Chère Bertille,
Tu me faisais part dans ta dernière lettre de la tristesse du monde dans lequel tu vis maintenant. Oui ce monde contemporain morne, triste, individualiste, qui sombre dans le péché, a besoin de la jeune fille chrétienne. « La tristesse est comme une plaie universelle qui affecte toutes les puissances de son âme et toutes les parties de son corps.[1] »
Mais toi, Bertille, as-tu déjà pensé que tu pouvais avoir ton rôle à jouer pour redonner la paix au monde ?
Pas besoin d’attendre d’être maman ou religieuse, ma chère Bertille pour penser avoir une action sociale. Tu peux d’ores et déjà aider à reconstruire l’édifice qui s’effondre.
Je t’entends déjà me dire, « comment veux-tu que je rayonne sur ce monde, je ne compte pas faire de la politique…. Comment puis-je avoir un impact sur la société ? »
Tout simplement par ta joie. La joie est une des principales qualités de la femme. Souvent on la compare à un rayon de soleil au sein de son foyer, qui illumine toutes les âmes, ou encore à une flamme : celle qui pétille dans l’âtre et qui réchauffe tous les cœurs. Ne sommes-nous pas le « sel de la terre » ?
Tel doit être notre rôle : réchauffer le monde par notre joie.
Regarde autour de toi : dans le bus ou le métro, quand tu rencontres une troupe de collégiens ou de lycéens qui cherche à se faire remarquer par leurs bruits et leurs éclats de rire. Est-ce ça la vraie joie ? Cette excitation où l’on ne sait plus pourquoi l’on rit, ou quand on cherche juste à se faire remarquer ? Je pense que tu te doutes bien que là n’est pas la joie chrétienne.
A Noël quand tu considères tous ces cadeaux qui font la joie des enfants et des plus grands. Tu sens bien que les gens comblés sont heureux le temps d’ouverture du paquet et de la découverte puis, les jours passant il ne reste plus rien. Joie matérielle, joie bien éphémère. Regarde tous ceux qui possèdent le portable dernier cri, une superbe voiture neuve, ou la belle maison qui fait envier tout le monde, sont-ils plus heureux ?
La vrai joie chrétienne n’est pas superficielle, matérialiste, ou excitée. Elle vient du dedans, elle est toute intérieure. Comme toute joie elle a une source, mais celle-ci est intarissable. Elle vient de Dieu. La joie est la vie de l’âme.
Eh oui la joie chrétienne est une joie spirituelle qui déborde. Tu t’en rends compte, je pense, en regardant tes camarades étudiantes et si tu as la chance d’être née dans une famille chrétienne, d’avoir appris la Foi sur les genoux de ta maman, ou d’avoir déjà découvert ce qu’est l’Espérance. Quoi qu’il puisse arriver tu sais que quelqu’un t’aime au Ciel et qu’il est allé jusqu’à mourir sur la Croix pour toi. Que tu as une maman au ciel qui veille sur toi avec un Cœur maternel et tendre.
Ce n’est pas le cas de la plupart de nos concitoyens. Sois indulgente avec eux, ils n’ont rien reçu. Mais toi qui as reçu ces grâces, montre-leur ce qu’est la vraie joie. C’est le plus facile des apostolats. Pas besoin de parler. Où que tu ailles, on ne peut te retirer cette arme.
Si quelqu’un te dit un jour : « Toi tu es toujours joyeuse, ça fait du bien… », sache que tu es sur la bonne voie !
Ma chère Bertille, va à la source, puiser cette joie, dans l’Eucharistie. Même étudiante prends le temps d’aller régulièrement à la messe en semaine pour communier et crois-moi, ta joie chrétienne débordera naturellement. « La véritable et souveraine joie dit Saint Bernard est celle qu’on goûte en Dieu et que personne ne peut nous ôter, puisque nous avons Dieu dans notre cœur, là où il la renouvelle sans cesse. » Alors tu réchaufferas les cœurs qui t’entourent, et ton action sera proprement féminine.
Je te souhaite de bonnes vacances et je t’embrasse bien affectueusement.
Maïwenn
[1] Traité de la joie de l’âme chrétienne. Père de Lombez O.F.M.