Dieu et César, à chacun ce qui lui revient –

A propos de la polémique sur le secret de confession

           L’actualité liturgique et sociétale de cet automne 2021 est largement consacrée aux relations entre l’Eglise et l’Etat. L’évangile du 22ème dimanche après la Pentecôte rappelle le précepte rendez à César ce qui est à César, mais à Dieu ce qui est à Dieu tandis que, le dimanche suivant, jour de la fête du Christ-Roi, l’Eglise proclame la royauté sociale de Jésus-Christ qui est l’antithèse du laïcisme. Nous pouvons y voir les réponses catholiques à certaines recommandations de la Commission Sauvé sur les abus dans l’Eglise et aux déclarations de plusieurs hommes politiques français qui, en demandant à celle-ci d’introduire des exceptions au secret de la confession, veulent promouvoir la supériorité de la loi civile sur la loi religieuse, fût-elle d’origine divine. Ce principe erroné, qui sous-tend la récente loi confortant le respect des principes de la République, pourrait, en effet, servir de fondement à une remise en cause du secret de la confession, et, peut-être même un jour, d’autres règles canoniques en vigueur dans l’Eglise.

  L’importance que l’Eglise attache au secret de la confession est suffisamment connue pour qu’il ne vaille pas la peine de s’y étendre : le concile de Latran IV, réuni en 1215, l’a proclamé de façon solennelle en même temps qu’il instituait l’obligation de la confession annuelle. Plus récemment, le code de droit canonique de 1917 affirme que « le secret sacramentel est inviolable ; c’est pourquoi le confesseur veillera diligemment à ne pas trahir le pécheur ni par parole, ni par signe, ni d’une autre façon pour n’importe quel motif ». Aucune exception ne peut donc justifier la levée du secret et ce, que le confesseur ait donné ou non l’absolution au pénitent. Ces règles ont été maintenues dans le nouveau code de 1983.

  En droit laïc français, le secret de la confession est placé sous le régime du secret professionnel et est protégé à ce titre. Le principe même d’un secret professionnel est nécessaire au bien commun et doit être respecté en particulier par les médecins, les notaires, les avocats, les militaires, ainsi que certains fonctionnaires et salariés. La formulation de l’article 226-13 du code pénal est très large et vise la révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire soit par état ou profession, soit en raison d’une fonction ou d’une mission temporaire. Ce délit est sanctionné par une peine d’un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. Cette interdiction de révéler le secret s’applique aux membres du clergé puisque deux arrêts rendus par la Cour de cassation en 1810 et en 1891 ont inclus le secret de la confession dans le secret professionnel tel qu’il est défini dans le code pénal. Un arrêt beaucoup plus récent, rendu en 2002, rappelle l’obligation imposée aux ministres du culte de garder le secret dont ils ont connaissance dans l’exercice de leur ministère, ce qui est plus large que la communication d’une « information » par le pénitent au confesseur pendant le sacrement de la pénitence qui seule bénéficie de la protection édictée par le code de droit canonique.      

  Une dérogation à la règle du secret est prévue pour donner à son détenteur la possibilité de s’en libérer afin de lui donner la faculté de dénoncer aux autorités certaines atteintes ou mutilations imposées à un mineur. Il ne s’agit en aucun cas d’une obligation mais d’une simple possibilité alors qu’une dénonciation est obligatoire pour les personnes qui ne sont pas soumises au secret professionnel et qui viendraient à avoir connaissance de tels faits. L’obligation de dénonciation s’efface alors devant le secret professionnel mais peut justifier une exception à celui-ci. Autrement dit, la loi civile permet, dans certaines circonstances, au prêtre de dévoiler le secret dont il est dépositaire, sans qu’il soit obligé de le faire, alors que la loi ecclésiastique l’interdit dès lors que les faits lui ont été révélés dans le cadre du sacrement de pénitence.    

