Piangete occhi, piangete
Notre citation pour mars et avril :
« Tel me chante au matin, qui me drape le soir ;
Lorsque l’ode a dit blanc, l’épigramme dit noir. »
» L’homme qui souffle le froid et le chaud » VIe s.
av. J.-C. Ésope
Piangete occhi, piangete
Pleurons la Passion de Notre-Seigneur
Oratorio pour la semaine sainte -1640 – Lamento de Sainte Marie-Madeleine
Domenico Mazzocchi (1592-1665)
Domenico Mazzocchi est un compositeur baroque italien, de musiques d’opéras mais aussi liturgiques (motets et oratorios).
La « lirone », lyre de gambe (9 à 16 cordes) accompagne ce morceau.
Piangete occhi, piangete, Pleurez mes yeux, pleurez,
Non più gli altrui rigori, Non plus pour d’autres souffrances,
O dolor mio, O ma douleur,
Ma il dolor del mio Dio, Mais pour la douleur de mon Dieu,
Che del mio pianto ha sete. Qui de mon pleur a bu.
Piangete occhi, piangete. Pleurez mes yeux, pleurez.
Deh, non piangete più la feritate Oh, ne pleurez pas pour les souffrances
Di terrena beltate, des beautés terrestres,
Piangete la pietà, l’amor di lui Pleurez sa bonté, son amour,
Qhe langue, (oh Dio) per cui ? Qui languit (Oh mon Dieu, pour qui ?)
Langue perché di mia salute a sete. Il languit parce qu’il a soif de mon salut
Piangete occhi, piangete. Pleurez mes yeux, pleurez.
Non piangete d’Amor l’arco mortale, Ne pleurez l’arc mortel d’amour
Ma quell’arco vitale mais cette arche de vie
Di quelle braccia aperte, de ces bras ouverts,
Arco pietoso, e forte, l’arche salutaire et forte,
Che saettò la morte con ferità, que la mort frappe avec cruauté,
onde voi salute avrete. afin que vous puissiez obtenir le salut.
Piangete occhi, piangete. Pleurez mes yeux, pleurez.
Non piangete gli strali, Ne pleurez pas les flèches
Ond’empio amor terreno dont j’ai demandé l’amour terrestre
Già mi trafisse il seno. Qui m’ont déjà traversé la poitrine.
Questi piangete, ohimè, chiodi pungenti Pleurez celles, hélas, qui comme des ongles griffent
Delle piante innocenti. La plante innocente.
Avventar questi strali Ces flèches sont
Vostre colpe mortali vos fautes mortelles
Voi, voi gli Arcieri siete, Vous, c’est vous qui êtes les archers.
Piangete occhi, piangete. Pleurez mes yeux, pleurez.
…/…
L’oratorio se poursuit encore pendant plusieurs minutes… mais la place manque pour reproduire ces paroles in extenso. On peut facilement les retrouver. Mazzocchi s’épanche sur l’amour humain, objet de tant de lamentations, au détriment de l’Amour divin si peu pleuré.