- Paris (France)
Peint en 1613 par Pierre-Paul Rubens, Le Christ en Croix s’était par la suite volatilisé, laissant supposer qu’il avait disparu. C’est en septembre 2024 que le commissaire-priseur Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente du même nom, a par hasard remis la main sur l’œuvre ; alors qu’il réalisait l’inventaire d’un hôtel particulier du VIe arrondissement à Paris, il a été frappé par cette peinture à l’huile de 105,5 cm sur 72,5 cm. Les propriétaires du tableau ne se doutaient de rien, mais les analyses techniques furent formelles ! « We have a new Rubens ! » s’exclamèrent les chercheurs du Rubenianum (Anvers), spécialistes des peintres flamands des XVIe et XVIIe siècles, et plus particulièrement de Rubens. Le chef d’œuvre aurait également appartenu au peintre William Bouguereau (1825-1905), lui-même auteur d’un célèbre Christ en Croix : Compassion ! (1897). C’est le 30 novembre prochain, à Fontainebleau, que la maison Osenat mettra aux enchères le tableau de Rubens, aujourd’hui estimé plus de 2 millions d’euros.
- Cité du Vatican (Italie)
Le 26 juin dernier, la salle de Constantin du Vatican rouvrait ses portes au public après 10 ans de restauration, qui ont apporté de nouvelles connaissances sur les techniques picturales de Raphaël ; cette pièce est la plus vaste des 4 chambres de Raphaël peintes par l’artiste italien et ses élèves à partir de 1508 à la demande du pape Jules II (1503-1513). Raphaël avait alors 25 ans et ne put achever le chantier car il mourut en 1520 ; ses disciples achevèrent donc la dernière chambre à l’aide de ses dessins préparatoires. Quelques mois après la rénovation de ce chef-d’œuvre, c’est au tour de la chapelle Sixtine d’être rafraîchie : une opération d’entretien est en effet prévue pour la monumentale fresque du Jugement Dernier réalisée par Michel-Ange entre 1536 et 1541. Les 7 millions de visiteurs recensés chaque année causent en effet des dégradations en apportant humidité, poussière et CO2 ; l’intervention se rapproche plus d’une opération de maintenance (nettoyer, noter le niveau d’usure, etc.) que d’une véritable restauration. Il n’empêche que les 200 m2 de fresque et ses 391 personnages seront cachés derrière un gigantesque échafaudage à partir de janvier 2026 ; le chantier devrait être achevé avant la Semaine Sainte, c’est-à-dire en mars prochain.
- Bayeux (France)
C’est en 2018 que le président Emmanuel Macron promettait pour la première fois un prêt de la Tapisserie de Bayeux au Royaume-Uni ; ce geste fortement symbolique venait également servir des causes diplomatiques, puisque l’objectif était de faire avancer la question de la frontière transManche. Représentant la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, l’œuvre constitue un joyau inestimable pour les Anglais, ce qui explique plusieurs demandes de prêt de leur part (notamment en 1953 et 1966) ; sans succès. En 2020, la tapisserie n’avait toujours pas bougé et les Français déclarèrent qu’une restauration serait nécessaire étant donné l’état critique de l’œuvre ; ces tergiversations finirent par contrarier l’Angleterre.
Néanmoins, le 8 juillet 2025, Emmanuel Macron annonça que la célèbre tapisserie serait bel et bien prêtée au British Museum de Londres de septembre 2026 à juin 2027, le temps que le musée de Bayeux refasse peau neuve. Cette décision en a surpris plus d’un, les dernières études effectuées affirmant de façon catégorique que la broderie du XIe siècle était trop fragile pour être transportée ! Les manipulations et les vibrations du transport risquent effectivement d’endommager l’œuvre de façon irrémédiable. Une pétition lancée le 13 juillet dernier contre le projet récolta 73 754 signatures et plusieurs spécialistes (même anglais) se prononcèrent. La décision n’a pourtant pas été révoquée : le projet dépasse en effet le cadre culturel et constitue un véritable geste diplomatique de la part du président en vue de se rapprocher de l’Angleterre.
Dans un premier temps, la tapisserie a été extraite du musée de Bayeux afin que les travaux puissent y commencer ; elle n’avait pas quitté sa vitrine depuis 40 ans. L’opération de décrochage menée par une centaine de personnes a pris 7h15 : 350 kg d’étoffe répartis sur 70 mètres de long ne se déplacent pas si facilement !