  La loi ecclésiastique et la loi civile sont donc parfaitement compatibles et les deux condamnations d’évêques français prononcées au XXIème siècle pour non-dénonciation d’atteinte sur mineurs ne remettent pas en cause cette appréciation. Le 4 septembre 2001, Mgr Pican, alors évêque de Bayeux-Lisieux, a été condamné à trois mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Caen pour ne pas avoir dénoncé un prêtre de son diocèse coupable d’abus sur mineurs. C’était la première condamnation d’un évêque français en matière pénale depuis la Révolution de 1789 et la première en Europe pour un ecclésiastique de ce rang. Le jugement retient que l’évêque s’est abstenu de dénoncer les faits commis par un prêtre de son diocèse dont il était le supérieur hiérarchique. Pour le tribunal, l’option de conscience, tirée du secret professionnel, ne pouvait s’appliquer dans le cas d’espèce car l’évêque avait eu connaissance des faits non seulement en dehors de toute confession mais grâce à une information que lui avait transmise le vicaire général du diocèse, lui-même alerté par la mère de l’enfant. Le jugement applique la notion de secret professionnel aux faits révélés directement par la personne concernée et portant sur sa propre histoire. Pour mesurer le chemin parcouru depuis 2001, rappelons seulement que Mgr Pican est resté en fonction à la tête de son diocèse jusqu’en 2010, année pendant laquelle il a atteint la limite d’âge qui s’applique à l’épiscopat, et qu’il a même reçu une lettre de félicitations du cardinal Castrillon Hoyos, préfet de la congrégation du clergé, pour ne pas avoir dénoncé un de ses fils à l’autorité civile.  

  Le 22 novembre 2018, Mgr Fort, évêque d’Orléans au moment des faits, a été condamné à huit mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel d’Orléans pour non-dénonciation d’atteintes sur mineurs commises par un prêtre de son ancien diocèse dont il avait été informé par un courrier que lui avait envoyé la victime. Il faut noter dans le second cas une sanction plus sévère que dans le premier cas de dix-sept ans antérieur. En outre, même si cette circonstance n’entre pas dans la définition du délit reproché, dans ces deux affaires, les évêques avaient maintenu dans leurs fonctions ou dans des fonctions exposées aux mineurs les prêtres en question.       

  Le rapport de la commission Sauvé, mise en place par l’épiscopat français pour enquêter sur les abus sur mineurs commis par certains clercs, qui propose de faire évoluer la législation de l’Eglise sur le secret de la confession, ne laisse pas de surprendre et d’inquiéter. L’objectif poursuivi par les auteurs du rapport est, en obligeant les confesseurs à révéler ce type d’actions, d’en prévenir leur commission à l’avenir. Divers Etats fédérés américains et australiens ont engagé des réformes qui obligeraient le prêtre à violer le secret de la confession à cette fin.  

  De surprendre, car le secret de la confession non seulement garantit la liberté de la personne dans sa relation à Dieu mais est également une condition de la sincérité dans l’accusation. Une telle mesure serait sans effet pratique car il est déjà peu probable que les auteurs de ces délits s’accusent de ces délits à des prêtres qui les connaissent et il est à peu près certain qu’ils le feraient encore moins s’ils n’avaient plus la garantie du secret absolu de leur accusation, sauf peut-être s’il s’agissait d’une confession in articulo mortis qui serait sans effet sur le plan des poursuites pénales.

 

  D’inquiéter car une telle législation si elle était mise en place serait un grave empiètement de l’Etat dans le libre exercice du culte. De séparée de l’Etat, l’Eglise deviendrait subordonnée à celui-ci. On en revient aux paroles de Clémenceau parodiant au début du siècle dernier le précepte évangélique rendez à César ce qui est à César et tout est à César. L’on pourrait même craindre d’autres incursions du pouvoir temporel dans le pouvoir spirituel. Pourquoi les pouvoirs publics ne demanderaient-ils pas aux associations à objet religieux et à statut civil, et même aux associations cultuelles, d’introduire la parité entre hommes et femmes dans leurs organes d’administration ? Le fait que les femmes ne puissent accéder au sacerdoce ne constituerait-il pas une discrimination injustifiée dont les pouvoirs publics devraient s’émouvoir et qu’ils pourraient sanctionner ? Qu’en sera-t-il de la prédication concernant certains actes contre nature interdits par la loi ecclésiastique et autorisés, pour ne pas dire plus, par la loi civile, voire même de l’interdiction en elle-même de certaines pratiques ?  Nous ne sommes évidemment pas parvenus à un tel stade mais il convient de rester vigilant. Les réactions timides, tant de la conférence épiscopale française que du Vatican, sur l’éventualité d’une levée du secret de la confession par les pouvoirs publics de notre pays ne sont guère encourageantes, surtout après la reconnaissance par les évêques français de la responsabilité institutionnelle de l’Eglise dans les dérives de quelques-uns de ses fils.    

