Il n’y a que la charité qui compte…

« IL N’Y A QUE LA CHARITÉ QUI COMPTE, LES PRINCIPES NE COMPTENT PAS »

(Cette rubrique offre aux parents une trame de discussion pour aborder avec les plus grands, des sujets importants.)

Cette phrase me touche, et elle me heurte.

Elle me touche, parce que je voudrais parfaitement vivre dans la charité, et l’exercer envers tous ceux qui l’entourent.

Elle me heurte parce que je sens combien je suis parfois incertain ou tiraillé : comment faire du bien, à mes proches, à tous sans compromettre la Vérité ?

Comment vivre dans la charité, ici, en ce moment, si les principes sont secondaires, si la loi de l’Evangile – les commandements – ne me guident pas ?

Dans toutes mes relations, je risque de me trouver devant ce dilemme :

– soit taire ce que je crois, en tolérant, voire approuvant l’erreur ou le mal.

– soit m’énerver en disant tout ce que je pense au risque de blesser ou braquer.

Je ne veux  pas de ce choix entre deux maux : une charité de faiblesse -fausse charité- et des principes qui blessent ; je veux vivre et agir à la lumière du Vrai et du Bien.

 Oui, la charité est première !

Car c’est elle qui nous fait aimer Dieu pour Lui-même, par-dessus toute chose, et le prochain comme nous-mêmes pour l’amour de Dieu.

Les premiers Chrétiens l’ont profondément et publiquement vécu : « Voyez comme ils s’aiment » disaient d’eux les païens.

C’est la charité qui attire, le sourire qui apprivoise, la bonne humeur qui réchauffe, l’attention et la compréhension qui rassurent et encouragent, le service rendu qui soutient, sur cette base nous pouvons commencer à construire solidement et poser les premières pierres de Vérité.

On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre… et l’on n’écoute que les personnes aimables et agréables.

L’expérience, au milieu de ma famille et de mes amis, me le confirme – avec mon frère nerveux, mon conjoint en retard, mes enfants qui se battent…, pas de grandiloquence, il vaut mieux être pratique, terre à terre et les aimer d’abord de tout mon cœur, et intervenir en douceur. Ainsi la tension décroît, les yeux des enfants s’éclairent, tout retourne à la paix.

Alors, les principes ?

Dieu est LE principe et la cause de tout : du monde entier, de mon être.

De la foi, révélée et transmise, de la loi morale qui en est l’expression, découlent des règles de conduite que j’appelle principes. Pourquoi principe ? parce qu’ils tirent leur origine du principe essentiel qui est Dieu.

Ces principes, ces règles de conduite, ont été élaborés au cours des siècles pour l’exercice de la charité, vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis du prochain, car cet exercice de la charité peut être très difficile !

Seule l’observation des principes peut m’y aider, comme des habitudes bien ancrées qui me dispensent de réfléchir à chaque instant, au risque justement de manquer de charité !

Je dis bonjour en souriant, même si je suis fatigué, ou si la personne que je rencontre me déplaît.

J’écoute ce que mon petit garçon veut me dire, même s’il s’agit d’une histoire confuse de bille perdue…

Et la charité demande aussi de la délicatesse dans la vérité ! Quand une amie vient me demander si sa tenue plutôt « excentrique » me plaît, il ne faudra pas user du mensonge par charité (qui est un leurre) mais plutôt lui faire comprendre avec un joli sourire que je la trouve bien plus jolie avec la tenue qu’elle portait la semaine dernière…

Pour ne pas courir le risque de manquer de charité, je m’accroche aux principes !

Ainsi un ingénieur suit scrupuleusement les règles de la physique pour construire un pont sans perdre son temps à repenser des règles pré-existantes.

Les principes éclairent l’exercice de la charité, ils me soutiennent comme des règles de vie, de bonnes habitudes ; que ce soient de petites veilleuses, ou de grandes lumières, ils m’aident à garder le cap du Vrai et du Bien.

Je dois rester vigilant et me souvenir que pour les sujets importants, la cohérence de mes actes avec mes idées doit toujours me guider. Les enfants même très jeunes examinent les paroles et les agissements de leurs parents avec beaucoup d’attention ; ainsi dans quelques années, je me rendrai compte, car ils sauront me le rappeler, que mon comportement à une date précise a entraîné des conséquences qui ont marqué leur âme.

La vie quotidienne m’enseigne que c’est dans la paix – et le pardon – que la charité fleurit.

Avec ma voisine furieuse aujourd’hui,  ce n’est pas le moment de parler de religion, demain peut-être en lui rapportant son moule à gâteau.

Pour les enfants, ce sera à la prière ce soir ou demain matin que je leur rappellerai que leur devoir d’état passe avant tout.

Quant à mon conjoint, ce sera avec écoute et compréhension, quand il aura déposé la fatigue de sa journée de travail que je pourrai discuter de tel problème important

Tenir les principes chrétiens, envers et contre tout, c’est l’expression même de la charité, tant dans les petites choses (avec les enfants, les malades…) que dans les circonstances cruciales, familiales ou politiques – et particulièrement pour l’honneur de Dieu, comme les martyrs.

La charité et les principes découlent de la même source, Dieu, et sont unis en Lui.

                                                           Anne