Qu’elle est belle votre maison, ô mon père du Ciel ! Il n’y en a pas de plus belle ni de plus accueillante sur toute la terre. Comme mon père de la terre s’applique à nous offrir, à Maman, mes frères et sœurs et moi, un foyer confortable à l’abri de la pluie et du vent, vous nous avez préparé là-haut une place où l’on se sentira bien.
Dans l’Evangile, Jésus nous parle souvent du royaume des Cieux, en prenant de nombreuses images. Par elles, je sais que le Ciel est un royaume habité depuis toujours par le Roi des rois, adoré par des myriades d’anges tous plus beaux les uns que les autres. Il y a neuf chœurs qui sont, dans l’ordre de leur perfection, les Séraphins, les Chérubins, les Trônes, les Dominations, les Vertus, les Puissances, les Principautés, Les Archanges et les Anges. Et je suis un enfant de ce Roi, c’est donc un trône qui m’attend ! Et depuis que, le jour du Vendredi Saint, Jésus nous a réouvert les portes de ce Ciel qui était fermées pour moi depuis le péché originel, de nombreux saints de tous âges et de tous pays sont montés dans cette demeure où ils chantent la gloire de Dieu.
Le Roi des Cieux nous a créés pour être heureux. Et le bonheur sans fin, c’est de posséder le Bon Dieu, à la manière d’un tout petit enfant qui s’écrie : « à moi Papa », en le serrant très fort dans ses bras, pour bien marquer l’union forte de son petit cœur qui ne craint pas de tout demander à celui auquel pourtant il doit tout. Aimer et donner sans retour, de façon inconditionnelle. J’ai déjà certainement vu la joie d’un bébé blotti dans les bras de sa maman et qui lui fait un câlin. Cette joie est tout abandonnée : dans ces bras maternels, il ne craint rien ; il ne fait que goûter le bonheur d’être dans les bras de sa maman sans penser ni au passé ni au futur, mais juste à la joie de l’instant présent. Le Ciel c’est aussi cela : le présent de la joie de la possession de Dieu, et cet instant dure éternellement, c’est-à-dire toujours !
Le paradis, c’est un ciel sans les nuages des tentations, sans les orages de mes caprices, et sans la pluie de mes trop nombreuses désobéissances. C’est si dur aujourd’hui, d’obéir… mais là-haut rien de bon ne sera difficile, et nous n’aurons même plus envie de faire le mal ! Comme j’ai hâte d’y être !
Le royaume des cieux est semblable à un trésor enfoui dans un champ, nous dit Jésus. Celui qui le trouve va vendre tout ce qu’il a pour acheter ce champ et posséder ce trésor. Moi aussi je le veux ce trésor, et je sais où le trouver ! Il est dans le champ de mon humble devoir d’état bien fait, et pour le posséder je dois vendre ma paresse et mon amour-propre, ce « moi je » qui m’empêche d’avancer sur le chemin du Ciel.
Pour être heureux éternellement, il faut d’abord que je me détache de tout ce qui me retient à la terre, sinon je resterai comme un oiseau attaché par un fil à la patte, et qui ne pourra jamais s’envoler. La terre n’est qu’un passage, et notre vraie maison est le Ciel.
Mon Dieu, j’espère avec une ferme confiance que vous me donnerez votre grâce en ce monde, et si je vous suis fidèle, le bonheur dans votre paradis. Si je suis fidèle ! Vous êtes mon Père aimant et tout-puissant, vous voulez que tous vos enfants vous retrouvent au Ciel. Et pour cela vous nous avez donné comme modèle Jésus, notre frère… qui a passé sa vie à s’oublier lui-même pour ne penser qu’à nous. Sainte Vierge, ma Maman du Ciel, vous qui régnez sur les Anges, venez à mon secours, le Bon Dieu n’a pas envoyé son Fils unique mourir sur la Croix pour me laisser me perdre ! Alors, ma douce maman céleste, enseignez-moi, avec la petite espérance, la belle vertu d’obéissance, celle qui fait des enfants saints et heureux. Saint Ange que Dieu a placé à mes côtés, guidez mes pas et relevez-moi si je tombe, en me rappelant ce qu’est le Ciel, et combien cela vaut la peine de me sacrifier un peu ici-bas pour obtenir la gloire du Ciel ! Tout seul je ne sais rien faire de bien, mais avec la grâce du Bon Dieu et le soutien des bienheureux je peux tout, car ce n’est plus moi qui vit, mais Dieu qui vit en moi. Et à Dieu, rien n’est impossible.
Germaine Thionville