  Cela dit, il faut bien admettre qu’en se limitant à demander aux Etats, au nom du principe de la liberté religieuse affirmé par le concile Vatican II, la seule protection du droit commun et en refusant par principe tout statut protecteur qui lui soit propre, l’Eglise catholique s’est considérablement affaiblie à l’égard des autorités publiques. De même que, chez beaucoup de catholiques et pas seulement chez les laïcs, la foi tend à devenir une opinion comme les autres, l’Eglise est considérée comme une institution, voire même une association, comme les autres à laquelle le pouvoir civil peut, sans ménagement, imposer sa loi en fonction des idées et des majorités politiques du moment.            

  Nous sommes loin de la royauté sociale du Christ qui soumet à la loi divine les individus et les sociétés, y compris les Etats. Un jour viendra où l’ordre voulu par Dieu sera rétabli mais il n’est pas de victoire sans combat.  

Thierry de la Rollandière

 

Ainsi soit-il

           « Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit », et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra ainsi lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

 

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  La belle prière du Notre Père, qu’on appelle aussi l’oraison dominicale, car elle s’adresse au Seigneur (Dominus), s’achève par ces trois petits mots : ainsi soit-il. C’est par cette courte phrase que se terminent la plupart de nos prières montant vers le Ciel. C’est le résumé de la prière, le condensé de notre appel implorant vers notre père, le dernier « s’il vous plaît Papa » qu’on implore.

 

  Ainsi soit-il, c’est un acte de confiance, et l’expression de mon ardent désir d’être exaucé. Oui, mon très cher Père, je veux, à la suite de votre Fils Jésus qui m’a enseigné cette prière, faire monter jusqu’au Ciel toutes les demandes que contient le Notre Père. Oui, je veux sanctifier votre nom et obéir à vos commandements pour que votre règne arrive ; et pour cela je réclame votre assistance et votre miséricorde. Je m’abandonne à vous, qui avez voulu que je vous parle ainsi, et puisque c’est la prière que vous avez choisie, et que vous préférez entre toutes, j’aimerais à la redire sans cesse, tout particulièrement au cours de mon chapelet, mais aussi dans la journée, au milieu de mes jeux ou de mes devoirs. Je veux me rappeler que vous êtes toujours là, près de moi, et que vous voyez chacune de mes actions et lisez chacune de mes pensées. Vous êtes le Père auquel je ne peux et ne veux rien cacher, et je désire ardemment que mon cœur soit toujours en ordre afin que vous aimiez vous y reposer et me combler de votre amour.

 

  O mon Père, comme je vous aime ! « Vous avez songé à moi de toute éternité, vous m’avez tiré du néant, vous avez donné votre vie pour me racheter, et vous me comblez encore tous les jours d’une infinité de largesses. Hélas, Seigneur, que puis-je faire en reconnaissance de tant de bontés ? » (Prière du matin, livre bleu) Vous n’aviez pas besoin de moi pour être heureux, mais pour mon bonheur vous m’avez créé ! En revanche, moi, j’ai besoin de vous, mon bonheur n’est qu’en vous. Par le baptême vous avez fait de moi votre enfant, alors gardez-moi bien près de vous, et si je tombe relevez-moi bien vite afin que je ne me perde pas loin de vous.

 

  Je sais que vous écoutez ma prière, et qu’en ce moment-même où je vous parle l’Esprit-Saint me couvre de grâces. Faites, ô mon Père, que je n’en perde pas une seule, et que les instants où je récite le Pater soient de vrais moments d’intimité avec vous, c’est-à dire des moments où mon cœur se plonge dans le vôtre pour mieux vous connaître, vous adorer, et vous aimer. Demandez et vous recevrez, a dit mon Sauveur Jésus, alors je crois fermement que vous m’accorderez les grâces que je vous demande dans le Notre Père, car c’est ainsi que vous voulez que je vous implore, et c’est ainsi que vous m’exaucerez. Par ces mots « ainsi soit-il », vous voulez que ma prière devienne impérieuse, comme l’expression d’une confiance absolue qui ne saurait être trompée. Vous voulez vous soumettre à la prière amoureuse de votre enfant, pourtant bien ingrat, et c’est là une marque de plus de la grandeur de votre amour pour moi. Qui suis-je, pour intimer ma prière au Maître de l’univers ? Et comment oserais-je à présent prononcer ces quelques mots à toute vitesse, sans y prendre garde ?

