Fruit de ce Mystère : La recherche de Dieu en toutes choses.
Quand Jésus eut 12 ans, nous dit l’Évangile, « ils montèrent à Jérusalem selon la coutume, et quand ils s’en retournèrent, l’Enfant Jésus demeura à Jérusalem sans que ses parents s’en fussent aperçus… » Je m`imagine si bien quelle dût être votre angoisse, Vierge Marie, lorsque dès le premier soir, à l’étape, vous n’avez pas retrouvé Jésus. Vous le croyiez parti avec Joseph.. Et ce fut seulement le soir que, vous qui cheminiez avec d’autres femmes de Nazareth, vous vous êtes aperçue que Jésus n’était pas là.
« Joseph, avez-vous vu l’Enfant ? »Mais personne n’a rencontré l’adolescent. Il fallut repartir de nuit et refaire en sens inverse le chemin du matin.
A Jérusalem pas de trace non plus de Jésus… Quelle recherche inquiète! Le temple domine la ville et plus d’une fois, pauvre mère, vous avez dû penser à la prophétie de Siméon, à ce glaive qui devait déchirer votre cœur ? Est-ce là le commencement de la douleur ?… Mon Dieu que votre volonté soit faite !
Et quand vous l’avez retrouvé au milieu des docteurs, les éblouissant de sa jeune sagesse, comme sa réponse a dû vous paraître étrange : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père… ? »
L’Évangile a beau nous dire que vous avez ramené Jésus avec vous à Nazareth nous sentons bien que quelque chose est changé pour vous. Il en est de même pour toutes les mamans, quand elles s’aperçoivent que l’enfant s’en va tout seul vers son destin particulier… Vous avez toujours su qu’Il était à Dieu avant d’être à vous. C’est l’humanité qui va vous le prendre, et elle ne vous le rendra que le soir du Vendredi Saint, quand vous le recevrez, mort, entre vos bras…
Je pourrais tirer bien des leçons de la méditation de ce mystère. Je veux simplement regarder la promptitude avec laquelle vous cherchez Jésus parce qu’Il est le trésor sans lequel vous ne pouvez pas vivre. O Mère, affermissez ma foi trop superficielle ! Toutes les vérités magnifiques que m’enseigne l’Eglise, je les connais, mais je n’en vis pas ! O Vierge Marie, donnez-moi de comprendre ! Sans Jésus, que suis-je moi-même ? Toutes ces vérités que je connais, mais qui ne sont pas encore bien rentrées dans mon cœur, dans ma vie ! J’ai les yeux trop aveuglés par les réalités passagères et je ne sais pas voir le monde, des réalités éternelles. Ouvrez mes yeux pour que je comprenne !
Ma vie, trop souvent, je la vis sans penser à mettre Jésus au centre. Je remplis mes devoirs de maîtresse de maison, je m’occupe du linge, je cours faire les courses, je cueille les joies de mon foyer et de mon cœur… et j’oublie que j’ai besoin de Jésus pour mener à bien les plus humbles besognes humaines si je veux qu’elles aient un prolongement surnaturel ! « Sans moi vous ne pouvez rien faire… » Oh sans doute, je peux faire ma cuisine, surveiller un exercice… mais que puis-je donner à cet enfant qui cherche le sens de la vie et à cet homme qui s’appuie parfois si fort sur mon épaule alors que j’aimerais aussi trouver en lui mon refuge… et que puis-je donner à cette âme désemparée rencontrée hier et qui a l’air d’attendre silencieusement de moi la force de reprendre sa tâche… Qu’ai-je en moi pour cette amie, cette voisine, tous ceux qui s’en vont solitaires dans leur vie difficile et mystérieuse ? Sans Jésus, je ne peux réaliser ma tâche qu’en surface, je ne peux pas la faire en profondeur dans ce qu’elle a de sacré et de durable car toute tâche humaine est une entreprise qui plonge dans le divin et je n’ai le moyen d’y pénétrer qu’avec Lui et par Lui !
