Puisque la souffrance est notre lot à tous, il est nécessaire de savoir la porter, comme Dieu le veut. Je voudrais te donner des petits secrets pour garder l’âme paisible et aimable, afin qu’elle nous fasse grandir et rayonne, oui, rayonne sur ceux qui nous entourent.
Dieu nous avait créés pour la vie éternelle. Avant le péché originel nous étions impassibles, faits pour être heureux sans souffrance. C’est pourquoi nous n’aimons pas souffrir, nous n’étions pas faits pour cela et en gardons le souvenir.
Alors à Dieu tu demanderas les grâces nécessaires pour accepter et aimer ce qui t’est donné de douloureux, que ce soit physique, moral, spirituel, car par toi-même, sois en bien certaine, tu ne le peux.
Etre douce et humble à son image, tu souhaiteras.
Accepter, c’est voir au-delà de l’évènement ou de la personne, la main même du Seigneur. Même si tu peux te sentir brisée, abandonnée, secouée dans la tempête, Dieu est là. Il le permet pour te corriger de certains défauts, pour te faire grandir, offrir en réparation d’un monde apostat, ou lui ressembler. En bon jardinier, Il sait comment tailler, sans jamais passer la mesure, pour faire fleurir et fructifier
Alors au Christ tu diras : je ne sais pas souffrir, c’est trop dur pour moi, mais Vous Seigneur, Vous savez. Aidez-moi à regarder votre Passion car Vous avez porté tout cela avant moi, et n’avez pas ouvert la bouche, Vous êtes resté patient et bon.
Etre douce et humble à son image, tu souhaiteras.
Pardonner est souvent très difficile, quand le mal vient des agissements humains. Méprisés, incompris, critiqués violemment, nous réagissons souvent avec colère. Notre si profond besoin de reconnaissance et d’amour est nié tout à coup.
Alors au Père tu demanderas la grâce de savoir pardonner, jusqu’à ce que ton cœur soit libéré, et tu prieras ou feras dire une messe pour celui qui t’a offensé. Parfois ce sera long mais tu verras la paix revenir et en sortiras plus forte, l’âme grandie. Combien de maux, d’inimitiés, de tristesses ont perdurés à travers le temps pour n’avoir pas voulu pardonner.
Etre douce et humble à son image, tu souhaiteras.
Il est bon d’être réconfortée dans nos peines par un cœur auprès duquel s’épancher. Mais certaines de nous peuvent vite se répandre et se plaindre outre mesure, faire grand cas de ce qui leur arrive. Nous oublions les souffrances de l’autre et sommes alors indélicates.
Alors à Dieu tu diras : aidez-moi à rester discrète, à faire bonne figure et à prendre quand je le pourrai, une part de la souffrance de l’autre pour m’oublier et faire du bien.
Parfois la force pourra me manquer, mais que ma souffrance ouvre mon cœur pour le rendre compatissant et aimant. Faites que je sache voir celui ou celle qui pourra m’aider et me tourner vers Vous.
Etre douce et humble à son image, tu souhaiteras.
Parfois nous augmentons notre propre souffrance dans les rapports humains. Notre croix est lourde à traîner mais n’y avons-nous pas mis de poids supplémentaire ? Nous nous plaignons de ne pas être aimées ou reconnues mais avons-nous été aimables, avons-nous rendu les autres heureux autour de nous ? Avons-nous été patientes, compréhensives ?
C’est si facile de se sentir victime sans se remettre en cause…
Savons-nous prendre une bouffée d’air, de détente pour reprendre des forces et ne pas offrir une âme contractée avec un visage triste et fermé ?
Alors à Dieu tu diras : Seigneur, montrez-moi si j’ai bien fait mon devoir d’état pour ne pas peser sur les autres. Si je n’ai pas provoqué leur agacement dont je me plains maintenant. Si j’ai su exercer la vertu dans son juste milieu. Si je Vous ai rendu attirant à travers moi ?
Etre douce et humble à son image, tu souhaiteras.
Faire l’effort de s’habiller avec plus d’attention, de bien se coiffer, de se maquiller légèrement pour mettre sur sa personne comme des fleurs à sa fenêtre, est important pour nous, femmes. C’est un usage bien compris qui participe à notre bonne tenue physique et morale, comme une forme de charité pour ceux qui nous croisent.
Alors tu te rappelleras que le Seigneur dit : « Quand tu jeûnes, parfumes-toi la tête ». Autrement dit, n’affiche pas ta souffrance pour que tous la remarquent bien.
Rester féminine et soignée n’empêche pas une profonde vie intérieure et un « fiat » total. Au contraire, il est signe de l’équilibre de la vertu.
Avec grandeur d’âme, douce et humble à son image, tu seras.
Jeanne de Thuringe
Le Journal d’Elisabeth Leseur est une illustration de ce qui précède. Il est une très bonne lecture pour montrer comment une âme qui connut de grandes souffrances physiques et morale put rayonner autour d’elle par son amabilité et son profond oubli de soi.