 

  Je me tourne vers vous, ma bonne Maman céleste, pour implorer votre aide, ainsi que celle de mon ange gardien, afin de m’appliquer dorénavant à réciter pieusement cette magnifique prière. Si tous les enfants de la terre disaient chaque jour avec application et amour un seul Notre Père, il est bien sûr que la face du monde changerait ! « Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. » Ainsi soit-il.

 

Germaine Thionville

 

Actualités culturelles

 

¨ France (École de Fontainebleau)

Peinte au début du XVIe siècle, La Joconde de Léonard de Vinci a connu de nombreux admirateurs et donc de nombreuses copies. L’une d’elle, datée de 1600 environ et attribuée à l’École de Fontainebleau, a dernièrement été mise au jour en vue d’une vente aux enchères : la fidélité à l’œuvre de Léonard est exceptionnelle et permet de se faire une idée des couleurs initiales de la peinture du maître. Comme quoi, les copies peuvent devenir de bien précieuses sources archéologiques !

 

¨ France (Château de Chambord)

200 ans après sa première ouverture au public – en 1821-, le château de Chambord propose une exposition permanente d’envergure : inaugurée depuis le 21 novembre dernier, celle-ci retrace l’histoire de la demeure au cours de la Seconde Guerre Mondiale. De 1939 à 1945, le château a en effet été transformé en dépôt pour les œuvres des collections nationales, parmi lesquelles La Joconde et bien d’autres. Un pan souvent méconnu de l’histoire de ce château auquel nous devons la conservation de nombreux trésors français.

 

¨ Angleterre

En 2019, un antiquaire britannique achète pour 75 livres sterling – c’est-à-dire une centaine d’euros – un objet qu’il pense avoir appartenu à la famille royale d’Angleterre. Il s’agit d’une petite figurine d’oiseau en bois, recouverte de feuille d’or. Après deux ans de recherches acharnées, l’antiquaire a finalement découvert avec surprise que l’objet avait en réalité appartenu à Anne Boleyn, seconde épouse d’Henri VIII (roi de 1509 à 1647). Cette découverte multiplie la valeur de la statuette, aujourd’hui estimée à 200 000 livres sterling – c’est-à-dire environ 270 000 €. Le plus cher désir du propriétaire est de voir cet oiseau rejoindre sa place initiale, à Hampton Court.

 

¨ France (Amiens)

Suite à un appel aux candidatures – auquel ont répondu 72 collectivités -, c’est la ville d’Amiens qui a été choisie par la BnF (Bibliothèque nationale de France) pour installer son Conservatoire national de la Presse ainsi que le centre de conservation de ses collections. Ce ne sont pas moins de 300 000 titres du XVIIe au XXIe siècles qui seront accessibles à Amiens à partir de 2028 : cela correspond à l’une des collections de presse les plus anciennes et les plus riches au monde.

 

¨ France (Paris)

Connaissez-vous les fameuses Halles Baltard de Paris, construites en 1857 ? Espace central de la vie parisienne à partir du XIXe siècle, les Halles ont malheureusement été détruites dans les années 1970 : c’est tout un pan de l’histoire de la capitale qui disparaît avec ce bâtiment plus qu’emblématique. On n’en conserve aujourd’hui que le nom avec le « quartier des Halles », mais aussi ces deux plaques de bronze circulaires découvertes récemment dans une demeure du Val-de-Marne (elles avaient disparu depuis 50 ans) : l’une est gravée aux armes de Paris, tandis que l’autre présente l’allégorie de la moisson. Précieux vestiges d’un temps révolu !

 

Retraité ou inactif ?

           Patrice était un professionnel en vue, avec de grosses responsabilités, des voyages d’affaires variés et un réseau impressionnant entretenu avec talent. A fond dans son travail jusqu’au dernier jour avant sa retraite.

