Le soir descend doucement en cette journée d’automne
Nimbant des dernières lueurs l’or des arbres
L’été est bien fini, l’heure vespérale s’approche au plus près
Et nous laisse à contempler, à entendre, pour prendre
Le temps du silence.
Bientôt l’hiver sera là et la possible couche poudreuse
Etouffera tous les bruits sous sa ouate neigeuse
Laissant la ville comme assourdie, la campagne méditative et silencieuse
Les animaux tapis et cois, permettant que règne en maître apaisant,
Le temps du silence.
C’est lui qui dans nos vies trépidantes fait tant défaut
Lui que nous chassons si vite, écouteurs sur les oreilles, musique forte dans la voiture,
La maison ou les lieux publics,
Il n’est plus de mise et son absence nous fatigue à notre insu, nous dissipe,
Comble artificiellement le vide de nos âmes, car nous ne prenons pas
Le temps du silence.
Pourtant il est indispensable à l’âme afin de la laisser monter vers son Créateur
Pour lui parler comme à un ami, le supplier, le louer et se remplir de Lui.
En son sein, l’intelligence s’élève pour comprendre ou concevoir.
Dans la contemplation de la nature ou d’une belle œuvre,
Prenons le temps du silence.
Le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien, dit-on
Il n’est que le prélude de l’infernal tintamarre des ténèbres
De celui qui sait ce qu’il combat : la paix de l’âme et son union à Dieu.
Mettons-nous dans le silence de la prière pour rayonner et grandir dans les vertus
Prenons le temps du silence
Dans une conversation, quand un cœur blessé s’épanche sur le cœur ami
Désireux d’être compris et aimé
C’est lui qui favorise les confidences, apaise l’âme troublée
Se retenant de juger, encourageant, parfois juste d’un geste amical :
Le temps du silence.
Dans la vie du cloître, il fait les saints, haussés par la grandeur et la beauté des lieux,
Où la parole est trop petite pour dire l’Ineffable,
Où Dieu se laisse toucher d’un regard, d’une prosternation,
D’une humble obéissance à la règle ancestrale, immuable
Et pour nous dans le monde à notre humble devoir d’état
Vivons le temps du silence.
Jeanne de Thuringe