Chers grands-parents,
Dans « le meilleur des mondes », Aldous Huxley[1] prévoit, dès 1932, avec une lucidité déconcertante l’évolution presque fatale d’un monde fondé sur les principes athées et matérialistes : « En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. … Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels…»
Si Huxley ne peut être considéré comme un maître à penser pour notre époque, il faut reconnaître que ce constat de l’évolution quasi nécessaire vers la légèreté est d’une vérité criante ! Finalement, seule, la légèreté permet à l’homme de supporter une vie dans laquelle la destinée éternelle est niée.
Légèreté, publicité, condamnation de tous ceux qui voudraient résister… Comment ne pas voir dans notre monde la réalisation de ce programme. Le péché originel, la tentation, le péché personnel n’existent plus… nos pauvres programmes télévisés, internet, les différents réseaux refusent toute censure qui s’apparenterait à un retour à l’ordre moral ! Un standard nouveau est défini, qu’il faut obligatoirement suivre : la légèreté. Elle doit être dans tout ; les attitudes, les tenues, les pensées, les conversations, tout doit être léger, rien ne doit être grave.
Par contagion, même nos familles catholiques sont imprégnées de cet esprit de légèreté. De manière sans doute moins marquée que dans le monde laïc, nous sommes nourris par le bain dans lequel nous trempons. Il est pourtant essentiel de s’en libérer si nous voulons mener la vie de famille heureuse et épanouie à laquelle nous sommes destinés.
Alors que faire ?
Et bien, revenir au sérieux !
Cela veut-il dire que nos familles doivent mener une vie monacale ? Certainement pas ! Le sérieux n’exclut pas la joie, une certaine spontanéité et des relations simples.
Nous proposons aux grands-parents de jouer tout simplement leur rôle de grands-parents, chefs de famille, réglant le fonctionnement de leur maison. Nous avons parlé précédemment des relations privilégiées qui peuvent exister entre les grands-parents et leurs petits-enfants, cela ne les exclut pas ! Mais ils doivent se rappeler qu’ils sont d’abord les parents des parents, les anciens, les sages, ceux qui transmettent et définissent les règles de la maison. La grand-mère peut et doit être aimante avec ses petits, c’est certain ! Elle doit cependant représenter pour eux une référence en matière de respect et d’autorité ! Soyons des grands-parents respectables ! Il est trop facile de se faire aimer par la démagogie. Trop facile de considérer que « les grands-parents sont faits pour gâter les petits », « qu’enfin on peut s’en occuper sans avoir le souci de les éduquer ! » Il est certainement mauvais pour l’enfant, pour sa structuration mentale, d’avoir une image faible de la hiérarchie familiale. Le grand-père, la grand-mère ne sont pas des amis qui gâtent, mais ceux qui savent, qui transmettent, qui soutiennent dans le bien, qui éventuellement corrigent.
Prions saint Joachin et sainte Anne, patrons des grands-parents de nous éclairer dans notre rôle délicat et plein de renoncements qui peut avoir une telle importance pour nos petits. Bon courage à tous !
Des grands-parents
1 Comme le note Epiphanius, auteur d’ouvrages de références, Huxley, franc-maçon, pouvait se servir des plans des loges pour l’avenir, afin de « prophétiser » !