Les fiancailles

Chers grands-parents

Après avoir marié nos enfants, nous être inquiétés, avoir accepté de plus ou moins bon gré les choix de nos enfants, c’est à leur tour de connaître ces sujets. Qu’avons-nous à faire ? Nous nous contenterons dans cet article de parler des principes à enseigner. Le rôle essentiel étant dévolu aux parents.

S’agissant de l’attitude des parents, nous savons qu’il existe plusieurs écoles en la matière… Les uns pensent que les parents ne doivent intervenir en rien dans le choix de leurs enfants. Il faut les laisser libres, ils ont les grâces d’état pour choisir. D’autres pensent qu’ils doivent guider leur enfant dans ses choix, éventuellement s’opposer à une décision contraire à son bien.

Nous nous rangeons résolument dans la deuxième catégorie. Avec discrétion, finesse, intelligence, les parents doivent créer les conditions favorables, avertir, guider, corriger leur enfant dans ses choix.

En la matière, les principes doivent être donnés très tôt.

Il n’est pas possible pour un ou une jeune catholique d’épouser quelqu’un qui ne soit pas en règle avec les lois de l’Eglise (divorcé). Dans ce cas, il n’y aurait pas mariage et la prétendue « pièce rapportée » ne pourrait être acceptée dans la famille.

– On se marie dans sa religion. Les futurs époux doivent partager des convictions identiques garantes d’une vue commune de la vie familiale et de l’éducation des enfants1. Nous sommes convaincus que dans le mariage, on joue en partie son salut.

– On se marie dans une catégorie sociale assez proche de la sienne. Les époux doivent se sentir à l’aise dans l’une et l’autre famille et penser que leurs enfants devront s’accoutumer à vivre également dans l’une et l’autre.

– On attend que le fiancé ait une situation lui permettant de faire vivre une famille avant de s’engager.

– On demande conseil à ses parents. Là, ce n’est pas facile ! Cela exige une confiance de l’enfant dans ses parents et l’affaire n’est pas toujours évidente ! Les parents doivent, par leur discrétion, la modération habituelle de leurs jugements acquérir la confiance de leurs enfants. Nous voyons avec tristesse, des parents parler sans discrétion des fréquentations de leurs enfants, de leurs ambitions matrimoniales… au risque de perturber, voire d’interdire une vie sociale à leurs enfants… Quel infantilisme !

 

Tous ces principes doivent être enseignés aux enfants bien avant l’âge des fiançailles… Une fois qu’un enfant est engagé, il est difficile, voire impossible de faire marche arrière ! C’est tout un contexte qui doit être créé pour favoriser de bonnes rencontres à nos enfants dans des conditions favorables. Il faut savoir recevoir leurs amis, en parler librement, être discrets, leur rappeler que, s’ils n’ont pas  la vocation religieuse, le mariage est un devoir – agréable certes – mais un devoir ! Le mariage n’est pas une vocation mais la « voie ordinaire ».

Quels conseils donner à nos petits ?

En accord avec les parents, il faut rappeler quelques principes devant guider les enfants dans leur choix. L’abbé Dantec dans un ouvrage2 dont nous recommandons chaudement la lecture donne quelques critères devant guider leur choix. L’amour conjugal doit être fondé sur une estime mutuelle, une sympathie mutuelle, une confiance mutuelle et surtout un plein accord sur l’idéal de la vie et du mariage chrétiens. L’attirance mutuelle entre les jeunes gens est un sentiment difficile à maîtriser, particulièrement pour certains tempéraments. Il importe donc que le choix soit raisonnablement orienté avant qu’il ne s’empare des cœurs !

Nous n’avons pas la place de parler des conseils à donner aux jeunes pendant leurs fiançailles. C’est un sujet important dont nous parlerons dans le prochain numéro.

Prions sainte Anne de nous guider pour créer l’ambiance dans laquelle nos familles se développeront chrétiennement, prions pour que nos petits-enfants fassent ce que Dieu attend d’eux !

         Des grands-parents

1 L’Eglise tolère les mariages inter-religieux si la partie « adverse » s’engage à élever les enfants dans la religion catholique. Cependant quel abysse entre notre vraie foi et celle de fausses religions ! Quel risque pour notre salut et celui de nos enfants ! Et que dire de la tragédie des mariages avec des musulmans !

2 Fiançailles Chrétiennes, Abbé Dantec (éditions diverses)

 

En Vous, je mets ma confiance  

Ô maître du Ciel, je vous donne ma faiblesse.

