Cultiver l’esprit de famille, c’est faire le bonheur de tous !

Lorsque vous atteindrez 20 ans de mariage, vous serez étonnés d’entendre vos enfants partager des souvenirs familiaux qui les ont marqués…

« Te souviens-tu des dîners de retour de pension ? – Oh oui, maman préparait souvent des harengs fumés dans l’huile ou des crevettes. Nous étions contents de nous retrouver ! » ou plus sérieux :

« Et les parents qui parlaient toujours aux nouveaux à la sortie de la messe ? »  « Et quand ils nous racontaient les histoires des arrière-grands-parents ? »

Ces évènements, insignifiants pour les adultes, marquent l’enfance et l’adolescence. Ils enrichissent cet héritage qui fait chaque famille différente des autres par son ambiance, ses coutumes, son histoire, son esprit. Richesse de la famille, une cellule vivante, qui la rend apte à être utile à la société, et qui forme les adultes et les chrétiens de demain.

Le père, appelé à être le guide éclairé et sage de sa famille, a un rôle essentiel pour développer un bon esprit de famille. Pour cela, il travaillera trois éléments essentiels :

 

L’unité dans la famille, image de la Sainte Trinité

L’ambition suprême de l’esprit de famille est d’être l’image de la vie de la Sainte Trinité : une vie d’amour, pleine de respect mutuel, de dévouement ou de sacrifice pour le bien commun sous le regard de Dieu. Vivre en famille dans l’unité, c’est se préparer au ciel où nous vivrons de la vie même de la Trinité Sainte. Les parents doivent être l’image de Dieu le Père, créateur, bon, vrai, juste et miséricordieux ; les enfants l’image de Dieu le Fils, obéissant, dévoué, aimant. S’ils travaillent avec volonté et persévérance à construire et maintenir l’unité dans leur famille, cet esprit d’unité et d’amour sera à l’image de l’Esprit-Saint, la richesse de leur vie de famille, une inspiration et un puissant soutien en toutes circonstances. L’unité de la famille est donc un bien supérieur qui mérite des efforts pour chasser tout ce qui s’y oppose : discordes, égoïsme, jalousies, susceptibilités, irrespect… Quel lieu agréable qu’une famille en paix où l’on sent le bonheur de se retrouver, l’entraide lorsque l’un des membres est en difficulté, l’admiration des qualités des autres, l’oubli de leurs défauts, sauf lorsqu’on peut aider à les corriger !

Se rattacher à son passé, comme levier pour l’avenir

Mettons notre présent en perspective. Il faut « s’efforcer de se remettre en contact avec une tradition vivante, surtout celle de >>>              >>> l’Eglise. (…) On n’ignorera pas, non plus, les richesses du patrimoine national et local, souvent si attirant, plein de sagesse séculaire1 ». Les leçons du passé sont un remède contre le découragement – que de tribulations ont déjà traversées l’Eglise et la France- un encouragement pour l’avenir, une inspiration pour nos actions de chaque jour.

Relions-nous à cette Histoire, par les bons exemples du passé de nos familles. Certains ont la chance d’avoir des ancêtres ou parents, modèles de Foi catholique et de vertu, de dévouement au bien commun, à l’Eglise ou au pays. Qu’ont-ils fait ? Comment se sont-ils distingués de membres moins honorables ?

D’autres familles ont eu des histoires chaotiques ou éloignées de la Foi… Mais si vous lisez ces lignes, c’est que la Providence de Dieu vous a amené à vouloir mener une vie chrétienne, et à chercher le bien de votre famille. Des personnes extérieures, laïcs ou religieux, ont eu une influence à certains moments décisifs. Vous en êtes aussi les héritiers. Qui étaient-ils ? Des vertus naturelles : droiture, honnêteté, travail, sens de la famille, attention aux autres, patriotisme, fierté… existaient certainement chez certains de vos ancêtres. Lesquels ?

