Les usages

Chers grands parents,

De plus en plus, dans nos familles, sous l’effet de la contagion ambiante, les usages catholiques et français qui structuraient la vie s’estompent voire disparaissent. La vie moderne, l’urgence permanente, la fatigue nous font perdre les usages élémentaires d’élégance qui faisaient notre culture.

Ces abandons ne sont pas anodins car ces usages ont été forgés au cours des siècles par la catholicité. Ils sont révélateurs d’un enracinement de notre religion dans notre vie quotidienne.

Aux Etats-Unis, où les usages étaient autrefois très marqués, tout a disparu en deux générations. Tout le monde se souvient du film « la petite maison dans la prairie » où les parents président la table, les tenues, les usages sont appliqués à la lettre, le déjeuner commence par le bénédicité… Aujourd’hui, si vous allez dans une famille américaine, tout a disparu. La famille s’installe comme elle arrive, il n’y a plus de réelle heure pour les repas, chacun va se servir dans le frigidaire et quitte la table à son gré. Les enfants saluent leurs parents par un « hey » qui pourrait aussi bien s’adresser à un camarade de leur âge…

Ces nouveaux usages ne sont pas sans effet sur la vie morale. Un prêtre affecté dans le Kansas nous disait que, quand une famille retournait à la tradition, il y avait tout un travail d’éducation à refaire car cet abandon des usages était en fait le triomphe de l’individualisme !

Nos vieux usages sont, dans une certaine mesure, la marque de la vertu catholique. Ils sont l’acceptation d’usages communs, donc de modestie, d’attention aux autres… on se sert après les autres, on passe le plat, on s’endimanche (ce qui est l’application visible du troisième commandement « tu sanctifieras le jour du Seigneur »). Leur abandon est donc, dans une certaine mesure, le triomphe de l’individualisme !

Que faire ? Ne rien changer ? Sûrement pas, les usages doivent s’adapter à l’époque !

Il faut discerner, dans les changements actuels, ceux qui sont nécessités par l’époque (logement petits, délais restreints pour les repas …) et ceux qui sont les fruits de l’individualisme ou de la paresse !

Je pense que les usages doivent respecter quelques règles : La première étant qu’il y a des règles 1 ! Je n’en retiendrai que deux qui me paraissent essentielles parce que porteuses de vertu.

  • On parle aux adultes avec respect. Si les jeunes se saluent d’un simple « « bonjour ! », quand ils saluent leur père, c’est « bonjour papa 2».
  • Les repas doivent être organisés pour être des moments d’attention aux autres et de conversations 3. Les tenues doivent être correctes, « endimanchées » le dimanche et l’usage doit faire que chacun est tourné vers les autres.

Je ne parlerai pas de tous les autres usages, nécessaires à une bonne vie commune concernant l’usage du téléphone, de la musique, du réflexe du service 4

Tous ces principes doivent évidemment être appliqués avec discernement. Les vacances sont un moment de détente et les ménages peuvent être fort différents. Des exceptions, dictées par la charité et le souci de la bonne ambiance doivent permettre à ces usages, tout en facilitant la vie commune, d’être mis en application d’une manière qui ne soit pas pesante. On permettra par exemple aux petits de rejoindre le déjeuner pour le dessert du dimanche, on tolérera, à titre exceptionnel, un retard au déjeuner pour finir une activité…

Tout cela doit être compris dans le sens où ces usages ont été adoptés : faciliter la vertu et la vie commune par des comportements chrétiens et communs.

Prions sainte Anne de nous conseiller dans ce délicat travail de grands-parents et de nous aider à piloter nos familles avec l’autorité et la délicatesse nécessaires.

Des grands-parents

1 On me dira que les règles ne sont pas les mêmes chez les autres grands-parents. Ça n’est pas grave ! Les enfants doivent comprendre que les familles ont leurs usages propres. Si l’on ne fait pas de la même manière chez grand-père et grand-mère que chez bon-papa et bonne-maman c’est aux enfants de s’adapter !

2 En application de « tes pères et mères honoreras, afin de vivre longuement ».

3 A cet égard, il est certainement bon que les petits déjeunent avant les grands et ne soient pas ensuite admis à la salle à manger.

4 Il arrive parfois que la grand-mère soit la seule personne  à la cuisine pendant que tout le monde discute !