Samedi d’hiver, journée pluvieuse, les enfants ont été sages toute la matinée, mais à 14h…
- Je ne sais pas quoi faire…On s’ennuie…Il m’embête…
Bernard Contact, le papa, absorbé dans un bon livre, a très envie de répondre :
- Va jouer ! Laisse-moi tranquille…
Il se ravise, et avec un sourire :
- Venez, on va jouer ensemble !…
- Oh oui, papa !….Chouette !…
Bernard se lève et tout en réfléchissant :
- Que voulez-vous faire ? Aviez-vous commencé quelque chose ?
En l’absence de réponse, il a le choix de jouer avec ses enfants, faire jouer ses enfants ou les encourager à jouer !
Jouer avec ses enfants
Aujourd’hui, Bernard s’assied par terre, dans la chambre avec eux, un bac de cubes (de Kapla ou de Légos) est sorti :
- Nous allons construire la plus grande tour du monde ! Chacun à son tour met une pièce…
Evidemment, Marie l’aînée trouve que son frère Louis -4 ans- est bien maladroit, Paul essaie de l’aider discrètement, Louis veut faire comme les grands et se rebelle….
Patatras, la tour finit par s’écrouler….
- C’est de sa faute…Ouiinnn….
- Bravo dit le papa, Bernard, en riant… Ce n’est pas grave, recommençons pour aller plus haut cette fois-ci !
Après avoir accompli deux ou trois jeux différents, les enfants contents, continuent à jouer calmement seuls. Bernard passe à ses papiers ou à son bricolage. Il vient de passer un « moment de qualité », témoignage d’affection réciproque avec ses enfants. Il a la joie du devoir accompli dans la bonne humeur. Il a appris sur ses enfants et a avancé dans leur éducation !
Rôle éducatif du jeu
En effet, le jeu se distingue de la distraction, en ce qu’il amène l’enfant à exercer ses facultés physiques et psychologiques, développer son caractère et des compétences dont il aura besoin plus tard dans sa vocation d’adulte.
En observant l’enfant jouer, l’éducateur pourra plus facilement discerner, diriger ou orienter les tendances profondes de la nature de l’enfant.
Le rôle de l’éducateur sera donc multiple :
- Découvrir les tendances et tempéraments des enfants
- Orienter les passions : réprimer les passions dangereuses (orgueil, tricherie, colère,..) et encourager les autres (bienveillance, justice, joie,..)
- Apprendre à « bien jouer » : seul ou en groupe, en encourageant les jeux actifs pour l’imagination, l’habileté, l’intelligence, les sens, l’échange avec les autres et en évitant les jeux passifs ou violents. Les parents s’assureront de la valeur morale des jeux !
- Donner de la joie et développer la confiance en soi des enfants.
La vie est faite de réussites et de joies à encourager et partager, d’échecs ou de difficultés à surmonter. Le jeu aussi !
S’adapter aux tempéraments
Au sanguin qui passe de l’excitation du gagnant à la colère du perdant, vous apprendrez à se réjouir pour le vainqueur et à se maîtriser. Vous utiliserez son optimisme communicatif et encouragerez sa persévérance lorsque les difficultés ne se laissent pas franchir du premier coup…
Du bilieux, vous aimerez les talents d’organisateur, en l’encourageant à faire participer tout le monde, sans écraser les plus faibles, à faire preuve de justice et de bienveillance.
Le mélancolique adepte du « je n’y arriverai pas… » sera encouragé et aidé pour qu’il développe sa confiance en lui. Qu’il profite de sa capacité à prendre du recul pour réfléchir à la manière de dompter les difficultés qu’il voit mieux que d’autres !
« Pourquoi jouer plutôt que continuer à rêver ou à lire ? » vous dira le flegmatique… Vous saurez l’attirer par la joie d’être ensemble dans un jeu actif, ou par des jeux d’observation ou d’imagination qui aideront à le tourner vers les autres. Vous lui apprendrez aussi à se choisir de bons chefs dans les jeux collectifs et à ne pas se laisser écraser par une docilité excessive !
S’adapter aux âges
Le père de famille n’hésitera pas à se mettre par terre avec ses jeunes enfants, à adapter les règles et les difficultés pour leur permettre de gagner régulièrement mais pas toujours, et à jouer à leur niveau !
Qui n’a pas ri en jouant à cache-cache avec des petits, derrière les buissons chétifs du jardin de 200m2, qui ont bien de la peine à cacher l’anorak rouge ?
Comment ne pas s’amuser à voir la joie d’un enfant lorsque le papa rate (par un hasard parfois volontaire…) un bon coup à un jeu de mémoire (paires qu’on retourne, 7 familles), de cartes (crapette, barbu, tarot,..), de dames ou d’échecs, de ballon, ou à tout autre jeu de société…
Les grands seront encouragés à être meneurs du jeu chacun leur tour, ou à conseiller les plus petits.
Même si les jeux où toute la famille peut se retrouver sont sympathiques, il est important de garder des temps de jeu spécifiques pour les grands de manière à garder le contact et à les aider à grandir en stimulant leurs plus grandes capacités.
Si vos aînés prennent parfois votre relais vis-à-vis des plus petits, vous avez transmis quelque chose ! Ne vous étonnez donc pas de voir votre fils de 17 ans, jouer à 4 pattes aux voitures ou aux Playmobil avec son petit frère, ou votre grande fille jouer avec sa sœur cadette de 8 ans plus jeune qu’elle ! Contentez-vous d’observer discrètement pour ne pas décourager ces complicités utiles pour l’avenir !
Hervé Lepère
Au prochain numéro : faire jouer ses enfants ou les encourager à jouer !