Ils jalonnent nos journées et sont tellement habituels que nous n’y faisons plus attention.
Ils méritent pourtant d’être remarqués pour s’émerveiller de la délicatesse divine ; que celle-ci vienne à nous ou qu’elle soit suscitée en nous pour répandre la joie.
Ils ne s’achètent pas, sont donnés gratuitement, à profusion si nous savons les débusquer,
Ce sont les petits riens…
Un rayon de soleil qui tout à coup vient illuminer la triste fin de journée bien monotone,
La dernière rose du chemin alors que l’hiver s’avance avec sa grisaille endormie ou que le cœur est trop lourd de la perte de l’aimé,
L’argenture du noir rameau, tout à coup givré, se parant ainsi de noblesse pour scintiller au soleil,
Le chant d’un oiseau ou sa visite au carreau de la fenêtre, les notes de musique d’un piano,
La migration criante du grand V des oies sauvages
La lumière de la mer dans la tempête d’écume, les cimes éblouissantes
Ce sont les petits riens
Le sourire d’un inconnu dans la rue où la foule se presse, la complaisance inattendue de celui à qui l’on s’adresse,
L’appel d’une amie un peu perdue de vue
Le premier sourire à la vie du tout petit et les étapes qui marquent son éveil,
La gratitude des grands enfants mesurant la peine et les sacrifices pris pour eux,
La lente montée d’une âme que nous portons depuis des mois ou des années dans la prière et qui, tout à coup, débouche dans la lumière du Divin comme la brebis perdue revenant au bercail,
Le soleil traversant à flot dans le vitrail et embrasant l’autel à la Consécration
Ce sont les petits riens
Les souvenirs d’enfance en sont remplis : une impression, une odeur de vieille maison, un goût de gâteau, un geste tendre, des petits moments familiaux,
Les chants, jeux ou promenades en famille plutôt que la radio ou les films,
Ils restent parfois longtemps, et viennent éclairer l’âge qui avance,
Loin des joies chères, bruyantes ou éphémères, racoleuses et trompeuses qui proposent le bonheur à bon marché pour des lendemains amers,
Loin des rires lourds qui salissent la beauté d’une âme et se moquent de la vertu,
Ce sont les petits riens
Le cœur se soulevant de tendresse pendant la prière pour Celui qui nous a tout donné,
Le petit service rendu sans bruit qui a cherché avec prévenance le besoin de l’autre,
L’ouvrage réalisé avec adresse et le repas soigné pour accueillir la maisonnée,
Les pensées devant toutes les fenêtres des logis allumées dans la nuit, où vivent des âmes pour lesquelles, tout à coup, nous prions silencieusement et profondément avant de s’en aller en laissant un peu de Dieu,
Cela ne paraît rien, pourtant c’est si grand mais si caché aussi,
Ce sont les petits riens
Recherchons-les de tout notre cœur, il y en a tant et tant, pour savoir en rendre grâce, garder l’âme haute, aimable car heureuse et simple…
Ces petits riens…
Jeanne de Thuringe