruction, chacun se demande si Notre-Dame sera toujours la même. À son chevet depuis 2019, toute une équipe de spécialistes a scruté son corps meurtri par les flammes et c’est ainsi que Notre-Dame, avant de renaître tel un phénix, nous livre en brûlant une partie de ses secrets. Son histoire n’est pas encore terminée.

 

                Une médiéviste

 

Mais pourquoi ?

Mais pourquoi ? Pourquoi ? Telle est la question récurrente des enfants de 5 ans qui s’étonnent et s’interrogent à la découverte du monde qui les entoure. Comprendre la cause des choses, reconstituer les liens logiques, ordonner, hiérarchiser est un travail important pour l’enfant et l’adolescent. Tout ce travail d’assimilation, de décantation se fait progressivement et continue bien après à l’âge adulte.

Mais pourquoi ? N’est-ce pas la question que nous nous posons encore régulièrement devant telle épreuve incomprise, telle décision de nos supérieurs, tel évènement extérieur, tel déchirement intérieur ? Comme des enfants, nous attendons, voire nous exigeons une réponse du ciel, nous voulons comprendre, savoir… Nous voulons à tout prix savoir les raisons des circonstances et évènements extérieurs qui nous « impactent » et comprendre le sens de la vie, et l’importance réelle des choses relativement à l’unique essentiel du salut.

Et comme parfois répondent les parents, le ciel nous répond : « Tu comprendras plus tard.» En effet, si nous nous retournons sur l’expérience de notre courte vie, combien de choses n’avons-nous pas comprises avec le temps. Quand on fait l’exercice de prendre du recul et d’observer l’enchaînement des évènements qui ont marqué notre vie, il est parfois fascinant d’observer à quel point la Providence guide toute chose et oriente nos vies vers ce qui est le mieux pour notre salut.

Il est réconfortant de savoir que notre compréhension actuelle des choses qui nous paraît trop limitée peut s’améliorer et s’augmenter au cours de la vie et des évènements que nous vivrons. Il nous faut cependant y mettre du nôtre, et même si nous ne sommes pas assurés du résultat, nous avons obligation de moyens. Seules la méditation et la réflexion, à l’image de la Vierge Marie qui méditait ces choses dans son cœur, peuvent nous permettre, si Dieu nous en fait la grâce, de progresser dans la connaissance et la compréhension des mystères. Et même si cette compréhension augmente avec l’âge, elle restera bien limitée par rapport à celle que nous aurons au Ciel.

Alors, comme un enfant confiant dans ses parents, accepte de s’entendre dire « tu comprendras plus tard », si malgré nos réflexions et méditations nous ne comprenons toujours pas, acceptons avec abandon les desseins de la Providence sur nous sans les comprendre, en sachant, si cela peut nous aider, que nous comprendrons plus tard, en ce monde ou dans l’autre.

 Antoine

1 Somme théologique, Ia IIae q. 13 a.2

 

Les hommes ont besoin de toi !

Ma chère Bertille,

            Il est un sujet dont il faut que je te parle maintenant que tu es étudiante et que tu te trouves au milieu d’un monde qui peut te surprendre. Cela fait quelque temps que je réfléchis sur ce thème qui fait bondir les uns et sourire les autres… Tu as eu maintenant tout le loisir d’observer cela autour de toi et tu te poses la question : ma tenue vestimentaire a-t-elle vraiment un rôle à jouer dans le combat d’aujourd’hui ? N’est-ce pas donner de l’importance à quelque chose de pourtant bien banal ?

 

Considérons d’abord les faits qui sont des réalités que la génération actuelle cherche à nier mais qui n’ont pas disparu pour autant :

Dieu a demandé au genre humain de peupler la terre ; Il a donc donné, aux hommes et aux femmes, des natures complémentaires qui s’attireront mutuellement et cela inévitablement. Il ne faut pas y voir une quelconque obsession ; cela se passe ainsi, c’est un fait.

Dieu a créé l’homme et la femme différents, non seulement dans leurs corps mais dans tout ce qui fait leur caractère (sensibilité, vaillance, attrait des sens, etc.) Il les a faits complémentaires pour qu’ils puissent fonder une famille et que leurs qualités ajoutées les unes aux autres soient le fondement d’un foyer, peuplé de saints.

Depuis quelques années, le monde actuel veut faire disparaître cette différenciation en nous parlant d’égalité, de parité, de liberté de la femme, de partage des tâches, etc. ; et s’attache particulièrement à « déféminiser » la femme en flattant son orgueil et à « déviriliser » l’homme en brisant son autorité et en le culpabilisant.