L’exemple, le plus précieux des patrimoines

« Le bon exemple est le plus précieux des patrimoines que vous, chers époux, puissiez donner et léguer à vos enfants. C’est la vision ineffaçable d’un trésor d’œuvres et de faits, de paroles et de conseils, d’actes pieux et de démarches vertueuses, qui restera toujours vivante, imprimée dans leur mémoire et leur esprit, comme un des souvenirs les plus émouvants et les plus chers, qui rappellera et ressuscitera pour eux vos personnes aux heures de doute et d’hésitation entre le bien et le mal, le danger et la victoire. Aux heures troubles, quand le ciel s’assombrira, vous leur réapparaîtrez comme un horizon lumineux qui éclairera et dirigera leur chemin2. »

L’exemple incarne les principes et les vertus et les rend accessibles, compréhensibles, imitables. Il est contagieux, il marque les enfants, et plus largement tous ceux que nous côtoyons. 

Le père a un rôle concret à jouer

Il sera déterminant pour mettre en place quelques éléments clés indispensables à un bon esprit de famille. Tout d’abord, il sera le garant de la paix et de l’ordre dans la famille par le respect des lois de Dieu et la bonne organisation de la vie de la maison. Il devra encourager et aider son épouse pour cela, et prendre sa part selon les besoins et ses compétences. A ce titre, il devra aussi lutter contre les vices qui menacent l’unité. Il interviendra pour séparer rapidement les enfants qui se bagarrent, calmer les disputes, et ne tolèrera pas les paroles blessantes ou irrespectueuses entre membres de la famille. Il surveillera le maintien de la pureté et combattra le mensonge. Il apprendra à demander pardon, à pardonner et à faire le premier pas pour apaiser les tensions éventuelles.

Il cherchera à être un exemple par sa vie spirituelle, son amour pour son épouse et sa famille, son expérience et ses connaissances, ses vertus. Malgré ses imperfections, il sait qu’il peut compter sur la grâce de Dieu donnée par le sacrement de mariage.

Qu’il se forme en permanence pour développer ses talents d’éducateur, s’enrichir de l’Histoire, trouver des bons exemples dans sa famille et les partager. Qu’il recherche ce qui élève : la Foi et les œuvres, l’honneur ou la fidélité, la conscience professionnelle, le don de soi et la charité…

Enfin, le père aura souvent un rôle essentiel pour créer des occasions de bons moments en famille, spécialement par les activités et distractions du dimanche. En prenant du temps avec ses enfants le dimanche, il crée des souvenirs marquants et une relation de confiance dans la famille, qui seront des atouts et des joies pour l’avenir !

Quel enjeu et quel rôle enthousiasmant que de développer un bon esprit de famille !

L’esprit de famille, c’est la solidité des bases pour se ressourcer, se guider, porter demain le poids de ses responsabilités, vivre en vrai chrétien, rayonner et changer le monde pour qu’il redevienne une chrétienté ! Cultivons donc ce trésor !

 

Hervé Lepère

 

Châteauneuf-sur-Cher : un sanctuaire marial pour petits et grands

Sise sur un côteau bordé par le Cher, au beau milieu du Berry, la petite cité de Châteauneuf-sur-Cher attire par la hauteur de son clocher, inhabituelle pour une commune rurale d’un petit millier d’habitants. En traversant cette ville de la couronne de Bourges, nul ne peut en effet ignorer l’imposant portail néogothique qui surgit comme de nulle part et révèle l’existence cachée d’une basilique qui y a pris place au XIXe siècle : la basilique Notre-Dame des Enfants.

 

A l’origine, une église en ruine et un curé démuni 

Antérieurement, une église plus ancienne occupait le plateau de Châteauneuf. Sous le vocable de Saint-Éloi, cette première église paroissiale érigée au XIe siècle était, dit-on, déjà en ruine au milieu du XVe siècle. La fonction d’église paroissiale fut donc déplacée en 1452 à un ancien prieuré bénédictin, l’église Saint-Pierre et Saint-Paul. Cette seconde église paroissiale fut pillée lors des guerres de religion par les huguenots qui avaient pris possession du château. Une fois ceux-ci chassés au terme d’une lutte acharnée, une troisième église fut construite, de dimension modeste pour satisfaire provisoirement les besoins du culte. Faute de finance ou de volonté, aucune nouvelle entreprise de construction ne survint et l’église paroissiale de Châteauneuf-sur-Cher demeura telle quelle, d’humbles proportions et semblable à une grange, pendant plus de trois siècles.