           Un mois après sa retraite, Patrice déprime. Le téléphone, le mel, les réseaux sociaux ne le sollicitent plus comme avant. Un mois plus tard, crise cardiaque… C’est l’heure du repos éternel. « Le pauvre, il n’aura pas profité de sa retraite… » diront ses anciens collègues.

 

L’importance d’une vie équilibrée

  La vie de Patrice n’était remplie que de ses activités professionnelles et mondaines. A sa retraite, elle est devenue vide…

Ce cas extrême mais réel illustre l’intérêt d’avoir, à tout âge, une vie équilibrée entre nos différents devoirs d’état : travail, famille, rôle social ; et de préparer sa retraite le moment venu.

Nous vieillirons comme nous aurons vécu… Le dosage entre les activités changera, mais il sera beaucoup plus difficile de démarrer la récitation du chapelet ou le militantisme le jour de notre retraite si nous n’avons jamais rien fait de ce genre avant ! Nous n’aurons ni le goût, ni le temps, ni le réseau de contacts pour y arriver !

A contrario, si nous avons cherché l’équilibre dans les phases précédentes de notre vie, nous trouverons un nouvel élan et de nouvelles motivations en arrivant à la retraite.

 

Le rôle de la retraite

  Pourquoi utiliser le même mot pour la retraite professionnelle et la retraite spirituelle ?

Peut-être pour montrer que la retraite professionnelle doit aider à se détacher du monde (professionnel avec ses gloires) pour se rapprocher de Dieu, c’est-à-dire consacrer du temps à l’amour de Dieu et à l’amour du prochain, puisqu’ils forment un seul et même commandement.

Pour cela, certains conseillent de partager sa retraite en trois tiers : le service des autres, son conjoint et la famille, des activités que nous aimons et n’avons pas eu le temps de faire jusque-là.

  Autrefois, la retraite était l’âge de la transmission du savoir-faire associé à l’exploitation agricole, au commerce, à la charge ou à l’entreprise familiale. La force physique diminuant, le chef de famille chrétien avait le souci de s’effacer progressivement, tout en partageant son expérience et en enseignant aux plus jeunes, les savoirs et les gestes clés. A l’âge de la retraite, retrouvons cette joie de la transmission et la satisfaction de voir nos « élèves » dépasser leur maître en améliorant ce qu’ils ont reçu et en innovant.

 

Pas de catastrophisme !

  « De toute façon, dans 30 ans, il n’est pas certain que nous ayons une retraite ! » diront les jeunes. Notez que c’est déjà ce qui se disait il y a 30 ans…

« La réforme des retraites, une urgence », « la retraite à 67 ans »… Les journaux et les politiques focalisent l’attention sur le nombre de trimestres, l’âge légal, les régimes spéciaux…Tous sujets intéressants mais anxiogènes et exclusivement matérialistes qui pourraient nous détourner du sens chrétien de la vie et des vrais enjeux.

La réussite de notre vie, et de notre retraite, ne se mesure pas à la taille de notre compte en banque ou de notre pension de retraite… Bien sûr, certains auront plus de difficultés que d’autres, mais nous croyons à la Providence. La Charité chrétienne qui s’exerce dans les familles et les paroisses complèteront, si besoin, les nombreux dispositifs d’aide officiels.

N’oublions pas non plus que le système de retraite par répartition que nous connaissons aujourd’hui n’a été mis en place qu’en 1945 ! D’autres systèmes d’entraide ou de capitalisation existaient avant la guerre et pourraient exister demain.

Puisque nous ne pouvons pas prédire l’évolution politique de ces systèmes, vivons avec les grâces de l’instant présent et pratiquons néanmoins une gestion prudente de notre argent, avec un minimum d’anticipation du long terme1. Ainsi ceux qui le peuvent, n’hésiteront pas à devenir propriétaire de leur logement. Il sera une sécurité pour la famille puis pour les jours de la retraite !

 

Mode d’emploi des retraités

  Pour les enfants, les associations, les paroisses, les retraités sont une mine d’or à condition de respecter quelques règles de bon sens.

