AVIS DE FORTES HOULES 

GARDER LE CAP !

Chère Bertille,

Dans quelques mois, tu auras ton baccalauréat. N’est-ce pas le moment pour toi de tracer ton chemin et de faire tes choix ?
Je me souviens des discussions que nous avons eues ensemble lors de nos vacances d’été et surtout de la complicité qui s’est installée entre nous. C’est pourquoi, forte de mon expérience, j’aimerais entrouvrir avec toi la porte du monde estudiantin.
Comme moi, tu as eu la chance de grandir dans une famille unie. Entourées de l’amour de nos parents, nous avons reçu une éducation stricte et simple, où toute notre vie, nos faits et gestes étaient orientés vers Dieu.
Nous avons fréquenté des écoles où chacun était à sa place, où l’entraide et la foi régnaient, où, à tout le moins, le mal était combattu et le bien défendu.
Il nous est bien sûr arrivé de penser que cela était difficile, mais nos parents et nos professeurs ont toujours voulu nous former et nous protéger.
Mais prochainement tu entreras dans un monde bien différent, appelle-le «  l’autre monde » si tu le veux bien, afin de le différencier du monde que toi et moi avons connu jusque-là, celui d’un monde où les dix commandements de Dieu régnaient en maître.
Tu vas vite découvrir un monde fascinant où l’orgueil, la chair, et l’argent ont pignon sur rue.
Il est temps de te souvenir de tes ancêtres bretons et de devenir, comme eux, un bon marin. Avant de prendre la mer, il est important d’en connaître ses beautés et ses grandeurs, mais de ne jamais oublier qu’elle peut être dangereuse et traître. Ainsi, tu seras prête à en affronter les tempêtes.

Tu es arrivée à une étape charnière de ta vie et le monde va sûrement se servir de ta faiblesse inhérente à cette période délicate pour t’attraper dans ses filets.
Tu sais fort bien que depuis la Révolution Française nous entendons résonner les slogans de « Liberté – Egalité – Fraternité ».
Mais dans ce monde estudiantin, il ne s’agira plus de slogans. Tu te retrouveras soudainement seule face à toi-même, goûtant la liberté nouvelle de te déplacer où tu veux, avec qui tu veux, quand tu veux, et cela a indéniablement un côté grisant. Et même si tu as appris ce qu’est la vraie liberté, celle qui consiste à faire le bien voulu, c’est-à-dire aimé par Dieu, combien cette liberté offerte par cet autre monde a d’attraits !
Concrètement, il n’y a plus personne à tes côtés pour te guider ou te conseiller dans tes multiples choix quotidiens : images, films, émissions, sorties, compagnies et amitiés. Dans tous ces choix peuvent s’insinuer tant de tentations, qui se révèlent être autant de trahisons vis-à-vis de Dieu si nous les suivons.
De plus, « l’autre monde » a le sentiment de tout contrôler grâce aux ordinateurs et à l’internet particulièrement. Il pense ainsi devenir le maître absolu de toute chose et de toute vie.
N’oublie pas que si l’internet est une aide dont nous ne pouvons désormais plus nous passer, il reste pour nous un danger en nous introduisant dans un monde virtuel où il semble que notre pouvoir est sans limites. Garde une saine distance avec ce monde virtuel qui propose monts et merveilles mais qui en fait nous rend esclaves, créant en nous une addiction.
Notre âme se nourrit en effet du réel. Le virtuel, lui, ne nourrit pas. Il nous affole au contraire et nous fait désirer voir toujours plus, sans que nous trouvions de repos dans ce matraquage d’images irréelles. Et insensiblement nous changeons. Nous pourrions modifier quelque peu l’adage en affirmant «  Dis-moi ce que tu regardes – films, images, sites internet – je te dirai qui tu es, ou qui tu deviendras dans un avenir très proche ».
Par ailleurs la télévision, les publicités, les magazines t’offriront leur soi-disant « bonheur », qui, trop souvent, se réduit à l’alcool, les drogues, et surtout aux plaisirs de la chair. « L’autre monde » est très fort pour te faire aimer les endroits où règnent la luxure et la concupiscence.
Mais observe bien, prends du recul, de la hauteur, tu finiras par comprendre que tout ceci n’est qu’illusion qui rend les gens tristes et les laissent dans une profonde solitude.
Tu feras heureusement de belles rencontres, privilégie-les. Garde bien ancrée en toi toute la fraîcheur d’âme que la foi apporte. Dans tes relations avec les personnes que tu rencontreras, ne fais aucun compromis, tu attireras ainsi les autres. Bien entendu certains auront peur de cette plénitude de vie que nous avons reçue, c’est pourquoi ils pourront se montrer moqueurs, ou même parfois méchants envers toi. Cela est rude. Ne les juge pas cependant et ne réagit pas avec colère. Reste toi-même et, par ton exemple, fais- leur découvrir, comprendre, et aimer “ Notre Monde”.
Tu l’auras compris, le monde actuel  essaie de nous étourdir avec des soirées, des films, de l’alcool,  et nous empêche ainsi de nous concentrer sur l’essentiel. Je pense vraiment que l’essentiel est de ne jamais oublier que Dieu doit être au milieu de ta vie. Sache garder tes principes afin que jamais ton bateau ne coule.
Comme tout le monde en effet, tu auras beaucoup de tempêtes à surmonter mais si tu es fidèle à ce que tu as reçu, ton bateau gardera le cap.

Pour t’aider dans cette nouvelle vie :

– Va à la messe le plus souvent possible, et profite des sacrements pour te fortifier.
– Reviens le plus souvent possible dans le cocon familial, qui va t’aider à garder le cap.
– Aie une règle de vie avec des horaires, et une bonne organisation.
– N’oublie pas d’avoir des contacts réguliers avec un prêtre, il t’écoutera et t’aidera dans ta vie spirituelle.
– Conserve tes amitiés chrétiennes, elles t’aideront à tenir debout.
– Conserve ta pureté comme un trésor.
Et surtout n’oublie pas, que nous sommes tous faibles, nous, comme “les autres habitants”. Nous portons tous la marque du péché originel, nous avons tous nos faiblesses ; mais ce qui fait notre différence, et surtout notre force, c’est que nous, catholiques, nous allons passer le reste de notre vie, par amour pour Dieu, à essayer de combattre nos vices et péchés en nous appuyant sur sa grâce.

Ta vraie liberté sera de te construire, de devenir une femme responsable et forte, une femme de cœur, une fière fille de France, qui pourra ainsi aider, à la place choisie par Dieu, à la construire et reconstruire au milieu des décombres actuels.
Reste en paix car tu ne peux oublier que nous ne sommes jamais seules ; nous avons dans le cœur un être cher qui nous guide et veille sur nous. Nous pouvons compter sur lui pour ne jamais être seules dans ce combat de titans.
Alors, prends courage et « fais gai visage », comme disait saint Michel à sainte Jeanne d’Arc.

Je t’embrasse bien affectueusement ma chère cousine.

Aziliz

P.S. : Avant de cacheter cette lettre une pensée me vient à propos de ce « gai visage ». As-tu déjà réalisé que chaque instant que nous vivons s’appelle le « présent » ? As-tu réalisé que ce mot « présent » est synonyme du mot « cadeau » ?