Pour faire une mère, il faut un père. Dans le plan de Dieu, l’enfant est le fruit de l’amour d’un homme et d’une femme. Si la mère ne peut devenir mère sans le père, et inversement, chacun à un rôle différent à tenir auprès de l’enfant.
L’enfant prend forme dans le sein de la mère, caché pendant neuf longs mois. Puis survient la délivrance, la première respiration, le premier pleur. Les premières années, l’enfant est totalement dépendant de sa mère. Il a besoin d’elle pour se nourrir, mais aussi pour se construire. L’œuvre maternelle fonde le futur de toute une vie. Ne dit-on pas avec raison que le catéchisme le plus durable, celui qui revient à l’esprit au moment de l’agonie, est celui que l’on apprend sur les genoux de sa mère dans ses tendres années ? Cette nourriture corporelle, mais surtout spirituelle, cette vie fondée et élevée les premières années, c’est l’honneur de la mère, son devoir et sa grandeur.
Les premières années, le père est moins important. Disons-le clairement, jusqu’à ses six ou sept ans, un enfant a plus besoin de sa mère que de son père. Tout le temps de la gestation, sa vie dépend directement de la vie de sa mère. Tuez la mère et vous tuerez l’enfant. Puis, l’enfant boit le lait de sa mère. Si depuis quelques décennies, le lait en boîte peut remplacer l’allaitement naturel, par essence, l’enfant dépend encore de sa mère pour se sustenter. Sans elle, il périt. Enfin, les premières années, jusqu’à l’âge de raison, l’enfant est véritablement construit par sa mère. Il apprend le langage parlé et corporel, la reconnaissance, l’hygiène. Il découvre les premières émotions, les joies et les contrariétés, les larmes et les rires, il apprend à dominer ses caprices et à offrir ses premiers sacrifices. Là encore, contrairement à ce que veut nous faire croire le féminisme et notre société moderne qui nie la réalité pour ne pas voir l’inanité de ses idéologies, la mère est la mieux placée pour construire le petit d’homme. Elle a cette finesse psychologique, cette tendresse et cette douce autorité, cette abnégation et ce courage propre aux mères, véritable don de Dieu pour construire le cœur et l’âme des enfants. Qui peut nier une telle évidence ?
Au Moyen-Age, le jeune seigneur passait du monde des femmes au monde des hommes à sept ans. Les années passant, le rôle du père devient de plus en plus important pour construire l’enfant et l’adolescent, sans jamais remplacer la mère pour autant.
Irremplaçables mères, trésors de courage et de sacrifices, à l’image de Marie mère de Dieu, elles immolent véritablement une partie d’elles-mêmes pour leurs enfants. Peut-il y avoir amour plus fort que celui que donne une mère pour son enfant ? La maternité porte quelque chose de mystérieux. La mère donne la vie dans la douleur. La souffrance de l’accouchement, que nul homme ne connaîtra jamais, annonce la grandeur de la mission de la femme : mourir soi-même pour faire éclore la vie. N’y a-t-il pas là une ressemblance avec le mystère de la Croix ? Un cœur de vraie mère est nécessairement un cœur généreux.
Face à ce grand mystère, que les pères tiennent leur place ! Qu’ils soient le roc solide sur lequel leur épouse peut se reposer. Qu’ils travaillent avec courage pour subvenir aux besoins de la famille. Qu’ils soient l’autorité charitable pour guider la famille vers le Bon Dieu. Qu’ils soient le secours généreux pour seconder leur femme quand elle en a besoin. Qu’ils soient la force tranquille pour les travaux pénibles de la maison comme pour les grandes équipées, balades et pèlerinages. Qu’ils soient le modèle de piété et de sacrifice pour leurs enfants. Qu’ils soient les apôtres de l’Evangile dans la cité.
Mais surtout, qu’ils ne cherchent pas à remplacer la mère de leurs enfants. Face au grand mystère de la maternité, que les pères restent à leur place ! Un père ne rend pas service à ses enfants ni à son épouse s’il tente de devenir une deuxième maman…
Avec les enfants d’abord. Ne câlinez pas trop, maîtrisez vos émotions, restez toujours juste, ne couvez pas vos enfants. Ce n’est pas au père qu’il revient de soigner les écorchures sur les genoux ou les petites blessures faites à l’amour-propre pendant la récréation. Non ! Mais jouez avec eux, emmenez-les marcher, courir, apprenez-leur à se relever après une chute, à encaisser une humiliation ou un mauvais mot sans broncher. Montrez-leur comment agir avec honneur et courage. Voilà le rôle du père !
Puis avec votre épouse. Admirez son courage, soutenez-la, remerciez-la, tous les jours. Admirez votre épouse quand elle donne le sein, quand elle berce le petit, quand elle console ou encourage. Remerciez-la pour tout ce qu’elle fait quotidiennement pour le bien de la maison. Dites-lui combien elle vous est précieuse et combien vous l’aimez. Que le poète écrive un poème à son épouse, le musicien une symphonie, que le bricoleur lui fabrique la maison de ses rêves, que le jardinier lui plante une roseraie, que le globe-trotteur l’emmène en Patagonie, que le gourmand lui offre un bon dîner au restaurant, que chaque époux montre à son épouse la reconnaissance qu’il lui doit pour sa mission de mère. Il y a quelque chose de mystérieux dans l’œuvre maternelle. Le rôle du père, c’est d’être le chevalier servant de ce mystère, voulu par Dieu.
Louis d’Henriques