Dieu incarné a revêtu la faiblesse de notre nature. Les langes de la crèche qui emmaillotaient Jésus sont le symbole de la nature humaine avec laquelle la Très Sainte Vierge Marie a revêtu le Dieu Vivant. Merveilleuse livrée de chair, qui a rendu Dieu passible, qui a rendu possible la Victime Parfaite. Nature faible, nature passible, nature mortelle, nature immolée sur la Croix, nature glorieuse !

La gloire de Dieu jaillit dans la faiblesse de l’homme transcendée par la grâce !

Jadis, on me conta l’histoire d’un vieux moine qui cherchait à offrir à Dieu le plus beau des cadeaux. Son esprit fourmillait d’idées : une plus grande abbatiale ? Un nouvel hymne de sa composition d’une beauté à saisir même les pierres de l’édifice ? Les pénitences les plus dures ? Cilice, jeûne, discipline ? Les oraisons les plus pieuses ? Oui, tant de beaux cadeaux ! Alors, il les offrit à Dieu, le cœur léger. Dieu serait content, c’était certain.

Cependant, un jour de Noël, lors d’une oraison, Jésus lui apparut, Jésus enfant. Il devait avoir cinq ou six ans. Le moine fut saisi, Jésus était resplendissant de grâce et de beauté. L’Enfant lui demanda : « C’est mon anniversaire aujourd’hui. Veux-tu m’offrir un cadeau ? » « Oh oui », répondit le moine enthousiaste, qui lui proposa aussitôt tous ses mérites : des milliers de prières offertes, des pénitences accumulées par des années de vie monastique, des messes célébrées avec ferveur, tout, absolument tout, « je vous donne tout cela, ô mon Dieu ». Mais l’Enfant répondit « tout cela est déjà à moi. Ces mérites, c’est l’œuvre de ma grâce ». Le moine fut embarrassé. Il proposa alors sa bonté, sa douceur, sa joie, toutes ses vertus ciselées par des années de vie religieuse. « Mais tout cela m’appartient déjà, ce sont les fruits de ma grâce. N’as-tu donc rien à m’offrir ? ». Le pieux moine resta tout déconfit. Que pouvait-il offrir ? Ah, si ! « Ô mon Dieu, je vous offre ma vie toute entière, mes peines, mes souffrances passées. Puis donnez- moi la maladie et la souffrance, je vous offrirai alors toutes ces nouvelles peines, toutes ces larmes, ma vie toute entière, je vous la donne ô mon Dieu ». « Mais je suis ton Créateur, ta vie toute entière est déjà mienne, avec son lot de souffrances et de peines », murmura Jésus.

Le moine fondit en larme. N’avait-il donc rien à offrir à l’Enfant Dieu ? « Ô mon Jésus, alors, que puis-je vous offrir que nous n’ayez pas déjà ? ». Jésus lui sourit : « Ce que je veux, c’est ta faiblesse. N’ai-je pas revêtu les péchés du monde pour mourir sur la Croix et faire éclater la Gloire de mon Père ? Ce que je veux que tu me donnes, c’est le poids de tes péchés passés, pour les expier sur la Croix, c’est ta faiblesse, pour en faire l’écrin de ma Gloire ».

La confiance naît du repos en Dieu.

Dieu sait mieux que nous qui nous sommes, Il connaît nos faiblesses et nos péchés. Pourtant, Il nous aime, d’un amour infaillible. On pourrait même dire qu’il aime notre faiblesse, car si nous la Lui donnons, alors sa grâce sera féconde et sa gloire jaillira comme la lumière du jour fend les ténèbres. Comme cela est réconfortant ! Aussi, n’ayons pas peur, mais au contraire, embrassons la vie chrétienne avec confiance. Je suis paresseux ? Si je donne ma paresse à Dieu, entre ses mains elle deviendra courage et vigueur. Je suis orgueilleux ? Dieu fera jaillir l’humilité. Je suis impatient et colérique ? Dieu me rendra doux. La seule chose que Dieu nous demande, c’est de Lui donner nos faiblesses pour marcher à sa suite, embrasser nos petites croix, accomplir chaque jour de petits pas vers Lui, nous relever quand nous tomberons et reprendre le bâton de marche. C’est Lui qui agit en nous. La seule chose que nous pouvons faire avec nos seules petites possibilités, c’est pécher. Mais avec Dieu qui agit en nous, nous devenons des saints. Dieu veut que nous nous déchargions de notre faiblesse sur Lui, comme il endossa notre nature humaine et nos péchés, pour qu’ensuite, vidés de nous, nous soyons remplis de Lui. 

