« Elle court, elle court la maladie d’amour… »
Comme ne le dit pas la chanson, aimer n’est pas une maladie, mais bien la plus merveilleuse capacité que Dieu ait déposée dans le cœur de l’Homme. Dieu n’est-il pas l’Amour incarné ? De l’amour du Père pour son Fils et du Fils pour son Père ne résulte-t-il pas le Saint-Esprit ? Telle est la capacité de l’Amour infini. Donc non, aimer ce n’est pas être malade. Mais alors qu’est-ce qu’aimer ?
– Est-ce ressentir quelque chose d’indéfinissable et de merveilleux au fond du cœur ?
– Est-ce flotter sur un petit nuage en pensant nuit et jour à la personne « aimée » ?
– Est-ce ce trouble qui nous envahit quand cette personne nous sourit ou nous regarde ?
Et si c’est tout cela en même temps, alors je l’aime, je l’aime ! Et si je l’aime, il faut qu’elle devienne ma femme ! Serions-nous des marionnettistes ? Car heureusement, ce n’est pas seulement cela aimer !
Être amoureux, car c’est bien de cela qu’il s’agit, est un état presque instinctif, qui peut permettre au véritable amour de naître. Distinguons-le de l’amour, le vrai, celui qui mènera au mariage et qui suppose l’assentiment et l’énergie de la volonté qui seule peut permettre à l’amour de durer dans le temps.
Être ému par une jeune fille, chacun de nous l’a été, peut-être plusieurs fois, parfois même de personnes différentes. Cependant, cela ne préjuge absolument pas de la pérennité de ce sentiment, ni même de la possibilité d’une suite, et aucunement de sa prédestination. Tout bon Roméo qui est ému par une jeune fille pour la première fois, y voit la main de Dieu et tend à considérer cet amour naissant comme écrit de toute éternité dans le ciel et voué à un merveilleux avenir. La littérature, les musiques et l’atmosphère ambiante propagent en chantant cette légende dorée qui contribue en partie au drame de l’instabilité des familles aujourd’hui.
Jeune homme que tu es, ne sois pas gêné outre mesure de ce trouble qui t’envahit pour la première fois quand ton regard croise le sourire d’une bonne amie. Ce sentiment n’est pas honteux, mais juste instinctif. Sache-le simplement, cela permettra peut-être à ta volonté d’envisager la situation plus sereinement.
Avant d’envisager d’aller plus loin et de savoir si tu veux donner suite, voici une première question toute simple qui peut t’aider à discerner car, dans cette situation, le jugement est souvent obscurci par la passion naissante :
– Es-tu en mesure d’assurer la subsistance d’une famille ?
Si la réponse est négative, alors garde cela pour toi et surtout ne révèle pas ce sentiment à la principale intéressée, ni en parole, ni par tes attitudes car cela risquerait de prendre des proportions plus importantes et d’échapper au contrôle de ta volonté. Pense à autre chose et ne t’entretiens pas dans des rêveries irréalisables.
Si, après quelques années, ce sentiment est toujours présent et que la jeune fille est toujours libre, alors, à toi d’examiner les autres questions qui se posent pour le choix d’une épouse et d’envisager quelque chose de sérieux (cf. FA 34 : Les fiançailles). Mais tant que tu n’es pas autonome, ce n’est objectivement pas la volonté de >>> >>> Dieu. Or, dans nos vies, cela seul doit compter : faire la volonté de Dieu.
Si Dieu a prévu que ce sentiment naissant conduise au mariage, alors sa Providence organisera les choses en temps voulu pour que cela se fasse !
De plus, la jeune fille à laquelle tu penses est aussi certainement trop jeune pour poser un choix libre et éclairé. Ne serait-ce pas alors lui manquer de respect ou au moins de délicatesse en demandant un choix qu’elle n’est pas encore en mesure de poser.
Méfie-toi aussi de l’orgueil qui joue son rôle… En effet, quoi de plus flatteur que de se savoir aimé par une jolie jeune fille ? N’est-ce pas la meilleure preuve de ta valeur auprès de tes amis ?
– Eh non, je suis encore étudiant ! Alors quoi, serais-je le seul à ne pas avoir le droit d’aimer quand tous mes camarades et même mes amis sortent, et ont leur « copine » ? C’est trop dur, c’est impossible et surtout à quoi bon ? Faut-il que je fasse comme ces jeunes un peu « timides » qui n’osent pas parler aux filles de peur de ressentir ce trouble ?
Non si tu es amoureux, tu es un homme comme les autres.
Mais si tu es capable de garder ce sentiment pour toi tant que le moment n’est pas venu, alors là seulement tu dois savoir que tu es un homme pas comme les autres !
Tu es capable de te maîtriser, de dompter tes sentiments, tu es un homme digne d’amour et d’estime, et ta femme plus tard en sera d’autant plus fière ! Elle aura épousé un homme de caractère, différent de ces mous qui pullulent et étalent leur vague à l’âme sur la place publique sans être capable de se maîtriser. Elle aura épousé un homme capable de conduire une famille car capable de se conduire lui-même. Elle aura surtout épousé un homme qui aura gardé son cœur pour elle plutôt que d’en éparpiller des morceaux à chaque regard charmeur !
Alors je suis amoureux, je n’ai que 18 ans, c’est grave docteur ? Non, c’est que tu es un vrai gars, mais garde-le pour toi et là, tu seras vraiment un homme !
Et plutôt que d’occuper ton esprit à des considérations qui ne sont pas encore d’actualité pour toi, prends le temps de te construire, d’établir ta personnalité en travaillant à développer ta volonté et toutes tes qualités qui feront de toi un homme. Entretiens de solides amitiés surtout avec des bons garçons. Partage aussi des activités avec des filles, cela te permettra de découvrir leur caractère parfois si mystérieux et de te familiariser avec elles.
Et enfin, abandonne ce sentiment qui dort en toi à la Sainte Vierge, confie-lui la garde de ton cœur, elle en fera bon usage et telle une mère attentionnée à qui tu peux tout dire, elle te guidera parmi les embûches et mirages de la vie étudiante jusqu’à te faire rencontrer celle qui sera ta femme, en temps voulu. Et si tu as la grâce d’avoir été choisi par Dieu pour le servir alors cette garde du cœur te permettra d’être assez fort pour le suivre.
Antoine