 

Vers l’an 1861, un nouveau curé est nommé à Châteauneuf. Il s’agit de M. le curé doyen Jacques-Marie Ducros qui, à son arrivée, déplore l’état misérable de l’église paroissiale. Comme la plupart des églises ayant survécu à la Révolution, celle-ci menaçait de s’effondrer. Issu d’une famille berrichonne très catholique – deux de ses oncles sont prêtres et l’un de ses frères le devint également à sa suite -, l’abbé Ducros s’en remet donc à la Providence divine. Nul ne sait où trouver les fonds nécessaires, ne serait-ce que pour financer les travaux de réfection de l’église qui, de jour en jour, menace de s’écrouler. Les notables de la ville s’associaient pour mettre en commun, la mairie apportait le soutien de l’administration mais les fonds récoltés n’étaient pas suffisants vu l’ampleur des travaux.

C’est alors que le pieux curé eut l’idée de solliciter les enfants, non seulement ceux de Châteauneuf-sur-Cher, mais aussi ceux des villages alentour et de tous les villages de France. Il demanda humblement à chacun « deux sous » pour l’aider à rebâtir son église, en échange de quoi il s’engageait à prier la Vierge Marie à leur intention.

 

Les dons affluent 

L’aumône implorée par le curé Ducros fut publiée en 1865 dans une circulaire diocésaine, et très vite il reçut de nombreux courriers apportant des dons de toute la France. L’un d’eux, signé d’une petite fille de dix ans, originaire de Semur-en-Brionais (diocèse d’Autun), lui souffla le nom de la future église : Notre-Dame des Enfants. Ayant eu vent de la demande, elle avait rédigé la lettre suivante :

« Vous nous annoncez dans votre circulaire, Monsieur le Curé, que le nouveau sanctuaire que vous élèverez sera dédié à Notre-Dame des Enfants. Quel beau nom! La sainte Vierge, invoquée sous ce nouveau titre, se plaira à combler l’enfance des grâces les plus abondantes : combien nous en sommes joyeuses !…»

En dépit du contenu de la lettre, le curé n’avait pourtant mentionné aucun projet sous ce nom dans sa >>> >>> circulaire, il ne s’agissait pour lui que de reconstruire l’église paroissiale en ruine. L’accumulation progressive des « deux sous » venus de toute part et l’arrivée de cette lettre providentielle, l’encouragèrent donc à suivre les directives enfantines si mystérieusement manifestées, et à ériger un sanctuaire marial où les enfants viendraient se placer sous la protection de leur mère du Ciel. C’est ainsi qu’est née la Basilique Notre-Dame des Enfants. Bouleversé par la dévotion simple et innocente que ces enfants manifestaient envers la Vierge Marie, le curé Ducros leur offrit donc un asile, et fonda de surcroît la confrérie Notre-Dame des Enfants destinée à placer les enfants dès leur plus jeune âge sous la protection de la Vierge Marie. Erigée en archiconfrérie en 1870 par le pape Pie IX, elle existe toujours aujourd’hui.

 

Un sanctuaire est né 

Grâce aux dons généreux des enfants, le sanctuaire marial fut construit en moins de quinze ans avant que Léon XIII ne l’érige en basilique mineure le 18 juillet 1896. L’église, construite dans un style néo-gothique, s’impose par ses dimensions : 80 m de long, 21 m sous voûte. A l’extérieur, d’imposantes statues encadrent le portail occidental. Parmi les saints représentés on retrouve sainte Solange, patronne du Berry, mais aussi d’autres saints universels qu’une histoire relie aux enfants, tels que le saint curé d’Ars indiquant le chemin du ciel au petit qui lui avait montré le chemin d’Ars, saint Vincent de Paul qui œuvra tant pour les orphelins, ou encore le grand éducateur qu’était saint Jean-Baptiste de la Salle.

A l’intérieur, la haute nef voûtée d’ogives mène directement à une chapelle, cachée derrière le chœur, où trône la statue de Notre-Dame des Enfants. La Vierge Marie, entourée des tout-petits ou des plus grands lui amenant leurs cadets, étend les bras sur eux, thématique que l’on retrouve également sur les bas-reliefs de l’autel ou sur les vitraux, etc… Les murs des bas-côtés quant à eux sont tapissés d’ex-voto attestant des nombreuses grâces obtenues aussi bien par les petits que par les grands. Le tout constitue un espace immense doté d’une chaire imposante du haut de laquelle on imagine facilement les prêches mémorables des curés, évêques ou archevêques venus visiter ce lieu, où les vitraux narratifs perpétuent la catéchèse en image.

