« Qu’un véritable ami est une douce chose »1

Si l’Amitié vraie est la complaisance entre deux âmes qui se sont adoptées, pour atteindre des sommets de connivence intellectuelle ou spirituelle, elle ne peut se passer de quelques contraintes qui permettent de l’entretenir au fil du temps.

Qu’est-ce qui blesserait cet Ami si nous n’y prenions garde ?

Tout d’abord, la moquerie ou la dérision. D’un Ami, on ne se moque pas.

Puis la tromperie. A un Ami, on ne ment pas.

Et la négligence. L’Amitié se cultive, par des gestes simples de compassion ou d’affection.

Et enfin l’oubli. Même à la dernière extrémité, même après la mort, l’Amitié survit.

Voici une histoire vraie, d’un autre siècle puisque c’était au siècle dernier. C’étaient deux jeunes filles : Jacqueline et Thérèse, qui s’étaient rencontrées chez des cousins communs pendant des vacances, dans l’entre-deux guerres. Une grande amitié, vive, fulgurante, et très joyeuse les avait rapprochées, pour peu de temps car l’une et l’autre se marièrent rapidement et Jacqueline se retrouva sur un autre continent.

Elles continuaient à s’écrire, une fois par an, pour partager des nouvelles et garder précieusement cette amitié vivace. Mais cinquante ans plus tard, Jacqueline revint s’installer en France et ne laissa pas s’écouler un mois sans avoir invité son amie de jeunesse qu’elle n’avait pas revue depuis un demi-siècle. Et ce furent les retrouvailles insouciantes de ces deux dames de soixante-dix ans, avec le charme, la légèreté juvénile et la joie que leur procurait leur amitié retrouvée. Elles se retrouvaient comme au temps de leurs vingt ans, comme si elles ne s’étaient jamais quittées ! Quel trésor précieux que l’Amitié fidèle ! Elles continuèrent à se voir ou à s’appeler au téléphone de temps à autre et un jour, Thérèse reçut un appel étrange : personne ne parlait, on entendait seulement un souffle au bout du fil et une plainte, qui pouvait ressembler au murmure de son prénom. Elle ne reconnut pas la voix, et – comme elle s’en voulut plus tard ! – elle raccrocha… Jacqueline mourut le soir-même, soulagée d’avoir pu dire adieu à son amie Thérèse.

Gageons qu’elle a prié pour elle, et attendu paisiblement de revoir Thérèse au Paradis !

 

1 La Fontaine, Livre VIII – Fable 11 Les deux amis

 

Si l’Amitié vraie est la complaisance entre deux âmes qui se sont adoptées, pour atteindre des sommets de connivence intellectuelle ou spirituelle, elle ne peut se passer de quelques contraintes qui permettent de l’entretenir au fil du temps.

Qu’est-ce qui blesserait cet Ami si nous n’y prenions garde ?

Tout d’abord, la moquerie ou la dérision. D’un Ami, on ne se moque pas.

Puis la tromperie. A un Ami, on ne ment pas.

Et la négligence. L’Amitié se cultive, par des gestes simples de compassion ou d’affection.

Et enfin l’oubli. Même à la dernière extrémité, même après la mort, l’Amitié survit.

Voici une histoire vraie, d’un autre siècle puisque c’était au siècle dernier. C’étaient deux jeunes filles : Jacqueline et Thérèse, qui s’étaient rencontrées chez des cousins communs pendant des vacances, dans l’entre-deux guerres. Une grande amitié, vive, fulgurante, et très joyeuse les avait rapprochées, pour peu de temps car l’une et l’autre se marièrent rapidement et Jacqueline se retrouva sur un autre continent.

Elles continuaient à s’écrire, une fois par an, pour partager des nouvelles et garder précieusement cette amitié vivace. Mais cinquante ans plus tard, Jacqueline revint s’installer en France et ne laissa pas s’écouler un mois sans avoir invité son amie de jeunesse qu’elle n’avait pas revue depuis un demi-siècle. Et ce furent les retrouvailles insouciantes de ces deux dames de soixante-dix ans, avec le charme, la légèreté juvénile et la joie que leur procurait leur amitié retrouvée. Elles se retrouvaient comme au temps de leurs vingt ans, comme si elles ne s’étaient jamais quittées ! Quel trésor précieux que l’Amitié fidèle ! Elles continuèrent à se voir ou à s’appeler au téléphone de temps à autre et un jour, Thérèse reçut un appel étrange : personne ne parlait, on entendait seulement un souffle au bout du fil et une plainte, qui pouvait ressembler au murmure de son prénom. Elle ne reconnut pas la voix, et – comme elle s’en voulut plus tard ! – elle raccrocha… Jacqueline mourut le soir-même, soulagée d’avoir pu dire adieu à son amie Thérèse.

Gageons qu’elle a prié pour elle, et attendu paisiblement de revoir Thérèse au Paradis !

 

1 La Fontaine, Livre VIII – Fable 11 Les deux amis