Chers grands-parents
Dans un numéro précédent, nous avons traité de la souffrance, nous aurions presque envie de reproduire le même article pour consoler les foyers sans enfant. Quelle épreuve, pour un jeune ménage qui s’est marié pour faire la volonté de Dieu de constater que la procréation, première fin du mariage selon le commandement de Dieu, ne s’accomplit pas chez eux. Après l’espérance viendra le doute, l’inquiétude puis peut-être le refus d’accepter l’épreuve… Que devons-nous faire, nous grands-parents qui, par définition, n’avons pas connu cette épreuve ?
Comme toujours, devant la Croix, devant la Croix des autres, nous sommes démunis.
Nous avons pourtant la réponse dans l’Image du Christ acceptant sa Croix pour notre Salut et nous demandant d’être « d’autres Christ » et nous savons que, si aucune solution médicale n’est trouvée, il faudra que notre jeune ménage accepte cette épreuve et transforme cette Croix en une nouvelle fécondité spirituelle.
Mais qu’il est difficile de faire passer ce message sans maladresse !
Dans un précédent article, nous conseillions aux grands parents de savoir accompagner l’épreuve de leurs ménages par la compassion, le soulagement puis l’explication. Il nous semble que dans ce cas précis, notre attitude ne devra probablement pas différer.
Nous devrons d’abord compatir et conseiller.
Peut-être existe-t-il une solution médicale à cette épreuve ? Accompagnons cette tentative de prières, de messes aux âmes du purgatoire (par exemple), de pèlerinages ou que sais-je ! Peut-être Dieu daignera-t-il exaucer nos prières dans le sens que nous désirons ? Montrons à quel point nous partageons la douleur de nos jeunes et voyons ce qui peut être fait !
Consoler ! Notre jeune ménage se trouve être l’exception au milieu de ses amis qui, mariés au même moment voire après, voient venir les enfants, changent de préoccupations, inscrivent leurs petits à l’école, construisent une vie sociale autour d’eux tandis qu’eux, petit à petit, se trouvent isolés, pensent à leur épreuve tandis que les autres ne savent plus comment les aborder. Ils se trouvent « de facto » exclus de la vie sociale construite autour de la sortie de l’école. Comment ne pas sombrer dans la tristesse ? Consolons-les, tout en les encourageant à offrir leur épreuve et à espérer, donnons-leur des conseils de bon sens ! Montrons-leur notre affection, soyons délicats – surtout si d’autres de nos ménages voient leurs familles croître – encourageons-les à changer d’air, peut-être voyager, faire une retraite, se donner des projets, se dévouer. Dans tous les cas, ne les laissons pas s’enfermer dans leur tristesse. Le jeune âge est celui des projets !
Puis, quand le temps sera venu, montrons-leur quelle fécondité peut apporter leur épreuve. Si leur vie sociale ne vient pas de la sortie des classes, peut-être pourra-t-elle venir de la participation aux œuvres de la paroisse. Une autre fécondité les attend, magnifiée par l’épreuve. « Fais bon accueil à la croix que t’envoie le Ciel ; essaie d’en comprendre le prix : tu trouveras en elle ton bonheur » nous dit le père de Smet1.
Prions sainte Anne de nous conseiller dans ce rôle délicat !
Une grand-mère
1 Jésuite Missionnaire des peuples Amérindiens au milieu du XIXème siècle.