Chère Bertille,
Je te remercie pour ta dernière lettre où tu me fais part de ta difficulté à rencontrer d’autres jeunes filles qui soient fidèles au choix de vie qu’elles semblent pourtant avoir fait.
Je suis bien consciente, chère Bertille, que c’est un problème que nous rencontrons de plus en plus autour de nous. Je vais essayer de te donner quelques pistes de réflexion concernant la fidélité que nous devons toujours pratiquer : examinons d’abord la signification du mot fidélité, puis comment Dieu Lui-même est fidèle et doit être notre modèle, enfin nous verrons la manière d’être fidèle dans notre vie quotidienne.
Lorsque l’on prend un engagement, il y a une notion de fidélité à la parole donnée. Le mot fidélité vient du latin fides : la Foi, c’est la force dans la Foi. Cela veut dire que la Fidélité doit être ancrée dans la Foi, mais c’est aussi la confiance, la fidélité, la parole donnée.
Nous pouvons ainsi prendre un peu de hauteur et considérer les choses par rapport à Dieu. Le Bon Dieu est l’être qui ne manque jamais, Il est le premier à être fidèle, nous le voyons dans Son amour pour nous. Il nous est tellement fidèle qu’Il nous a envoyé son propre Fils bien que nous nous soyons détournés de Lui, bien que nous ayons été infidèles. C’est par Dieu et grâce à Dieu que nous pouvons rester fidèles, et cela se manifeste par notre confiance en Dieu.
Mais à quoi devons-nous être fidèles ? Tout d’abord, nous devons être fidèles à la grâce de notre baptême. Notre parrain et notre marraine ont pris cet engagement pour nous le jour où nous sommes rentrés dans l’Eglise. Mais le jour de la Communion Solennelle, chère Bertille, c’est chacun de nous qui a renouvelé en pleine conscience cet engagement de renoncer à Satan et de s’attacher pour toujours à Jésus-Christ. Et tu sais bien que si l’on compte seulement sur nos propres forces, il n’est pas évident de rester fidèle à cette grâce du baptême. Cette fidélité au Bon Dieu se traduit par tous les actes de la vie quotidienne, et là j’en viens à la fidélité dans le devoir d’état. C’est dans la persévérance au jour le jour, à bien faire nos tâches quotidiennes par amour pour le Bon Dieu que nous renforcerons notre engagement pris auprès de Lui.
Qu’est-ce que la fidélité dans le devoir d’état ? Eh bien, c’est considérer que tous les actes de notre journée, même les plus minimes, sont grands aux yeux du Bon Dieu s’ils sont faits avec amour : ce peut être en s’appliquant à faire la vaisselle, en privilégiant un moment calme et silencieux, après avoir coupé le téléphone portable, pour étudier les cours, ou encore en faisant le ménage de la chambre.
Cette fidélité dans les petites choses va te préparer à la fidélité dans les grandes choses, car dans une société on a besoin d’élites qui s’engagent, donnent l’exemple et cherchent à élever les autres ! Il faut être prête à répondre à ce que le Bon Dieu veut pour nous, ce peut être des responsabilités auprès d’enfants, dans l’organisation d’un pèlerinage ou que sais-je…, et cela n’est possible que si l’on a déjà pris l’habitude d’être fidèle dans les petites choses.
Cette habitude prise au jour le jour te permettra par ailleurs de faire les bons choix dans la vie quoi qu’il en coûte : le choix de rester fidèle à la Tradition de l’Eglise, même si les autres membres de la famille ne te suivent pas, le choix de t’habiller en chrétienne que ce soit à la faculté ou à la maison, le choix de fréquenter de bons amis qui t’apporteront du bien et qui te tireront vers le haut.
Et c’est là qu’il est bon de s’engager dans des œuvres, des mouvements de jeunesse, ou autre. Nous ne sommes pas faits pour vivre seuls. Nous avons le devoir de rayonner et de transmettre ce que nous avons reçu. L’engagement dans ces œuvres est un excellent moyen d’apostolat, et cet engagement pris auprès des hommes n’est que le reflet de l’engagement que nous avons pris auprès de Dieu en choisissant d’être chrétiens. Tu n’as pas le temps ? Tu n’es pas la hauteur ? Mais qui est toujours à la hauteur d’une responsabilité ? Dans tout engagement pris, le Bon Dieu donne la grâce d’état, il ne faut pas avoir peur, mais au contraire une grande confiance. Plus nous aurons conscience de notre faiblesse, plus nous aurons confiance en la force du Bon Dieu, plus nous rayonnerons dans ces œuvres où nous nous sommes engagés. Il n’y aura alors plus de problème de temps, chaque action trouvera naturellement sa place dans la journée.
Ces premiers engagements qui sont parfois temporaires préparent à des engagements définitifs que sont le mariage ou la vie religieuse. Eh oui, à un moment donné, il te faudra suivre la vocation que le Bon Dieu t’a préparée et t’y engager de tout ton cœur et avec amour !
Voilà chère Bertille, quelques réflexions sur la fidélité à la parole donnée et l’engagement afin qu’elles puissent t’aider tout au long de ce Carême, temps fertile aux résolutions pour la conduite de la vie.
Bien amicalement,
Anne