Cultiver ses richesses

L’action de la femme dans la société est en complète évolution ; on ne peut comparer la vie de nos grands-mères à celle de nos jeunes filles actuelles. Mais pour autant, la mission de la femme, elle, n’a pas varié car Dieu ne change pas, et dès son premier regard sur Eve, Il a répandu sur elle ses bénédictions afin qu’elle puisse accomplir sa mission jusqu’à la fin des temps. La femme ne trouve sa voie que lorsqu’elle est comprise et honorée en tant que femme, et non pas en tant que réplique de l’homme.

Mais pour que nos jeunes filles actuelles sachent donner ce que l’on attend d’elles, il faut qu’elles soient formées ! Pour avoir beaucoup à donner, il faut être riche !

Les disciplines intellectuelles donneront le contrepoids de l’intelligence à la sensibilité, car il ne faut pas se contenter de « sentir », il faut aussi penser… Ne nous satisfaisons pas de l’intuition féminine qui est réelle mais qui ne sera pas suffisante pour rayonner dans toute sa mesure. Il n’est pas question ici d’inciter les femmes à faire de hautes études : la culture n’est pas la conquête d’un examen, elle est l’application de la pensée et aussi du cœur, à tout ce qui intéresse la vie. Se cultiver nous apprend à réfléchir, que ce soit sur un livre, une œuvre d’art, la nature ou le spectacle de la vie !

Ces richesses intérieures apportées par la culture nous défendent contre les tentations qui viennent souvent de la monotonie de la vie, de l’ennui. Quand on a une vie de l’esprit et de l’âme, on ne s’ennuie jamais ! Que reste-t-il, à l’âge du déclin, aux femmes qui ont tout mis dans leur apparence physique? Celles qui ont misé sur leur esprit et leur âme n’ont rien à craindre : elles ont là un trésor qui leur donne la possibilité d’engranger chaque jour de nouvelles récoltes pour elles-mêmes et pour les autres.

Loin de vouloir la cloîtrer dans un foyer rétréci, l’éducation doit lui donner tous les éléments pour devenir une épouse et mère épanouie, équilibrée et heureuse sans aigreur ni ressentiment mais fière de sa mission. Elle doit se préparer à ses devoirs futurs, conservant sa dignité et réalisant son œuvre de fondatrice de famille chrétienne, de reine de son foyer, de mère et d’éducatrice sans oublier son rôle apostolique et social.
Les parents auront à cœur d’aider leurs filles à découvrir en elles une richesse à développer. A chacune la sienne…
Si vous avez le désir de donner beaucoup à tous ceux que vous aimez, développez vos richesses, nourrissez-vous de ressources qui vous serviront, le temps venu, à « animer » votre foyer, à donner à chacun ce dont il aura besoin ! Il ne s’agit pas de niveau ou de capacités mais de trouver un thème qui vous inspire: Histoire, Philosophie[1], cours d’approfondissement des vérités de la Foi[2], mais aussi art, activités manuelles, nature, etc…

Comment trouver sa place dans la société actuelle ?

 L’expérience montre qu’il existe des périodes dans la vie d’une mère de famille où l’emploi du temps est moins rempli: avant la naissance des premiers enfants et après leur départ du foyer vers la pension (si on a fait ce choix), pour leurs études supérieures ou plus tard pour mener leur vie.

Sans perdre de vue sa mission principale auprès de son mari, de ses enfants et des siens, il est évident que la femme peut profiter de cette période pour nourrir et cultiver sa richesse en occupant ses temps libres.

Le but recherché n’étant pas de « gagner de l’argent » mais bien de trouver son équilibre en se donnant, en continuant à nourrir son esprit ou tout simplement en pratiquant une activité que l’on a plaisir à exercer.

Cet avenir doit être envisagé à l’avance ; et c’est dès l’adolescence que l’on doit découvrir ou encourager le talent ou les aptitudes de chacune. On pourra ainsi cultiver, entretenir ou promouvoir une activité qui pourra être reprise dans un avenir plus ou moins proche, après le mariage.

Il est important de garder à l’esprit que même une action bénévole et généreuse doit répondre à quelques principes essentiels pour ne pas perdre de vue la mission principale de l’épouse et de la mère :

– L’action est-elle honnête, autorisée et source de bien ? (attention aux ventes pyramidales à la mode…)

– Celle-ci m’empêche-t-elle de faire mon devoir d’état ? (une obligation de présence à des jours et heures fixes me permettra-t-elle de me libérer pour la maladie d’un enfant, pour être présente lors de vacances décalées d’un autre, pour être toujours disponible pour les besoins des miens à toutes les époques de la vie (époux, enfants, petits-enfants ?) 

– Est-elle compatible avec mon équilibre nerveux et ma fatigue physique ?

– Cette activité ne va-t-elle pas grever le budget familial de façon déraisonnable ?