La dévotion mariale qui soufflait alors sur la France, durement éprouvée par les guerres et l’instabilité politique, permit à une ville sans ambition et dont l’église était dépourvue de tout apparat, d’accueillir un sanctuaire marial d’envergure alors qu’aucune apparition n’y était rapportée et qu’aucun grand saint ne s’y était illustré historiquement. Hormis la dévotion mariale préexistante, – la libération de la ville lors des guerres de religion est localement attribuée à l’intercession de la Vierge -, rien ne laissait présager un tel avenir. Tout est parti d’un curé qui, comme celui de Pontmain, vénérait profondément la Vierge Marie et qui, pour faire face aux travaux de son église, décida de s’en remettre à la générosité des plus petits de ses paroissiens. Et c’est ainsi que la Vierge exauça les vœux d’une ville qui, pendant des siècles, la priait humblement dans une grange, guère plus luxueuse que l’étable de Bethléem. Ces enfants qui, par leur modeste pécule, obtinrent des adultes de leur temps l’érection d’une telle basilique, nous rappellent qu’en ces temps de misère religieuse où nombre d’églises rurales disparaissent ou menacent de s’écrouler, rien ne sera possible qu’avec la Foi et surtout avec le Rosaire.

Une médiéviste

 

Actualités culturelles

  • Versailles (France, Yvelines)

Depuis le 30 mai dernier, le château de Versailles a ouvert son « jardin du parfumeur », situé dans le domaine de Trianon. Il ne s’agit pas là de reconstituer fidèlement un espace existant du temps des rois, mais plutôt d’évoquer le souvenir des jardins du Trianon de porcelaine (devenu Trianon de marbre en 1687), pourvus de nombreuses essences odoriférantes. Au temps du développement spectaculaire du monde du parfum (XVIIe-XVIIIe siècles), ces espaces fleurissaient toute l’année. Le nouveau jardin des parfumeurs vous plonge dans un environnement paré de près de 300 plantes utilisées en parfumerie ; on y trouve aussi bien des plantes dont le parfum peut être extrait tel quel (rose, jasmin, jonquille, lavande, fleur d’oranger) que des plantes muettes (dont le parfum ne peut être extrait et doit donc être reconstitué artificiellement : jacinthe, pivoine, violette). Vous pourrez également profiter d’une exceptionnelle allée fleurie de cerisiers du Japon… En route pour une visite olfactive inédite !

 

  • Paris (France)

Jusqu’au 29 janvier prochain, ne manquez pas de découvrir l’exposition Le trésor de Notre-Dame de Paris des origines à Viollet Le Duc présentée au Louvre. Attesté dès le VIe siècle, le fameux « trésor » de la cathédrale s’est enrichi au fil des siècles avant de disparaître au cours d’une nuit d’août 1792, en raison de la nationalisation des biens du clergé et de la confiscation des objets de culte. C’est au XIXe siècle qu’il connaîtra un nouveau développement, en particulier sous le Second Empire : c’est en effet dans ces années que Viollet-le-Duc apportera de nouvelles richesses et remettra à l’honneur ce trésor, pour la conservation duquel il ira jusqu’à construire un bâtiment néogothique (actuelle sacristie de la cathédrale). A travers une centaine d’œuvres exceptionnelles, mais aussi de documents inédits (gravures, manuscrits, inventaires, peintures), le Louvre retrace l’histoire du trésor de Notre-Dame depuis les temps mérovingiens. Cet ensemble exceptionnel, composé entre autres de reliques insignes telles que la Couronne d’épines, des clous et des morceaux de la Croix, rejoindra ensuite la cathédrale en vue de sa réouverture en décembre 2024.

