Merci, jeunes amies – Les vêpres siliciennes

Notre citation pour juillet et août :  « Qui chante bien, prie deux fois »

Saint Augustin

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 Opéra en cinq actes, en français (livret de Scribe)

Première le 13 juin 1855 à l’Opéra de Paris, en présence de Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie, succès étourdissant.

   Cette œuvre commandée pour la Grande Exposition de 1855 est inspirée des soulèvements sanglants, à Palerme et Corleone, des Siciliens en mars 1282 (le soir du lundi de Pâques, quand sonnent les vêpres), contre la domination des français de Charles d’Anjou (frère de saint Louis). La Sicile reconnaîtra ensuite comme roi, Pierre III d’Aragon, substitution habilement préparée par Jean de Procida (personnage mis en scène dans l’opéra).

Il est légitime de s’interroger sur le choix de cette œuvre, commandée officiellement par la France, et dont les français sont les anti-héros. Verdi est farouchement en faveur de l’unité italienne. En brossant ce tableau d’une révolte des siciliens contre l’occupant, il s’insurge en fait contre les Bourbon-Sicile qui sont encore les souverains du royaume des Deux Siciles. Et en France, en 1855, cela fait 25 ans que la Révolution de juillet 1830 a chassé Charles X. Le choix de cette œuvre aurait-elle aussi pour clef, la reprise de pouvoir assez récente de Napoléon III sur les Bourbons ? Napoléon III étant aussi un soutien actif de Garibaldi.

Elena, fiancée à Arrigo, chante sa joie et ses espoirs de paix, la veille de ses noces. Noces qui seront immédiatement suivies du massacre des français…

Merci, jeunes amies,

D’un souvenir si doux !

Pour moi, ces fleurs jolies

Sont moins fraîches que vous.

Et l’hymen qui me lie

Est plus cher à mes yeux

Quand l’amitié chérie

L’embellit de ses vœux.

Merci, merci jeunes amies

 

Rêve divin ! Heureux délire !

Mon cœur frissonne à vos accents !

Hymen céleste ! Qui respire

Les fleurs, l’amour et le printemps !

 

Rives siciliennes,

Sur vos bords enchanteurs,

Assez longtemps les haines

Ont désuni les cœurs.

D’espérance joyeuse,

Puissé-je, ô mes amis,

Voir ma patrie heureuse

Le jour, où je le suis…

Merci, merci, jeunes amies

I vespri siciliani / Act 5: Merci, jeunes amies • Giuseppe Verdi, Renée Fleming, London Philharmonic Orchestra, Sir Charles Mackerras (spotify.com)