La confiance construit l’homme. Elle le bonifie et le fortifie. Elle le rend meilleur. Cela est valable dans les fiançailles. Oui, le fiancé va offrir à sa fiancée sa force, son idéal, son éducation, ses talents, son humour, tout ce que Dieu a déposé de bon en lui et qu’il a fait fructifier. Mais il doit aussi offrir à sa fiancée ses défauts : son orgueil, sa vantardise, sa paresse, son égoïsme. Car sa fiancée est l’instrument que Dieu a voulu pour le sanctifier. Elle sera le doigt de Dieu dans sa vie, avec elle à ses côtés, il apprendra l’humilité, la générosité, le courage et la persévérance. Comme le saint moine donna à Dieu sa faiblesse, le fiancé doit donner ses faiblesses à sa fiancée, avec confiance, car à travers elle, c’est à Dieu qu’il se confie, elle sera l’instrument de sa sanctification.

De même, que le fiancé apprenne à connaître les faiblesses de celle qui sera sa femme. Qu’il découvre son respect humain, son impatience, son irascibilité, sa paresse car il sera l’instrument de Dieu pour les corriger, pour faire jaillir du sein de la faiblesse de sa femme la gloire de Dieu qui resplendit dans le cœur héroïque des mères de famille catholiques.

 

De la confiance naît l’engagement.

Ceux qui cherchent le fiancé parfait ou la fiancée parfaite se voilent la face. Sont-ils parfaits eux-mêmes ? Dieu a-t-Il cherché leur perfection ? Non, Il a d’abord cherché leurs faiblesses. Les fiancés qui se font confiance, qui se livrent l’un à l’autre leurs qualités mais aussi leurs faiblesses, s’engagent en vérité ; pour eux, sous leurs pas, Dieu ouvre le chemin de la sainteté !

Louis d’Henriques

 

Actualités culturelles

 Troyes (10)

Voilà plusieurs mois déjà qu’a réouvert la Cité du Vitrail à Troyes. Installé dans l’Hôtel-Dieu-Le-Comte (XVIIIe siècle), cet espace muséographique de 3 000 m²  permet de redécouvrir les richesses exceptionnelles du vitrail, depuis le Moyen-Age, jusqu’à nos jours. La Champagne étant reconnue capitale européenne du vitrail, il lui tenait à cœur de rendre accessible à tous ce patrimoine artistique de notre pays.

  • Amboise (37)

Grande première pour le château du Clos-Lucé qui, pour la première fois, expose Saint Jérôme au désert de Léonard de Vinci. Œuvre inachevée du grand maître de la Renaissance, ce tableau se situe entre le dessin et la peinture et fait couler beaucoup d’encre : il est en effet l’une des œuvres les plus difficiles à analyser du peintre et reste une véritable énigme pour la plupart des spécialistes. A vous de découvrir ce joyau prêté jusqu’au 20 septembre par le musée du Vatican !

  • Paris (75)

Au cours des travaux de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, les archéologues ont réalisé quelques fouilles qui se sont révélées bien utiles. En effet, au niveau de la croisée des transepts, ont été découverts un certain nombre de sépultures en sarcophages, datant probablement des XIIIe et XIVe siècles ; on distingue parmi elles un étonnant sarcophage en plomb contenant probablement les restes d’un haut dignitaire de l’église : celui-ci aurait été inhumé au plus tard au XIVe siècle.

Mais le centre des récentes découvertes réside bien entendu dans les vestiges polychromes de l’ancien jubé de la cathédrale : élevé vers 1230 et détruit au XVIIIe siècle, le jubé de Notre-Dame comporte encore bien des mystères pour les chercheurs. Cette découverte majeure vient compléter les quelques vestiges déjà exhumés par Viollet-le-Duc au XIXe siècle. Peut-être la poursuite des fouilles permettra-t-elle de reconstituer une bonne partie du jubé ?

  • Versailles (78)

Le château de Versailles a acquis au mois de mai dernier une nouvelle toile représentant Catherine Duchemin, peintre de fleurs et de natures mortes du XVIIe siècle. Épouse méconnue de François Girardon (1628-1715) – premier sculpteur du roi Louis XIV -, cette artiste se distingue pour avoir été la première femme admise à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture le 14 avril 1663. Après restauration, l’œuvre prendra donc place dans les fameuses salles Louis XIV, témoins de la politique artistique et culturelle du Roi-Soleil et où sont déjà rassemblés un grand nombre d’académiciens.

