Théodore Botrel (1868 Dinan – 1925 Pont-Aven)
Une complainte de piété, pour illustrer le thème de ce numéro.
Le recours à Saint Yves obtient la grâce du retour du marin auprès de sa mère veuve.
Un jour sur un gros navire
Vire au vent, vire, vire,
La veuve embarqua son gars
Le marin ne revint pas.
Fit vœu de faire un navire
Vire au vent, vire, vire,
De l’offrir à saint Yvon
Patron de ceux qui s’en vont.
Pour la coque du navire
Vire au vent, vire, vire,
La pauvre vieille aux abois
A pris son sabot de bois.
Pour le grand mât du navire
Vire au vent, vire, vire,
La misaine et l’artimon
A pris trois branches d’ajonc.
Pour les vergues du navire
Vire au vent, vire, vire,
A rompu tout aussitôt
Ses aiguilles de tricot.
Pour les voiles du navire
Vire au vent, vire, vire,
Tailla le beau tablier
Qu’elle eut pour se marier.
Pour les agrès du navire
Vire au vent, vire, vire,
Les étais et les haubans
Coupa ses beaux cheveux blancs.
Pour achever le navire
Vire au vent, vire, vire,
Le baptisa de ses pleurs
Puis y mit les trois couleurs.
Pour porter chance au navire
Vire au vent, vire, vire,
Elle planta sur l’avant
Sa petite croix d’argent.
Enfin prenant le navire
Vire au vent, vire, vire,
S’en fut le porter nu-pieds
À saint Yves de Tréguier.
Pour la veuve et le navire
Vire au vent, vire, vire,
Saint Yvon tant pria Dieu
Qu’Il lui ramena son fieu.
Le vœu à Saint Yves • Robert Perrin (spotify.com)
(Version assez « vieillotte » mais suffisante pour mémoriser la mélodie.
Attention, certains couplets ont été supprimés, ce qui est dommage).