Saint Pierre et saint Paul, les deux piliers de l’Eglise Romaine, racontés aux enfants

Vous connaissez la vie de Jésus, mes enfants, vous vous souvenez qu’après sa Passion si terrible, on l’avait cloué sur une grande Croix sur laquelle il était mort pour racheter les péchés de tous les hommes. Puis on avait détaché son corps pour le déposer dans un tombeau, comme on fait pour tous les morts.

Les Juifs, comme les soldats romains, avaient tous bien vu que Jésus était mort. Pourtant, moins de deux mois après, voilà que l’on entend, en pleine place publique, le chef des amis de Jésus, l’apôtre saint Pierre :

« Hommes d’Israël, écoutez ceci : Jésus de Nazareth, celui-là même que vous avez fait mourir par la main des impies, en le clouant à la croix ; oui, alors qu’il a accompli parmi vous tant de prodiges et de miracles ; oui, Dieu l’a fait Seigneur et Messie, ce Jésus que vous avez crucifié ! »

Quelle audace ! D’où était venu à ce Pierre une telle foi et une telle assurance ?

À cette question, les apôtres de Jésus avaient la réponse, ils affirmaient que le troisième jour après sa mort le tombeau avait été trouvé vide, et Jésus, lui-même leur était apparu ainsi qu’à plusieurs autres. Quarante jours durant, il avait vécu de nouveau sur la terre, d’une vie mystérieuse, surnaturelle, et qui s’était terminée d’une façon encore plus surprenante, car son corps s’était élevé vers le ciel jusqu’à disparaître.

« Celui que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes tous témoins ! »

Ces paroles incroyables que saint Pierre propageait de maison en maison, de groupe en groupe, les autres apôtres les communiquaient aussi avec foi, évoquant la vie exemplaire de Jésus, leur enseignant les bases de sa doctrine. C’était surtout depuis le jour de la Pentecôte qu’ils semblaient avoir tous les courages.

C’est ainsi que commencèrent à se répandre en Galilée les enseignements que Jésus avait appris à ses apôtres. Un bon nombre de personnes en fut bouleversé et se repentit d’avoir encouragé la mort de Jésus. Certains même demandèrent à devenir catholiques par le baptême.

À Rome, personne ne s’intéressait à cette petite « secte » qui se réclamait d’un crucifié. Le Procurateur Ponce Pilate, qui représentait en Galilée l’empereur de Rome, se contentait d’y maintenir l’ordre public. Mais voilà que dans la communauté des fidèles de Jésus, l’Église du Christ, le nombre grandissant de chrétiens posait de nouveaux problèmes. Les Apôtres se promenaient partout en Palestine pour évangéliser, comme le leur avait recommandé Jésus. Cela provoquait des attroupements et des agitations qui dérangeaient les autorités publiques. Très vite les Apôtres ne suffirent plus à la tâche et décidèrent d’ordonner sept diacres, pour les aider à parcourir le pays.

Paul (celui que l’on appelait Saül) était apôtre, pas de la même façon que les douze, mais aussi valablement qu’eux. Les autres apôtres avaient été recrutés un à un par Jésus pendant sa vie ; Paul, lui, c’est par un foudroyant miracle qu’il avait été élu. Après sa conversion, il passa quelques jours avec les fidèles du Christ qui se trouvaient à Damas, en Syrie actuelle, et prêcha dans les synagogues, affirmant que Jésus était bien le fils de Dieu. Puis il chercha à retrouver les apôtres, mais en arrivant à Jérusalem il se rendit compte que les chrétiens étaient chassés ou persécutés, ce qui fit de nombreux martyrs pour l’Église. Paul finit par être conduit à saint Pierre auprès duquel il resta quinze jours. Il fit donc aussi la connaissance d’autres apôtres et les trouva tous très édifiants tant leur foi était grande. Depuis le martyr du diacre Etienne les chrétiens étaient très surveillés et facilement en danger, certains conseillèrent à Paul de quitter la région, mais il ne voulait pas fuir son devoir. C’est alors qu’un jour qu’il priait dans le Temple, Jésus lui apparut et lui dit « Va ! car c’est au loin, vers les païens que je vais t’envoyer ! » Saint Paul mit du temps à comprendre ce que Dieu attendait de lui.

