Petite histoire des arts de la table

Continuons notre petit tour de table… par la vaisselle :

          Si Faïence et porcelaine sont deux sœurs que l’on trouve sur nos tables, sans compter le grès (matériau céramique très dur et résistant) quelle est leur différence ?

Savez-vous que le mot Faïence vient de la ville de Faenza en Italie, célèbre pour ces céramiques ?

C’est une poterie à base d’argile, colorée dans la masse, perméable à l’eau, recouvert d’un mail contenant de l’étain (stannifère) opaque.

Les premières faïences datent du XVIème ; elles parent les tables de l’aristocratie dont les armoiries y sont souvent peintes, ainsi que celles des grands bourgeois. Les ménages plus modestes utilisent des écuelles en grès ou pour les plus raffinés en étain.

A travers tout le royaume de France les faïenceries vont se multiplier jusqu’à la fin du XVIIIème siècle : Rouen, Nevers, Moustier Saint -Marie, Strasbourg, Lunéville, Marseille, Creil, Douai, Sarreguemines, Samadet, Bayeux, Gien, Quimper. Les petites faïenceries locales touchantes, copiant les plus grandes, sont vendues par les colporteurs sillonnant le pays.

Ainsi « l’oiseau de paradis » se retrouve tant sur le Moustier que sur la faïence de La Rochelle, chacune avec son savoir-faire propre.

Des fleurs (le bleuet dit barbeau), des événements historiques sont souvent source de décor (montgolfières, « slogans » révolutionnaires.

L’avènement de la production industrielle à partir du milieu du XIXème siècle aura raison des faïenceries traditionnelles mais permettra de produire une vaisselle de qualité, solide, abordable pour tous.

Avec la Compagnie des Indes créée par Colbert, la porcelaine se développe, technique venue de Chine, tirant son nom d’un coquillage nacré, baptisé en italien « porcellana ». Les plus grandes manufactures fourniront les tables royales : Sèvres, Saint-Cloud, Chantilly, Vincennes, Limoges.

La porcelaine de Paris blanche et or, est très répandue au XIXème siècle.

Meissen, en Saxe est la première à percer le secret de la porcelaine dure, produisant avec d’autres villes la fameuse porcelaine de Saxe, puis en France cela arrive en 1768 quand un gisement de Kaolin est découvert par hasard à Saint Yrieix près de Limoges.

Mais si la prolifération de maisons de porcelaine installées à cet endroit ne tardera pas à épuiser le filon, il n’en reste pas moins que beaucoup de manufactures y continuent leur activité.

Il existe deux types de porcelaine :

La porcelaine tendre composée d’une argile calcaire et d’un mélange de silice, d’alumine de soude et de potasse. Après une première cuisson elle reçoit une couverture à base de plomb mais elle est fragile et rayable.

La porcelaine dure à base de kaolin, felspath et quartz est une pâte délayée à l’eau puis moulée, tournée ou coulée. Elle subit une première cuisson, reçoit une couverte, puis est recuite à forte température.

Le décor est alors appliqué avec des couleurs à base d’oxydes métalliques qui permettent une grande variété de coloris, et fixé à basse température.

Ce petit tour historique n’est pas représentatif de nos tables actuelles quotidiennes, où le pratique et la simplicité  dominent. Nous apprendrons à les embellir dans le prochain numéro avec notamment ce que la nature nous donne.

Jeanne de Thuringe

 

            Truc et astuces : comment distinguer porcelaine et faïence ?

             La faïence est lourde, mate, un peu irrégulière au toucher, son émail n’a pas une épaisseur régulière et si vous la frappez d’une pichenette, elle produit un son mat.

La porcelaine est fine, légère et souvent translucide. Sa pâte est blanche, son émail homogène et elle produit un son cristallin.