« La recherche de la sainteté n’est pas libre. Dieu nous a élus en Jésus-Christ avant la constitution du monde pour que nous soyons des saints (Eph I,4). Aucune créature ne peut échapper à cette nécessité absolue pour parvenir au salut. Et Notre-Seigneur a institué l’Église, l’État et la famille, pour contribuer, chacun selon sa nature, à la sanctification des âmes par Jésus-Christ (…) pour les aider à se convertir à l’unique médecin : Jésus-Christ, Vérité et Sainteté. » (Mgr Lefebvre, Itinéraire spirituel)
Sanctification pour notre famille
Se sanctifier personnellement, sans autre préoccupation que son propre salut, sans souci du salut du prochain, est une fausse conception de la vie chrétienne. « Aimer Dieu et son prochain » sont deux commandements semblables. Dieu ne nous a pas donné la foi uniquement pour notre salut personnel, et cette croyance doit animer et éclairer toute notre vie.
C’est en se sanctifiant l’un l’autre, et l’un pour l’autre, que les jeunes époux se préparent à être de bons et saints parents pour leurs enfants, et cela se décide avant le mariage, dans leur choix mutuel. Que les fiancés parlent de ce qu’ils souhaitent pour la sainteté de leur future famille, qu’ils en soient bien d’accord. Soixante-quinze pour cent des enfants délinquants sont issus de familles désunies, la plupart du temps parce que leurs parents n’étaient pas accordés au moment de leur mariage.
Dans le mariage indissoluble, la mère est le cœur du foyer, pleine d’amour pour chacun. Le père nourrit sa famille et lui apporte une sécurité stable. La vie familiale est placée sous le signe de l’unité ; unité dans l’espoir et dans la crainte, unité dans la joie et dans les larmes ; unité dans la richesse et dans la misère… Bienheureuse union des époux !
L’homme et la femme se sont indissolublement unis par le « oui » qu’ils ont prononcé devant Dieu. Il dépend d’eux de prolonger cette promesse en travaillant à la sanctification de leur famille.
Le cercle intérieur
Amour et autorité unissent la famille en un tout ; entre parents et enfants se nouent les liens de la piété, de l’amour désintéressé et chargé de respect. Pour l’homme, la famille est un petit monde sous sa responsabilité ; la femme y réalise ses aspirations maternelles ; les enfants y trouvent amour, tendresse, protection, éducation. Peu à peu, l’esprit de famille met son empreinte sur le visage de chacun, les parents récoltent la puissance du rayonnement de leur amour. On ne se rend pas assez compte que, dans le cercle étroit et modeste de la famille, se cachent le bonheur et la paix, que là s’enfoncent les racines du peuple, de l’état, de l’humanité entière. Que la famille périsse, alors se déchaîneront les plus terribles révolutions.
La famille est le saint lieu où une génération transmet à l’autre le flambeau de la vie que Dieu a allumé à la vie éternelle. Elle ne dit jamais : « Après nous le déluge. » Ses racines s’enfoncent dans le passé, en même temps qu’elles poussent leurs prolongements vers l’avenir.
Familles, relevez-vous !
Aujourd’hui, la famille est en détresse et le monde ira de mal en pis tant qu’on ne la soignera pas. La foi véritable doit reprendre dans la famille, l’Église doit renaître dans les cœurs. Où l’amour règne, la peine n’existe pas ; la sueur du travail paraît moins amère. Il est nécessaire d’éduquer de bons et saints futurs pères de familles, et de vertueuses et courageuses futures mères de familles !
Il faut à la chrétienté des parents fiers de ce qu’ils sont, et courageux dans la transmission de cet héritage sans prix. Des mères qui prononcent le nom béni de « Jésus » à leurs petits, leur faisant envoyer un baiser en passant devant le crucifix. Des pères qui racontent les histoires merveilleuses de l’Ancien Testament, en faisant gronder la voix du Bon Dieu fâché par la désobéissance des hommes… Tout est leçon de catéchisme dans la vie quotidienne. L’enfant n’a qu’à observer ses parents pour apprendre, comprendre et imiter. Il voit comment ses parents se comportent l’un envers l’autre, leur entraide, leurs conversations, la façon dont ils se parlent, les attentions qu’ils ont l’un pour l’autre… Tout cela imprègne les petits, qui imiteront très naturellement ce qu’ils voient chaque jour.
C’est d’abord à la maison que la vigilance maternelle, à partir de petites occasions répétées, apprend à son enfant la justice, la charité, la maîtrise de soi, le sens du devoir, le support des petites souffrances, des petites contrariétés ; toutes ces vertus nécessaires dans une vie humaine, mais que le christianisme auréole. La maman en dégage avec doigté et à propos le sens chrétien.
Il y a aussi la leçon des choses, devant une fleur, un insecte, la mer, le ciel. Leçon souriante où l’enfant prend conscience que Dieu n’est pas un étranger perdu dans le lointain, mais présent dans la vie de tous les jours.
Il y a l’éducation de l’âme et du cœur ; mais si l’on veut former « de grands hommes », les parents doivent aussi ouvrir des horizons à leurs enfants,
– en favorisant de bonnes amitiés. Pour cela, on expliquera à l’enfant comment choisir son ami, et il devra savoir dire pourquoi il l’aime : parce qu’il fait rire, rend service, entraîne au jeu, encourage à faire le bien, etc… Une bonne amitié d’enfance peut marquer une vie.
– en apprenant aussi à sentir le beau, ce qui vivifie l’âme, en visitant en famille de beaux musées, expositions, monuments, paysages qui font s’émerveiller tous ensemble, en une grande action de grâce.
Donner le goût de la lecture, d’abord par les belles images, par le ton amusant et vivant de celui qui raconte à voix haute, puis en offrant de bons livres d’aventures passionnantes, de faits historiques ou de beaux exemples qui fortifieront ses connaissances, sa réflexion, son esprit, son raisonnement. N’hésitons pas ensuite à discuter du dernier livre lu, ce que l’enfant en a pensé, pourquoi, ce qui lui a plu ou non en une vraie conversation d’idées.
Oui, vraiment, tout cela contribue au soutien des parents qui, parce que père et mère, ont le devoir d’opter pour la sainteté !
Combattre en vainqueurs
Les difficultés ne manquent pas (crise de l’Église, lois contre la vie, difficultés économiques et professionnelles…), le monde d’aujourd’hui, si hostile à nos croyances, nous fait goûter une éminente dignité, une humble et rayonnante sainteté, la ressemblance au Christ qui nous racheta par le labeur avant que ce ne fût par la Croix.
Mais nos combats et nos progrès sont aussi attachés aux grandes forces qui nous dépassent (la prière, les sacrements, la grâce, la communion des saints), ces trésors de l’Église qui sont notre secours ! Ayons du courage au bien, en collaborant à toutes ces influences salvatrices « Je puis tout en Celui qui me fortifie » : c’est là le courage chrétien !
Sophie de Lédinghen