 Après avoir beaucoup prié et réfléchi, il comprit qu’un fidèle de Jésus ne peut être que missionnaire, conquérant du Christ ! « Malheur à moi si je n’évangélise point ! » Toute sa vie désormais, il sera merveilleusement fidèle. Il fit trois voyages missionnaires, sans compter celui de sa captivité, et aurait parcouru 16 000 km à travers la Méditerranée, l’Asie et l’Europe.

Puis il décida de retourner vers Jérusalem, vers le lieu même où le Christ mourut pour le salut des hommes. Arrivant pour la fête de la Pentecôte, il y avait là de nombreux pèlerins de toutes les communautés juives et notamment d’Asie Mineure. Beaucoup d’entre eux connaissaient bien l’Apôtre pour l’avoir combattu dans leurs propres villes, et s’indignèrent en le retrouvant dans les rues de la capitale. Bien vite une sorte de complot fut organisé contre lui, et, alors que saint Paul était dans le Temple, un incident éclata ; Les Juifs d’Asie se mirent à hurler : « Au secours, Israélites : le voilà l’homme qui, partout, endoctrine tout le monde contre notre peuple, contre la Loi et contre ce Saint Lieu ! Au secours ! »

Ce fut immédiatement un de ces vacarmes orientaux indescriptibles auxquels personne ne comprend rien ; les gardes avaient immédiatement fermé les portes, et saint Paul fut entraîné dans la cour intérieure du Sanctuaire, ce qui le sauva. Plus tard le tribun Lysias interrogea saint Paul et ordonna qu’on lui donne quelques coups de fouet pour mieux le faire parler.

« Vous est-il permis de donner le fouet à un citoyen romain et cela sans jugement ? » demanda calmement saint Paul. En effet son père étant citoyen romain, Paul l’était aussi par sa naissance. Alors on le détacha pour le conduire devant le Sanhédrin où la situation ne fut pas plus éclaircie, mais plus grave pour l’Apôtre qu’on enferma dans la forteresse. Durant la nuit, tandis qu’il méditait plein d’angoisse, il vit le visage du Christ : « Courage ! À Jérusalem tu témoigneras de moi ; ainsi à Rome tu me rendras témoignage ! »  (Act.XXIII.11.)

L’agitation continuait dans la ville, et le tribun décida de transférer d’urgence à Césarée ce détenu encombrant. De là, habilement, le citoyen romain « en appela à César », car la loi demandait qu’on le conduise alors à Rome pour être jugé.

C’est ainsi que saint Paul débarqua dans la Ville Éternelle, encouragé par l’accueil de chrétiens venus le saluer. Il savait déjà depuis longtemps que l’Église de Rome était forte et florissante. Nous ne savons pas très bien comment est née cette Église romaine : des pèlerins de Jérusalem ? Des missionnaires d’Antioche ? Les marins et commerçants ? Ce qui est sûr c’est que cette première communauté chrétienne était insérée dans la colonie juive fort abondante à Rome.

C’est dans cette Église primitive qu’était déjà arrivé l’homme dont la glorieuse figure allait étinceler sur Rome pour toujours : Pierre le vieux roc, sur qui il a été dit que l’Église tout entière serait fondée.

Si saint Paul a voulu se faire emmener à Rome, c’est pour une tâche immense, pour que s’achève le triomphe de la Croix, il faut qu’elle se dresse en ce carrefour des nations qu’est la Ville Éternelle : saint Pierre, roc de fidélité, a fondé là l’Église sur des assises inébranlables ; il importe maintenant qu’elle rayonne, qu’elle conquière ; aux côtés de son aîné, c’est la vraie mission de saint Paul !

Durant environ six années, saint Paul travailla à sa mission dans l’Église dans une liberté relative. Nous savons peu de chose de sa fin terrestre qui correspond à peu près à l’époque où l’autre grande colonne de l’Église, saint Pierre, fut brisée (en 66). Mais tandis que le pêcheur galiléen, humble gueux, connut le supplice de la croix, qu’il demanda à subir, par humilité, la tête en bas, afin de ne pas égaler le divin Maître ; Paul, citoyen romain, eut le privilège d’avoir la tête tranchée, baptisant de son sang la terre païenne de Rome.

 

Sophie de Lédinghen