Voici quelques lignes glanées dans un livre de Savoir-Vivre des années 701, mais qui sous ses termes désuets, décrit la même réalité qu’aujourd’hui, et nous indique la façon de se tenir en société quand on est fiancé. Je vous laisse y trouver votre miel, et apprécier ce qui était couramment admis dans une société qui était encore majoritairement catholique.
« Aujourd’hui, la timide fiancée ne voit plus son fiancé en la présence d’un chaperon. Elle sort seule avec lui, part parfois chez des amis aux sports d’hiver en sa compagnie, entreprend des vacances en auto-stop sous son aile protectrice, loge dans le même hôtel, etc…
En fait, on ne connaît pas très bien ce que la jeune fiancée de l’époque moderne ne se permet pas avant le mariage. La morale reste immuable. Aux jeunes gens de la respecter (…)
Il est d’ailleurs bon, pour autant que ce soit possible, de ne pas prolonger les fiançailles au-delà de six mois à un an. Des fiancés « éternels » ne trompent personne sur la qualité de leur amour, soit sur leur intention de se marier.
Certains jeunes gens et jeunes filles, faisant fi de préjugés désuets, donnent parfois à leurs fiançailles toutes les apparences d’une vie commune. Ils en seront les premières victimes, car après les douces illusions, le désenchantement ne tardera pas.
Plus nombreux cependant sont ceux qui veulent faire de leurs fiançailles une période d’attente, de découverte mutuelle et de respect. Ceux-là, par leur amour, par leur patience et par leur vertu, mériteront le bonheur tant attendu du mariage.
Les fiancés idéaux ne sont pas ceux qui se croient obligés d’exposer au grand jour et en public toute l’étendue de leurs sentiments mutuels. Cela ne concerne qu’eux. Deux tourtereaux qui s’isolent, oublient le reste du monde et chuchotent entre eux sans arrêt, gênent les autres, les privent de leur compagnie. Personne ne leur demande une démonstration. En public, en réception, on leur demande de briller chacun de tous leurs feux, mais pour tous et pas pour eux seuls. Monsieur adressera la parole autour de lui, Mademoiselle ne craindra pas de quitter, fût-ce pour deux minutes, la main de son protecteur aimé. La terre n’arrêtera pas de tourner s’ils se séparent pour quelques secondes (…)
Un fiancé n’est pas un bagnard. Il peut encore sortir, rencontrer ses amis, se faire inviter et les inviter. (…) Sa fiancée, versant dans l’excès contraire, ne courra pas les réceptions auxquelles son fiancé n’est pas invité ou ne peut se rendre. Elle n’est pas au couvent, mais elle a déjà pris des engagements. Elle a donné une promesse, elle porte au doigt un gage d’amour qu’elle ne peut trahir. »
Jacqueline BUS, Top Savoir-Vivre, éd. Dupuis, 1973