Il existe certaines âmes que nous côtoyons parfois tous les jours, sans mesurer leurs difficultés et auxquelles, le temps passant, plus personne ne fait attention.
Ce sont les célibataires, hommes ou femmes, dans nos familles, chez nos amis, nos collègues de travail, ou enseignants de nos enfants.
Vivre seul, en vrai catholique, dans ce monde si égoïste et jouisseur, avec des couples éphémères qui se forment et se déforment, requiert une forme d’héroïsme qu’il est bon de reconnaître, pour l’accompagner et le soulager.
Le temps a passé, sans amener l’âme sœur, ou pas encore, et la solitude s’installe. Seul pour prendre les décisions du quotidien, seul pour son repas du soir après la journée de travail, trop souvent pris « à la va-vite » car pour qui cuisiner ?
Seul à ne pas annoncer la bonne nouvelle de fiançailles, et dans un groupe, contempler le bonheur des autres, le cœur un peu lourd.
Seul à faire des projets qui n’impliquent que soi, ne pas avoir donné vie pour transmettre le meilleur de son âme ni être soutenu plus tard.
Seul, lorsque les parents ne sont plus, sans le toit familial où il faisait bon se retrouver.
Alors, garder le sourire demande un héroïsme insoupçonné.
Ils sont souvent considérés comme ayant peut-être tels défauts qui puissent expliquer cette solitude, ou au contraire trop d’assurance pour les filles, qui font « peur » aux garçons.
Trop difficiles, trop ceci, trop cela, ou pas assez ceci, pas assez cela…
La réalité est à la fois plus simple et plus complexe, et le mariage n’est pas une prime à la beauté ni à l’esprit. Certains ont préféré douloureusement ne pas transiger sur la foi ou les qualités humaines essentielles dans un projet d’union, bien conscients de la grandeur du mariage. Il ne s’agit pas de multiplier les commentaires, mais de voir en chacun, un être humain, un pauvre en affection, qui sera heureux que vous l’invitiez à votre table pour recevoir de lui, et lui donner.
Vous appendrez à découvrir cet héroïsme caché.
Vivre seul avec droiture demande une grande vie intérieure et un équilibre social fait de moments partagés, d’amitiés vraies, de centres d’intérêts exploités, pour ne pas combler le vide avec internet et les réseaux sociaux. Ceux-ci ne sont que superficialité exploitant d’un côté l’égocentrisme inhérent à chacun : « je me raconte et me mets au centre », et de l’autre la curiosité. Ils donnent l’impression d’être environnés d’une foule d’amis qui ne seront jamais là dans les difficultés, n’étant en réalité que des relations…
Quelle force d’âme faut-il pour rester serein sans recourir à ces artifices, elle ne se trouve qu’avec une vie sacramentelle régulière ; aussi se rapprocher d’un lieu de messe sûr et vivant est bien important. Faisons donc attention à sa sortie, à saluer tout le monde, surtout ceux qui sont seuls en nous intéressant à eux, en priorité.
Se savoir oublié sans rien montrer, demande un héroïsme méconnu.
Le célibat rend disponible pour assister ceux de sa famille qui en ont besoin, les parents âgés notamment, les neveux en quête de confidences, les amis qui savent qu’ils ne dérangent pas un rythme familial, les œuvres de piété et d’apostolat. Sa vocation particulière est dans ce don, ainsi que dans un regard détaché sur les enfants.
Comme tout don, il est source de joie profonde, mais ne doit pas être « exploité » par ceux qui voudraient réduire le célibat aux services familiaux ou paroissiaux.
La difficulté vient aussi d’un état que les prêtres passent bien souvent sous silence, en sermon ou conférences, contrairement à la vocation religieuse ou au mariage.
Il a aussi ses dangers : se plaindre trop souvent, devenir égoïste, difficile à vivre avec ses petites manies non contrées, avoir la critique vive, se mêler de ce qui ne le concerne pas, croyant ainsi être utile, ou avoir du mal à rentrer dans le rythme familial commun.
Se sentir incompris en gardant bonté d’âme, demande un héroïsme méconnu.
Sans le savoir, nous pouvons être responsables d’une grave chute, d’un affadissement de la foi, d’une dépression parce que nous n’avons pas été attentifs à cette solitude. Par confort, par facilité, nous préférons aller vers ceux qui nous ressemblent, sans faire l’effort de sortir de nous-mêmes. Parfois il nous faut supporter tel défaut irritant, exacerbé par la solitude, source pour nous de patience et occasion de charité.
A l’inverse, nous ne savons pas quels dévouements cachés, quelles prières silencieuses sont les leurs, ni ce que nous leur devons. Tout cela est inconnu, et nous sera montré plus tard, dans l’éternité.
Alors nous mesurerons et louerons cet héroïsme caché, récompensé.
Jeanne de Thuringe