 

 

Merci, jeunes amies – Les vêpres siliciennes

Notre citation pour juillet et août :  « Qui chante bien, prie deux fois »

Saint Augustin

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 Opéra en cinq actes, en français (livret de Scribe)

Première le 13 juin 1855 à l’Opéra de Paris, en présence de Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie, succès étourdissant.

   Cette œuvre commandée pour la Grande Exposition de 1855 est inspirée des soulèvements sanglants, à Palerme et Corleone, des Siciliens en mars 1282 (le soir du lundi de Pâques, quand sonnent les vêpres), contre la domination des français de Charles d’Anjou (frère de saint Louis). La Sicile reconnaîtra ensuite comme roi, Pierre III d’Aragon, substitution habilement préparée par Jean de Procida (personnage mis en scène dans l’opéra).

Il est légitime de s’interroger sur le choix de cette œuvre, commandée officiellement par la France, et dont les français sont les anti-héros. Verdi est farouchement en faveur de l’unité italienne. En brossant ce tableau d’une révolte des siciliens contre l’occupant, il s’insurge en fait contre les Bourbon-Sicile qui sont encore les souverains du royaume des Deux Siciles. Et en France, en 1855, cela fait 25 ans que la Révolution de juillet 1830 a chassé Charles X. Le choix de cette œuvre aurait-elle aussi pour clef, la reprise de pouvoir assez récente de Napoléon III sur les Bourbons ? Napoléon III étant aussi un soutien actif de Garibaldi.

Elena, fiancée à Arrigo, chante sa joie et ses espoirs de paix, la veille de ses noces. Noces qui seront immédiatement suivies du massacre des français…

Merci, jeunes amies,

D’un souvenir si doux !

Pour moi, ces fleurs jolies

Sont moins fraîches que vous.

Et l’hymen qui me lie

Est plus cher à mes yeux

Quand l’amitié chérie

L’embellit de ses vœux.

Merci, merci jeunes amies

 

Rêve divin ! Heureux délire !

Mon cœur frissonne à vos accents !

Hymen céleste ! Qui respire

Les fleurs, l’amour et le printemps !

 

Rives siciliennes,

Sur vos bords enchanteurs,

Assez longtemps les haines

Ont désuni les cœurs.

D’espérance joyeuse,

Puissé-je, ô mes amis,

Voir ma patrie heureuse

Le jour, où je le suis…

Merci, merci, jeunes amies

I vespri siciliani / Act 5: Merci, jeunes amies • Giuseppe Verdi, Renée Fleming, London Philharmonic Orchestra, Sir Charles Mackerras (spotify.com)

 

 

Notre enfant se fiance  

La plupart du temps, nous l’avons vu précédemment (cf FA n°32), l’engagement dans des fiançailles est le reflet de l’éducation reçue. Soit il se fait dans la droite ligne des principes inculqués, si l’éducation a été équilibrée, soit il se fait dans le rejet, si l’enfant a perçu (nature plus sensible ou fragile) ou souffert de déséquilibres (autorité, affection…). Par ailleurs, aucune famille n’est à l’abri d’un « coup de foudre » malheureux et irréfléchi chez l’un ou l’autre de ses enfants, ou d’un choix délibérément raisonné et opposé à celui des parents. Même après une éducation profondément chrétienne, et naturellement équilibrée, rien n’est jamais gagné d’avance ! Mais enfin, le plus souvent, nous pouvons appliquer l’adage « on juge un arbre à ses fruits ».

Que les parents se rassurent, s’ils ont élevé leurs enfants le mieux qu’ils ont pu, en leur donnant un bon exemple quotidien, le sens du service, du don de soi, d’un travail des vertus chrétiennes, de l’intelligence et de la volonté, cela restera « imprimé », que leurs enfants soient dociles ou rebelles, et quels que soient leurs choix de mariage !

Le père et la mère, après avoir suivi l’instinct de protection mis par Dieu dans leur cœur (celui de « parents-oiseaux »), prennent quelque recul lorsque leur enfant se prépare à s’engager dans des fiançailles, se détachent de cet amour lui-même, au moins en ce qu’il a de trop humain, et le subliment, à l’imitation de l’amour de Dieu pour sa créature : Il lui a donné la vie, Il l’a façonnée, mais Il lui a aussi fait don de la liberté, et Il a permis qu’elle fût faillible. Aussi là se joue le rôle des parents : avertir, éclairer, puis s’effacer, écouter, être là !

