« Mode silencieux »

Comment font-ils, nos contemporains, pour vivre dans ce monde qui a perdu la tête ? Comment font-ils, ces gens qui tous les matins, lisent les nouvelles où s’enchaînent les désastres et les tragédies, pour continuer à se lever et à ne pas désespérer ? A l’ouverture du journal, nous sommes submergés par les viols, meurtres, bombardements, tragédies qui ensanglantent notre pays et le monde entier.  

Les peuples se déchirent à l’Est et au Proche Orient, les bombes détruisent des villes en ruine, des peuples entiers se vouent une haine totale prête à tuer femmes et enfants. La Terre Sainte est devenue la terre de la guerre perpétuelle. Les villes des antiques églises des temps apostoliques comptent leurs derniers chrétiens au milieu des fanatiques et des peuples hébétés. Des filles de France sont massacrées par des assassins, souvent étrangers, lâchés dans nos rues par un Etat coupable. Des incendiaires brûlent nos églises en France et jettent à terre les croix de nos chemins. On organise des « cérémonies » blasphématoires et licencieuses avec toujours plus de pompe et de fierté. On se moque de Dieu de manière toujours plus outrancière. On érige le péché en vertu enseignée dans nos écoles et nos universités.

Que faire ? Comment traverser ce torrent de boue qu’est devenu notre siècle ?

Voici deux conseils qui peuvent alimenter notre méditation.

Tout d’abord, un conseil spirituel. Car finalement, que nous dit ce monde ? Ce flot de nouvelles révoltantes porte un enseignement : le péché tue. Le péché tue d’abord la vie de l’âme, parfois celle du corps. Le péché détruit la société car il détruit l’ordre naturel. Sans Dieu, la civilisation meurt et se trouve remplacée par la barbarie. Et pourtant, le péché a été vaincu. Si nous éteignons le bruit que fait le mal dans notre esprit, si nous ouvrons nos yeux pour voir un peu à la manière dont Dieu regarde le monde, alors nous verrons le bien. Les fruits immenses de la Grâce dans les cœurs et dans le monde : le renouvellement des vœux des frères qui se consacrent à Dieu à la Saint Michel ; la vie de prière qui progresse dans le cœur d’un enfant ; les sacrements innombrables distribués chaque jour par nos prêtres ; les nouveaux convertis qui pénètrent dans nos églises ; les enfants, toujours plus nombreux, qui s’alignent sur les bancs du catéchisme ; les écoles chrétiennes, les anciennes qui poussent les murs et les nouvelles qui ouvrent leurs portes. Il y a tant de motifs de se réjouir. Dieu vit parmi nous, d’une manière beaucoup plus présente que toutes ces nouvelles qui nous révoltent.

 

Enfin, un conseil plus pratique. Posons-nous la question suivante : avons-nous réellement besoin de lire tous les jours les nouvelles ? Ce flot continu d’immondices ne nous laisse pas totalement indemne. Oui, pour exercer la vertu de prudence, particulièrement pour les pères de famille, il nous faut nous informer un minimum. Connaître les enjeux nationaux, locaux, y apporter notre pierre pour l’édification d’une cité catholique avec l’aide de Dieu. Nous devons aussi nous informer de la vie de l’Eglise et de ses membres, comme des fils attentionnés. Nous avons besoin de connaître les usages, les tendances de marché, les nouveautés, pour nos métiers ou nos entreprises, pour ne pas nous déconnecter du monde qui reste le monde que Dieu a choisi pour notre sanctification. Internet nous permet d’accéder à des quantités astronomiques d’informations en un coup de main. Mais avons-nous besoin pour autant de regarder les nouvelles tous les jours ? Parfois plusieurs fois par jour ?                        Faisons le test suivant : prenons la résolution de ne regarder les nouvelles qu’une ou deux fois par semaine, par exemple le lundi et le jeudi. Ensuite, remplaçons peut-être les journaux quotidiens par des hebdomadaires ou des journaux qui traitent plus le fond que l’instantané. Les premiers recherchent la réflexion, les seconds ne sont que des marchands d’émotions trafiquées. Enfin, excluons autant que possible les formats vidéo, sauf reportages ou entretiens de qualité. Faisons ce test, et nous verrons des fruits immédiats : nous retrouverons du temps dans nos journées pour lire ou nous occuper des devoirs des enfants. Nous serons moins tristes et affligés. Cela est une évidence ! Mais surtout, nous retrouverons un peu de silence intérieur, propice à la méditation. Soyons honnêtes : ne vaut-il pas mieux approfondir notre connaissance des grandeurs de Marie que de savoir dans l’heure que le chef du Hezbollah a été tué ? Il est évident que la richesse, la durée et la fréquence (voire l’existence même) de nos méditations sont inversement proportionnelles à la quantité des « informations » que nous digérons chaque jour.

Comment le Cœur Immaculé de Marie pourra-t-il triompher à la fin si les bons chrétiens s’intéressent plus aux invectives et petites phrases que nos médiocres politiciens se jettent à la figure qu’à soulever le coin du voile de la Sagesse et découvrir la Largeur, la Hauteur et la Profondeur de la Charité ?

Alors, Hauts les Cœurs !

 Louis d’Henriques