Savoir regarder pour s’émerveiller

A l’aube des vacances d’été, occasion de détente et de découvertes, je voudrais non pas vous parler de façon académique de l’art, mais vous aider à regarder ce qui vous entoure pour vous émerveiller et cultiver la vertu d’eutrapélie (Aristote et Saint Thomas d’Aquin) en trouvant ou retrouvant la bonne humeur, car « cet art de la distraction bienvenue, offerte avec cœur, allège l’ombrageuse gravité des actes et des propos. Plus qu’un don ou un talent, il est une vertu offerte à quiconque veut en jouir. Elle est la force des caractères délibérément enjoués, des personnes dont on envie la joie de vivre tandis qu’on sait les épreuves silencieuses qui les marquent[1]. »

Pour cela, l’art, expression physique du beau à travers la création humaine, en s’approchant aussi près que possible de l’harmonie de la Création, nous aide. C’est pourquoi il ne fut jamais si pur, si entraînant vers les hauteurs qu’aux époques les plus chrétiennes, puisqu’il avait pour but la contemplation, même à travers le simple quotidien. Cette contemplation conduisait naturellement à la paix et à la joie. Elle suscitait des âmes joyeuses qui communiquaient la paix.

De nombreux édifices, églises et cloîtres couvrent notre pays.  Entrons dans une église romane et regardons la pureté toute simple des voûtes inspirées essentiellement des basiliques romaines mais aussi des influences byzantines et barbares, (nées à peu près avec l’an mille). Sachons  regarder le travail de la pierre locale, les sculptures, les scènes bibliques (véritable catéchisme), les décors de feuillages, les monstres symbolisant les dangers auxquels l’âme est soumise.

Découvrons les extraordinaires jeux de lumière des vitraux de nos cathédrales et tout le message chrétien du passage des ténèbres vers la Lumière.

Admirons une statue d’une Vierge à l’enfant parfois naïve, flânons ou mieux arrêtons-nous pour prier dans le silence d’un cloître, goûtons cette paix en pensant aux  moines qui s’y sanctifièrent. Emerveillons-nous des jeux du soleil, des senteurs des simples et initions les enfants à ces proportions parfaites, basées sur le nombre d’or[2] que les bâtisseurs d’églises et de cathédrales utilisaient en géométrie pour le respect de l’harmonie.

Il existe des parcours très didactiques pour les enfants et des associations de bénévoles catholiques font visiter, l’été, les trésors de leur région. Ils nous aident à découvrir et à aimer notre patrimoine.

Puis regardons pourquoi notre pays est si harmonieux, rassemblant une diversité géologique et géographique inégalée, avec un habitat des plus typiques et variés. L’homme a construit avec les matériaux locaux, qui ont la couleur du sol. Voilà pourquoi une vieille maison sera toujours bien de chez elle, comme issue de sa terre, dans une totale harmonie que n’ont pas hélas nos constructions modernes. Là où la chaux mêlée au sable local donnait cette union totale avec le paysage, laissait les murs respirer, et rayonnait du charme de la main de l’homme sans raideur, le ciment emprisonne l’humidité et raidit toute l’allure de la bâtisse.

Sachons nous émerveiller devant un simple outil que l’ouvrier autrefois fabriquait pour son usage personnel, lui donnant une paternité unique et le gardant toute sa vie, compagnon d’heures du labeur dans la peine et la joie du travail réussi. Dans les musées d’art populaire, nous pourrons apprécier et respecter la vie quotidienne locale des anciens, souvent rude.

Et dans les demeures plus ornées, considérons le savoir-faire qui donna à la France son rayonnement culturel à travers l’Europe et au-delà et qui reste encore de nos jours inégalé.

         N’hésitons pas à visiter ce qui est près de chez nous et que le rythme quotidien nous empêche de découvrir. Bien souvent nous connaissons mal nos régions d’habitat.

Alors bonne visite pour aimer toujours davantage notre vieux pays.

                                                                                  Jeanne de Thuringe

 

 

Bibliographie: Vous trouverez dans la collection Gisserot beaucoup de petits guides à des prix abordables sur l’art roman, gothique, les merveilles de chaque région, les symboles rencontrés, une variété de thèmes impressionnants.

Les guides Michelin sont aussi bien documentés sur l’histoire locale et l’art, mais privilégions les éditions anciennes plus fournies.

Les guides bleus, qui hélas n’existent plus, étaient culturellement très intéressants. Si vous en trouvez n’hésitez pas, et complétez les informations pour les horaires de visite avec les offices de tourisme.

[1] Hubert Borde, professeur de philosophie

[2]Le nombre d’or :
La plus ancienne définition, et construction géométrique, de la section d’or remonte au IIIème siècle avant JC et est due au mathématicien grec Euclide,