L’ordre

«La paix est le repos dans l’ordre[1]».

«  La paix demande d’abord l’ordre, c’est-à-dire elle exige que chacun demeure à sa place, que les inférieurs obéissent, que les chefs gouvernent, que tout être fasse son devoir, en respectant les droits des autres. C’est là le premier point. Mais la paix ne saurait s’accommoder d’un ordre maintenu seulement par la force : elle veut encore que les différents membres acceptent cet ordre, se tiennent pour satisfaits de la place qu’ils occupent, sans chercher à empiéter sur le domaine de leurs voisins et à bouleverser l’harmonie de l’ensemble. La paix ainsi entendue est un bienfait immense. Elle est, peut-on dire, le terme suprême de tous les efforts et de tous les désirs humains. Elle seule peut permettre l’épanouissement complet des facultés de l’homme, le progrès des sciences et des arts, le développement normal de la civilisation. [2]»

Dès la Création, Dieu a établi un ordre, une hiérarchie. S’Il a établi l’homme maître de la création, son but n’était pas d’en faire l’esclave du progrès. Si la femme a été tirée de la côte d’Adam ce n’est pas le fait d’une distraction de Dieu, ce n’est pas un simple détail. C’est le plan qu’Il a souhaité.

            Nous avons tendance à oublier bien souvent que l’ordre est le secret de la paix et même de la réussite matérielle. Le désordre, à l’inverse, entraîne les conséquences qui commencent sérieusement à apparaître dans notre monde sans boussole. C’est le cas dans nos familles quand les pères n’osent plus être la tête et que les mères oublient d’en être le cœur, et alors, les enfants – s’étant assurés qu’ils ne se heurteront plus à l’autorité – prennent eux-mêmes les rênes, et deviennent insensiblement des tyrans…

Nous avons abordé largement dans notre N° 5 la reconnaissance due à notre mari. N’hésitons pas à lire et relire cet article[3]. En effet les hommes d’aujourd’hui, imprégnés malgré eux des principes de la Révolution, ne reconnaissent plus leur valeur de chef. C’est alors à l’épouse, de par son intelligence du cœur, d’aider son époux à prendre confiance en lui et de délicatement l’orienter vers son véritable rôle. Les retraites de Foyers, des lectures choisies, les conseils des prêtres, la pratique de la méditation sont les moyens qui aideront chacun à prendre la place que Dieu, dans sa grande sagesse a réservée à chacun.

Ensuite naturellement les époux parviendront à établir un plan d’éducation et réussiront à concevoir leur plan de vie en lui donnant une  véritable cohérence.

Quand chaque chose est à sa place, la paix vient naturellement.

Ces notions sont les éléments essentiels d’une famille prospère et d’une éducation réussie.

Quand l’homme prend la tête, il comprend qu’il tient son autorité de Dieu et de ce fait il Lui rendra – et s’attachera à Lui faire rendre par sa famille -, les hommages qui Lui sont dus. Si la vie religieuse familiale est réelle, active, progressante, elle permettra à chacun de dépasser dans la prière commune son « moi » superficiel ; et l’idéal de chacun ne sera plus dans son petit plaisir personnel mais vers le bien de tous pour atteindre le but suprême.

Le père lui-même agit pour le bien de sa famille et en arrive à s’oublier lui-même. Les décisions familiales (vie chrétienne, écoles, vacances) sont prises en vue du bien commun.

La mère, femme forte de l’Evangile, cœur de la famille, exerce le mandat qui lui revient avec humilité, discrétion et sagesse; elle fait régner l’autorité du père sans le contredire ; elle exige l’obéissance, elle enseigne la vérité et distribue le pain de l’affection car l’homme a un immense besoin d’être aimé.

La jeunesse d’aujourd’hui se meurt d’avoir été mal aimée ; prenons garde de ne pas tomber dans le même travers : aimons nos enfants – ceux qui ne sont pas aimés iront vite chercher l’amour loin de la maison- mais aimons les d’ « un amour sain, équilibré ; un amour éclairé, sage, vertueux, pur, élevé, désintéressé, ferme, dévoué, indulgent et patient »[4] . Ceux qui n’ont pas été bien aimés sauront-ils jamais bien aimer eux-mêmes ?

Enfin n’oublions pas que ce pain dont la femme nourrit sa famille est trop exquis et trop blanc pour qu’elle puisse le fabriquer au milieu de la poussière du monde et près de la boue du péché. Il lui faut donc aller le chercher près de Dieu : dans la réception de l’Eucharistie bien sûr, mais aussi dans ses communions spirituelles, dans une intimité divine toujours renouvelée, dans la lecture de l’Evangile, dans sa méditation quotidienne et dans la récitation de son chapelet. C’est là que l’épouse, la mère trouvera la force pour donner à chacun ce qui lui est nécessaire grâce à l’intelligence du cœur que lui enverra le Saint Esprit.

            Confions nos familles à Notre-Dame des Foyers Ardents ; qu’elle nous aide à retrouver l’ordre et donc la paix dans nos familles.

Marguerite-Marie

[1] Saint Augustin – De Civit. XIX, 13

[2] Dom Jean de Monléon in Le Christ-Roi

[3] Foyers Ardent s n°5 Editorial : « Merci à nos maris »

[4] Mgr Gay – 7eme conférence aux Mères chrétiennes