Le bon élève (2)  

Après avoir énuméré quelques conseils d’éducation pour une meilleure préparation des jeunes enfants à leur scolarité (tels qu’une bonne atmosphère familiale où règne une autorité aussi ferme qu’affectueuse, tout en laissant l’enfant développer un vrai sens de l’effort, de la curiosité et de la maîtrise de lui-même… Cf. FA n°34) parlons encore d’un grand atout à offrir à nos petits écoliers. Un cadeau simple et efficace, à la portée de tous les parents, et qui aidera bien plus leurs enfants que des années d’avance ou que de longues séances de cours du soir : le langage.

En effet, un enfant à qui l’on a parlé normalement, et non pas comme à un tout-petit (dodo, pan-pan, dada, lolo…) pendant ses trois premières années, et qui s’exprime correctement, apprendra plus vite à lire et comprendra mieux la maîtresse, étant familiarisé avec les mots. La famille est en effet responsable de la richesse ou de la pauvreté du langage de ses enfants. D’ailleurs une maîtresse d’école sait tout de suite, parmi ses élèves, ceux qui vivent dans une famille où l’on s’exprime ou non.

Comment s’y prendre ? Laisser parler l’enfant à table, en voiture (régulièrement et avec une relative modération), l’encourager à s’exprimer, surtout s’il est réservé, et décrire une scène à laquelle il a assisté aussi bien qu’une histoire qu’on lui a raconté ou qu’il a lue ; l’écouter sans trop lui couper la parole ou en le reprenant doucement si besoin. S’il pose une question, lui répondre clairement en employant des mots qu’il puisse comprendre. Si par exemple il demande ce que c’est qu’une contravention, ne lui répondez pas : « c’est une amende » ! Cela ne le satisferait pas beaucoup plus !

Plus les enfants grandiront, plus on aura soin de trouver des sujets de conversation intéressants, qui puissent éveiller leur curiosité ou leur jugement en leur élargissant l’horizon. Si l’on ne parle à table que d’argent, de nourriture ou de voiture, ils n’auront rien à dire lorsqu’ils auront une rédaction à faire. La vie quotidienne offre mille occasions de parler de sujets variés (saint du jour, jeux, bricolages, événements, sermon du dimanche, promenades…) qui enrichiront le langage et les connaissances des petites oreilles attentives !

Il y aurait encore bien des choses à dire pour aider les enfants à faire une meilleure scolarité… En deux mots je dirais : équilibre et bon sens, qu’il s’agisse du sommeil, de l’alimentation, du temps de travail comme celui des jeux. Un enfant a besoin d’espace, de bouger, de courir au bon air.

 

Les loisirs et activités culturelles 

C’est le temps dont on peut disposer sans manquer à ses devoirs, dit le dictionnaire. Que l’enfant qui rentre de l’école prenne un temps de détente après avoir fait ses devoirs, rien de plus normal. Qu’il ait quelques activités extérieures, sportives, musicales, amicales, bien sûr, surtout si la famille vit en appartement. La première des règles en matière de loisirs organisés, c’est : ni trop, ni trop peu. Certains parents se donnent >>> >>>  bonne conscience en inscrivant leurs enfants à une multitude d’activités, leur faisant passer des mercredis harassants, courant du cours de violon à celui de modelage en sortant de goûters d’anniversaire ! Et l’on observe des enfants saturés de divertissements, mais sans un moment de relâche permettant la réflexion ou l’imagination dans le calme de leur chambre ou d’un coin du jardin.

« Le jardin invite au rêve. Limité, clos de murs solides, petit domaine dont chaque coin a été mille fois visité, il suffit au jeu et au cœur. L’imagination émancipée, franchit l’enceinte et la cime des arbres, suivant dans son vol les oiseaux et les nuages. L’herbe haute se mue en jungle, les buissons paisibles en maquis, redoutable. Chaque arbre devient une forêt, le chat qui rôde se transforme en fauve… […] Formé à cette école, il y aura grande chance qu’à l’âge des premières ambitions, l’adolescent rêve son avenir ouvert et audacieux comme le voyage et l’aventure qu’il aura vécu […] Que d’explorateurs, de marins, de missionnaires, de créateurs d’empires ont ambitionné de réaliser sous d’autres étoiles leur rêve éclos parmi les fleurs du jardin familial ! » 1

Rien n’encourage mieux l’enfant à la perception du divin que la contemplation des merveilles que Dieu a créées pour les hommes. Les fleurs, les plantes, les arbres, cette splendeur qu’est le ciel immense avec ses belles étoiles si nombreuses et qui donnent à l’enfant une petite idée de l’infini, du mystère et du miracle. Celui qui a frémi et vibré devant la beauté des étoiles se laissera moins tenter, plus tard, par les feux follets que sont les plaisirs de la terre. Son âme aura goûté la beauté et la grandeur de Dieu à travers sa Création ! « Le beau est la splendeur du vrai » a si bien dit Platon.

 

Il faut éveiller cette contemplation du beau chez nos jeunes enfants, en douceur, d’abord avec des choses simples et remarquables de la vie quotidienne, en les rattachant au bon Dieu dans une action de grâce régulière. Les longues visites de musées ne sont pas à conseiller trop jeunes car les enfants, n’en percevant pas encore l’intérêt, pourraient s’en dégoûter. Commençons par la visite d’églises, de cathédrales aux beaux vitraux, en essayant de découvrir quels saints se cachent dans toutes les statues qui s’y trouvent, comment on les reconnaît par leurs attributs ou un détail qui rappelle leur vie, cela les passionnera ! Apprenons-leur à observer un tableau, une belle image que nous avons chez nous ou dans un beau livre d’art, à la décrire, et même à essayer de comprendre ce qu’a voulu nous montrer l’auteur… On peut agir de la même façon avec la musique, par exemple en écoutant les quatre saisons de Vivaldi : le ruisseau qui galope au printemps, la force de l’orage estival ou la chute légère des feuilles d’automne dans le vent, et l’on s’émerveillera d’entendre comme la musique aussi peut bien raconter les histoires !

« Dès le premier jour, courez avec l’enfant vers ce qui est beau et grand, dans le monde et les actions des hommes, leur langage, leurs chefs-d’œuvre, les grands personnages, les grands gestes, les grandes paroles. Si tout de suite le beau l’a touché, vous pouvez espérer que jamais il ne supportera le médiocre » (René Benjamin). Et j’ajouterais que son âme en éprouvera une plus grande soif de Dieu.

   

Sophie de Lédinghen 

1 Jean Rimaud, cité dans « l’art des art- Éduquer un enfant »