Le devoir de transmission

Chers grands-parents,

            En travaillant sur cette délicate question des grands-parents éducateurs, nous avons pensé, mon mari et moi, que nous pouvions la séparer en deux parties : la première sur le devoir de transmission et la deuxième sur l’appui aux parents dans l’éducation. Dans cet article, nous ne verrons que la première partie.

 Quand on parle d’une famille, on a tendance naturellement à la réduire à des parents et leurs enfants. C’est vrai mais incomplet. La famille est d’abord un héritage, une transmission. Combien de fois voyons-nous des parents sans références. Ils agissent avec bonne volonté sûrement, avec bon sens parfois, mais on sent qu’il manque quelque chose … et ce quelque chose est souvent l’héritage. « Tes père et mère honoreras… afin de vivre longuement ». Après les commandements ayant Dieu pour objet, le premier commandement concerne la vie morale et traite de la famille. Par père et mère c’est évidemment des parents nourriciers dont le décalogue parle mais aussi de la lignée, au premier rang de laquelle se situent les grands-parents. Nous pensons qu’à eux aussi revient la mission de transmettre cet héritage.

Naguère, ils avaient naturellement leur place comme mémoire de la famille, ils avaient le temps… Aujourd’hui, les grands-parents sont probablement plus actifs et mobiles. Ils doivent cependant s’efforcer de garder cette place qui donne de la profondeur à la famille. Dans un monde de plus en plus tourné vers l’efficacité immédiate, leur rôle d’enracinement est plus que jamais nécessaire.

Par exemple, raconter aux petits enfants la vie de leurs ancêtres, éveiller l’attachement des enfants à leur famille, susciter l’admiration pour cette succession de fidélités – à l’Eglise, à la patrie, à des usages, à une maison ou une terre – fidélités qui finalement font la réalité de leur famille.

Ces récits permettront aux grands-parents, s’ils ont eu la chance de recevoir une bonne éducation chrétienne dans une famille fidèle, de transmettre ce trésor avec la sagesse et le discernement que leur aura donné l’expérience. Si eux-mêmes n’ont pas eu cette grâce, ils doivent être conscients qu’il leur revient de créer les bases de cette transmission.

D’une manière très pratique, cet enracinement pourra trouver des prétextes dans la vie quotidienne. Quand les parents disent « fais ceci », les grands-parents disent ; « ton arrière-grand-père disait… », « dans notre famille on a toujours fait ainsi… » rattachant ainsi les principes quotidiens de l’éducation à la lignée familiale.

Evidemment, les grands-parents ne doivent pas se transformer en professeurs pontifiants et « rasoirs ». Leurs interventions se feront « en passant », avec affection et légèreté, discrètement et surtout par l’exemple.

Le principal est que les enfants soient très tôt pénétrés de l’idée qu’ils ont la chance d’appartenir à une famille et que cette chance tout en leur apportant une grande richesse est aussi source de devoirs et de fidélité : que des trésors comme la foi, la prière en famille, l’unité familiale, la joie, le soutien mutuel, l’engagement, le courage, le travail … sont les vertus obligatoires si l’on veut être digne de ses ancêtres. Si eux-mêmes n’ont pas eu cette grâce, leur rôle sera encore plus héroïque et enthousiasmant. C’est à eux que reviendra la magnifique tâche de recréer ces fondements insuffisants. Tout en s’attachant autant que possible à valoriser leur famille, ils chercheront à transmettre les exemples de vertus qu’ils trouveront dans l’histoire de France et dans la lecture de la vie de nos saints.  Ils s’attacheront aussi à rétablir les beaux usages de nos familles chrétiennes en observant avec modestie ce qui se fait dans les familles fidèles. Le chapelet leur donnera certainement les grâces pour compenser ce que leurs propres familles n’ont pu leur donner.

Pour finir, n’oublions pas que notre soutien de grands-parents à l’éducation de nos enfants sera inefficace sans la prière. Prions chaque jour pour nos enfants et pour chacun de nos petits-enfants.

Prions saint Joachim et sainte Anne, patrons des grands-parents de nous éclairer dans notre rôle délicat et plein de renoncements. Bon courage à tous!

Des grands-parents