Une fois toutes ces questions résolues sous le regard de Dieu, avec son époux et éventuellement le conseil d’un prêtre qui connait bien le foyer, choisissons parmi les idées suivantes qui ne sont que des exemples !

Quand on a du temps libre, plusieurs activités peuvent être envisagées :

– Le bénévolat doit être une priorité car n’est-ce pas là la vocation de la femme que de donner ?

  • Visiter les malades, les personnes âgées de la paroisse ou de notre village.
  • « Dépanner » une amie débordée en lui « empruntant » un panier de linge à repasser, aider aux devoirs les enfants d’une maman fatiguée, proposer à une autre de lui garder ses enfants une après-midi …
  • Faire le raccommodage de la sacristie, aider au ménage de la Chapelle ou à fleurir l’autel, se proposer pour la chorale, instituer un « Rosaire des mamans », monter une bibliothèque paroissiale (livres ou cd), aider le prêtre pour le catéchisme, organiser ou tenir une procure, s’investir dans l’Œuvre Saint Vincent de Paul, la Milice de Marie…
  • Rendre service à l’école, surveillances, cantines, ménage. Proposer son aide aux associations connues (secrétariat, articles).
  • Organiser une marche ou un pique-nique paroissial, une visite de musée, des conférences.
  • Maintenir les liens par la fabrication d’un calendrier familial avec les photos de tous ou d’un journal familial envoyé aux grands-parents.

Il suffit simplement bien souvent de proposer un peu de temps au prêtre qui dessert notre paroisse pour qu’il nous oriente vers une bonne action.

Ensuite, comme saint François d’Assise qui avait plaisir à jouer avec un petit oiseau, cultivons la richesse – découverte dès l’adolescence- qui pourra nous donner l’équilibre dont nous avons besoin. On ne peut tendre un arc jusqu’à ce que la corde se rompe. « Dieu est un bon père qui veut que ses enfants se récréent, jouent, pourvu que ce soit en sa présence[3].» A chacun son tempérament : les unes trouveront leur satisfaction au cœur de leur maison (cuisine, réfection d’une chambre, jardinage), d’autres au contraire auront besoin de contacts humains et de sortir un peu de leur univers privé pour mieux y rentrer ensuite.

L’activité choisie doit apporter un délassement mais sera encore plus profitable si elle nous permet d’apporter un supplément de richesses à nos enfants. Elle offrira un sujet de discussion avec les siens et en société ; elle pourra aussi augmenter l’admiration du mari pour son épouse (on sait que celle-ci est un des éléments qui entretient l’union) et donner la petite note de confiance en soi qui participe à l’épanouissement général.

Les domaines peuvent être variés :

  • Des activités intellectuelles telles que la musique, la généalogie, la lecture d’un thème privilégié : histoire, éducation, philosophie, tout ce qui augmente la culture générale…
  • Des activités manuelles : encadrement de gravures, broderie, tapisserie, réfection de fauteuils, peinture sur bois, sur porcelaine, réalisation de bouquets, gravure sur verre, dessin, peinture, … (beaucoup d’associations proposent des occupations variées).
  • Si on en a les capacités, on peut donner des cours (de soutien scolaire, de musique mais aussi d’activités manuelles aux adultes)

Ces activités pourront apporter un petit complément financier si besoin est ; pour cela l’idéal est qu’elles puissent être exécutées à domicile (encadrement de gravure, tapisserie, fabrication de chapeaux, de bijoux, couture, …) et en « anticipant  toujours les imprévus » dans le délai de commande afin que le devoir d’état puisse toujours passer en premier !

Il est important que cet apport financier soit ajouté au budget familial afin de participer réellement aux besoins familiaux. Et pour bien garder à l’esprit notre vocation de « semeuse de joie », n’hésitons pas à, régulièrement et généreusement, offrir nos services sans demander de rémunération à ceux qui en ont besoin…

On aura compris que ces occupations ne pourront sans doute pas être entretenues pendant les années où la maison est comme une ruche bourdonnante et où les « temps libres » seront rares et souvent consacrés au repos ou à la détente. Mais en revanche quand la maison n’est pas encore pleine ou qu’elle se sera vidée, il est important que la mère au foyer, aidée et encouragée par son époux, recherche son équilibre.

Alors en effet elle sera heureuse de trouver la bonne formule –qui peut varier selon les époques de la vie – en utilisant les dons que son créateur lui a confiés pour conserver et répandre la plénitude de sa générosité et de ses facultés.

Elle trouvera alors la sérénité de l’âme et pourra continuer à répandre autour d’elle sa joie de vivre.

Que Notre-Dame des Foyers Ardents vous guide sur ce chemin, grâce aux vertus de prudence et de joie.

 Marguerite-Marie

[1] Cours en CD Session Saint Thomas http://stthomasdaquin.free.fr/cours_saint_thomas_par_correspondance.html

[2] Cours de Catéchisme de M. l’abbé Billecocq

[3] Traité de la Joie de l’âme chrétienne.

Père Ambroise de Lombez. O.F.M.