Seul…

Au milieu d’un monde hostile et d’une société qui court à sa perte, comment le catholique fervent ne pourrait-il pas se sentir « seul » bien souvent ! « Soyez dans le monde mais pas du monde. » Cette phrase nous appelle à la solitude.

Seul, l’élève qui n’a pas regardé ses trois films durant le week-end…

Seul, le jeune qui refuse de se joindre à une bande de copains qui vont fêter avec quelques bouteilles un peu trop joyeusement leur diplôme, ou qui partent en week-end d’intégration en oubliant la messe du dimanche…

Seule, la jeune fille qui garde une tenue digne d’une chrétienne dans sa vie d’étudiante et partout où elle va …

Seuls, les fiancés qui ont décidé de vivre leurs fiançailles dans la pureté au milieu d’un groupe d’amis…

Seuls, les jeunes parents qui s’installent à la campagne pour offrir le meilleur à leurs enfants…

Seuls, les parents qui refusent les invitations du week-end pour rester avec leurs enfants absents la semaine…

Seule, la maman qui a choisi de se consacrer à son foyer et à ses enfants…

Seul, le papa qui, de retour au travail, le lundi matin ne peut raconter à ses collègues ses exploits puisqu’il s’est simplement occupé avec amour de sa famille…

Seuls, les parents qui ont fait un choix religieux différents de leurs familles respectives et qui s’en trouvent ainsi rejetés…

Seul…

C’est le quotidien de ceux qui renoncent et se renoncent par amour de Dieu et pour un plus grand bien…

Il y a des jours où ce sacrifice pèse particulièrement.

Et pourtant… Si vous avez choisi dès vos fiançailles de vivre généreusement votre engagement, si vous voulez donner à Dieu et à la société des hommes et des femmes de qualité, ayant une colonne vertébrale solide, capables de construire la cité de Dieu, ce sera votre lot !

Faut-il pour autant vivre cette solitude comme un boulet à traîner ? Comme une souffrance qui nous ronge ?

Ne serait-ce pas plutôt un moyen de sanctification privilégié ? Comment bien vivre cette solitude de l’âme ?

Ayons des convictions communes et étayons-les par une formation solide.

 Il est très important de poser des choix en connaissance de cause et d’en être convaincus à deux. Quand au cours des années, les progrès spirituels feront grandir les applications pratiques, apprenons à monter ensemble. Si, à l’occasion d’une retraite, nous avons décidé de renoncer à telle ou telle habitude ou pris une nouvelle résolution, attachons-nous à la proposer et à défendre cette résolution avec des arguments solides pour que chacun des deux y adhère avec foi : 

  Pourquoi réciterons-nous dorénavant l’Angelus avant les repas ?

  Pourquoi n’irons-nous plus en vacances sur les plages du sud ?

Dès les jeunes années, un enfant se rend compte que ses parents ont un comportement différent de celui des parents de ses amis, voire d’une tante ou d’un oncle. Au début, on peut répondre par un simple : « chez nous cela ne se fait pas », mais très vite et dès l’âge où le raisonnement est vivant, il sera nécessaire d’étoffer la réponse et de lui donner un caractère surnaturel. Que l’enfant comprenne que cela ne vient pas d’un caprice mais que le sacrifice de ses parents vise le bien de la famille entière, dans le seul but de parvenir plus sûrement au ciel en donnant à Dieu des preuves de notre amour.

Forgeons des personnalités et apprenons le sacrifice.

 Petit à petit l’enfant commencera à comprendre que tout acte majeur doit être pensé et qu’il doit réfléchir avant de « suivre le troupeau » ; il remarquera qu’avant de prendre une décision, ses parents, pèsent le pour et le contre en vue du bien commun et ne font pas toujours « comme les autres ». C’est ainsi qu’il consolidera ses convictions et apprendra à prévoir les conséquences de ses actes : si Maman ne travaille pas à l’extérieur, la réalisation des travaux sera sans doute plus longue, mais elle sera présente pour veiller sur chacun. Si Papa a fait combler la piscine dans le jardin, c’est parce qu’il sait que ce sera une occasion de lascivité et d’oisiveté pour ses adolescents et leurs amis…

Le renoncement au luxe est l’une des raisons les plus fréquentes de l’isolement mais le chrétien sait qu’un luxe non maîtrisé entraîne une pauvreté extrême de l’intelligence et du cœur ; il amollit et mène à une vie lascive et à l’égoïsme, à l’amour du plaisir à outrance, au désir de plaire, au manque de volonté pour résister aux « amis » entraînants. C’est lui qui donne à la jeunesse cette vie oisive, brillante, dorée, jouisseuse à l’excès, voluptueuse, qui sait manger et non travailler, dormir et non veiller, céder et non vaincre, végéter et non vivre. 

Les sacrifices consentis sont réels mais dès ici-bas nous verrons les bienfaits qui les accompagnent.

Développons la charité en priant les uns pour les autres.

 Afin que ces sacrifices portent vraiment leurs fruits, il faut y joindre l’huile du bon Samaritain : cette fleur de la charité qui apprend à ne pas condamner ceux qui font autrement. Apprenons à nos enfants à ne pas juger les personnes ; seul Dieu connaît le cœur des hommes : peut-être y a-t-il des éléments que nous ne connaissons pas… Et si nous étions à leur place ne ferions-nous comme eux ou même pire… ? Peut-être ont-ils vécu des événements qui – Dieu seul le sait – excuseront leur comportement… Et n’avons-nous pas reçu bien davantage que lui ?

En revanche, prenons l’habitude de prier pour celui que nous aimerions condamner ; cela nous permettra de doser la gravité d’une faute. Et nos enfants comprendront alors la portée de cet acte qu’il ne faut pas imiter.

N’oublions pas la valeur de l’exemple qui sera le meilleur des apostolats en famille et entre amis.

  Chers amis, la solitude mène à Dieu. Et si elle demande bien souvent de l’héroïsme, elle est le chemin direct et indispensable pour atteindre le ciel. Sachons l’offrir quand elle vient à nous et l’accepter avec le sourire. Ce sera le joli ruban qui orne le bouquet de nos sacrifices pour les offrir à Dieu le Père, par l’intermédiaire de Notre-Dame des Foyers Ardents.

Dieu n’abandonne jamais celui qui le suit.

Marguerite Marie