Ces trois éléments posés te paraissent peut-être complètement indépendants, ils sont cependant intimement liés et doivent te permettre de déterminer un comportement adéquat tant en ce qui concerne le choix des vêtements que l’attitude à adopter au quotidien.

 

En tant que femme, tu as une mission à accomplir chaque jour. Elle se place aujourd’hui sur plusieurs plans :

Quelle que soit ta vocation tu dois respecter et préserver ton cœur et celui des autres. J’imagine que tu aimerais être choisie – par celui que tu veux donner comme père à tes enfants – non pour ton corps mais pour tes qualités personnelles de profondeur, de cœur, de générosité dont tu fais si souvent preuve ? Inutile donc de vouloir troubler les cœurs masculins par ton physique attrayant. Aimerais-tu que ton futur mari te dise qu’il t’a choisie pour le galbe de tes jambes ? On le sait, Dieu l’a voulu ainsi, les hommes sont sensibles aux charmes féminins, mais veillons à ne rien faire qui puisse éveiller la concupiscence. 

Les garçons, sous un extérieur parfois un peu crâne, ont eux aussi, une lutte à mener, un cœur à préserver, une pureté à protéger, une force d’âme à décupler, une imagination à brider… Ne les empêche pas de monter plus haut à cause de ta tenue, de ta coquetterie ou des relations malsaines. Respecte-les ! Ne joue jamais avec les cœurs ! Tu en porterais la responsabilité devant Dieu !

 

L’homme qui méritera de te prendre pour épouse – si c’est ta vocation – saura déceler tes grandes qualités féminines ! Crois-moi, un garçon qui se laisserait influencer par la coquetterie ou la tenue des filles ne serait pas un bon époux pour toi ! Laisse les écervelées se griller les ailes et prie pour elles !

On le sait, depuis toujours les femmes sont le soutien des hommes, aujourd’hui les hommes, ces >>>    >>> garçons, tes amis, ont besoin de ton aide ! Le monde cherche à détruire l’identité de tous et en particulier celle des hommes en s’attaquant à leur virilité ; par faiblesse et manque de personnalité, ils se sont laissé faire presque insensiblement… Partout on entend des « témoignages » de la supériorité de la femme ; on cherche à amenuiser les hommes, à en faire des caractères mous, sans ressort, sans volonté ; on attaque leur pureté avec des publicités innommables, faisant de la femme un objet à acheter. Ne rentre pas dans ce jeu-là, pénètre dans l’arène et aide tes frères, ces hommes qu’on tue à petit feu ! En donnant toi-même l’image d’une jeune fille gaie, pure, habillée avec goût et féminité, déjà tu participeras à l’œuvre de reconstruction ! Que les filles soient habillées en filles, coiffées en filles, se tiennent en filles, qu’elles ne jouent pas de leurs charmes pour avilir l’homme. Elles les aideront alors à être des hommes taillés comme des chefs de famille, au regard pur et à l’âme claire.

 

Tu es irritée par toutes les actualités insensées ? Tu veux entrer en action contre les mauvaises lois, prendre part aux manifestations ? Je le comprends bien, mais n’as-tu pas reconnu là encore un des aspects de l’inversion complète qu’on nous propose aujourd’hui ? N’as-tu pas décelé les intentions perverses de ceux qui veulent détruire la famille en passant par la destruction de la femme, future maman ? Tu as ici une belle occasion de lutte et crois-moi, ce n’est pas une croisade de second plan ! Avec courage, refuse de t’habiller comme un garçon et fais croître tes qualités féminines qui ne sont pas moindres que celles des hommes mais, comme je te l’ai dit, qui sont différentes et complémentaires… De même, ne sois pas une Eve des temps nouveaux qui participe à la décadence de l’homme en le tentant et en jouant de ses faiblesses… Adopte définitivement des tenues décentes (connais-tu l’expression : « Jupe courte, idées courtes ! » et ne parlons pas de ces petits hauts d’été qui ne cachent rien…). Sois au contraire une aide et un soutien pour aider l’homme à retrouver sa dignité !

 

Tes amis auront alors eux-aussi envie d’être des hommes, quittant leurs allures efféminées et désireux de retrouver leur identité pour conquérir celles qui seront redevenues de vraies femmes ! Entraîne tes amies dans cette bataille : à deux, on est plus fort ! Courage ! Il te faudra sans doute faire quelques sacrifices mais plus ils te coûteront, plus ils seront méritoires pour le ciel ! J’ai conscience qu’ils te demanderont surtout un grand combat contre ton amour-propre pour aller à contre-courant, mais avec l’aide de Dieu et de Notre-Dame, je sais que tu en es capable !

 Je t’embrasse très affectueusement,

Anne