Chère Bertille,
J’aimerais, dans cette lettre, échanger avec toi sur le Beau. Dans un monde où l’immoralité, la laideur se répandent, nous devons réagir par le Bien, le Beau, les vertus chrétiennes. Comme nous aimons nous entourer de bons amis, goûter de bons mets, il faut savoir s’entourer de belles choses, développer le goût du beau, de l’art, de la créativité, éveiller nos sens à ces belles choses et les éveiller chez les autres.
Le Beau, c’est « la splendeur de la perfection », il s’impose à nous. Il est objectif et non subjectif, comme on veut nous le faire croire de plus en plus. C’est donc notre goût que nous devons perfectionner pour qu’il sache goûter les belles choses. C’est comme le vin : la première fois que nous en buvons, nous ne pouvons pas dire qu’il est bon. Il faut en goûter plusieurs pour savoir les apprécier, les différencier. « On sait que le goût se perfectionne, comme nous perfectionnons notre jugement, en étendant nos connaissances, en donnant la plus grande attention à notre objet, et en nous exerçant souvent »1.
Le Beau est une part de la perfection de Dieu, un petit bout du Ciel sur la terre. Il doit nous rapprocher de Dieu et élever nos âmes : « une âme qui s’élève, élève le monde ». En goûtant le Beau, forcément nous voudrions le faire découvrir aux autres. Une belle chose, comme une bonne nouvelle, nous avons besoin de la partager avec d’autres. Par le Beau, les âmes peuvent se rapprocher de Dieu, l’atteindre et augmenter en elles leur propre perfectionnement.
Il faut donc s’éduquer soi-même au Beau pour pouvoir ensuite éduquer les autres, tes futurs enfants, la société… Pour commencer, admirons la nature qui nous entoure, ce chef d’œuvre de Dieu. La contemplation de la nature formera ton goût du beau. « Les œuvres de l’art doivent imiter les œuvres de la nature. Car si le maître dans un art quelconque faisait un ouvrage, le disciple qui serait à son école devrait regarder comment il s’y prend, afin de pouvoir l’imiter ensuite. Ainsi, dans ce qu’elle fait, l’intelligence humaine a besoin de s’instruire au spectacle de la nature, pour l’imiter dans ses propres ouvrages. »2
Ensuite, aimons à visiter les villes, les monuments, les musées qui mettent en valeur les belles créations de notre société, notre patrimoine. S’intéresser à l’histoire de l’art est une très bonne chose, pour situer l’objet dans une époque. Les articles de Jeanne de Thuringe dans cette revue permettent d’avoir les rudiments de l’histoire de l’Art et donnent envie d’aller plus loin.
Il ne faut pas seulement visiter de belles choses, il faut aussi aimer s’entourer de beaux objets, vivre dans un bel environnement, essayer de créer du Beau avec les talents que Dieu nous a donnés. Tout ce que tu auras vu, contemplé, admiré va nourrir ton imagination, développer ta créativité. Cela te deviendra aisé d’aménager et de décorer ton intérieur, d’y créer ton havre de paix, où tu aimeras venir te ressourcer. Cherche aussi à écouter de la belle musique. La musique a une origine sacrée qui rappelle l’harmonie qu’il y a au Paradis. La musique est un moyen de communication des anges. C’est ainsi qu’ils ont annoncé aux bergers la naissance de l’Enfant-Dieu. Le diable au contraire s’efforce de faire taire la vraie musique, ou suscite des accords qui n’ont plus rien à voir avec de la musique.
Ma chère Bertille, je ne peux que t’encourager à chercher le Beau dans ton entourage et le Beau étant toujours lié au Bien, il te tirera vers Dieu, le Bien suprême.
Je t’embrasse bien affectueusement.
Anne
1 L’idée du Beau dans la philosophie de saint Thomas d’Aquin, P. Vallet, page 24
2 Id, page 295