Souvenons-nous : lorsque nous avons attendu nos enfants, neuf mois durant, nous avons eu la certitude d’attendre le plus merveilleux bébé du monde… Nous l’avions idéalisé. Il en est de même pour le mariage de nos enfants : nous idéalisons celui ou celle qu’ils épouseront ! Son physique, sa situation professionnelle, ses qualités naturelles et spirituelles… Nous l’imaginons parfait ! Ne voulons-nous pas ce qu’il y a de meilleur pour eux ? Mais cet idéal vu de notre fenêtre de parents, n’est pas forcément ce qui convient le mieux à notre enfant. Bien souvent l’on est un peu surpris du choix qu’il a fait et, les années passant, nous constatons combien, souvent, ce choix lui convient.

Les parents doivent avoir un jugement de prudence, ils doivent d’abord considérer ce que vaut cet amour en tant qu’il doit unir deux êtres sur le plan physique, sur le plan humain, sur le plan chrétien. Quelle profondeur a leur amitié, leur attachement ? Sont-ils d’accord pour toutes les grandes options de la vie ? Ont-ils des points communs d’éducation, de religion, de style de vie, de centres d’intérêts ? Y a-t-il une difficulté d’âge, de santé, de famille, de nationalité, de ressources financières ? Chaque cas est particulier et demande une étude sérieuse. Les parents des deux jeunes gens se rencontreront pour mieux juger la situation, et en parler sans perdre de vue le bien supérieur de leurs enfants.

Apprendre à se connaître

À moins qu’il soit déjà une connaissance de la famille, c’est souvent en voyant vivre le futur conjoint que l’on apprend à le connaître. Il faudra recevoir régulièrement l’un et l’autre des fiancés dans les foyers de leurs parents respectifs. Au fur et à mesure de leurs passages ou séjours, ils se sentiront plus à l’aise, moins surveillés, pour se montrer eux-mêmes. Les parents observeront discrètement, et poseront quelques questions de façon naturelle. Les habitudes familiales demeureront inchangées pour que le nouveau venu découvre mieux sa future belle-famille. Le bonheur en famille, comme en ménage, dépend en partie du respect de cette distance sans familiarité entre les individus, et de la discrétion avec laquelle on la franchit. Pour en venir à se connaître vraiment, les deux jeunes fiancés commencent lentement  à se parler de tout et de rien, puis peu à peu d’eux-mêmes, pour en venir au-delà du domaine « public » et se connaître vraiment : non pas en se disant « ce qu’ils ont » ou « ce qu’ils font », mais « qu’ils sont ». De même les parents respecteront une certaine discrétion pour permettre à l’amitié, puis à l’affection de prendre le temps de grandir et d’atteindre sa maturité. Dans la nature la semence tombe sur le sol et germe lentement. Arrosée par les pluies, les pousses émergent timidement, grandissent sous les caresses du soleil pour se transformer finalement en fleurs et en fruits. En ne respectant pas ces stades naturels de croissance, on peut tuer une amitié naissante aussi facilement qu’on peut tuer un jeune plant.

Conseiller doucement son enfant

Une plus grande intimité se fait entre les parents et leur enfant fiancé, avec la mère surtout à qui on se confie et auprès de qui on se réjouit. Elle aussi, sans chercher à connaître ce qui ne regarde que les jeunes fiancés, continue à conseiller, élever, fortifier… L’amour humain est une « vocation » divine : il vient de Dieu, il va vers Dieu. Les parents encouragent leurs enfants à placer leur temps de fiançailles sous trois signes : Travail, Pureté, Charité.

Travail : pas question de considérer les fiançailles comme une « salle d’attente » qui maintient inactifs, ni comme « un boudoir » où l’on reste entre soi à apprendre à conjuguer le verbe aimer à tous les temps ! Ces deux attitudes rendraient stérile cette importante période de préparation au mariage. Le bon moyen est celui d’un travail de fondations solides pour bâtir ensuite un foyer consacré à Dieu : découverte des caractères, des défauts de l’autre, mais aussi des psychologies masculine et féminine si différentes. Travail pour accepter ces différences, les petites imperfections, et offrir le meilleur de soi en luttant contre ses propres défauts pour l’amour de l’autre. Pour cela chacun développera sa propre vie spirituelle, tout en s’habituant à une prière commune.