 

  • Rome (Italie)

Bonne nouvelle pour les visiteurs de Rome ! La fameuse Area Sacra située sur le Largo di Torre Argentina est désormais accessible au public. Remis à jour lors de travaux d’aménagement du quartier entre 1926 et 1929, cet espace représente le plus grand complexe de l’époque républicaine actuellement visible. On y trouve les vestiges de quatre temples construits entre les IVe et Ier siècles avant notre ère (époque républicaine, parmi les monuments les plus anciens de Rome) ; c’est également là que se trouvait l’emblématique Curie de Pompée où fut assassiné Jules César. Jusqu’à présent, on ne pouvait qu’admirer de loin cet ensemble, penché au-dessus des barrières le surplombant depuis la rue. C’est pourquoi la ville de Rome mène depuis deux ans des travaux de réhabilitation afin que les visiteurs puissent « se promener dans l’Histoire » selon les mots de la maire du lieu. C’est aujourd’hui chose faite puisque, depuis le mois de juin, le public peut déambuler sur l’aire sacrée grâce à un système de passerelles : un véritable musée à ciel ouvert !

 

  • Bad Ems (Allemagne)

Des fouilles menées près de la ville de Bad Ems en Allemagne ont mené les archéologues à la découverte de vestiges d’un système défensif romain évoqué par César lui-même dans La Guerre des Gaules ! Retrouvée dans le sol de la montagne Blöskopf (Rhénanie-Palatinat), cette construction est constituée de pieux de bois pointus, doublés de fossés. On en retrouve la description dans les écrits de César mais aucune trace n’avait été identifiée jusque-là. Une pièce de monnaie datant de l’an 43 avant J.-C. confirme bien que ce dispositif a été mis en place au Ier siècle. Dans cette même zone avaient été découverts en 2016 les vestiges de deux campements romains, probablement installés là en vue d’extraire du minerai d’argent (qui ne sera réellement dégagé que bien des années plus tard, les Romains n’ayant pas creusé assez profondément) ; situé au niveau de la frontière nord de l’Empire romain, ces installations nécessitaient un système de défense perfectionné.

 

Lumière de septembre

Dès la fin août, la lumière est moins vive, bien que toujours présente, les ombres s’allongent dans une nostalgie paisible.

En septembre, le soleil pare d’or maisons et jardins pour tout présenter avec élégance, comme l’on peint un tableau, sans couleurs vives, mais adoucies. Les fleurs retrouvent la force de repartir après les ardeurs de l’été, et certaines aux teintes délicates n’apparaissent qu’à cette saison.

  Douceur de septembre.

 

Beauté de ce mois qui nous introduit peu à peu dans l’automne, nous prépare doucement au sommeil de l’hiver. Rien n’égale la beauté de ces journées, prolongement de l’été mais sans sa force parfois violente.

Heures où la rentrée s’avance avec les souvenirs des vacances qui furent l’occasion des retrouvailles familiales, et de repos pour repartir plein d’entrain.

  Douceur et élan de septembre.

 

Celles-ci nous ont laissé des souvenirs qui imprègneront la mémoire des petits pour y créer des rituels charmants et rassurants, aidant à la construction des jeunes âmes. Chaque famille connaît ces petites habitudes, chacune a les siennes, elles sont un signe de reconnaissance et se gardent en mémoire jusqu’au bout, et à travers les générations.

  Douceurs de la mémoire familiale.

 

Cependant la nostalgie des bons souvenirs n’est pas utile, si ceux-ci restent enfouis sans être transmis. Que sera cette nouvelle année de reprise des activités si nous n’essayons pas de garder le meilleur, en le faisant grandir, en le dégageant de ce qui est moins noble ?

L’esprit de famille se recueille mais se perfectionne aussi parce que chacun y apporte le meilleur de soi.

Foin des petites rancœurs face aux défauts que chaque famille possède souvent sans s’en rendre compte, voisinant avec de belles qualités. Pardon pour ne pas crisper les générations sur des disputes.

Oubli de soi, ne pas s’attarder sur les imperfections, les agacements des caractères, mais dans les difficultés rencontrées, se hâter pour rendre service ou faire une visite, comme Notre-Dame à sa cousine Elisabeth, à ceux qui sont seuls ou dans la peine.

  Douceur et bonté en famille.

 

Bien souvent notre jeunesse nous suggère d’aller voir ailleurs, de prendre le large, vent de liberté qui nous susurre à l’oreille les plus belles rencontres. Mais que d’illusions parfois… Si nous avions su…

Les difficultés nous ramènent auprès des nôtres, presqu’invariablement, et ceux-ci doivent alors être comme le père de l’enfant prodigue de l’Evangile si nous avions rompus, ou pleins de tendresse pour nos chagrins.

  Douceur des cœurs en famille.           