Oh Marie faites que je m’aperçoive quand Jésus n’est plus avec moi, car il est inutile que je poursuive plus loin ma route sans lui. Dès que vous avez vu qu’il n’était pas là, vous êtes revenue en arrière, car chacun de vos pas vous aurait éloignée de lui davantage !… Donnez-moi votre promptitude lorsque j’aurai le malheur de tomber dans le péché. Je suis fragile comme toutes les créatures. Vous le savez bien, vous à qui je redis sans cesse, en répétant mes Ave : « Priez pour moi, pauvre pécheur. » Combien de fois vous ai-je répété ces mots ?… Mais si j’aime tant à les redire, c’est pour que vous veilliez sur ma faiblesse et me rameniez sans cesse dans le chemin qui mène à Jésus. La vie est pleine de tentations et je suis si faible. Mais je vous en supplie, ô ma mère miséricordieuse, faites que je ne me sépare jamais de Jésus ! Lorsque j’ai le malheur de tomber dans le péché, faites que je ne reste pas un soir sans reprendre la route qui mène à Lui. Et quand je m’agenouillerai à mon tour dans le confessionnal, ce sera sa voix qui me dira que tout est pardonné et je ressortirai de l’église avec la même joie qui vous soulevait quand vous sortiez du temple, parce que, moi aussi, je le ramènerai avec moi !
Faites surtout que je m’aperçoive immédiatement de sa disparition. Les ruptures brusques sont moins dangereuses que ces désaffections lentes, où le cœur se déprend sans savoir à quel moment il a cessé d’aimer, où les gestes et les mots se continuent machinalement alors qu’ils ne sont plus l’expression profonde de l’amour. Tant d’âmes perdent ainsi Jésus lentement, sans s’en rendre compte ! Là où il y avait l’amour de Jésus, c’est maintenant l’amour de soi-même qui se glisse. Lentement la tiédeur a remplacé la ferveur. Ce livre, ces revues, ces relations, ces films, ces sites regardés longuement… les aurais-je acceptés il y a quelque temps encore ? J’ai changé et je ne le vois même pas car tant de prétextes me semblent bons pour esquiver la prière, la mortification, la charité… J’ai trouvé des excuses : une lettre à écrire, des amis à ne pas effaroucher, la prudence humaine à écouter… oh ! comme il est facile de se leurrer !… Je n’ai pas terminé mon chapelet…, ce pauvre est passé et je ne lui ai rien donné… et ce pauvre a de multiples figures : mon mari qui quêtait quelques minutes pour nous deux, mon fils qui avait besoin de faire ses confidences, ma grand-mère qui attendait ma visite… Ce sera pour la prochaine fois… Ainsi lentement, peut s’estomper le Visage adorable de Jésus que je dois voir à travers le visage de chacun de mes frères. Encore chrétienne de gestes et de tradition, je risque de devenir comme tant d’autres : une païenne dans un monde paganisé. Illusionnée par mes « pratiques de piété », je risque de ne pas voir que mon cœur est vide de Jésus, empli par le grouillement de mes convoitises, de mes égoïsmes, de mes partis-pris, de mes rancunes, de mes petites ou grandes vanités… Sépulcre blanchi dont parle l’Évangile !
De cette perte de Jésus préservez-moi, ô Marie, au nom de ce cinquième mystère, car comment pourrais-je retrouver Jésus si je ne m’aperçois même pas qu’Il n’est plus là ! Donnez-moi d’être comme disait Elisabeth de la Trinité « toute éveillée dans ma foi » pour que jamais la flamme de l’amour ne baisse !
Je sais trop que chaque jour la vie essayera, avec son usure quotidienne, d’affaiblir ma ferveur si je ne suis pas sur mes gardes, mais je sais que la meilleure façon de ne pas perdre Jésus, c’est de m’en rapprocher par la prière et les sacrements.
O Marie, ô Mère, faites que toute ma vie soit à l’exemple de la vôtre, une recherche passionnée de Jésus ; non pas une recherche inquiète mais une recherche joyeuse parce que moi aussi, comme Pascal, j’ai le droit de m’entendre dire : « Tu ne me rechercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé… »
D’après Paula Hoesl