Deuxième mystère Joyeux

Fruit du Mystère : La charité

La joie remplit nos cœurs lors de la contemplation de ce mystère !
A peine Marie a-t-elle reçu la visite de l’Ange Gabriel qu’elle « s’en va en hâte » entourer sa cousine. Celle que l’on appelait stérile sera bientôt mère malgré son grand âge car rien n’est impossible à Dieu. Il faut partir pour aider, pour soutenir, pour écouter, n’est ce pas là l’une des actions produites par la charité ? Il y a aussi cette joie merveilleuse dans le cœur de Marie qui commence à chanter le Magnificat…
Vous voilà partie, Mère chérie, cheminant par les routes difficiles de ces trente lieues (environ 144 km) ; il vous a bien fallu cinq journées de marche : Esdrelon, Sichem, le puits de Jacob et sans cesse les allégresses du Magnificat montent sur vos lèvres de 15 ans ; vous connaissez parfaitement l’Ecriture Sainte et vous savez ce que tout cela signifie…
J’aime imaginer Elisabeth, rajeunie par sa maternité, bouleversée de sentir son enfant tressaillir en son sein, accourir en voyant sa jeune cousine arriver. Je l’imagine prononçant les mots que nous aimons tant : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de vos entrailles est béni ». Merci chère Sainte Elisabeth pour ces mots dont la douceur sur nos lèvres ne sera jamais épuisée !
Les voici toutes les deux… Et Marie laisse déborder le trop plein de son cœur : elle chante le plus beau chant de la joie chrétienne : Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur. Contemplons la plus grande marque de bonté de puissance et d’amour de Dieu !
Toute la joie de l’Annonciation, il faut la semer à travers le monde, il faut au besoin courir vers les hommes pour la leur dire ! La Vierge a une autre mission mais ce cœur tout pur a besoin, lui aussi, de rompre le silence et de chanter sa joie pour emplir la maison de Zacharie !
La Visitation ! Quelle grande leçon pour notre égoïsme humain, pour nos vies resserrées sur elles-mêmes où nous nous enfermons, toutes absorbées dans notre propre moi, engluées dans nos joies, murées dans nos soucis au lieu de nous ouvrir en pensant aux peines de nos frères.
En vous regardant, ô Marie, courir sur les routes, enflammée par votre bonté joyeuse, je veux faire mon examen de conscience… Est-ce que pour moi, les autres existent vraiment ? Est-ce que je ne me considère pas comme le centre du monde ? Je m’enferme dans ma maison avec mes tendresses personnelles… j’oublie si souvent les autres, ceux que je n’appelle pas mes amis et qui sont pourtant « mes frères ». N’ai-je pas moi aussi une vieille cousine, une voisine (qui n’habite pas à 140 km…), quelqu’un qui attend de moi un regard de bonté ?
O Marie, apprenez moi à sortir de moi-même et de ma propre vie pour regarder dans la direction de mes frères, pour voir la vieille femme solitaire que je croise dans la rue, la petite fille si seule et qui retient une larme, le vieux monsieur croisé à la messe et qui avait l’air si mal en point, le jeune à l’air un peu perdu avec ses écouteurs sur les oreilles mais qui cherchait un regard bienveillant, toutes et tous, mes frères et sœurs que la vie m’a donnés pour compagnons de route.
Et ceux là ont besoin de moi. Ils m’attendent, ils m’appellent de ces appels muets que la vie jette dans le silence… Si je reste lointaine, comme absente, quelque chose leur manquera toujours, il manquera un rouage, petit mais essentiel dans le plan que Dieu avait prévu de toute éternité. « Portez les fardeaux les uns des autres » nous dit Saint Paul… D’autres diront que cela ne nous regarde pas… mais où commence ce qui ne nous regarde pas quand on fait la volonté de Dieu ? Est-ce que cela vous regardait vraiment Marie s’il restait ou non du vin dans les jarres aux noces de Cana ? O divine charité qui pense à tout, même aux plus petites choses ! Vous n’êtes pas seulement allée chez Sainte Elisabeth pour chanter le Magnificat mais vous y êtes restée trois mois pour soulager l’attente de votre cousine âgée. O Marie qui avez si souvent travaillé sans bruit pour le prochain, obtenez moi la grâce de dire avec la ferveur de Jacques Rivière : « Je veux servir, je veux être bon à quelque chose !… », n’attendons pas pour cela les grandes occasions : chaque jour Dieu nous donne une mission, même seule dans notre maison : paix, joie, rosaire égrené au fil de la journée pour les uns et pour les autres… Car c’est de mon cœur surtout que les autres ont besoin. Le monde manquant d’amour est devenu si triste ! Tant de choses auraient pu changer si l’égoïsme n’avait pas régné !
O Marie, qui avez tant aimé les hommes puisque vous étiez remplie de l’amour de Dieu, aidez-moi à donner mon cœur ! Faites que quand les épreuves m’accablent, je les trouve moins lourdes en ouvrant mon cœur aux douleurs des autres. Faites que quand la joie me soulève j’ai le besoin le plus ardent encore de la partager avec les autres, et si mon nid est préservé aidez-moi à donner aux autres la joie de Dieu ! C’est Lui la joie du monde. Il faut d’abord que Jésus vive en moi par sa grâce mais il ne faut pas que je me referme sur mon trésor !

O Marie, Mère du grand amour, Reine des apôtres faites fructifier en moi la vie de la grâce pour que tout en moi rayonne la joie de Dieu ! Je ne suis pas grand-chose, moi, dans ma simple maison au milieu de ma vie monotone quotidienne, avec les soucis de chaque jour : faire les courses, le ménage, élever mes enfants, petits ou grands, mais partout où je vais il faudrait que ceux qui me croisent sentent la paix et la joie de Dieu !
Aidez-moi à « me lever et partir à la hâte » au devant des petites tâches de l’amour chrétien, au milieu de mon devoir quotidien en chantant avec vous le Magnificat pour toutes les grâces que j’ai reçues !

D’après Paula Hoesl