 

Douceur de ces moments, de ces lumières qui sont un pâle reflet de la bonté divine, de la tendresse de Dieu qui comme un Père nous donne à travers son Eglise un esprit de famille, et nous demande la charité fraternelle.

Esprit de famille qui nous lie aussi les uns aux autres par le baptême, en attendant notre union totale dans la Lumière sans fin.

  Douceur de Dieu.

          Jeanne de Thuringe

 

Le mot de l’aumônier

L’esprit de famille

Bien sûr, lorsqu’on lit les ouvrages de la Comtesse de Ségur, « Les vacances », « Les petites filles modèles » par exemple, on peut se dire avec nostalgie que, à d’autres  époques et dans certains milieux, il était tout de même plus aisé de former et de transmettre l’esprit de famille.

Qui pourrait le nier ? Une jolie propriété ancienne où la même famille vit depuis des siècles ; un passé familial dont les pages, parfois glorieuses et édifiantes, sont connues et servent de référence ; des meubles, des bibelots, des tableaux, des portraits auxquels sont attachés tant d’anecdotes pittoresques, amusantes ou dramatiques ; un parc dont les cachettes et les secrets avaient déjà fait le bonheur des arrière-grands-pères ou des arrière-grands-mères ! Et cette chapelle sous laquelle sont enterrés les ancêtres et dans laquelle tant de messes ont été célébrées et tant de prières se sont élevées à l’occasion de ces événements qui jalonnent l’histoire d’une famille : baptêmes, mariages, enterrements. Une telle propriété était comme l’incarnation d’une famille et restait pour tous le point de ralliement et la robuste racine qui ancrait ses membres sur tel arpent de la terre de France.

Il n’est guère besoin d’épiloguer longtemps sur la prolétarisation des Français. Comprenons bien qu’elle est idéologique, recherchée pour elle-même au nom des idéaux révolutionnaires. Il s’agit de protéger tout individu venant en ce monde des influences néfastes qui viennent de la société. Pour qu’il soit libre, il faut le défendre de l’Église, de sa famille, des traditions et de tout enracinement. Tout est donc conçu, savamment pensé, traduit dans le Code Civil, pour anéantir la société d’autrefois qui était si forte de ses corps intermédiaires. Le bonheur surviendra quand chacun, arraché par l’Etat à la mamelle, sera éduqué par lui et vivra dans le refus de tout engagement profond, dans une existence de relations éphémères, sans jamais rien construire. La famille doit donc, en particulier, disparaître.

Dans ces conditions révolutionnaires, reconnaissons qu’il est bien plus difficile de transmettre l’esprit d’une famille. Toutefois, il ne faut jamais baisser les bras, et il faut affirmer que, même dans ces conditions si défavorables de la modernité, l’esprit de famille peut étonnamment subsister.

Il est fondé, dans les milieux catholiques fidèles à la Tradition, sur un ensemble de considérations dont voici quelques-unes :

– Conscience de la grâce d’avoir gardé ou retrouvé la Foi en ces temps d’apostasie ;

– Volonté de fonder sa famille dans la Foi et de faire tous les sacrifices nécessaires pour la transmettre aux enfants ;

– Acceptation courageuse de vivre à contre-courant de ce monde corrompu ;

– Fierté de maintenir et de transmettre l’héritage catholique et français, coûte que coûte ;

– Foi en ce que Dieu n’a pas dit son dernier mot, que nous devons être ses soldats chaque jour de notre vie et que nous devons rayonner autour de nous pour faire connaître nos trésors ;

– Possibilité, pour ceux qui le peuvent, de retourner à la terre, ainsi que le conseillait Monseigneur Lefebvre, il y a déjà presque cinquante ans ;

– Amour de la France, terre catholique et terre de nos aïeux.

Il est évident que la détermination à vivre dans cette orientation résolument catholique et française ne manquera pas de susciter, dans les familles, là où elle existera, un esprit excellent qui marquera tous ses membres à vie.

S’il est vrai que l’époque de la Comtesse de Ségur est révolue, et que l’on veut nous faire entrer dans celle de la dissolution de la famille, enracinons-nous dans la Foi pour garder nos familles fortes, fierté de l’Église, pépinière de vocations et espérance de résurrection.

 

Je bénis vos familles et les confie au Cœur Douloureux et Immaculé de Marie.

 

R.P. Joseph