Ne confondons pas grands-parents et baby-sitters, sauf coups durs temporaires ! Même si les grands-parents sont contents de soulager leurs enfants, leur rôle ne doit pas être uniquement utilitaire. Nous pouvons leur confier des travaux qui les occupent, mais ne leur ajoutons pas de soucis ou de responsabilités qui devraient rester nôtres. Le 4ème commandement reste « honore ton père et ta mère » et non pas « utilise-les sans restriction ».

Au-delà de rendre des services ponctuels, il est bon que les retraités s’engagent dans une ou plusieurs activités.

Cet engagement doit être assez explicite pour éviter les malentendus : le retraité s’engage pour une œuvre de manière régulière, et ne disparaît pas 6 mois sans prévenir parce qu’il fait un séjour improvisé à l’étranger… L’œuvre qu’il a choisie compte sur lui !

Les plus anciens feront attention à ne pas monopoliser les postes à vie, à accepter les idées innovantes des jeunes et à préparer la relève le moment venu.

La collaboration entre actifs et retraités dans le militantisme est l’occasion de retrouver l’esprit de chrétienté dans le brassage des générations, collaborant ensemble à la même œuvre et alliant la fougue de la jeunesse et la sagesse de l’expérience.

Les actifs devront accepter un rythme peut-être plus lent et une manière de faire différente de la part des anciens.

Certains retraités auront besoin d’être sollicités. Ils ne se proposeront pas spontanément parce qu’ils auront peur de s’imposer et de manquer d’humilité, ou qu’ils se sentiront inutiles. N’hésitons pas à insister et à leur proposer un « CDD » dans une association ou une bonne œuvre.

  Chaque retraité peut mettre à profit de nombreux talents visibles ou cachés qu’il a exercés pendant sa vie professionnelle : habileté des mains, sens de l’organisation, réseau de relations, techniques financières, juridiques, informatiques, ressources humaines et psychologie, pédagogie, art… Soyons en tous conscients !

 

  La parabole des talents à faire fructifier s’applique jusqu’à notre dernière heure !

Après la promesse du printemps de la vie – la jeunesse -, après l’épanouissement et la force de l’été – la maturité -, vient la beauté admirable de l’automne – la retraite -, avant le froid de l’hiver de la vieillesse. L’automne est une saison où l’on peut récolter de multiples fruits, construire et cultiver encore, planter pour l’avenir, profiter de la douceur de l’été indien…Sachons admirer la sagesse de Dieu qui conduit notre vie comme les saisons !

 

Hervé Lepère

 

Bientôt la retraite… !

           Certains la voient venir avec appréhension… Quand d’autres l’attendent avec grande impatience : comment allons-nous la vivre, allons-nous supporter de nous retrouver à deux tous les jours, c’est la dernière partie de notre vie, à quoi allons-nous nous occuper ?

 

           Bien souvent l’épouse a pris des habitudes d’organisation de sa maison ainsi que la direction, plus ou moins autoritaire de son petit monde : elle règne en maîtresse sur son domaine ! Tandis que son mari, chargé de responsabilités professionnelles souvent plus lourdes en fin de carrière, et dirigeant, la plupart du temps ses équipes autant que des réunions quotidiennes, va soudainement se retrouver « vissé » à la maison et quelque peu désœuvré ! Ainsi faudra-t-il que les deux époux, du jour au lendemain, cohabitent toute la sainte journée sous le toit familial !

La vie nous a déjà souvent demandé une nouvelle organisation : notre mariage, la venue progressive des enfants, les mutations professionnelles, les déménagements… La grâce aidant, nous y avons toujours fait face ! Nous saurons bien encore faire front à cette étape-là, surtout si le bon Dieu nous a permis d’être encore à deux pour la franchir !

 

  Avec l’allongement de la durée de vie, des retraités d’environ 65 ans sont, aujourd’hui, encore pleins d’énergie et peuvent entreprendre quantités de projets. Si les époux sont restés bien unis toute leur vie dans leurs activités, leurs conversations, en pratiquant des dévouements communs, leur nouvelle vie de retraités devrait se faire bien naturellement car ils ont déjà travaillé cette union totale toute leur vie, se sacrifiant pour le bon plaisir de l’autre, guettant une petite joie à lui offrir…un simple regard suffisant parfois à savoir ce que l’on pense ou souhaiterait.

