Unis pour transmettre

Ce don prodigieux d’un bonheur éternel promis par Dieu aux âmes baptisées n’est pas sans certaines conditions, ni seulement une affaire qui concerne l’Au-delà. Elle dépend de notre foi, de notre bonne volonté, de tous les efforts que nous aurons mis en œuvre dans notre vie terrestre pour aimer, honorer et servir Dieu et ainsi mériter d’entrer dans sa gloire éternelle, dans un bonheur parfait et pour l’éternité. C’est donc ici-bas, dans notre vie quotidienne, que nous préparons notre ciel ou notre damnation pour toujours.

Dieu nous demande-t-il alors de nous mettre perpétuellement en prière pour gagner notre salut ? D’une certaine façon, oui et non. Oui, car la vie de tout catholique est entièrement consacrée à Dieu, chacune de ses pensées, paroles ou actions transformant sa vie en une seule et longue prière. « Que vous mangiez ou que vous buviez, quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu.» Et non à la fois, car vivre sous le regard de Dieu ne signifie pas être à genoux tout le jour en prière, ce qui se ferait au détriment de nos devoirs d’état, mais il s’agit plutôt de réserver chaque jour un temps à la prière, et d’accomplir toutes nos actions et devoirs, même les plus ordinaires, le mieux possible pour la plus grande gloire de Dieu.

Que leurs journées s’écoulent sur leur lieu de travail ou dans leur foyer, les époux ont à pratiquer, ensemble et l’un pour l’autre, les vertus chrétiennes qui les aideront à conquérir en famille le but qu’ils se sont fixés, la gloire du ciel.

 

Amour et soutien mutuel

Partons du principe que nous nous aimons comme Jésus-Christ nous aime, c’est-à-dire au-delà de cette attirance mutuelle, de nos sympathies physiques et morales. Notre amour en sera ennobli, plus solide et durable, parce qu’inconditionnel. Si l’épouse commence à se trouver malheureuse, incomprise… et l’époux délaissé… qu’ils se disent que si leur conjoint a des défauts, ils ont eux-mêmes les leurs, qui déplaisent certainement tout autant à Dieu. Cependant Dieu ne cesse de toujours les aimer, de les supporter, de les prévenir, de leur pardonner. Imitons le Bon Dieu qui nous aime simplement tels que nous sommes. Édifions notre époux par une affection douce et indulgente, opposons des qualités à ses défauts avec générosité, magnanimité. Notre persévérance touchera son âme, sanctifiera la nôtre et attirera des bénédictions sur notre foyer.

Le soutien mutuel passe aussi par une admiration réciproque. Il nous faut non seulement observer, aimer les qualités de notre conjoint, mais aussi savoir le lui dire, lui montrer notre joie d’avoir un mari si prévenant, et notre fierté d’avoir une épouse attentive !

Notre affection aussi doit être visible, de petits gestes tendres, sourires, tous ces petits riens qui réchauffent le cœur et rassurent. Cela n’est pas si simple pour tout le monde, mais un petit effort de temps à autre aura l’effet d’un bien joli cadeau ! Il vous faut savoir, messieurs, que votre épouse a besoin de vos encouragements, remerciements. C’est pour vous qu’elle a tant d’attentions, notamment à la cuisine ou dans sa façon de s’apprêter, sachez la remercier. Ses efforts passent trop souvent inaperçus, elle qui cherche tant à vous faire plaisir, qui guette et ne se lasse jamais de votre affection ! Alors, une petite phrase de gratitude, un petit mot déposé sur la table de nuit si vous êtes un peu timide, ou quelques fleurs feront toujours leur effet !

 

 Et puis, il faut se dépasser l’un pour l’autre, sortir des sentiers battus. Se laisser entraîner dans un jeu de société alors qu’on préfère habituellement se réfugier dans son livre, organiser un menu d’anniversaire avec les enfants en interdisant la cuisine à l’intéressée, composer un joli poème pour dire son admiration et sa reconnaissance…Vous ne manquerez sûrement pas d’idées, car aimer donne des ailes !

 

L’exemple des parents

Pour faire de nos enfants des enfants de Dieu, nous devons les élever pour le Ciel, bien plus que pour la terre. Reconnaissons que c’est surtout la mère qui fait passer les vertus chrétiennes tout droit de son cœur à celui de ses enfants.

Un enfant voit tout, observe et retient les leçons vivantes que lui donnent ses parents. Il s’imprègne de l’ambiance au foyer, pesante ou joyeuse, il la reproduira à son tour. Papa et Maman se parlent-ils gentiment ou s’agacent-ils l’un l’autre ? Il en résultera une sérénité ou une inquiétude dans le cœur du petit. S’il voit ses parents courageux au travail, il sera laborieux ; d’humeur égale ? La sienne sera constante aussi. Les parents ont à travailler à se réformer de jour en jour pour servir de modèles à leurs enfants, leur vie doit être comme un miroir qui manifeste ce qu’ils doivent devenir eux-mêmes. Leur exemple, bien plus que leurs « sermons » s’impriment dans les cœurs. Les parents sont un catéchisme vivant pour cette petite Église que représente leur cellule familiale.

 

Les écueils

Le surmenage, la fatigue peuvent tendre quelques pièges que les parents apprendront à contrôler, voyons, par exemple l’empressement, défaut physique causé par l’état des nerfs. Il provoque une agitation fébrile étourdissante qui empêche toute activité de produire son plein effet. Une personne empressée accomplit une foule de mouvements inutiles, elle se fatigue davantage, gâche son travail. Cette précipitation a un effet instantané d’énervement sur l’entourage. Le mieux serait que l’époux le plus calme des deux prenne la main sur la situation en soulageant la pauvre victime de cet empressement, quitte à l’isoler quelques instants !

 

Cela nous arrive à tous, un cumul soudain de choses à faire en un temps limité, une impression de raz de marée qui nous emporte et dont on ne voit pas l’issue… Il faut alors savoir s’arrêter quelques instants, respirer profondément pour faire retomber la pression, et se remettre entre les mains de la Providence avant de reprendre doucement les choses une à une.

Parfois le découragement nous assaille, nous sommes à bout, recommençons chaque jour… alors nous regardons « chez la voisine » qui a une femme de ménage pour tenir sa maison ; qui, au creux de l’hiver, emmènera sa famille faire du ski ; qui a une belle-mère qui l’aide énormément. Et l’on trouve notre vie triste et monotone… Il est bien connu que l’herbe est plus verte dans le champ d’à côté ! La convoitise est mauvaise, elle détourne les choses de leur vraie fonction. Malheureusement, nous voyons tout ce qui nous entoure comme si nous en étions nous-mêmes le centre ! Puisse Dieu nous apprendre à avoir le regard clair, et nous ferons de toute chose une louange ! Mettons-nous simplement à l’école de Marie.

Qui saura dire la grandeur de notre mariage, où Dieu a mis son œuvre de salut entre les mains du père et de la mère ? Aujourd’hui, Dieu nous regarde dans les yeux et nous demande de nous associer au salut des âmes de notre famille, sommes-nous vraiment décidés à devenir des saints, à posséder Dieu pour l’éternité ? Courage, les grands desseins ne se font pas en un jour !

Nous sommes des héritiers, plus que des héritiers, des continuateurs ; et c’est d’une chose sainte que la garde nous est confiée.

 

Sophie de Lédinghen