Chère Bertille,
Tu me disais récemment combien tes espérances étaient déçues et que si le gouvernement était autrement, et si le président était untel ou untel, et si…, et si…. tout irait mieux…
Ta réflexion m’a beaucoup intéressé et j’y ai réfléchi…
Je me suis dis qu’en effet il y avait urgence… urgence de prendre conscience de la grandeur de notre mission, à nous femmes catholiques !
En effet, tous ces hommes qui gouvernent, qui dirigent les grandes sociétés, qui semblent avoir entre leurs mains l’avenir de la nation, tous ont été des enfants, tous ont été éduqués par une maman…
Alors n’est-ce pas là le chemin du secret qui mènera la société vers le ciel ?
Qui sont donc ces mamans des grands hommes de demain ? Sur qui vont reposer nos familles? Qui devra soutenir les hommes, les encourager dans leurs responsabilités familiales et professionnelles ? De qui dépendra le salut de plusieurs générations d’âmes ? Qui ? Si ce n’est les jeunes filles d’aujourd’hui, futures mères de famille ou consacrées ?
C’est donc entre tes mains et celles de tes amies que repose la responsabilité de former les hommes de demain !
Nous avons dans l’histoire l’exemple des mères de grands hommes : Blanche de Castille, Marguerite Sarto et bien d’autres. A toi de lire la vie de ces saintes femmes et de les imiter. Mais je sais aussi combien il est difficile de transposer la vie de ces femmes d’autrefois à nos temps actuels. Essayons donc ensemble de voir les moyens à prendre car c’est dès aujourd’hui qu’il faut te préparer à ton rôle de demain.
Tout d’abord :
– prends conscience de tes responsabilités,
– aie une vie de prière ; et que ce ne soit pas seulement des mots récités mais un véritable échange avec Dieu ; que ta prière soit louange, reconnaissance et demande que Dieu, qui ne refuse jamais ce qu’on lui demande avec foi, te donne en particulier la vertu de force ;
– forme-toi, dans le domaine de l’intelligence (lecture, études, culture générale, formation philosophique, catéchétique, historique et encore couture, cuisine, art de la table,…) mais forge aussi ta volonté, assouplis ton caractère afin d’être en mesure de donner le meilleur de toi-même, d’être capable de donner en vérité, de pardonner sans rancune…, développe ta générosité, ton sens du service, ton sourire, ta discrétion.
– agis au quotidien, dans ton devoir d’état tout d’abord et aussi dans tous ces moments où l’héroïsme te sera nécessaire.
Bien souvent tu me dis combien il est difficile de vivre au milieu du monde actuel ; tu remarques les différents comportements de tes amies et tu ne sais quel modèle prendre… Tes compagnes ne sont pas de mauvaise volonté, mais elles n’ont pas forcément conscience du message qu’elles véhiculent, sur leur rôle de femme, sur l’image qu’elles donnent ou qu’on leur fait donner. Elles sont souvent manipulées sans qu’elles en aient pris conscience par un monde qui volontairement veut détruire la véritable essence de la femme.
Bien souvent elles essaient de se frayer une place dans le monde actuel en se faisant aussi discrètes que possible pour ne pas que l’on risque de remarquer qu’elles sont -tout de même- un peu hors du commun (issue d’une famille classique, venues d’une école qui se tient, allant à la Messe le dimanche…), ou au contraire, elles adoptent un comportement un peu frondeur mais qui cache en réalité une grande fragilité. Elles essaient de maintenir juste la tête hors de l’eau en essayant de ne pas boire la tasse, et en craignant toujours de n’être pas assez « comme les autres », tout en gardant comme un réflexe la peur de perdre son âme ; mais à jouer à ce jeu dangereux tu en as vu plus d’une tomber et cela te fait peur.
A toi donc qui me poses cette question, toi qui as de grandes aspirations, je parle franchement et je te dis qu’il n’y a, devant Dieu, qu’une seule solution : il te faut choisir entre Eve ou Marie…
Eve, qui tenta et perdit Adam en se perdant elle-même et toute sa race…
Marie, mère de Dieu, à qui nous devons la liberté de pouvoir éviter le péché et de parvenir aux joies éternelles.
Cela peut te sembler difficile mais tu verras qu’une fois que tu auras déterminé ton choix avec l’aide de Dieu, le chemin te paraîtra clair, même s’il te demande de l’héroïsme.
Et plutôt que de te sentir mal à l’aise partout, plutôt que d’avoir peur de passer pour une extra-terrestre au milieu de tous, plutôt que de craindre d’avouer tes différences, tu seras fière de témoigner. Témoigner que ta différence est ta force. Témoigner de ta joie d’être enfant de Dieu, de ton hérédité familiale, de tes certitudes que nul doute ne vient troubler, de la force immense que tu as d’être issue d’une famille catholique et solide.
Il ne s’agit pas non plus de sortir avec ton drapeau et de chercher à provoquer ; il ne s’agit pas non plus de partir maladroitement à la conquête du monde… Mais il te faut réfléchir sérieusement à ta vocation de femme. Tu feras le bilan de ce que tu as reçu et de ce qui te manque pour être là où le Bon Dieu t’a réservé une place. Tu deviendras ainsi la femme forte de l’Evangile ; fière d’être ce que tu es, rayonnante, prête à transmettre ce que tu as reçu et même davantage ! Ta vocation est de briller, non comme une « star » éphémère mais comme les étoiles du ciel avec ta pureté de corps, d’âme et de cœur et sache–le, tu peux en être fière et bien d’autres t’envient en secret !
Tu dois être le sel de la terre ; c’est le rôle que Dieu te réserve alors pourquoi chercher à s’affadir assez pour se fondre dans la masse ?
Voilà, ma chère Bertille, la réponse à ta question. Rien ne sert de se désoler sur ce qui est : le passé est derrière nous mais l’avenir est devant et il est entre nos mains sous le regard de Dieu ; comme notre mission est grande et enthousiasmante !
Je t’embrasse et te souhaite une belle rentrée.
Madalen