 

  Malheureusement, trop souvent, la vie peut avoir séparé les époux (trop de place laissée à la vie professionnelle, les épreuves familiales, les divergences dans l’éducation des enfants, un certain égoïsme favorisé par un matérialisme outrancier ou un confort financier…) et on a pris des habitudes de solitude, on ne se parle plus, on ne fait plus aucun effort pour l’autre. La retraite vient à point pour aider à se retrouver en sortant de soi-même !

 

  Le cap est délicat, il s’agit de vraiment décider ensemble de se retrouver pour ces 25 années peut-être encore ensemble ! Un nouvel équilibre à deux est indispensable, il s’adapte à chaque ménage. A ce dernier de saisir cette occasion de se redonner une chance pour le bien supérieur de toute sa famille, comme une sorte de « bouquet final » et pour le virage final de leur mariage.

 

  Les enfants sont partis, et cela a été douloureux, surtout pour l’épouse qui s’est soudain sentie plus désœuvrée et inutile, particulièrement à cet âge sensible de l’évolution de son horloge biologique, et souvent de la perte de ses propres parents. Son mari ne s’en est pas vraiment rendu compte, lui aussi a eu « ses deuils », quitter son travail, ses responsabilités peut entraîner une déprime qui mène à la tristesse, à la maladie, un sentiment de rejet de la société. Il peut être difficile de se remettre en cause pour une nouvelle organisation où chacun des époux trouve sa place pour un équilibre à deux. C’est le moment de tout réinventer pour se retrouver, car vieillir ensemble n’a rien à voir avec une solitude à deux !

 

  Le pivot, encore et toujours, est la prière ensemble. C’est un bon moyen pour se retrouver, fortifier son mariage devant Dieu, se rassurer, faire le signe de Croix ensemble, parler à Dieu d’une seule voix. Prendre enfin le temps d’aller plus souvent à la messe tous les deux, de faire une lecture ou une retraite spirituelle ensemble…Voilà assurément le meilleur moyen de prendre un virage solide pour les années à venir !

 

  La vie professionnelle, le lourd quotidien d’une grande maisonnée ont pris beaucoup de place dans la vie active des époux. Remettons à présent notre ménage, notre famille au premier plan ! Nos enfants, la jeunesse autour de nous, a besoin d’exemples généreux, dynamiques et heureux ! Donnons-nous encore ensemble à une juste cause (petits-enfants, bénévolat…), profitons de notre relative forme physique (même si on souffle un peu plus fort qu’avant dans la montée !) pour aller contempler de beaux paysages à l’occasion de promenades, de pèlerinages qui raviveront nos élans du cœur tout en entretenant notre bonne santé ! Offrons à notre entourage notre joie d’être au service des autres…

 

 

Et ménageons-nous aussi quelques espaces de liberté pour chacun afin de ne pas nous étouffer l’un l’autre par une omniprésence mutuelle. Après toutes ces années à la maison, l’épouse est heureuse de se donner un peu à l’extérieur, de retrouver quelques amies avec qui bavarder… Et le mari reprend doucement possession de son jardin, de son atelier ou de son garage qu’il range de fond en comble, comme un professionnel avec cahier de charge, échéances et objectifs ! Besoin de « retour au nid », de protection domestique… (L’épouse saura aussi faire sortir un peu le casanier, en le taquinant pour désamorcer sa mauvaise foi ou humeur… Il en sera finalement content !)

 

  Dans le mariage, rien n’est jamais acquis, c’est chaque jour qu’il faut entretenir cette attention l’un pour l’autre, ce don de soi, cette sanctification mutuelle. À l’âge de la retraite, les passions se sont apaisées, les rugosités du caractère adoucies, on est plus patient, souple… Est venue la sagesse ! On sait mieux se reposer dans le bon Dieu, prendre le temps des choses, rire ensemble, se parler : les souvenirs, les épreuves, les pardons, les « mercis »… Tout ce qu’on n’a pas encore pu se dire. C’est le moment d’un nouvel épanouissement de notre mariage, plus vrai, plus simple : cette joie d’être à deux, cette complémentarité qui nous rassure dans un esprit de bienveillance, de délicatesse, avec même davantage de tendresse : d’un seul cœur, d’une seule âme, comme le Christ aime son Église !

                    Sophie de Lédinghen