Pureté : l’exigence de pureté dans les fiançailles est un don par lequel on prépare une offrande totale de soi-même. Il est normal que cela se présente comme un combat sévère. La première condition est de lutter ensemble, la victoire ne sera efficace que si elle est commune, dans une confiance mutuelle qui ne fera que grandir jusqu’au sacrement. Ce qu’il faut c’est « l’esprit », sans se préoccuper de la frontière entre le « permis » et le « défendu ». Un esprit de sacrifice par lequel grandit l’amour parce que cet effort représente la volonté de protéger, de respecter l’autre, en combattant son propre égoïsme. La jeune fille saura se priver de la tendresse dont elle a soif en ne pensant plus à elle mais à son fiancé. Elle fera tous les sacrifices pour l’aider à grandir lui-même en pureté. Pour le jeune homme, ce qui est déterminant est de vouloir mériter son titre de chef, et donc d’agir comme tel. Manquer à la pureté, c’est trahir son rôle de chef et ne pas protéger ceux dont on a la charge.

Charité : pour être authentiquement chrétiennes, les fiançailles doivent aboutir simultanément à l’amour de Dieu et à l’amour du prochain. Ces efforts concrets sont à réaliser chacun dans sa famille, dans son métier, dans son entourage : délicatesses, services rendus, union des membres de la famille, responsabilité sociale ou paroissiale… Plus tard, jusque dans la vie commune, c’est dans ce sens qu’il faudra développer cette volonté d’aider les autres ensemble pour l’amour de Dieu. On observe souvent deux attitudes chez les fiancés, soit « ils ne sont pas à prendre avec des pincettes », désagréables à la maison, et tout tournés vers leur petit bonheur, soit ils sont rayonnants, détendus, et faisant effort sur eux-mêmes pour se montrer aimables et disponibles, parce qu’ils se préparent à leur vie future où il faudra lutter contre soi-même et se mettre au service des autres.

L’obsession du matériel

Dans toute vie, le temporel se mêle au spirituel, jusqu’à parfois même prendre le dessus dans nos pauvres esprits ! Dans la majorité des cas, ces occupations matérielles font barrière entre les fiancés : ils les dispersent, les opposent, les découragent ou les déçoivent. Et pourtant, ils sont un moyen de croître ensemble. La vie de leur foyer en sera imprégnée, tissée. Souvent, à la fin de leur retraite spirituelle de préparation au mariage, les fiancés s’écrient : « Merveilleuse retraite ! Avec tous nos soucis d’installation et de listes de mariage, nous n’avons pu penser à rien d’autre ! Enfin un peu de tranquillité pour « spiritualiser » notre préparation au mariage ! » Justement, Il ne s’agit pas de s’évader du réel, mais de le maîtriser. Dans la vie conjugale, il faudra maintenir ensemble un équilibre entre le matériel et le spirituel pour ne pas se perdre dans les tâches domestiques ou familiales. Et savoir y trouver une valeur spirituelle pour progresser encore et mieux, dans un esprit de générosité et d’abandon sans se laisser dominer.

Bien des parents considèreront le mariage de leurs enfants comme une perte, une forme de deuil : les voilà qui nous quittent, qui entrent dans une autre famille, ce ne sera plus jamais comme avant, nous ne serons plus « entre nous » ! Disons que le mariage est une sorte d’adieu à l’enfance qui rendait nos enfants dépendants de nous. Mais les avons-nous mis au monde pour nous les réserver ? Certes non ! Ils ont à leur tour leur vie à bâtir.

Nous les avons élevés, armés, fortifiés autant que cela nous a été possible et avec nos grâces d’époux et de parents. C’est à leur tour de transmettre le flambeau de la foi à la génération future. Nous savons que, même si nos fils « quitteront leur père et leur mère », et que nos filles « s’attacheront à leur mari », ils garderont à leurs parents leur affection et leur reconnaissance en retournant régulièrement auprès d’eux, y glanant quelques conseils ou encouragements… Nous savons bien, nous parents, que nos enfants restent bien présents tout au fond de nos cœurs, et que nous avons encore à travailler pour eux en égrenant quotidiennement nos chapelets. Mais pas seulement pour eux puisqu’ils ont enrichi notre famille de charmantes épouses et de gentils maris que nous avons placés tout près d’eux dans notre affection sans bornes !

     Sophie de Lédinghen