Faire jouer ses enfants !

Les vacances arrivent, Bernard Dupetit retrouve son beau-frère Pierre Dezainés…

  • Mes enfants sont ravis de jouer avec les grands cousins : comment tes enfants ont-ils les idées de tous ces bons jeux ?
  • C’est une question d’habitude !
  • Comment la leur as-tu donnée ?
  • Mes parents et grands-parents m’ont appris plein de choses, je transmets. Je regarde chez mes amis que j’admire, ce qui marche bien. Nous lisons de bons livres sur l’éducation, nous inventons et testons en nous appuyant sur de bons principes !
  • Quel lien entre les principes d’éducation et les jeux ?
  • Tu n’as pas lu le dernier numéro des « Foyers Ardents » ? Je vais te donner des exemples…

Le jeu participe à l’éducation

« A quoi sert l’enfance ? L’enfance sert à jouer et à imiter. Ce n’est pas parce qu’il n’a pas d’expérience qu’un enfant est un enfant, c’est parce qu’il a besoin d’acquérir cette expérience[1]

Nous voulons en façonnant  des âmes, former des hommes ! Forger des caractères, construire des bases solides pour leur vie. Cela se fait par des exercices gradués de volonté et pour ainsi dire des sauts d’obstacles progressifs pour arriver à une certaine puissance dominatrice :

  • la force, mais aussi
  • la domination de soi : tempérament, nerfs, sensibilité, facultés, énergie
  • la domination sur la matière et la nature, en la respectant, par la culture, la science, l’expérience
  • la domination –au sens positif- sur les hommes, pour entraîner au bien commun ou y contribuer, être apôtre.

L’enfant puis l’adolescent doivent devenir forts pour exercer une liberté réelle, la volonté libre de choisir le Bien. Ni une machine qui répète sans réfléchir –jusqu’à l’obstacle qui provoquera sa chute- ni un esclave de la facilité, de ses passions ou de son environnement. Le jeu est un des moyens qui contribue à cette éducation.

Faire jouer ses enfants

J’apprends à mes enfants des jeux de cartes (bataille, crapette, belote ou tarot, patiences ou réussites).

Le samedi, après le café, pendant que je lis une bonne revue, l’un ou l’autre vient s’installer à côté de moi pour faire une maquette : je jette un œil de temps en temps, je conseille pour les étapes difficiles, ou donne un coup de main. J’encourage l’aîné qui bricole un nichoir ou une cabane.

Hier, mon épouse a mis un tablier à la petite Sophie qui jouait ainsi à la vraie dînette : elle a préparé pour la première fois un gâteau au yaourt ! C’était encore mieux que de jouer à la pâte à modeler !

Parfois, j’organise un petit jeu de piste dans le jardin, avec des énigmes ou épreuves à la portée de chacun. Dès qu’ils auront 12 ans, mes aînés sauront m’imiter en organisant ces jeux avec leurs amis ou même leurs petits frères et sœurs.

Les points communs de ces exemples :

  • utiliser la volonté de réussir pour vaincre les difficultés,
  • donner aux enfants la confiance en eux et une autonomie progressive. Papa est à côté, fait autre chose, mais reste disponible pour conseiller si besoin.
  • développer patience, observation, minutie…
  • accepter la difficulté voire même l’échec
  • exercer un petit effort associé à la joie de réussir : on apprend que le travail bien fait donne la joie au travail !

Laisser jouer ses enfants et les encourager.

Il ne s’agit pas de saturer ses enfants d’activités, même ludiques, ni de vouloir tout organiser pour lui. L’enfant doit apprendre à trouver des ressources en lui-même ! Il doit développer aussi :

  • son esprit d’initiative
  • son imagination
  • des projets, seul ou avec d’autres

La pédagogie scoute me donne des idées. Mes aînés, dès qu’ils ont fréquenté les louveteaux ou louvettes, ont eu envie de reproduire certains jeux à la maison ou en vacances : nous les y encourageons jusqu’à les laisser s’organiser seuls

  • jeux de pistes ou olympiades
  • séances de spectacle, sketches ou théâtre pour les grands-parents ou pour une réunion de famille. Nous, les parents y seront des spectateurs toujours positifs !
  • jouer à la maîtresse, jouer à la messe –avec respect- … nous fournirons éventuellement un peu de matériel. Nous observerons le plus discrètement possible pour laisser libre cours à l’imagination….Retiens-toi de rire si ton enfant, d’un air exaspéré, sort de la pièce où il joue, avec une poupée dans les bras pour la gronder parce qu’elle n’est pas sage à la messe ! Ou si la maîtresse du jour demande tel effort à ses élèves… Vous avez transmis quelque chose !

Faire face aux imprévus !

Parfois une dispute éclate. Si elle dure, il faut intervenir. Rappeler les principes (on ne se tape pas, soyons bons joueurs…). Si un parent intervient, il doit aller jusqu’au bout, pour faire respecter sa décision avec la fermeté nécessaire et si possible la douceur. Faire diversion pour dévier les attentions vers la suite du jeu, ou les attirer vers une autre activité, ou encore séparer les belligérants, est souvent plus efficace qu’un sermon répété !

Lors des longs voyages en voiture, après quelques CD, cette tactique de faire diversion pour détourner l’attention de l’inévitable inconfort qui dure est très efficace. La famille peut jouer à « ni oui, ni non », à la devinette (jeu des portraits) ou inventer des jeux d’observation: le premier qui voit une voiture rouge ? puis un chien ? une église ? un homme barbu ?… les compter…c’est inépuisable et fera patienter jusqu’à la pause !

Enfin, pour calmer les enfants, dans la journée ou le soir, je raconte souvent une histoire ou je lis un livre avec toute la nichée autour de moi ou sur mes genoux.

L’enfant est naturellement observateur, sensible, confiant. Développer ses qualités et son caractère par le jeu seront sources de gaité, de joie pour toute sa vie et pour la vôtre !

Hervé Lepère

[1] (1) Edouard Claparède (1873-1940), neurologue et psychologue Suisse, cité dans « Esquisse d’une pédagogie familiale », de François Charmot.